Argentine: Mort de Hebe de Bonafini, porte-drapeau des «Mères de la place de Mai»

Le président cubain Fidel Castro avec Hebe de Bonafini (Photo, AFP).
Le président cubain Fidel Castro avec Hebe de Bonafini (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Lundi 21 novembre 2022

Argentine: Mort de Hebe de Bonafini, porte-drapeau des «Mères de la place de Mai»

  • Le président argentin Alberto Fernandez a salué «la combattante infatigable des droits humains»
  • Elle est la «voix» des «Mères de la place de Mai» qui ont défié la dictature militaire argentine

BUENOS AIRES: Hebe Pastor de Bonafini, décédée dimanche à l'âge de 93 ans, était devenue la "voix" des "Mères de la place de Mai" qui ont défié la dictature militaire argentine (1976-1983) en réclamant inlassablement, jusque sous ses fenêtres, des nouvelles de leurs "disparus".

Initiée le 30 avril 1977, leur ronde hebdomadaire à Buenos Aires devant la Casa Rosada (Maison Rose, siège de l'exécutif), coiffées d'un fichu blanc rappelant les langes et brodé au nom d'un "disparu" (quelque 30.000 personnes, selon les organisations humanitaires), a braqué les projecteurs sur la junte.

"Très chère Hebe, Mère de la place de Mai, symbole mondial de la lutte pour les droits humains, fierté de l'Argentine. Dieu t'a rappelée le jour de la Souveraineté nationale (jour férié en Argentine)... Ça ne doit pas être un hasard. Simplement merci et adieu", a salué dimanche la vice-présidente argentine Cristina Kirchner.

Peu après, Alejandra Bonafini a annoncé dans un communiqué que sa mère était décédée à l'Hôpital italien de La Plata, dans la province de Buenos Aires, où elle avait été admise il y a quelques jours.

L'organisation, qu'elle a présidée pendant plus de quarante ans, a fait savoir dimanche soir que "ses cendres reposeront sur la Place de Mai".

Deuil national 

Le président argentin Alberto Fernandez a salué "la combattante infatigable des droits humains", décrétant trois jours de deuil national en son honneur.

Sur Twitter, le président bolivien Evo Morales s'est dit "très triste et consterné" par la nouvelle. "Son combat inlassable contre les dictatures, pour la mémoire, la vérité et la justice est un exemple pour les nouvelles générations".

Née le 4 décembre 1928 à Ensenada, près de La Plata dans une famille modeste, mariée à 14 ans et n'ayant connu que l'école primaire, elle a 39 ans lorsque la "Guerre Sucia" (Sale Guerre) bouleverse son existence et celle de ses trois enfants.

En 1977, ses deux fils sont enlevés, Jorge Omar (8 février), Raul Alfredo (6 décembre) puis l'épouse de Jorge, Maria Elena Bugnone Cepeda (25 mai 1978). Hebe Pastor de Bonafini ne sait vers qui se tourner lorsqu'une mère de "disparu" lui propose de se joindre à un rassemblement devant la Casa Rosada. C'est le début d'un combat que seule la mort, dit-elle, pourra arrêter.

Outre quarante années de rassemblements, Hebe de Bonafini et les "Madres de Plaza de Mayo" avaient à leur actif 25 années de "marches de résistance" de 24 heures d'affilée, jusqu'au 26 janvier 2006 où elles reconnurent être vaincues par l'âge.

Aujourd'hui, les "Mères", que la combative Hebe Pastor de Bonafini dirigeait depuis 1979, se retrouvent toujours le jeudi devant l'obélisque de Plaza de Mayo, mais désormais pour dénoncer toutes les formes d'oppression, une évolution qui, en 1986, a provoqué leur scission.

L'association des "Mères de la place de Mai-ligne fondatrice", présidée par Estela Barnes de Carlotto, est dédiée purement à la défense des droits humains, tandis que celle de Hebe de Bonafini est plus politisée.

