Après les huées, le «bain de maires» de Macron à la Porte de Versailles

Du côté de l'Elysée, où un millier de maires seront reçus mercredi soir, on rappelle que l'an dernier, «le discours d'Emmanuel Macron avait été assez largement applaudi. Ce qui montre bien que le climat était quand même constructif». (AFP)
Du côté de l'Elysée, où un millier de maires seront reçus mercredi soir, on rappelle que l'an dernier, «le discours d'Emmanuel Macron avait été assez largement applaudi. Ce qui montre bien que le climat était quand même constructif». (AFP)
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Publié le Mardi 22 novembre 2022

Après les huées, le «bain de maires» de Macron à la Porte de Versailles

  • Emmanuel Macron, qui n'adressera pas cette année un discours aux maires, déambulera au milieu d'eux, comme l'an dernier où il avait pris un bain de foule auprès des élus
  • Après les régions et les départements qui ont tendu la main cet automne au gouvernement, c'est au tour de l'AMF d'accueillir mercredi le chef de l'Etat et jeudi la Première ministre

PARIS: Oubliés les sifflets contre Emmanuel Macron d'il y a cinq ans: le Congrès des maires de France, qui se tient jusqu'à jeudi à Paris, devrait tourner la page des tensions du premier quinquennat entre associations d'élus et exécutif.

Après les régions et les départements qui ont tendu la main cet automne au gouvernement, c'est au tour de l'influente Association des maires de France (AMF) d'accueillir mercredi le chef de l'Etat et jeudi la Première ministre Elisabeth Borne sur un ton probablement plus apaisé que lors du premier quinquennat.

Emmanuel Macron, qui n'adressera pas cette année un discours aux maires, déambulera au milieu d'eux, comme l'an dernier où il avait pris un bain de foule auprès des élus, multipliant les selfies, après avoir été contraint d'écouter sur scène la lecture d'une résolution virulente de l'AMF sur son bilan, six mois avant la présidentielle.

Du côté de l'Elysée, où un millier de maires seront reçus mercredi soir, on rappelle que l'an dernier, "le discours d'Emmanuel Macron avait été assez largement applaudi. Ce qui montre bien que le climat était quand même constructif".

Si le président LR de l'AMF, David Lisnard, ne garde pas le même souvenir de cette intervention, jugée "très dure" contre les collectivités locales, il se félicite auprès de l'AFP que "le  discours de l'Elysée ait complètement changé" depuis l'an dernier.

«Une inflexion»

Ce changement est-il dû à la perte de majorité absolue à l'Assemblée nationale en juin dernier ? Ou, au contraire, à l'effondrement des candidats républicains et socialistes à la présidentielle?

Les avis divergent. "Le président de la République n'a pas attendu la séquence législative pour engager ce dialogue", assure-t-on à l'Elysée.

"Ce n'est pas tant la posture des collectivités qui a changé, mais celle du gouvernement", rétorque une source proche des associations d'élus, qui attribue cette "inflexion" à la volonté de l'exécutif de "chercher des relais auprès des élus locaux pour infléchir les votes de l'opposition au Parlement".

Si le RN et les Insoumis constituent les principales forces d'opposition à l'Assemblée, il n'en va pas de même dans les associations d'élus, contrôlées par Les Républicains, les socialistes et les centristes, dont les voix peuvent s'avérer précieuses au Parlement pour la majorité.

"Le gouvernement a intérêt à essayer de trouver des compromis avec notre association", argumente M. Lisnard.

"D'autant qu'à l'AMF, on travaille aussi avec les groupes parlementaires et comme nous sommes transpartisans, nous le faisons avec tous les groupes, que ce soit la majorité, LR ou la gauche", explique-t-il, assurant que "le rapport de force politique nous est favorable".

"On sait que ce que nous n'aurons pas naturellement du gouvernement, nous l'obtiendrons en discutant avec le Parlement", reconnaît un maire. "Le gouvernement change d'attitude, mais nous aussi", ajoute-t-il.

