Versailles: le street art fait son apparition dans cette ville historique

Fresque réalisée par l’artiste Seth sur un immeuble de Versailles (Photo, Stéphane DE SAKUTIN/AFP).
Fresque réalisée par l’artiste Seth sur un immeuble de Versailles (Photo, Stéphane DE SAKUTIN/AFP).
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Publié le Samedi 14 novembre 2020

Versailles: le street art fait son apparition dans cette ville historique

  • « L'idée était d'embellir la ville par tous les moyens », argue l'instigateur de cette politique culturelle, François de Mazières, maire de Versailles depuis douze ans et passionné d'art
  • L’édile vante la diversité de quartiers de Versailles qui demeure « une ville incubatrice de la création artistique, y compris au XXIe siècle »

VERSAILLES: Marie-Antoinette ou Louis XIV revisités en Lego, fresques monumentales, conteneurs à verre customisés : le street art fait sa révolution à Versailles, la ville royale au patrimoine mondialement connu.

« L'idée était d'embellir la ville par tous les moyens », argue l'instigateur de cette politique culturelle, François de Mazières, maire de Versailles depuis douze ans et passionné d'art. L'ancien président de la Cité de l'architecture et du patrimoine plaide pour l'art urbain, « le plus démocratique qui soit (…) qui se donne gratuitement à voir à tout le monde ».

L'élu espère notamment démontrer aux quelque 10 millions de visiteurs annuels du château de Versailles que la ville ne se résume pas à l'imposante bâtisse du XVIIe siècle.

Ainsi, près de l'église où a été baptisé Louis XIV, des coulures noires esquissent des silhouettes sur les passages cloutés, clin d'œil de l'artiste Emmanuel Braudeau à Jackson Pollock.

Plus loin, des illustrations des Fables de la Fontaine égayent des armoires électriques, des trompe-l'œil de magasins d'époque habillent les murs nus du centre-ville, une dizaine d'immenses fresques peintes par des artistes internationaux annoncent l'unique quartier HLM de la ville.

Et au coin de certains immeubles ont fleuri d'ironiques châteaux, têtes couronnées voire… guillotinées, œuvres à l'esthétique de jeu vidéo rétro du célèbre artiste Invader.

D'abord « étonné » puis « réticent », François de Mazières salue finalement le travail facétieux du mosaïste, même s'il avertit : « La beauté de cette ville vient aussi du fait que depuis des siècles, il y a des règles qui s'appliquent ».

« Trop coloré »

Une réglementation drastique dont le maire fait lui-même les frais et qui rend toute intervention sur cet « univers protégé (…) dérogatoire ». « De temps en temps, les Architectes de France me disent non », s'amuse-t-il.

« Au départ, on m'a dit que mes œuvres étaient un peu trop colorées pour la rue du Vieux Versailles », renchérit Cyklop, qui a peint 25 poteaux représentant des personnages historiques revisités en Lego, de Louise Michel à Madame de Maintenon en passant par Louis XV.

Mais le maire ayant adhéré à leur esthétique pop, les potelets se sont taillé une place de choix dans la ville, à la grande joie des habitants, qui les trouvent « sympas », « rigolos » et « funs pour une ville ancienne comme Versailles ».

« A chaque fois qu'on fait quelque chose, on prend un risque », estime celui qui s'est déjà attiré les foudres de l'opposition, notamment en raison de la commande d'une œuvre de 200 000 euros, un banc long de 90 mètres au sein du jardin des étangs Gobert.

Mais d'un point de vue budgétaire, le maire se défend de toute démesure.

Versailles est « une ville pauvre de gens riches », estime-t-il. Sur 2 600 hectares, 800 sont occupés par le château qui ne rapporte rien à la Ville, 450 par le ministère des Armées avec 2 500 logements de militaires et 350 à l'Office national des forêts.

La surface dédiée aux activités économiques « est historiquement faible » dans la ville royale. C'est pourquoi les trompe-l'œil sont réalisés par les étudiants des deux écoles d'art de Versailles, souvent dans le cadre de leur scolarité.

De même, le coût des fresques du quartier HLM sont intégrés au budget de rénovation thermique des immeubles. « L'idée est que le fait d'investir artistiquement n'ait pas davantage d'impact économique », explique Mimouna Khaldi de Quai 36, qui représente les artistes muralistes étant intervenus dans le quartier Bernard de Jussieu.

