Mondial: Les bénéfices de la Fifa et les gains économiques à long terme du Qatar

Des drones forment l'image de deux joueurs de football dans le ciel à Doha (Photo, AFP).
Des drones forment l'image de deux joueurs de football dans le ciel à Doha (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 22 novembre 2022

Mondial: Les bénéfices de la Fifa et les gains économiques à long terme du Qatar

  • «La Coupe du monde, c'est un chiffre d'affaires de plus de 6 milliards de dollars pour la Fifa, trois milliards de téléspectateurs, et trois millions de billets vendus»
  • Que ce soit le Brésil ou la Russie, ces deux pays ont dépensé une quinzaine de milliards de dollars environ pour l’organisation de la Coupe du monde

CASABLANCA: Le Qatar n’a pas compté ses dépenses pour organiser la Coupe du monde la plus coûteuse de l’histoire de la compétition. Un budget pharaonique pour construire des infrastructures aux standards internationaux. Arab News en français a pu demander à l’économiste du sport, Vincent Chaudel, Directeur de l’Observatoire du Sport Business quels étaient les enjeux financiers conséquents au nombre croissant de spectateurs, répondant, à chaque fois, et aujourd’hui encore, au rendez-vous sportif le plus regardé à l’échelle du monde.

L’irruption de la télévision à partir de 1954, et plus encore lors de la Coupe du monde 1966 en Angleterre, a changé la donne en soumettant l’épreuve sportive à une exposition inégalée jusqu’alors. Les profits bien réels, en termes économiques, ne sont, cependant, pas facilement quantifiables. Arab News en français a, par conséquent, sollicité, Vincent Chaudel, rompu à l’exercice de vulgarisation des travaux académiques relatifs aux liens entre le sport et les revenus qu’il génère, afin qu’il éclaire notre regard sur l’effort budgétaire, sans précédent, consenti par un État, le Qatar, et sur les bénéfices directs et indirects à l’organisation de cette compétition.

Un budget hors catégorie 

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Dépenses engagées pour l'organisation de la coupe du monde (Photo, Observatoire du Sport Business).

D’une façon générale, l’organisation d’une Coupe du monde se compte en milliards d'euros d'investissements. Mais au Qatar le coût «est en dehors de toute proportion, parce qu'il y a entre six et huit milliards d'investissements dans les stades, et il y a eu huit stades construits». C’est déjà, prenons en compte ce seul paramètre, un investissement qui est supérieur à l’organisation des autres Coupe du monde, nous explique Vincent Chaudel. Les nations organisatrices «ont pour habitude de capitaliser sur des stades existants, ce qui n'était pas vraiment le cas pour Doha». Plus précisément, l’économiste du sport évoque une enveloppe globale «qui va bien au-delà des stades autour de 200 milliards de dollars, sachant que pour le Brésil ou la Russie ces deux pays ont dépensé quinzaine de milliards de dollars environ pour l’organisation du même évènement».

Même si, pour Vincent Chaudel, une compétition de cette nature, Coupe du monde et Jeux olympiques, ne sont pas là «pour gagner de l'argent mais pour faire gagner du temps à une nation, dans sa réputation internationale et dans la capacité du monde à le à situer sur la carte, se faisant, le Qatar se dote d'un vrai outil de développement de l'économie du tourisme aujourd'hui»

Tourisme

Selon Vincent Chaudel, il ne faudrait pas chercher à se demander si la Coupe du monde peut rapporter de l'argent au Qatar. «La Fifa va faire des bénéfices au Qatar, ça, c'est sûr et certain. Et le Qatar, lui, va gagner un nouveau pilier de son économie et ça: j'aurais tendance à dire que pour lui, ça n'a pas de prix» 

Jusqu'ici, Doha était connu pour être mono-industrie grâce aux énergies, mais principalement le gaz, d’après le consultant en Sport Business que nous avons interrogé, «après cette Coupe du monde, l’Emirat aura multiplié par quatre sa capacité d'accueil en termes de chambres d'hôtel, et de transport aérien en misant sur un tourisme, on va dire, VIP et un tourisme de luxe qui développera un autre pilier de son économie»  

Une affaire d’image et de sponsors

L’enjeu d’une compétition sportive se mesure à l’aune de l’image valorisante, ou dévalorisante pour le pays organisateur. Que ce soit, en Argentine, la junte militaire dirigée par le général Videla en 1978 ou le gouvernement démocratique d’Angela Merkel en 2006, tous les pays organisateurs, sont sensible aux effets de miroir que produit la compétition, l’objectif étant de faire circuler les commentaires positifs des observateurs étrangers, en espérant des retombées économiques à long terme.

