Fabien Gabel, la musique de père en fils

Le chef d'orchestre et musicien français Fabien Gabel pose lors d'une séance photo à Paris, le 21 novembre 2022. (AFP).
Le chef d'orchestre et musicien français Fabien Gabel pose lors d'une séance photo à Paris, le 21 novembre 2022. (AFP).
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Publié le Dimanche 27 novembre 2022

Fabien Gabel, la musique de père en fils

  • «J'avais trois ou quatre ans et c'était Noël. L'orchestre de l'Opéra jouait comme tous les ans l'ouverture de Carmen; je me souviens aussi d'un sapin immense et du père Noël au Palais Garnier», se remémore en souriant le chef d'orchestre de 47 ans
  • «Enfant, j'allais plus dans la fosse que dans la salle elle-même. J'ai connu l'envers du décor avant le lieu du décor», explique le maestro qui a grandi dans les Yvelines

PARIS : A huit ans, son père trompettiste l'avait emmené dans la fosse d'orchestre de l'Opéra de Paris, où son grand-père maternel était violoncelliste. Quatre décennies plus tard, le chef d'orchestre français Fabien Gabel fait ses débuts au pupitre de la prestigieuse maison.

Des débuts d'autant plus émouvants qu'il dirige à l'Opéra Bastille une longue série de "Carmen" de Bizet (jusqu'au 25 février), son premier souvenir à l'Opéra.

"J'avais trois ou quatre ans et c'était Noël. L'orchestre de l'Opéra jouait comme tous les ans l'ouverture de Carmen; je me souviens aussi d'un sapin immense et du père Noël au Palais Garnier", se remémore en souriant le chef d'orchestre de 47 ans.

Biberonné à la musique classique dès son plus jeune âge, avec également une mère harpiste et un frère aîné violoniste, il a été en immersion dans la fosse avant même d'apprendre un instrument - la trompette -, avant de se convertir plus tard à la direction d'orchestre.

"Enfant, j'allais plus dans la fosse que dans la salle elle-même. J'ai connu l'envers du décor avant le lieu du décor", explique le maestro qui a grandi dans les Yvelines.

Désir latent

"La première fois, c'était un soir où l'orchestre jouait Norma (de Bellini). Mon père m'a dit: 'Tu ne bouges pas'. J'étais tiré à quatre épingles, je me mettais au bord de la fosse pour que personne ne me voie", se souvient-il.

Il est alors fasciné par les musiciens, par le son enveloppant de l'orchestre mais aussi "les voix du public au-dessus de la fosse, les applaudissements et les coulisses".

"Il m'a même entraîné dans la fosse des Folies Bergère et, là, c'était des plumes qui tombaient", rit-il, en référence aux heures de gloire cet ancien cabaret.

A 16 ans, il est admis au Conservatoire de Paris pour étudier la trompette et, la même année, l'Opéra de Paris fait appel à lui pour jouer lors d'une soirée consacrée à l'opéra "Elektra" de Richard Strauss.

Mais la direction d'orchestre a toujours été un "désir latent". Alors qu'il a 14 ans, en 1989, il se souvient avoir vu le légendaire Carlos Kleiber diriger le concert du Nouvel An à Vienne.

Fasciné, cet amoureux du répertoire français entame cette nouvelle carrière à 27 ans; un long processus durant lequel il se forme aux côtés d'éminents maestros comme Sir Colin Davis, avant de se lancer à l'international. Il deviendra pendant de longues années directeur musical de l'Orchestre symphonique de Québec.

Avant lui, son père et son grand-père avaient côtoyé les plus grands.

Son grand-père, qui a également joué avec l'Orchestre Lamoureux, a travaillé avec les compositeurs Igor Stravinski, Wilhelm Furtwängler, Igor Markevitch ou Bruno Walter. Son père a connu l'ère de Rolf Liebermann, administrateur de l'Opéra entre 1973 et 1980 qui a attiré de grands noms.

"Un soir, Lorin Maazel dirigeait 'Pelléas et Mélisande', le lendemain, Georg Solti dirigeait "L'Or du Rhin" et la semaine d'après, Karl Böhm était là pour 'Elektra', en sachant que ces deux derniers avaient travaillé eux-mêmes avec Richard Strauss. C'était des légendes vivantes", précise Fabien Gabel.

Son expérience comme instrumentiste lui a appris l'humilité et surtout à être sensible aux états d'âme des musiciens qui lui font face.

"L'orchestre est une micro-société. (...) Il y a des musiciens nerveux, qui ont besoin d'aide, d'autres à qui on peut parler ouvertement", souligne-t-il.

Dans sa carrière, il dit avoir vu "des chefs très durs envers les musiciens, avec des comportements qui n'avaient pas lieu d'être, mais cela a changé".

Après, nuance-t-il, "cela n'empêche pas la rigueur et l'autorité car il faut bien que quelqu'un régule les choses".