De la cité HLM au centre-ville historique, François de Mazières vante la diversité de quartiers de Versailles qui demeure « une ville incubatrice de la création artistique, y compris au XXIe siècle ».


Baiser forcé : deux ans et demi de prison requis contre l'ancien patron du foot espagnol

L'ancien président de la fédération espagnole de football Luis Rubiales quitte le tribunal Audiencia Nacional à Madrid le 15 septembre 2023. Les procureurs espagnols veulent que Rubiales soit emprisonné pendant 2,5 ans pour le baiser de la Coupe du monde, rapporte l'AFP le 27 mars 2024. (Photo par Thomas COEX / AFP
L'ancien président de la fédération espagnole de football Luis Rubiales quitte le tribunal Audiencia Nacional à Madrid le 15 septembre 2023. Les procureurs espagnols veulent que Rubiales soit emprisonné pendant 2,5 ans pour le baiser de la Coupe du monde, rapporte l'AFP le 27 mars 2024. (Photo par Thomas COEX / AFP
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  • Un procès devrait bien avoir lieu dans "l'affaire du baiser forcé": le parquet, qui présente ses réquisitions à l'avance en Espagne, a réclamé mercredi deux ans et demi de prison contre l'ex-homme fort du football espagnol Luis Rubiales pour avoir embrass
  • Depuis une récente réforme du Code pénal espagnol, un baiser non consenti peut être considéré comme une agression sexuelle, catégorie pénale regroupant tous les types de violence sexuelle, y compris le viol.

MADRID : Un procès devrait bien avoir lieu dans "l'affaire du baiser forcé": le parquet, qui présente ses réquisitions à l'avance en Espagne, a réclamé mercredi deux ans et demi de prison contre l'ex-homme fort du football espagnol Luis Rubiales pour avoir embrassé Jenni Hermoso sans son consentement.

Ce baiser sur la bouche de la numéro 10 espagnole devant les caméras du monde entier, quelques minutes après le triomphe de "la Roja" (l'équipe nationale) le 20 août à Sydney lors de la finale de la Coupe du Monde féminine, avait provoqué une vague d'indignation en Espagne et à l'étranger, forçant M. Rubiales à démissionner le mois suivant.

Il pourrait donc aussi le conduire derrière les barreaux pour deux délits, le premier d'agression sexuelle, pour lequel le parquet demande un an de prison, le second de coercition, pour lequel la peine requise est d'un an et demi de prison.

Le ministère public demande également que M. Rubiales soit placé pendant deux ans en liberté surveillée après l'accomplissement de sa peine et qu'il verse 50.000 euros d'indemnités à la joueuse pour le seul délit d'agression sexuelle.

La date d'un éventuel procès n'est pas encore connue.

Depuis une récente réforme du Code pénal espagnol, un baiser non consenti peut être considéré comme une agression sexuelle, catégorie pénale regroupant tous les types de violence sexuelle, y compris le viol.

Le délit de "coercition" désigne les "pressions", directes et indirectes, exercées sur la joueuse dans les jours ayant suivi l'incident pour la convaincre de dire que le baiser avait été consenti, notamment au moyen d'une vidéo.

Trois autres personnes de la RFEF sont poursuivies dans cette affaire pour ce même délit de coercition.

Le parquet réclame ainsi un an et demi de prison contre Jorge Vilda, l'ancien entraîneur de l'équipe féminine, Rubén Rivera, l'ancien directeur marketing de la Fédération, et Albert Luque, le directeur sportif de l'équipe masculine.

Le parquet demande, en outre, à ces trois hommes et à M. Rubiales le versement d'une indemnité de 50.000 euros à payer "conjointement" à Jenni Hermoso pour le délit de coercition.

- "Sphère de l'intimité" -

Le juge de l'Audience nationale qui a conduit l'instruction avait conclu que ce baiser n'avait "pas été consenti" et était "une initiative unilatérale, faite par surprise", avait expliqué l'instance judiciaire en janvier.