Renaud Muselier, président délégué de Régions de France qui a claqué la porte de LR il y a un an, ne partage pas cet avis.

Il regrette que Territoires unis, organisme regroupant les trois principales associations d'élus (AMF, départements et régions), créé en 2018 pour défendre les collectivités face à l'exécutif, ait perdu de sa force.

"Avant nous étions collectifs, mais maintenant Matignon se sert du fait que les associations ne sont plus dans Territoires unis pour avoir des interlocuteurs avec qui elle travaille de manière différente", assure-t-il.

Au-delà des divergences, les sources consultées par l'AFP se félicitent du dialogue lancé par Mme Borne depuis son arrivée à Matignon, multipliant les rencontres avec les associations d'élus.

"Aujourd'hui, les concertations avec les élus sont permanentes", explique le sarkozyste Gil Avérous, maire LR de Châteauroux, récemment élu président de l'Association des villes de France (VdF).

Selon lui, "ces consultations menées au quotidien, proviennent du passé local de bon nombre de membres du gouvernement" comme Christophe Béchu (ex-maire d'Angers) ou Caroline Cayeux (ex-maire de Beauvais).

Pour preuve, plusieurs ministres recevront des maires en marge du congrès: M. Béchu accueille mardi "des élus de tous bords" à son ministère; Mme Cayeux reçoit des femmes maires et Bruno Le Maire attend 500 personnes à Bercy.

Les partis ne demeurent pas en reste: chez Horizons, Edouard Philippe reçoit les maires Horizons. Quant à Renaissance, le parti présidentiel a invité 200 élus locaux et maires proches de la majorité".


L'Elysée a proposé un hommage pour Bardot, la famille n'a pas donné suite

 L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron. (AFP)
L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron. (AFP)
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  • Eric Ciotti, président de l'UDR, allié au Rassemblement national dont était proche Brigitte Bardot, a demandé lundi à Emmanuel Macron d'organiser un hommage national, à l'image de celui rendu en 2017 au chanteur Johnny Hallyday
  • Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, tout en saluant "une actrice iconique", a en revanche estimé que les hommages nationaux étaient rendus pour "services exceptionnels à la Nation" et que l'artiste avait "tourné le dos aux valeurs républicaines"

PARIS: L'Elysée a proposé à la famille de Brigitte Bardot d'organiser un hommage pour l'icône du cinéma français décédée dimanche mais ses proches n'ont pas donné suite, a indiqué mardi un proche d'Emmanuel Macron à l'AFP.

"Il y a eu un échange avec la famille avec proposition qu’un hommage ait lieu sans que la famille ne donne suite", a déclaré ce proche, en rappelant qu'une telle démarche correspond à un "usage républicain" et que les hommages sont "systématiquement décidés d'un commun accord avec les proches du défunt".

Eric Ciotti, président de l'UDR, allié au Rassemblement national dont était proche Brigitte Bardot, a demandé lundi à Emmanuel Macron d'organiser un hommage national, à l'image de celui rendu en 2017 au chanteur Johnny Hallyday.

Le patron du Parti socialiste, Olivier Faure, tout en saluant "une actrice iconique", a en revanche estimé que les hommages nationaux étaient rendus pour "services exceptionnels à la Nation" et que l'artiste avait "tourné le dos aux valeurs républicaines".

Emmanuel Macron ne se rendra pas aux obsèques, qui se tiendront dans l’intimité le 7 janvier à Saint-Tropez, a également indiqué le proche du président.

En 2023, l'actrice avait adressé une lettre incendiaire au chef de l'Etat, lui reprochant son manque d'action contre la souffrance animale. "Je suis en colère face à votre inaction, votre lâcheté, votre mépris des Français, qui vous le rendent bien il est vrai", avait-elle notamment écrit.