PNL revient chanter pour «un jour de paix» à Gaza

Cette photo prise le 28 août 2019 montre une banderole géante représentant les deux frères Ademos et N.O.S (Tarik et Nabil Andrieu) du groupe de rap français PNL (Peace N' Loves), installée sur un immeuble où les deux artistes ont passé une partie de leur adolescence, dans le quartier Youri Gagarine à Ivry-sur-Seine, en banlieue de la capitale française Paris. (Photo Lionel Bonaventure AFP)
Cette photo prise le 28 août 2019 montre une banderole géante représentant les deux frères Ademos et N.O.S (Tarik et Nabil Andrieu) du groupe de rap français PNL (Peace N' Loves), installée sur un immeuble où les deux artistes ont passé une partie de leur adolescence, dans le quartier Youri Gagarine à Ivry-sur-Seine, en banlieue de la capitale française Paris. (Photo Lionel Bonaventure AFP)
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  • «Ce conflit engendre une souffrance extrême qui nous saute au visage et nous ne pouvons détourner les yeux. Impossible, quand ça tourne au génocide», a écrit le groupe sur Instagram
  • «Pour l'amour de la vie/Au nom de l'humanité/Dieu est grand/Un jour de paix», avait écrit PNL sur le réseau social X (ex-Twitter) jeudi soir, dans un message visionné dix millions de fois en vingt-quatre heures

PARIS : Le groupe de rap PNL est sorti de son silence pour plaider en faveur d'«un jour de paix» à Gaza, théâtre du conflit entre Israël et le Hamas depuis deux mois, dans un single mis en ligne vendredi soir.

«J'peux pousser la mélo, j'peux faire que ça», chante le duo composé d'Ademo et son frère N.O.S, dans ce titre disponible depuis vendredi minuit sur les plateformes de streaming, promis à des écoutes par millions.

«Parfois on oublie qu'on est fait de la même chair (...) Paix sur Gaza», poursuivent les deux frères, de leurs vrais noms Tarik et Nabil Andrieu, sur un flow planant.

«Pour l'amour de la vie/Au nom de l'humanité/Dieu est grand/Un jour de paix», avait écrit PNL sur le réseau social X (ex-Twitter) jeudi soir, dans un message visionné dix millions de fois en vingt-quatre heures.

«Ce conflit engendre une souffrance extrême qui nous saute au visage et nous ne pouvons détourner les yeux. Impossible, quand ça tourne au génocide», avait ensuite écrit le groupe sur Instagram.

N.O.S a précisé sur le même réseau que «les fonds seront reversés à des associations venant en aide à la Palestine ou ailleurs, visant à aider des civils opprimés dans le monde entier».

Extrêmement discrets, les deux frères de la cité des Tarterêts, à Corbeil-Essonnes, pratiquent une communication a minima et ne s'expriment pas dans les médias.

Fin octobre, N.O.S avait interpellé le président Macron sur Instagram et dénoncé «l'inaction de la France» face à la situation à Gaza.

La guerre entre Israël et le Hamas, entrée vendredi dans son 63e jour, a été déclenchée par une attaque sanglante et sans précédent perpétrée par le mouvement islamiste palestinien le 7 octobre sur le sol israélien à partir de la bande de Gaza. Selon Israël, 1.200 personnes, en majorité des civils, ont alors été tuées.

En représailles, Israël a juré d'«anéantir» le Hamas, classé organisation terroriste notamment par les Etats-Unis, l'UE et Israël. Son armée mène des bombardements dévastateurs sur le territoire palestinien assiégé, parallèlement à une vaste opération terrestre lancée le 27 octobre.

Le ministère de la Santé du Hamas a fait état vendredi de 17.487 morts dans les bombardements israéliens, à plus de 70% des femmes et enfants et jeunes de moins de 18 ans.

Les Palestiniens à Gaza vivent dans «l'horreur la plus totale», a dénoncé mercredi le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Volker Türk, soulignant «un risque accru» que des «crimes d'atrocités» soient commis, qui sont considérés comme les plus graves crimes (génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre).


L'acteur Ryan O'Neal s'éteint à 82 ans

Cette photo prise le 22 juillet 1982 montre l'actrice américaine Farrah Fawcett (à droite) accompagnée de son mari l'acteur Ryan O'Neal (au centre) et de la chanteuse et actrice américaine Liza Minnelli (à gauche) lors d'une soirée au "Manoa" à Monaco. (Photo Ralph Gatti AFP)
Cette photo prise le 22 juillet 1982 montre l'actrice américaine Farrah Fawcett (à droite) accompagnée de son mari l'acteur Ryan O'Neal (au centre) et de la chanteuse et actrice américaine Liza Minnelli (à gauche) lors d'une soirée au "Manoa" à Monaco. (Photo Ralph Gatti AFP)
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  • «C'est la chose la plus difficile que j'aie jamais eu à dire, mais c'est ainsi. Mon père s'est éteint paisiblement aujourd'hui», a expliqué Patrick O'Neal sur Instagram
  • Ryan O'Neal s'est fait un nom en 1970 avec le film culte «Love Story», une romance dans laquelle il incarne un étudiant en droit d'Harvard qui tombe amoureux d'une jeune fille dont le rôle est interprété par l'actrice Ali MacGraw

LOS ANGELES, États-Unis : L'acteur américain Ryan O'Neal, célèbre pour ses rôles dans les films «Love Story» et «Barry Lyndon» de Stanley Kubrick, est décédé vendredi à l'âge de 82 ans, a annoncé son fils.