"Un baiser sur la bouche affecte la sphère de l'intimité relevant des relations sexuelles", poursuivait-elle, estimant qu'il reviendrait au tribunal "d'apprécier pendant le procès" les conséquences de "(sa) finalité érotique ou non, tout comme l'état d'euphorie et d'agitation ressenti à la suite du triomphe sportif extraordinaire" de l'équipe d'Espagne.

Luis Rubiales, 46 ans, n'a eu de cesse de mettre en avant pour sa défense son "émotion" lors du sacre de "la Roja", "un moment de bonheur", démentant toute "connotation sexuelle".

Le 20 août, quelques minutes après la victoire de l'équipe féminine à Sydney, il avait agrippé à deux mains la tête de Jennifer Hermoso et l'avait embrassée par surprise sur la bouche. Il a toujours affirmé que Jenni Hermoso était d'accord.

Une version démentie par Jenni Hermoso, qui avait dit s'être "sentie vulnérable et victime (...) d'un acte impulsif et sexiste, déplacé et sans aucun consentement de (sa) part".

Refusant initialement de démissionner pour "un petit bisou consenti", il avait attaqué cinq jours plus tard, lors d'un discours retentissant, ce qu'il avait qualifié de "faux féminisme".

Sous la pression, il avait finalement quitté ses fonctions le 10 septembre, se disant victime d'une "campagne disproportionnée".

Il a depuis été suspendu pour trois ans de toute activité liée au football par la Fédération internationale (Fifa), une décision contre laquelle il veut faire appel.

La justice espagnole l'a, par ailleurs, interdit de s'approcher à moins de 200 mètres de Jenni Hermoso, 33 ans, qui est devenue malgré elle un symbole mondial de la lutte contre les violences sexuelles et a été élue femme de l'année 2023 par l'édition espagnole du prestigieux magazine américain GQ.

Ces réquisitions du parquet de ce tribunal madrilène surviennent deux jours après la remise en liberté - dans l'attente de son procès en appel - du footballeur brésilien Dani Alves, condamné à quatre ans et demi de prison en première instance pour le viol d'une jeune femme à Barcelone (nord-est) en décembre 2022.


Alizey Khan, première femme pakistanaise lauréate du prix Legacy

Le Prince William de Grande-Bretagne récompense Alizey Khan du Pakistan lors des Diana Legacy Awards au Science Museum à Londres, Grande-Bretagne, 14 mars 2024. (REUTERS)
Le Prince William de Grande-Bretagne récompense Alizey Khan du Pakistan lors des Diana Legacy Awards au Science Museum à Londres, Grande-Bretagne, 14 mars 2024. (REUTERS)
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  • Les prix de l'héritage de Diana sont décernés tous les deux ans et récompensent les réalisations de 20 jeunes leaders du monde entier. L'édition de cette année a coïncidé avec le 25e anniversaire de Lady Diana.
  • Mme Khan a créé la Ruhil Foundation en 2016 pour lutter contre l'insécurité alimentaire en distribuant des sacs de rationnement et des repas cuisinés aux personnes dans le besoin. Elle a effectué un travail considérable pendant la pandémie de COVID-19

ISLAMABAD : Une travailleuse humanitaire pakistanaise de 26 ans est devenue ce mois-ci la première femme de son pays à remporter le prix Diana Legacy en reconnaissance de ses services sociaux, ce qui l'a incitée à décrire cette réussite comme une occasion d'apporter une reconnaissance plus large à d'autres personnes travaillant dans son domaine.

Les prix de l'héritage de Diana sont décernés tous les deux ans et récompensent les réalisations de 20 jeunes leaders du monde entier. L'édition de cette année a coïncidé avec le 25e anniversaire de Lady Diana.

Alizey Khan, la jeune travailleuse humanitaire pakistanaise, est diplômée en droit et a reçu le prix des mains du Prince William le 14 mars lors d'une cérémonie qui s'est tenue à Londres.

Mme Khan a créé la Ruhil Foundation en 2016 pour lutter contre l'insécurité alimentaire en distribuant des sacs de rationnement et des repas cuisinés aux personnes dans le besoin. Elle a effectué un travail considérable pendant la pandémie de COVID-19 avant de fournir de la nourriture et d'autres articles de secours aux familles touchées par les inondations dans les provinces du Punjab, du Sindh et du Baloutchistan.