Controverse

Après s'être réjouie des attentats du 11 septembre 2001 aux États-Unis, elle avait réagi à l'attaque meurtrière contre l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo, en janvier 2015, en estimant que "la France colonialiste qui a laissé des pays dans la ruine n'a pas l'autorité morale pour parler de terrorisme criminel. Demandez aux Algériens, aux Haïtiens et à ses dizaines de colonies".

Défenseuse des régimes de Chavez puis de Maduro au Venezuela, elle était également devenue une figure controversée en Argentine pour son soutien inébranlable aux époux Kirchner.

La fondation qu'elle dirigeait, "Rêves partagés" des "Mères", est devenue sous la présidence de Nestor puis de Cristina Kirchner une ONG de 6.000 employés, recevant de l'État un total de 129 millions d'euros pour la construction notamment de logements sociaux et d'hôpitaux.

En 2017, un scandale impliquant son fondé de pouvoir, soupçonné de blanchiment d'argent, l'a éclaboussée ainsi que sa fille Alejandra Bonafini, alors directrice de la fondation et plusieurs responsables gouvernementaux.

Elle avait alors dénoncé une "manœuvre" politique du président Mauricio Macri (2015-2019) qu'elle avait qualifié d'"ennemi".


L'art de la gravure et un plat saoudien inscrits au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco

Cette nouvelle inscription vient enrichir la liste des éléments culturels déjà enregistrés pour le Royaume (Photo, AN).
Cette nouvelle inscription vient enrichir la liste des éléments culturels déjà enregistrés pour le Royaume (Photo, AN).
Short Url
  • L’annonce a été faite lors de la 18e session du comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, organisée par l'Unesco à Kasane, au Botswana
  • L'année 2023 a été jalonnée de succès pour le Royaume, avec des réalisations notables à l'Unesco

RIYAD: L'Unesco a annoncé l'inscription du plat saoudien Al-Harees, ainsi que les connaissances, compétences et pratiques associées à l'art de la gravure sur métaux précieux tels que l'or, l'argent et le cuivre, sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité.

Cette annonce a été faite lors de la 18e session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, organisée par l'Unesco à Kasane, au Botswana. Cet événement, qui se tient du 4 au 9 décembre, commémore le 20e anniversaire de l'adoption de la Convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.

Cette nouvelle inscription vient enrichir la liste des éléments culturels déjà enregistrés pour le Royaume, portant ainsi le nombre total d'éléments culturels immatériels enregistrés à 13.

L'année 2023 a été jalonnée de succès pour le Royaume, avec des réalisations notables à l'Unesco. En septembre, Riyad a accueilli avec succès la 45e session élargie du Comité du patrimoine mondial, marquant un événement majeur. De plus, le site de patrimoine mondial d'Al-Rawdhah Bani Maarouf a été inscrit, et la ville de Taïf a été reconnue en tant que troisième ville créative dans le domaine de la littérature au sein du réseau Unesco des villes créatives.

La participation du Royaume au Conseil exécutif de l'Unesco pour la période 2023-2027 vise à renforcer la coopération internationale et à contribuer aux objectifs stratégiques de l'organisation.


Maroc: L'Art du Malhoun Intègre le Patrimoine Mondial de l'UNESCO

Le 6 décembre 2023, l'UNESCO a inscrit le malhoun, une tradition poétique et musicale marocaine, sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité (Photo, MAP).
Le 6 décembre 2023, l'UNESCO a inscrit le malhoun, une tradition poétique et musicale marocaine, sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité (Photo, MAP).
Short Url
  • L'UNESCO a inscrit le malhoun, une tradition poétique et musicale marocaine, sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité
  • Le malhoun, qui a vu le jour dans la région de Tafilalet au Maroc, est une forme d'expression artistique combinant poésie classique et musique

CASABLANCA: Le 6 décembre 2023, l'UNESCO a inscrit le malhoun, une tradition poétique et musicale marocaine, sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l'humanité. Cette décision, prise lors de la 18e session du Comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l'UNESCO au Botswana, reconnaît la valeur unique de cet art ancestral marocain.