Après une cérémonie à l'église retransmise sur grands écrans, l'inhumation privée de l'actrice et chanteuse au cimetière marin sera suivie d'"un hommage ouvert à tous les Tropéziens et à ses admirateurs", a précisé la Fondation de Brigitte Bardot, dédiée à la protection des animaux.

"À ce moment-là, tout le monde l'évoquera et partagera ses plus beaux souvenirs avec elle. Ce sera un grand moment de communion, simple, à son image", a précisé mardi la maire de Saint-Tropez, Sylvie Siri, dans une inteview au quotidien local Var-Matin.

"Mon rôle, c'est de lui organiser des obsèques dignes. Il faut tout mettre en œuvre pour que les Tropéziens et les admirateurs puissent se recueillir", a ajouté l'édile.

Interrogée sur le souhait exprimé il y a quelques années par Brigitte Bardot d’être enterrée à la Madrague, sa propriété en bord de mer, Sylvie Siri a affirmé avoir "respecté ses dernières volontés". "Seule la défunte avait décidé de son lieu d’enterrement", a souligné l'élue.

 


Agriculteurs: nouveaux rassemblements, bénédiction de tracteurs dans le Nord

Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). (AFP)
Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). (AFP)
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  • Les tracteurs ont ensuite quitté Cambrai à la nuit tombante, pour se rendre sur deux ronds points et les bloquer
  • Dans le Pas-de-Calais, quelques dizaines d'agriculteurs prévoient de bloquer à partir de lundi soir une base logistique de Leclerc près d'Arras, en réaction aux propos de Michel-Édouard Leclerc appelant à "promulguer le Mercosur

CAMBRAI: Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées lundi en soutien aux agriculteurs à Cambrai (Nord), où l'archevêque a béni des tracteurs, tandis que des blocages se poursuivent en Occitanie pour protester contre de la gestion de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Mgr Vincent Dollmann et plusieurs prêtres ont célébré une messe sur un autel de paille en périphérie de Cambrai, en soutien aux agriculteurs "qui font face à des épreuves".

Il a salué la "dignité" des agriculteurs qui manifestent depuis plusieurs semaines contre l'accord de libre échange du Mercosur ou contre l'abattage systématique de troupeaux de bovins touchés par la DNC.

Une petite centaine de tracteurs ont été mobilisés, arborant des panneaux comme "Mercosur = mort de l'agriculture".

Jean Camier, 24 ans, jeune agriculteur d'Hermies qui doit reprendre l'exploitation familiale d'engraissement de bovins d'ici deux ans, se réjouit d'avoir fait bénir son tracteur et participé à la célébration qui selon lui "montre que tout le monde est avec [eux]".

Si les Hauts-de-France ne sont pas touchés par la DNC, il se dit "de tout cœur" avec les agriculteurs des régions concernées, soulignant avoir "un peu peur que la maladie remonte" vers le nord.

Les tracteurs ont ensuite quitté Cambrai à la nuit tombante, pour se rendre sur deux ronds points et les bloquer.

Dans le Pas-de-Calais, quelques dizaines d'agriculteurs prévoient de bloquer à partir de lundi soir une base logistique de Leclerc près d'Arras, en réaction aux propos de Michel-Édouard Leclerc appelant à "promulguer le Mercosur", a expliqué à l'AFP Louis Lacheré, des Jeunes Agriculteurs.

En Occitanie, plusieurs barrages emblématiques, à Carbonne Haute-Garonne) sur l'A64, Sévérac (Aveyron) ou Le Buisson (Lozère) sur l'A75, tiennent toujours, tandis que d'autres agriculteurs se remobilisent.

Ainsi, à Foix, une douzaine de tracteurs bloquaient depuis lundi midi l'entrée sud du tunnel de contournement de la ville et commençaient à installer un campement, a constaté un correspondant de l'AFP.