S'adressant à Arab News mercredi, elle a souligné que de nombreuses femmes au Pakistan étaient engagées dans des efforts humanitaires et sociaux remarquables et qu'elles méritaient d'être reconnues au niveau mondial.

"Elles n'ont pas bénéficié de la même reconnaissance ou de la même exposition", a-t-elle déclaré. "C'est pourquoi je suis reconnaissante de ce prix, qui met en lumière les précieuses contributions des femmes pakistanaises. J'espère qu'il encouragera davantage de femmes à se manifester, à recevoir des nominations et à être reconnues par des prix internationaux prestigieux".

Selon le site web du prix Diana, l'organisation de Mme Khan a livré 5 500 colis alimentaires mensuels et 10 000 repas entre avril 2016 et mars 2022. Elle a également élargi son champ d'action à l'éducation et à l'hébergement en collectant plus de 150 000 dollars.

En outre, l'entreprise humanitaire de Khan a financé 200 mariages, distribué 600 serviettes hygiéniques, fourni 1 100 couvertures en hiver, déboursé 1 000 prêts d'urgence sans intérêt et versé des allocations mensuelles à 25 personnes transgenres et veuves au cours de la même période.

Elle a déclaré qu'elle s'était sentie exceptionnellement fière lorsqu'il a été annoncé, lors de la cérémonie de remise des prix, qu'elle était la première femme pakistanaise à recevoir cet honneur. Auparavant, un seul Pakistanais, Ahmed Nawaz, qui a survécu à la fusillade de l'Army Public School en 2014, avait reçu le prix en 2019 pour ses efforts de déradicalisation.

"J'ai reçu le prix en raison de mon implication constante dans les efforts humanitaires, car j'ai commencé mon travail humanitaire à l'âge de 16 ans et, au cours de la dernière décennie, j'ai considérablement élargi à la fois la portée et la portée de mes initiatives", a-t-elle déclaré, ajoutant que la jeunesse était considérée comme un facteur positif, car le jury appréciait les jeunes individus qui se consacrent au bien-être de la communauté.

Première femme pakistanaise lauréate du prestigieux Diana Legacy Award, Alizey Khan pose avec son prix à Londres, au Royaume-Uni, le 14 mars 2024. (Photo Fournie)
Première femme pakistanaise lauréate du prestigieux Diana Legacy Award, Alizey Khan pose avec son prix à Londres, au Royaume-Uni, le 14 mars 2024. (Photo Fournie)

Parlant de son travail au fil des ans, elle a déclaré qu'elle s'était principalement concentrée sur la distribution de nourriture aux personnes méritantes, dont plusieurs personnes transgenres et veuves.

En outre, son organisation fournit des repas complets lors des mariages pour les familles défavorisées, et a déjà soutenu environ 200 d'entre elles.

"Nous nous chargeons également de l'adoption et de la réforme de divers orphelinats, dont nous assurons le fonctionnement efficace en les mettant en relation avec notre réseau de donateurs", a-t-elle ajouté.

Pour le prix Diana, Mme Khan a déclaré que le travail d'une personne devait démontrer sa durabilité et son impact sur une longue période de temps.

"Parmi les 20 lauréats du prix de l'héritage de cette année, c'est moi qui ai réuni le plus de fonds pour mes projets, renforçant ainsi leur impact et leur durabilité", a-t-elle ajouté.

Mme Khan a déclaré que le prix offrait plus qu'une simple reconnaissance puisqu'il comprenait également un programme de mentorat de deux ans avec des sessions régulières avec des personnes de son propre domaine.

"Les participants ont accès à des programmes leur permettant d'entrer en contact avec des experts dans le domaine et d'accéder à des possibilités de collecte de fonds", a-t-elle poursuivi, ajoutant que l'attention portée au domaine de l'aide sociale contribuait à la croissance et à la viabilité des initiatives des participants.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


L'Australie tente de sauver ses derniers «dragons sans oreilles»

Cette photo prise le 25 mars 2024 montre un lézard dragon sans oreilles des prairies dans la réserve naturelle de Tidbinbilla, située à la périphérie de la capitale australienne, Canberra. (AFP)
Cette photo prise le 25 mars 2024 montre un lézard dragon sans oreilles des prairies dans la réserve naturelle de Tidbinbilla, située à la périphérie de la capitale australienne, Canberra. (AFP)
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  • L'Australie abrite des milliers d'espèces animales uniques, parmi lesquelles 1 130 espèces de reptiles qu'on ne trouve nulle part ailleurs au monde
  • Une centaine d'espèces de la flore et de la faune endémique d'Australie ont disparu au cours des 300 dernières années

SYDNEY: Quand il voit le jour, le "dragon des prairies sans oreilles" d'Australie est à peine plus grand que le petit doigt. Mais le minuscule reptile doit répondre à un défi de taille : échapper à l'extinction de son espèce.