Les annonceurs, et particulièrement, les équipementiers, font le même calcul. 

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Sponsors des équipes participantes (Photo, Observatoire du Sport Business).

Nike figure en tête des équipementiers les plus représentés parmi les 32 sélections qualifiées pour la Coupe du monde 2022. Treize sélections ont opté pour l’équipementier américain, sept nations ont fait le choix d’Adidas, talonné de près par PUMA ayant eu les faveurs de 6 équipes participantes. 

Une fédération, un budget, des sélectionneurs

Le budget investi pour la participation à la Coupe du monde est très variable d'une nation à l'autre, même si une partie des frais engagés par les équipes participantes sont pris en charge par la Fifa qui distribue des dotations directement aux fédérations. Selon Vincent Chaudel, la Fifa prévoit de reverser aux équipes participantes jusqu'à 440 millions de dollars. « Il y a plus d'argent pour le vainqueur que pour le perdant éliminé au premier tour. Mais le la Coupe du monde 2018, par exemple, avait rapporté quelque chose comme Trente-cinq ou quarante millions de dollars à la Fédération française de football.»

Une part conséquente des dépenses des fédérations est engagée dans le paiement du salaire des sélectionneurs et de leurs staffs respectifs: Cela va dépendre de ce que l'on veut mettre dans l'addition précise Vincent Chaudel «si on veut mettre le salaire par exemple, le plus gros salaire du sélectionneur des équipes africaines estimé à deux millions de d'euros. Si on y ajoute son staff, si qu’on y ajoute l'hôtel de l'équipe nationale et la privatisation de l’établissement, on peut facilement imaginer que le budget avoisine les dix millions d'euros»

Billetterie et supporters

Malgré les polémiques relatives à l’augmentation des tarifs ayant progressé de 46% pour la finale en première catégorie, force est de constater que près de 3 millions de billets sont aujourd’hui vendus pour la FIFA World Cup Qatar 2022.

En sa qualité d’économiste du sport, Vincent Chaudel nous livre une perspective plus large de comparaison «Si on veut avoir les grands chiffres de la Coupe du monde, ça va être un chiffre d'affaires de plus de six milliards pour la Fifa, ça va être trois milliards de téléspectateurs, c'est trois millions de billets vendus. Ce sont des chiffres qui sont en dehors de toute proportion pour une compétition sportive»


Femmes arabes en STEM: le programme L’Oréal-UNESCO Middle East célèbre 12 ans de recherche scientifique

Le programme L’Oréal-UNESCO For Women in Science met à l’honneur douze talents féminins arabes en STEM pour sa 12ᵉ édition. (Photo: fournie)
Le programme L’Oréal-UNESCO For Women in Science met à l’honneur douze talents féminins arabes en STEM pour sa 12ᵉ édition. (Photo: fournie)
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  • Le programme célèbre 12 ans de promotion des femmes scientifiques au Moyen-Orient, avec 63 chercheuses arabes déjà soutenues et 3,8 M AED attribués
  • Les lauréates 2025–2024 mènent des recherches en robotique, climat, sécurité alimentaire, médecine personnalisée et santé publique

DUBAI: Pour sa douzième édition, le programme régional L’Oréal-UNESCO For Women in Science Middle East Regional Young Talents, organisé en partenariat avec l’Université Khalifa des sciences et de la technologie, met à l’honneur douze chercheuses arabes dont les travaux novateurs façonnent l’avenir scientifique de la région.

Initiative phare au Moyen-Orient, ce programme distingue les contributions majeures de femmes scientifiques en STEM (science, technologie, ingénierie et mathématiques), dont les recherches apportent des réponses concrètes à des défis urgents et inspirent les générations futures. Depuis 1998, l’initiative mondiale L’Oréal-UNESCO a célébré plus de 4 700 chercheuses dans plus de 140 pays – dont 63 issues du CCG – attribuant au total 3,8 millions AED pour soutenir leurs projets.

