Au moins trois morts dans la répression de manifestations en Iran

Des Iraniens portent le cercueil de l'une des personnes tuées lors d'une fusillade, lors de leurs funérailles dans la ville d'Izeh, dans la province iranienne du Khouzistan, le 18 novembre 2022 (Photo, AFP).
Des Iraniens portent le cercueil de l'une des personnes tuées lors d'une fusillade, lors de leurs funérailles dans la ville d'Izeh, dans la province iranienne du Khouzistan, le 18 novembre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 19 novembre 2022

Au moins trois morts dans la répression de manifestations en Iran

  • La République islamique est le théâtre de manifestations depuis la mort le 16 septembre de Mahsa Amini
  • Au moins 378 personnes ont été tuées dans la répression des manifestations en Iran, selon un nouveau bilan diffusé samedi

PARIS: Au moins trois manifestants ont été tués samedi par les forces de sécurité iraniennes au Kurdistan lors de protestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini, a annoncé une ONG de défense des droits humains basée en Norvège.

La République islamique est le théâtre de manifestations depuis la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans décédée trois jours après son arrestation par la police des moeurs à Téhéran.

Dénonçant des "émeutes" orchestrées par l'étranger, les autorités se sont lancées dans une répression meurtrière et ont arrêté plus de 15 000 manifestants selon l'ONG Iran Human Rights (IHR) basée à Oslo.

"Les forces répressives du gouvernement ont ouvert le feu sur des manifestants dans la ville de Divandarreh (nord-ouest), tuant au moins trois civils", a déclaré à l'AFP l'ONG Hengaw, basée en Norvège.

Des manifestations ont eu lieu dans la nuit dans une autre ville du Kurdistan, Boukan, où les Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de l'Iran, ont tiré sur la famille d'une victime de la répression.

Cadavre volé

"Des membres des Gardiens de la Révolution ont attaqué l'hôpital Shahid Gholi Pur à Boukan, pris le cadavre de Shahryar Mohammadi et l'ont enterré dans un endroit tenu secret", a indiqué Hengaw à l'AFP. "Ces forces ont ouvert le feu sur sa famille, blessant au moins cinq personnes", a ajouté l'ONG.

Ces dernières semaines, des funérailles de manifestants tués ont donné lieu à de nouvelles protestations, souvent avec des slogans antirégime.

Dans la province de l'Azerbaïjan occidental, des centaines de personnes ont défilé samedi près de Mahabad, pour les funérailles de Kamal Ahmadpour, un jeune homme tué par les forces de l'ordre, selon une vidéo diffusée par le média en ligne 1500tasvir.

Les forces iraniennes "ont accru, de façon significative, leur recours aux armes létales dans leurs attaques contre les manifestants ces cinq derniers jours", note Hengaw.

L'ONG souligne qu'au moins 25 personnes ont péri au Kurdistan depuis mardi. "Vingt-trois personnes ont été tuées par des tirs, un sous la torture et un autre par des coups de couteau", détaille-t-elle.

Le quotidien d'Etat Iran a lui fait état de la mort de 14 membres des forces de l'ordre en trois jours.

Le guide suprême de la République islamique, l'ayatollah Ali Khamenei, a mis en garde samedi les "émeutiers".

"Les auteurs de meurtres et de destructions (...) doivent être punis" par la justice, a-t-il dit dans un discours à Ispahan (centre).

"L'ennemi (...) peut chercher à séduire différents groupes dans la population comme les ouvriers et les femmes. Il n'y réussira pas", a-t-il ajouté.

Au moins 378 personnes ont été tuées dans la répression des manifestations en Iran, selon un nouveau bilan diffusé samedi par l'ONG IHR: 255 ont péri lors des protestations liées à la mort de Mahsa Amini et 123 au Sistan-Baloutchistan, dont plus de 90 le 30 septembre dans la capitale provinciale Zahedan, lors de protestations contre le viol d'une adolescente imputé à un policier.

L'ONG précise que le bilan des enfants tués s'élève désormais à 47.

«Menaces»

L'Iran a dénoncé samedi le "silence" de la communauté internationale après de récentes attaques meurtrières qualifiées d'actes "terroristes" par le pouvoir.

"La nation iranienne et la communauté internationale ont été témoins ces derniers jours d'actes criminels d'un groupe de terroristes (...) à Izeh, Ispahan et Machhad", a indiqué le ministère des Affaires étrangères.

"Le silence délibéré des étrangers, initiateurs du chaos et de la violence en Iran, face aux opérations terroristes (...) a pour conséquence d'encourager les terroristes et de renforcer le terrorisme dans le monde", a-t-il ajouté.

Mercredi, dix personnes ont été tuées lors de deux attaques à Izeh (sud-ouest) et à Ispahan, selon des responsables.

L'agence officielle Irna a par ailleurs fait état samedi de l'arrestation de cinq individus accusés d'avoir tué début novembre un imam à Zahedan.

A l'étranger, le patron du renseignement intérieur britannique a averti mercredi que la République islamique cherchait à "kidnapper ou tuer" des Britanniques qu'elle considère comme des "ennemis du régime".

Des véhicules d'intervention de la police londonienne et des officiers armés ont été déployés devant la télévision en persan Iran International, dont deux journalistes basés au Royaume-Uni ont fait l'objet de menaces de la part de l'Iran, a indiqué la chaîne samedi.


L'Ukraine va annoncer des mesures pour faire rentrer ses hommes de l'étranger

Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front
  • Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion

KIEV: Le chef de la diplomatie ukrainienne a indiqué mardi des "mesures" imminentes visant à faire rentrer en Ukraine les hommes en l'âge de combattre se trouvant à l'étranger.

L'Ukraine, qui combat depuis deux ans l'invasion russe, a cruellement besoin de soldats, d'autant que Kiev s'attend à ce que la Russie lance une nouvelle offensive dans les semaines ou mois à venir.