"On veut montrer à l’État qu'on est toujours autant mobilisés", a déclaré sur place Sébastien Durand, président de la Coordination rurale (CR) en Ariège. "Il n'y a pas de Noël, il n'y a pas de Premier de l'An; on sera là".

Depuis le début de l'épidémie de DNC en Savoie cet été, l'État tente de contenir la propagation par un abattage systématique des troupeaux touchés, la vaccination et les restrictions de mouvements.

Cette gestion fortement contestée par certains agriculteurs, notamment de la CR (deuxième syndicat agricole, classé à droite, voire à l’extrême droite) et de la Confédération paysanne (troisième, classé à gauche).

 


Colère agricole en France: Macron reçoit les syndicats, des blocages persistent

Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
Des tracteurs lors d'une manifestation organisée par le syndicat agricole Coordination Rurale près du Mont-Saint-Michel, dans le nord-ouest de la France, le 18 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron a reçu les syndicats agricoles, opposés à l’accord UE-Mercosur, dans un contexte de forte colère liée aux crises sanitaires, notamment la dermatose bovine
  • Les blocages routiers se poursuivent dans le Sud-Ouest, alors que de nouveaux cas de la maladie sont confirmés et que la mobilisation agricole se prolonge

PARIS: Le président français Emmanuel Macron a reçu mardi les syndicats agricoles pour parler de l'accord UE-Mercosur, auquel ils sont opposés, tandis que des axes routiers sont toujours bloqués pour protester contre le traitement par les autorités de l'épizootie de dermatose bovine.

"L'objet du rendez-vous, c'était d'essayer d'éteindre un peu le feu qui est partout dans les campagnes", a souligné Stéphane Galais, porte-parole national de la Confédération paysanne - un syndicat classé à gauche -, à la sortie de la rencontre, ajoutant qu'il fallait pour cela "des mesures structurelles fortes".

Les syndicats disent avoir par ailleurs rappelé au chef de l'Etat "l'extrême tension" et la "colère" du monde agricole et que des réponses étaient attendues "dès les premiers jours de janvier" sur le Mercosur mais aussi sur les crises sanitaires, au premier rang desquelles la dermatose bovine et la grippe aviaire.

C'était la première rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats agricoles depuis début décembre et l'amorce de la crise qui secoue l'élevage français, face à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

C'était aussi la première depuis l'annonce, jeudi dernier, du report a priori au 12 janvier de la signature du traité décrié entre l'UE et des pays du Mercosur.

Cet accord faciliterait l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel et soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées, lesquelles affirment que ces produits ne respectent pas les mêmes normes que les produits européens.

L'accord permettrait en revanche aux Européens d'exporter davantage de véhicules, machines, vins et spiritueux en Amérique du Sud.

Sur le terrain, la mobilisation a connu un léger regain mardi (53 actions mobilisant 1.600 personnes, selon le ministère de l'Intérieur) par rapport à lundi (35 actions mobilisant 1.200 personnes), mais elle reste nettement inférieure à celle de la semaine dernière (110 actions jeudi).

Certains agriculteurs sont mobilisés depuis plus de 10 jours, notamment contre l'abattage total des troupeaux dans lesquels des cas de DNC sont détectés dans le Sud-Ouest.

Mardi, le ministère de l'Agriculture a confirmé un nouveau cas de la maladie en Haute-Garonne, portant le bilan total à 115 foyers enregistrés depuis juin en France. Ce dernier troupeau concerné a été abattu.

Dans le Sud-Ouest, des blocages d'autoroute étaient notamment maintenus sur l'A63 près de Bordeaux ou sur l'A64 au sud de Toulouse ou près de Bayonne.

Au sud de Bordeaux, les manifestants de la branche locale du syndicat Coordination rurale - classé à droite - ont dit vouloir organiser un réveillon et une messe de Noël mercredi soir sur leur barrage, à l'instar des agriculteurs mobilisés près de Toulouse.