En 2019, des scientifiques de Canberra avaient recensé plusieurs centaines de spécimens de ce lézard à l'état sauvage. Cette année, ils n'en ont compté que 11.

Le dragon des prairies sans oreilles, une espèce endémique d'Australie, a une peau brune claire, striée de longues bandes blanches. Dépourvu d'oreilles et de tympans fonctionnels, il mesure 15 centimètres à l'âge adulte.

L'Australie en compte quatre espèces, dont trois "en danger critique d'extinction" - la catégorie la plus menacée - la quatrième étant classée comme "en danger".

Sans mesures de conservation, les dragons en "danger critique d'extinction" seront probablement éteints dans les 20 prochaines années. Mais "si nous gérons correctement leur conservation, nous pouvons les faire revenir", espère Bernd Gruber, professeur à l'université de Canberra, qui œuvre en ce sens.

«Espoir»

L'Australie abrite des milliers d'espèces animales uniques, parmi lesquelles 1.130 espèces de reptiles qu'on ne trouve nulle part ailleurs au monde.

Victimes du changement climatique, de la prolifération de plantes et d'animaux invasifs et de la destruction de leurs habitats - en 2019, les incendies de forêt ont brûlé plus de 19 millions d'hectares - les espèces endémiques d'Australie sont dans une situation critique.

Une centaine d'espèces de la flore et de la faune endémique d'Australie ont disparu au cours des 300 dernières années.

Pour éviter un tel sort aux dragons sans oreilles, plusieurs programmes de conservation ont été mis en place dans le pays, comptant au total jusqu'à 90 animaux voués à être relâchés dans la nature.

M. Gruber supervise l'un d'entre eux, dans la région de Canberra, où des compartiments abritent chacun un lézard, disposant d'herbe, d'un terrier et d'une lampe chauffante.

L'accouplement des spécimens est particulièrement épineux.

Les femelles préférant choisir leur partenaire, les scientifiques doivent leur présenter plusieurs mâles jusqu'à ce qu'elles en acceptent un.

Il leur faut aussi déterminer - à l'aide d'analyses génétiques - quels sont les lézards compatibles et assurer la diversité génétique de leur progéniture.

M. Gruber prend soin d'une vingtaine de bébés lézards, à peine éclos. Il y a encore trois semaines, les scientifiques ne voyaient pas leurs œufs. "Il y a un sentiment d'espoir quand on les regarde", confie-t-il à l'AFP.

Ces reptiles vivent exclusivement dans des prairies tempérées, un habitat que l'étalement urbain a pratiquement réduit à néant, explique la chargée de campagne de l'Australian Conservation Foundation, Peta Bulling. Seules 0,5% des prairies de l'époque de la colonisation européenne subsistent encore.

"Nous ne comprenons pas tout ce que les dragons des prairies sans oreilles font dans l'écosystème, mais nous pouvons supposer qu'ils jouent un rôle important dans la gestion des populations d'invertébrés", explique-t-elle à l'AFP. "Ils vivent dans des terriers creusés dans le sol, ce qui fait qu'ils aèrent probablement le sol", détaille-t-elle.

Pour Mme Bulling, si les programmes d'élevage sont importants, il est vital de protéger les habitats où les lézards élevés pourront être réintroduits.

Ces animaux "sont hautement spécialisés pour vivre dans leur habitat, mais ils ne s'adapteront pas rapidement au changement", prévient-elle.

L'année dernière, des scientifiques ont observé pour la première fois depuis 50 ans un petit nombre de spécimens d'une autre espèce de dragons sans oreilles, dans une zone tenue secrète pour les protéger.