Pourtant, les progrès restent inégaux : selon l’UNESCO, les femmes ne représentent encore qu’un tiers des chercheurs dans le monde.

En valorisant l’excellence scientifique et en renforçant le rôle des femmes dans la recherche, l’édition régionale contribue non seulement à réduire ces écarts, mais aussi à soutenir les stratégies nationales du CCG axées sur l’innovation, l’économie du savoir et le développement durable.

La ministre de l’Éducation des Émirats arabes unis, Sarah Al Amiri, a salué l’engagement constant du programme, rappelant son soutien depuis sept ans. « Ce programme ne se limite pas à reconnaître l’excellence scientifique ; il renforce la volonté de bâtir des sociétés innovantes et résilientes. Soutenir les femmes scientifiques, c’est libérer le plein potentiel de notre capital humain et garantir que la science demeure un moteur de progrès sociétal », a-t-elle déclaré.

Laurent Duffier, Directeur général de L’Oréal Moyen-Orient, a souligné l’impact du programme sur l’innovation régionale comme mondiale. « En amplifiant les voix des chercheuses arabes depuis plus de 12 ans, nous avons accéléré le progrès scientifique et inspiré la prochaine génération d’innovatrices. »

De son côté, Salah Khaled, Directeur du bureau de l’UNESCO à Doha, a rappelé que l’autonomisation des femmes en science est un pilier du développement durable : « Soutenir ces chercheuses d’exception contribue autant aux priorités nationales d’innovation qu’à l’avancée de la science mondiale. »

Le Président de l’Université Khalifa, Pr. Ebrahim Al Hajri, a mis en avant l’importance de cette collaboration, affirmant que les femmes scientifiques de l’université façonnent déjà l’avenir de l’énergie propre, de la santé, de la durabilité, de l’espace et de l’IA.

Les douze lauréates de 2025 et 2024 illustrent la diversité et la profondeur de la recherche dans le monde arabe : robotique aérospatiale, résilience climatique, sécurité alimentaire, médecine personnalisée, thérapies épigénétiques, maladies métaboliques, autisme, infections respiratoires ou encore innovations en nanotechnologie.


Le Forum d’affaires franco-saoudien lance la quatrième cohorte « Booster Grow Global » à Riyad

Nicolas Forissier, ministre délégué au Commerce extérieur et à l’Attractivité économique. (Photo: Arab News en français)
Nicolas Forissier, ministre délégué au Commerce extérieur et à l’Attractivité économique. (Photo: Arab News en français)
Le Dr Majid Al-Qasabi, ministre saoudien du Commerce, souligne la transformation économique du Royaume et l’importance du partenariat stratégique avec la France. (Photo: Arab News en français)
Le Dr Majid Al-Qasabi, ministre saoudien du Commerce, souligne la transformation économique du Royaume et l’importance du partenariat stratégique avec la France. (Photo: Arab News en français)
Participants réunis dans la salle du forum pour suivre les interventions et échanges. (Photo: Arab News en français)
Participants réunis dans la salle du forum pour suivre les interventions et échanges. (Photo: Arab News en français)
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  • Le forum a réuni responsables, diplomates et entreprises pour lancer une cohorte de 22 entreprises françaises
  • La France et l’Arabie saoudite ont réaffirmé leur partenariat stratégique et une coopération renforcée

RIYAD : Le Forum d’affaires franco-saoudien s’est tenu du 23 au 25 novembre, marquant le lancement de la quatrième cohorte du programme Booster Grow Global, un parcours d’accélération de neuf mois conçu pour aider les entreprises françaises en phase de croissance à localiser leurs solutions et à bâtir des partenariats durables dans l’ensemble du Royaume.

Organisé par Business France en collaboration avec l’Ambassade de France à Riyad, les Conseillers du commerce extérieur de la France (CCEF), le Conseil d’affaires saoudo-français et Bpifrance, le forum a réuni des responsables gouvernementaux de haut niveau, des diplomates et plus de 100 représentants d’entreprises françaises et saoudiennes.

Patrick Maisonnave, ambassadeur de France au Royaume, et le Dr Majid ben Abdallah Al-Qasabi, ministre saoudien du Commerce, ont présidé la cérémonie d’ouverture, soulignant la solidité et la profondeur stratégique de la relation bilatérale.