Le malhoun, un patrimoine musical ancien

Le malhoun, qui a vu le jour dans la région de Tafilalet au Maroc, est une forme d'expression artistique combinant poésie et musique. Il a d'abord émergé au sein des communautés religieuses de la région avant de gagner en popularité dans les grandes villes marocaines. Cette inscription par l'UNESCO met en lumière la diversité culturelle du Maroc et la richesse de son patrimoine artistique.

L'exécutif à la manoeuvre

Le gouvernement marocain, sous la conduite du roi Mohammed VI, a joué un rôle crucial dans la préservation et la promotion du malhoun. La secrétaire générale du département de la culture, Samira Malizi, a exprimé sa gratitude envers l'UNESCO pour cette reconnaissance, soulignant l'importance de cet art dans l'identité culturelle marocaine.

L'inscription du malhoun en tant que patrimoine immatériel souligne son importance non seulement pour le Maroc mais aussi pour l'internationale de la culture. Cet art, avec ses tonalités poétiques et sa rythmique spirituelle, a une portée universelle, comme en témoigne désormais son inscription dans la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'humanité de l'UNESCO.


Un sculpteur sur bois saoudien crée des odes à la nature, à la faune et à l'histoire ancienne

Sultan al-Mrshood travaille actuellement au ministère de la Culture en tant que formateur, transmettant son savoir aux jeunes Saoudiens à travers des cours de sculpture sur bois. (Photos de Houda Bashatah)
Sultan al-Mrshood travaille actuellement au ministère de la Culture en tant que formateur, transmettant son savoir aux jeunes Saoudiens à travers des cours de sculpture sur bois. (Photos de Houda Bashatah)
Il y a sept ans, Al-Mrshood a vendu une canne au prince Sultan qui l'a offerte au ministre des Affaires étrangères de Bahreïn. (Photo fournie)
Il y a sept ans, Al-Mrshood a vendu une canne au prince Sultan qui l'a offerte au ministre des Affaires étrangères de Bahreïn. (Photo fournie)
Al-Mrshood a remporté la troisième place dans la catégorie sculpture sur bois au concours Souk Okaz. (Photo fournie)
Al-Mrshood a remporté la troisième place dans la catégorie sculpture sur bois au concours Souk Okaz. (Photo fournie)
Sultan al-Mrshood a indiqué: «La canne, en forme de serpent, qui représente l'histoire du bâton de Moïse, est le secret de ma renommée, et a été vendue au prince Sultan ben Salmane.» (Photo fournie)
Sultan al-Mrshood a indiqué: «La canne, en forme de serpent, qui représente l'histoire du bâton de Moïse, est le secret de ma renommée, et a été vendue au prince Sultan ben Salmane.» (Photo fournie)
Short Url
  • L'artiste primé Sultan al-Mrshood s'inspire de son enfance dans une ferme de Buraidah
  • Ses œuvres comprennent des cannes en forme de serpent, des chapelets en bois de cocotier, de noyaux d'olives et de dattes

RIYAD: L'artiste primé Sultan Al-Mrshood – qui présente actuellement son travail au Saudi Feast Food Festival – maîtrise l'art de sculpter des représentations hyperréalistes de la nature à partir de bois, inspirées de son enfance dans une ferme.

Al-Mrshood occupe un stand à l'exposition des olives du festival, mettant en valeur les multiples usages du fruit tant dans l'alimentation que dans les produits cosmétiques. Il souligne que ses œuvres suscitent souvent l'admiration, attirant des visiteurs qui se rassemblent pendant longtemps.

Le sculpteur expose une variété d'œuvres, dont un aigle, une canne en bois où s’entrelace un serpent, plusieurs chapelets artisanaux en bois de cocotier, de noyaux d'olives et de dattes.

Dans son stand, le sculpteur présente sa collection de sculptures illustrant un aigle, une canne en forme de serpent, des tableaux sculptés et une variété de chapelets fabriqués à la main à partir de noyaux d'olives, de dattes, ainsi qu’en bois de cocotier. (Photos AN de Houda Bashatah)
Dans son stand, le sculpteur présente sa collection de sculptures illustrant un aigle, une canne en forme de serpent, des tableaux sculptés et une variété de chapelets fabriqués à la main à partir de noyaux d'olives, de dattes, ainsi qu’en bois de cocotier. (Photos AN de Houda Bashatah)

Al-Mrshood a créé trois cannes avec des serpent, chacune lui ayant pris environ trois mois. Il a vendu la dernière, sous les auspices du ministère de la Culture, lors du festival, pour 30 000 riyals saoudiens (8 000 dollars). Il y a sept ans, Al-Mrshood a vendu une canne au prince Sultan ben Salmane qui l'a offerte au ministre des Affaires étrangères de Bahreïn alors en fonction, Khalid ben Ahmad al-Khalifa.

