Quand la Macronie bat de l'aile gauche

Après six mois de ce deuxième et dernier mandat, sans majorité absolue à l'Assemblée, et alors qu'Emmanuel Macron a récemment appelé à une alliance avec la droite, jetant un certain embarras dans son propre camp, les langues commencent à se délier. (AFP).
Après six mois de ce deuxième et dernier mandat, sans majorité absolue à l'Assemblée, et alors qu'Emmanuel Macron a récemment appelé à une alliance avec la droite, jetant un certain embarras dans son propre camp, les langues commencent à se délier. (AFP).
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Publié le Dimanche 27 novembre 2022

Quand la Macronie bat de l'aile gauche

  • C'est désormais une vieille rengaine: l'aile gauche de la majorité d'Emmanuel Macron, le chantre du «dépassement» droite-gauche, est à la peine depuis 2017
  • La gauche hors-majorité est toujours très loin de l'Élysée mais avec l'alliance Nupes, elle a nettement renforcé sa présence à l'Assemblée

PARIS: Le feuilleton continue: peinant à se faire entendre depuis 2017, l'aile gauche de la majorité est désormais divisée, à l'image de Territoires de Progrès dont une partie refuse de rejoindre Renaissance. Et les récalcitrants commencent à jeter des ponts pour envisager l'après-Macron.

Élisabeth Borne n'était pas présente samedi à Marseille pour le congrès de Territoires de Progrès (TDP), le parti présidé par le ministre Olivier Dussopt et dont elle est "pleinement adhérente", selon un dirigeant. A la rentrée, la Première ministre, issue de la gauche, avait honoré de sa présence les journées parlementaires d'Horizons, du MoDem et, évidemment, de Renaissance, le parti présidentiel nouvelle formule.

C'est désormais une vieille rengaine: l'aile gauche de la majorité d'Emmanuel Macron, le chantre du "dépassement" droite-gauche, est à la peine depuis 2017. Les ministres issus de LR Bruno Le Maire et Gérald Darmanin occupent le devant de la scène et les principaux axes de la campagne de réélection du président -- assurance-chômage et retraite à 65 ans -- auraient pu valoir des "droits d'auteur" à la candidate LR Valérie Pécresse, selon le mot de la socialiste Anne Hidalgo.

La gauche hors-majorité est toujours très loin de l'Élysée mais avec l'alliance Nupes, elle a nettement renforcé sa présence à l'Assemblée. Et côté majorité, la défaite des principales figures de l'aile gauche -- Richard Ferrand, Christophe Castaner -- n'a rien arrangé.

Après six mois de ce deuxième et dernier mandat, sans majorité absolue à l'Assemblée, et alors qu'Emmanuel Macron a récemment appelé à une alliance avec la droite, jetant un certain embarras dans son propre camp, les langues commencent à se délier.

"Certains pensent qu'il faut continuer à essayer d'influencer cette majorité. Et d'autres, dont je fais partie et qui, je pense, sont assez nombreux, pensent que le bilan ne nous permet pas de poursuive cette chimère", explique Philippe Hardouin, qui vient de quitter En Commun, le petit parti cofondé avec l'ex-ministre et députée Renaissance Barbara Pompili.

En attendant le congrès PS
En Commun n'avait déjà pas intégré Ensemble, la "maison commune" des partis soutenant la réélection du président. Il était donc encore moins question de se fondre dans Renaissance, nouveau nom de La République en marche. TDP a en revanche acté son association au parti présidentiel samedi à Marseille, avec la réélection d'Olivier Dussopt.

Mais chez TDP, les départs s'additionnent. "On avait vu juste en 2020 quand on a créé TDP: il fallait absolument identifier la jambe gauche et éviter que la macronie ne bascule à droite, avec un parti indépendant et un groupe à l'Assemblée. Tout cela a été totalement dévoyé", juge un des fondateurs aujourd'hui démissionnaire, Gilles Savary.

"17 départs et 200 arrivées", a rétorqué samedi M. Dussopt. Mais dans un communiqué publié samedi soir, le collectif récemment formé des Sociaux-démocrates réformateurs, dont fait partie M. Savary, a fait état du ralliement de "plus d'une centaine d'adhérents" quittant TDP.

"Je ne marchande pas mon soutien au président de la République" et "je n'ai pas le dépassement honteux", a plaidé M. Dussopt dans son discours. Ce qu'il met en œuvre en portant les réformes les plus sensibles de ce début de quinquennat: retraite et assurance-chômage.

"De la bonne utilisation du transfuge en politique", ironise M. Savary, qui rappelle que le député PS Olivier Dussopt n'avait pas voté le premier budget de l'ère Macron en 2017.

C'est dans ce contexte que François Rebsamen et Juliette Méadel, deux anciens ministres de François Hollande ayant soutenu Emmanuel Macron, ont récemment lancé la Fédération progressiste, qui "s'appuie sur les fondements et les valeurs de la gauche de gouvernement". "Nous ne sommes pas Renaissance", a récemment insisté M. Rebsamen, qui a également dit envisager une liste aux élections européennes.

Les regards se tournent également vers l'ancien Premier ministre Bernard Cazeneuve, opposé à la Nupes comme à Emmanuel Macron et qui a récemment lancé un manifeste pour une "autre gauche". Et tous ont les yeux rivés sur le prochain congrès du Parti socialiste, fin janvier, en espérant voir désavouée la stratégie d'Olivier Faure d'une alliance avec La France insoumise.

En attendant, les déçus de l'aile gauche de la macronie ont commencé à échanger. Et plusieurs acteurs évoquent une confédération, pour rassembler ce puzzle dispersé et travailler à une offre politique d'une "gauche de gouvernement" pour l'après-Macron.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.