Dans son allocution, Al-Qasabi a mis en avant le « mélange unique » d’atouts qui, selon lui, fait de la France l’un des partenaires les plus précieux de l’Arabie saoudite.

« La France possède une recette magnétique : une base industrielle diversifiée, une culture riche, un patrimoine emblématique, une excellence touristique mondiale et une gastronomie reconnue », a-t-il déclaré. « En même temps, l’Arabie saoudite ne connaît pas un simple changement, mais une transformation totale, menée par la vision et l’action de Son Altesse Royale le Prince Héritier. »

Al-Qasabi a souligné la force démographique du Royaume, notant que 84 % de la population a moins de 45 ans, créant un bassin de talents dynamique et technophile prêt à porter la prochaine phase de croissance économique.

Il a également mis en avant les ressources naturelles du Royaume, sa position géographique stratégique et son agenda de développement rapide dans des secteurs tels que la logistique, l'exploitation minière, la cybersécurité, la santé et l’éducation.

« Aucun pays au monde ne dispose d’une combinaison d’opportunités aussi unique qui se produisent en même temps », a-t-il affirmé. « Nous avons besoin de votre expertise. Nous pouvons doubler notre commerce bilatéral, qui a augmenté de 77 %, passant de 6,2 à 11 milliards de dollars. »

Le forum, événement phare du partenariat économique croissant entre les deux pays, a présenté les 22 PME et scale-ups françaises sélectionnées pour la cohorte 2025 de Booster Grow Global. Ces entreprises, choisies lors de VivaTech 2025 à Paris après avoir présenté leur projet à un jury saoudien composé de grandes institutions et d’acteurs industriels, représentent des secteurs alignés sur les priorités nationales de France 2030 et de la Vision 2030 saoudienne.

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Vue de la salle du Forum d’affaires franco-saoudien lors des sessions plénières. (Photo: Arab News en français)

Durant deux jours, la cohorte a participé à plus de 300 rencontres B2B et réunions d’investisseurs spécialement organisées, aboutissant à plus de 10 protocoles d’accord et posant les bases de processus de qualification de fournisseurs, d’initiatives de localisation et de projets de mise en œuvre à grande échelle dans le Royaume.

Les responsables français ont réaffirmé l’engagement de leur pays à renforcer ses liens avec l’Arabie saoudite alors que le Royaume accélère les préparatifs pour l’Expo 2030 à Riyad et la Coupe du monde de la FIFA 2034.

Nicolas Forissier, ministre délégué français chargé du Commerce extérieur et de l’Attractivité économique, a souligné la constance du soutien de la France. « Nous avons été parmi les tout premiers à soutenir la candidature de Riyad pour l’Expo 2030 », a-t-il rappelé. « La France a célébré votre succès. Aujourd’hui, notre engagement est concret. Nous travaillons activement avec le Royaume à la préparation de l’Expo 2030, et notre pavillon reflétera la créativité et la profondeur stratégique de notre partenariat. »

Forissier a annoncé un dispositif financier de 3 milliards de dollars dédié aux grands projets du Royaume.

« Ce mécanisme a été conçu spécifiquement pour répondre à l’ambition de la Vision 2030. C’est une première », a-t-il précisé. « La France et l’Arabie saoudite ont toutes les raisons de se tenir côte à côte, d’innover ensemble et de construire la prospérité de demain. »

Plus tôt dans la cérémonie, Didier Boulogne, directeur général délégué de Business France, a accueilli les participants et remercié les partenaires saoudiens et français pour leur collaboration.

« De l’Expo 2030 à la Coupe du monde 2034, nous sommes aujourd’hui unis par une énergie extraordinaire », a-t-il déclaré.

Mohamed Ben Laden, président du Conseil d’affaires Franco-Saoudien, a ajouté que les expériences communes de la France et de l’Arabie saoudite dans la réalisation de méga-projets — des Jeux olympiques de Paris à l’Expo 2025 d’Osaka — constituent une base solide pour une coopération à forte valeur ajoutée.

« Ce forum crée une plateforme où les ambitions saoudiennes rencontrent l’ingénierie, la créativité et l’excellence technologique françaises », a-t-il souligné.

Le programme Booster Grow Global se poursuivra avec une immersion de deux semaines sur le terrain à Riyad, Djeddah, Dammam et Khobar, où les entreprises françaises participeront à des rendez-vous ciblés avec acheteurs, sessions de mise en relation avec investisseurs, visites de sites industriels et ateliers spécialisés.