"Le fait de séjourner à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers sa patrie", a déclaré Dmytro Kouleba sur X, annonçant avoir ordonné des "mesures pour rétablir l'équité entre les hommes en âge d'être mobilisés en Ukraine et ceux à l'étranger".

Il n'a pas précisé la nature de ces mesures se bornant à dire que le ministère allait "prochainement fournir des éclaircissements" sur de nouvelles procédures à suivre pour "accéder aux services consulaires".

L'Ukraine interdit aux hommes en âge de combattre de voyager à l'étranger à quelques exceptions près.

Déserteurs 

Mais, selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front.

Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion.

La déclaration du ministre intervient alors qu'un influent site d'information ukrainien ZN.UA a publié lundi soir ce qu'il affirme être une lettre officielle signée par un adjoint de M. Kouleba et préconisant aux consulats ukrainiens de suspendre à partir de mardi tout service consulaire pour les hommes âgés de 18 à 60 ans.

Selon des médias ukrainiens, plusieurs consulats ukrainiens ont cessé d'accepter ces dossiers.

La compagnie d'Etat Dokument qui facilite la délivrance de documents ukrainiens a annoncé mardi sur son site qu'elle "suspendait" les procédures à l'étranger pour des "raisons techniques".

L'Ukraine, dont l'armée est en difficulté face aux troupes russes, a adopté une loi sur la mobilisation visant à durcir les punitions pour les récalcitrants.

Elle a aussi baissé l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans.


Début des discussions entre Washington et Niamey sur le retrait des troupes américaines du Niger

Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
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  • Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis
  • Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait

WASHINGTON: Washington a entamé les discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des troupes américaines qui y étaient déployées dans le cadre de la lutte antidjihadiste au Sahel, a déclaré lundi le Pentagone.

Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a finalement accepté la semaine dernière de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait.

"Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

Une "petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l'Afrique" participe aux discussions, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis vont "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", a-t-il encore dit.

A Niamey, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakari Yaou Sangaré, a indiqué dans un communiqué avoir eu lundi "des discussions" avec l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, Kathleen Fitzgibbon, portant "sur la question du départ des troupes militaires américaines du Niger".

L’entretien s’est déroulé en présence de Maria Barron, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) à Niamey, qui a assuré que l'agence allait "poursuivre sa coopération bilatérale" avec le Niger, annonçant "un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024", selon le communiqué.

Au Niger, les Etats-Unis disposent notamment d'une base de drone importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum fin juillet, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française et s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des régimes militaires et confrontés à la violence de groupes jihadistes.


L'Ukraine s'attend à une détérioration sur le front vers la mi-mai

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
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  • L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine
  • La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar

KIEV: La situation sur le front ukrainien va empirer autour de la mi-mai et début juin, qui sera une "période difficile", a prévenu lundi le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov, sur fond de craintes d'une nouvelle offensive russe.

La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar, localité à la jonction des fronts Est et Sud, dont elle cherche à s'emparer depuis deux ans.

"N'allons pas trop dans les détails, mais il y aura une période difficile, à la mi-mai et début juin", a prévenu M. Boudanov, interrogé sur l'état du front, dans une interview au service ukrainien de la BBC.

L'armée russe "mène une opération complexe", a-t-il dit.

"Nous pensons qu'une situation plutôt difficile nous attend dans un futur proche. Mais il faut comprendre que ce ne sera pas catastrophique", a estimé Kyrylo Boudanov.

"Armageddon ne se produira pas, contrairement à ce que beaucoup disent en ce moment. Mais il y aura des problèmes à partir de la mi-mai", a-t-il ajouté.

L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine.

En face, les troupes russes, bien plus nombreuses et mieux armées, ne cessent de pousser à l'Est et revendiquent régulièrement la prise de petits villages dans le Donbass.

En février, Moscou s'est emparé d'Avdiïvka, une ville forteresse, et vise désormais la cité  stratégique de Tchassiv Iar.

Cette cité, perchée sur une hauteur, s'étend à moins de 30 kilomètres au sud-est de Kramatorsk, la principale ville de la région sous contrôle ukrainien, qui est un important nœud ferroviaire et logistique pour l'armée ukrainienne.

Offensive estivale? 

Lundi, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir "libéré" Novomykhaïlivka, à une trentaine de kilomètres de Donetsk.

Ce village est proche de Vougledar, une cité minière à la jonction des fronts Sud et Est. Début 2023, l'Ukraine était parvenue à y repousser un assaut de l'armée russe, infligeant des pertes humaines importantes.

Kiev craint désormais une offensive estivale russe encore plus puissante.

Fin mars, le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandre Pavliouk avait jugé "possible" un tel scénario, impliquant un groupe de 100.000 soldats russes.

Le commandant en chef des forces ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a déjà admis mi-avril que la situation sur le front Est s'était "considérablement détériorée" récemment.

Il a affirmé voir une "intensification significative" de l'offensive russe depuis mars, aboutissant à des "succès tactiques".

La grande contre-offensive ukrainienne de l'été 2023 s'était heurtée à de puissantes lignes de défense russes qui ont épuisé les ressources de l'armée ukrainienne, sans permettre de libérer les régions occupées par la Russie.

L'Ukraine fait désormais face aux hésitations de ses alliés occidentaux, même si une aide militaire américaine de 61 milliards, longtemps bloquée, a finalement été votée par la Chambre des représentants des Etats-Unis samedi. Le texte doit encore être adopté par le Sénat puis promulgué par le président Joe Biden.

Kiev espère désormais que l'aide des Etats-Unis pourra atteindre le front très rapidement. Le Kremlin a, lui, jugé que qu'elle ne changerait "rien"