«Chacune de mes œuvres est liée à un événement ou à une histoire ancienne de la civilisation saoudienne... le serpent (canne), qui incarne l'histoire du bâton de Moïse, est le secret de ma renommée et a été vendu au prince Sultan ben Salmane», a-t-il indiqué.

L’artiste saoudien Sultan al-Mrshood sculpte des chapelets dans des noyaux d'olives et de dattes. (Photos AN de Houda Bashatah)
L’artiste saoudien Sultan al-Mrshood sculpte des chapelets dans des noyaux d'olives et de dattes. (Photos AN de Houda Bashatah)

Il en a également vendu une à un collectionneur de cannes bien connu, de la province d'Al-Qassim.

Al-Mrshood avait déjà remporté la troisième place pour ses sculptures en bois lors d'un concours de Souk Okaz. Souq Okaz fait partie de la saison de Taïf qui met en valeur la culture arabe à travers la nourriture, l'art et les produits des EAU, du Koweït, de Bahreïn, d'Oman, d'Irak, d'Égypte, de Jordanie, du Liban, du Maroc et de Tunisie.

Al-Mrshood affirme qu'il a reçu des commentaires positifs sur ses cannes en forme de serpent. «Elle sont considérées comme l’une des cannes les plus rares qui se trouvent en Arabie saoudite… Le fait qu’il n’y ait pas beaucoup de sculpteurs en Arabie saoudite les rend très importantes. Toutes les réactions des visiteurs sont empreintes d’admiration et d’étonnement.

Sultan al-Mrshood a confié: «La canne en forme de serpent, qui représente l'histoire du bâton de Moïse, est le secret de ma renommée et a été vendue au prince Sultan ben Salmane.» (Photo fournie)
Sultan al-Mrshood a confié: «La canne en forme de serpent, qui représente l'histoire du bâton de Moïse, est le secret de ma renommée et a été vendue au prince Sultan ben Salmane.» (Photo fournie)

Il s'inspire d’images, dans une ferme de Buraidah où il a grandi. «J'ai vécu une partie de ma vie dans une ferme ordinaire. Mon enfance à la ferme était emplie d'aventures, et je jouais toujours avec des bâtons de bois à partir desquels je créais différentes formes. J’essayais de créer de belles œuvres à partir de tout ce qui m’entourait, même si je ne savais pas que je serais un jour un artiste.»

«Je suis artiste depuis l'enfance et j'ai été peintre avant d'être sculpteur. L’art de la sculpture est un processus complexe qui repose sur la géométrie, l’imagination, le talent en sculpture et l’utilisation de nombreuses méthodes.»

Al-Mrshood affirme trouver son inspiration lorsqu'il se trouve dans «une ambiance de calme de solitude, de méditation et de marche».

Il travaille actuellement au ministère de la Culture en tant que formateur, transmettant son savoir aux jeunes Saoudiens à travers des cours de sculpture sur bois.

Concernant les défis auxquels il est confronté en tant que sculpteur sur bois, Al-Mrshood a souligné le «manque de machines manuelles disponibles à l’achat, susceptibles de m'aider à travailler avec précision et rapidité.»

Tout en s'adressant à un marché de niche, qui comprend des difficultés, il y a aussi l'attrait du caractère unique de ses œuvres. «S'il y avait beaucoup de sculpteurs sur bois en Arabie Saoudite, le prix diminuerait, mais comme le nombre de sculpteurs sur bois en Arabie Saoudite est très faible, les prix de nos créateurs artisanaux augmentent. Cela rend les personnes comme nous très importantes et valorisées.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com