La délégation continuera également ses échanges avec les principales entités sur les processus de qualification fournisseurs et les calendriers potentiels de mise en œuvre.

Rachid Boulaouine, directeur de Business France en Arabie saoudite, a indiqué que le programme est conçu pour aider les entreprises françaises à forte croissance à se déployer rapidement et efficacement sur le marché saoudien.

« En alignant talents, technologie et partenariats locaux, ces entreprises sont positionnées pour contribuer de manière significative aux priorités de la Vision 2030 du Royaume », a-t-il expliqué. « Notre rôle est de réduire le temps de mise sur le marché et de créer l’accès de haut niveau nécessaire pour passer de l’intention à l’exécution. »

À mesure que la cohorte avance dans son immersion saoudienne, les deux gouvernements ont clairement exprimé leur intention d’approfondir leur coopération économique.


Bruxelles valide les efforts de la France pour réduire son déficit

Dans son avis, Bruxelles note que selon ses propres prévisions publiées mi-novembre, le déficit public français devrait redescendre à 4,9% du PIB l'an prochain contre 5,5% cette année, des niveaux très proches des prévisions du gouvernement, qui table sur un déficit de 4,7% en 2026 après 5,4% en 2025. (AFP)
Dans son avis, Bruxelles note que selon ses propres prévisions publiées mi-novembre, le déficit public français devrait redescendre à 4,9% du PIB l'an prochain contre 5,5% cette année, des niveaux très proches des prévisions du gouvernement, qui table sur un déficit de 4,7% en 2026 après 5,4% en 2025. (AFP)
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  • Dans son avis sur les perspectives budgétaires des 27 États membres, présenté devant le Parlement européen, la Commission a souligné que le projet de budget du gouvernement Lecornu était "conforme"
  • La Commission a donné jusqu'en 2029 à Paris pour redresser la barre et ramener son déficit en dessous de 3% du PIB, la limite prévue par le Pacte de stabilité européen

STRASBOURG: La Commission européenne a estimé mardi que la France respectait les engagements qu'elle avait pris pour réduire son déficit public colossal, tout en notant l'"incertitude considérable" entourant le projet de budget pour 2026.

Dans son avis sur les perspectives budgétaires des 27 États membres, présenté devant le Parlement européen, la Commission a souligné que le projet de budget du gouvernement Lecornu était "conforme" aux recommandations émises dans le cadre de la procédure de déficit excessif lancée en juillet 2024 contre la France.

La Commission a donné jusqu'en 2029 à Paris pour redresser la barre et ramener son déficit en dessous de 3% du PIB, la limite prévue par le Pacte de stabilité européen.

Dans son avis, Bruxelles note que selon ses propres prévisions publiées mi-novembre, le déficit public français devrait redescendre à 4,9% du PIB l'an prochain contre 5,5% cette année, des niveaux très proches des prévisions du gouvernement, qui table sur un déficit de 4,7% en 2026 après 5,4% en 2025.

"Cependant, cette évaluation est entourée d'une incertitude considérable, vu les discussions parlementaires toujours en cours", prévient l'exécutif européen.

La France n'est pas le seul pays membre sous le coup d'une procédure pour déficit excessif: c'est le cas aussi de l'Autriche, la Belgique, l'Italie, la Hongrie, Malte, la Pologne, la Slovaquie et la Roumanie, et la Commission a annoncé en outre vouloir placer sous cette procédure un dixième État, la Finlande.

Selon ses projections, ce pays devrait voir son déficit public, qui dépasse la barre des 3% du PIB depuis l'an dernier, grimper à 5% l'an prochain, après 4,9% cette année.

Helsinki avait invoqué la forte augmentation de ses dépenses militaires sur fond de guerre en Ukraine pour justifier le dérapage de ses comptes publiques, mais la Commission estime que cela n'explique pas en totalité l'augmentation de ses dépenses publiques ces dernières années.

En revanche, Bruxelles a donné un blanc-seing à l'Allemagne, pays qui a abandonné sa prudence budgétaire des années précédentes pour se réarmer, et dont le déficit devrait dépasser 3% du PIB cette année et grimper à 4% l'an prochain, selon ses projections.