Elections au Népal: Les jeunes défient l'ancienne génération au pouvoir

La police monte la garde près des urnes alors que les bureaux de vote ferment lors des élections générales à Katmandou le 20 novembre 2022 (Photo, AFP).
La police monte la garde près des urnes alors que les bureaux de vote ferment lors des élections générales à Katmandou le 20 novembre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 21 novembre 2022

Elections au Népal: Les jeunes défient l'ancienne génération au pouvoir

  • Depuis la fin du conflit, le pouvoir oscille entre anciens guérilleros et élites politiques d'avant-guerre
  • Beaucoup pensent que leurs dirigeants sont déconnectés de la réalité

KATMANDOU, Népal: Les Népalais votent dimanche pour les deuxièmes élections législatives de l'histoire de la jeune république himalayenne, où la jeunesse espère renverser l'ancienne génération au pouvoir depuis des décennies, sans toutefois avoir de grandes chances d'y parvenir.

Ce scrutin vise à renouveler les 275 sièges de la Chambre des représentants. Les deux principales forces politiques du pays, le Congrès népalais (centre) dirigé par l'actuel Premier ministre Sher Bahadur Deuba, et le Parti communiste népalais (CPN-UML), sont concurrencées cette fois par une multitude de candidats indépendants communiant dans la désillusion à l'égard des caciques qui monopolisent le pouvoir.

 Une valse de Premiers ministres, pour la plupart restés en poste moins d'un an, et une culture politique clientéliste alimentent la défiance des Népalais, dont beaucoup pensent que leurs dirigeants sont déconnectés de la réalité.

Bien que les analystes s'attendent à ce que l'establishment politique domine à nouveau la prochaine assemblée, l'envie de changement est palpable.

"Les gens disent, nous avons été trompés, il y a de la discrimination, nous devons payer des pots-de-vin, nous n'avons pas accès à de l'eau potable, nous n'avons pas de travail", dit à l'AFP Rabi Lamichhane, qui est à 48 ans le plus âgé de la vague des nouveaux candidats indépendants.

Ce charismatique présentateur télé s'est rendu célèbre avec ses interviews politiques virulentes et des reportages en caméra cachée, révélant la corruption des bureaucrates du pays.

«Ils n'ont rien fait»

"Les jeunes électeurs sont une force dominante maintenant. Avant, c'étaient les parents ou les grands-parents qui décidaient pour qui allait voter la famille. Maintenant, ce sont les enfants qui le font", explique à l'AFP l'analyste politique Hari Sharma.

"Les partis politiques établis et leurs dirigeants n'ont pas été capables de parler le langage de ces jeunes électeurs", ajoute-t-il.

Illustration de ce changement: "J'avais voté pour de vieux partis dans le passé, mais j'ai voté pour de nouveaux candidats cette fois-ci", raconte à l'AFP Sushant Thapa, un étudiant de 26 ans, dans un bureau de vote de Katmandou.

"J'espère qu'il y aura une nouvelle équipe au parlement qui écoutera le langage du public", poursuit le jeune homme.

Chiranjibi Dawadi, chauffeur de profession, a aussi opté pour la nouveauté. "Ma famille a décidé de voter pour un nouveau parti cette fois-ci. Ce n'est pas grave s'ils ne s'occupent pas de nous. Les anciens partis ne le faisaient pas non plus", dit-il à l'AFP.

Cette ancienne génération au pouvoir a connu la guerre civile, qui s'est achevée en 2006 après dix ans et plus de 17.000 morts. L'accord de paix signé à la fin du conflit a conduit à l'abolition de la monarchie en 2008 et transformé l'ancienne guérilla maoïste en force politique classique.

Depuis la fin du conflit, le pouvoir oscille entre anciens guérilleros et élites politiques d'avant-guerre. Les législatives de dimanche sont les deuxièmes à se tenir depuis l'adoption en 2015, après une décennie d'imbroglios politiques, d'une nouvelle constitution.

Le Parlement népalais est depuis miné par l'instabilité: aucun Premier ministre n'a jusqu'aujourd'hui réussi à terminer un mandat. L'actuel dirigeant, Sher Bahadur Deuba, 76 ans, occupe ce poste pour la cinquième fois.

Le mécontentement de la population se fait de plus en plus ressentir, l'économie se portant mal depuis la pandémie de coronavirus qui a plombé le secteur vital du tourisme et tari les envois de fonds des très nombreux Népalais travaillant à l'étranger.

L'inflation s'envole et le gouvernement a interdit l'importation de plusieurs produits, notamment les alcools et les téléviseurs, afin de préserver ses réserves de devises étrangères qui s'amenuisent.

Toutefois, selon les analystes, la nature du système parlementaire népalais devrait aboutir à reconduire les partis établis au pouvoir.

"Il est peu probable qu'il y ait une majorité pour un seul parti", prédit à l'AFP Guna Raj Luitel, rédacteur en chef du journal Nagarik. "Ce sera à nouveau les mêmes jeux de pouvoir et les mêmes gouvernements de coalition".


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com