«C'est la chose la plus difficile que j'aie jamais eu à dire, mais c'est ainsi. Mon père s'est éteint paisiblement aujourd'hui», a expliqué Patrick O'Neal sur Instagram.

Ryan O'Neal s'est fait un nom en 1970 avec le film culte «Love Story», une romance dans laquelle il incarne un étudiant en droit d'Harvard qui tombe amoureux d'une jeune fille dont le rôle est interprété par l'actrice Ali MacGraw, forcée de travailler à la bibliothèque pour payer ses études. Le rôle lui a valu une nomination aux Oscars.

Deux ans plus tard, il joue aux côtés de Barbra Streisand dans la comédie loufoque «What's Up, Doc?», film qui remporte un autre succès auprès du public américain et accroît encore sa notoriété.

Il est ensuite recruté par Stanley Kubrick pour son «Barry Lyndon» en 1975, une satire sociale explorant les moeurs du XVIIIe siècle.

«Mon père était aussi généreux qu'on puisse l'être», a ajouté Patrick O'Neal.

«Il aimait faire rire les gens (...) Peu importe la situation, s'il y avait une blague à faire, il la réussissait. Il voulait vraiment que nous riions. Et nous avons tous ri. À chaque fois. Nous nous sommes amusés. Amusés sous le soleil», écrit le fils de l'acteur.

O'Neal s'est marié et a divorcé deux fois avant d'entamer une relation tumultueuse avec la star de «Charlie's Angels» Farrah Fawcett.

Le couple était ensemble depuis près de 20 ans à partir de la fin des années 1970, mais se serait séparé en 1997 après que l'actrice l'ait surpris en flagrant délit avec une autre actrice.

Ils se sont de nouveau réunis en 2001 jusqu'à la mort de Farrah Fawcett à l'âge de 62 ans en 2009 des suites d'un cancer, le même jour que Michael Jackson.

Ryan O'Neal a déclaré au journaliste britannique Piers Morgan que regarder «Love Story» - film dans lequel un enfant riche tombe amoureux d'une jeune fille de la classe ouvrière qui meurt plus tard - était bouleversant pour lui.

«J'ai perdu Farrah à cause d'un cancer, et je me demande simplement pourquoi cela s'est passé ainsi pour moi», a-t-il déclaré.

Après le décès de l'actrice, il avait été au centre d'une querelle concernant un portrait de Farrah Fawcett signé Andy Warhol, réclamé par l'université du Texas. Après une bataille judiciaire, un tribunal de Californie avait reconnu en 2013 qu'il en était bien propriétaire.

L'acteur avait auparavant eu d'autres démêlés avec la justice. En 2009, il avait été condamné à suivre un programme de désintoxication pendant 18 mois, après que la police l'eut interpellé avec son fils Redmond et retrouvé de la méthamphétamine à leur domicile de Malibu.


Saint Nicolas, rival du Père Noël, toujours star en Lorraine

Un fêtard déguisé en saint Nicolas participe à un défilé pour célébrer le jour de la Saint-Nicolas (Mikulas) à Prague, en République tchèque, le 5 décembre 2023. (Photo Michal Cizek AFP)
Un fêtard déguisé en saint Nicolas participe à un défilé pour célébrer le jour de la Saint-Nicolas (Mikulas) à Prague, en République tchèque, le 5 décembre 2023. (Photo Michal Cizek AFP)
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  • Les week-ends précédant et suivant la Saint-Nicolas, le 6 décembre, des festivités sont organisées dans plusieurs villes de l'est de la France, avec comme point d'orgue le grand défilé nancéien, qui se tient samedi
  • La tradition a traversé les siècles mais aussi les frontières, rappelle M. Thil: Saint Nicolas est d'abord évêque de Myre (dans l'actuelle Turquie) vers l'an 300. D'après la légende, il sauve trois enfants des mains d'un boucher

NANCY, France : Fête moins célébrée dans d'autres régions, la Saint-Nicolas est «plus importante même que Noël» pour certaines familles de Lorraine, et particulièrement à Nancy, où un grand défilé a lieu samedi. La Ville veut l'inscrire au patrimoine de l'Unesco.

«T'inquiètes, je vais lui dire au Père Fouettard que tu as été sage»: une maman réconforte, sur le bord de la route, son enfant en pleurs de peur de ne pas avoir de bonbons au défilé de Metz. Le 2 décembre, plusieurs chars et compagnies d'arts de la rue ont assuré le spectacle, jusqu'à ce que le dernier char, celui de saint Nicolas, n'émerveille des milliers de personnes.

Devant la cathédrale, Josiane et Chantal, deux retraitées messines qui ne souhaitent pas donner leur patronyme, assurent n'avoir jamais manqué cette fête à laquelle «on est très attachées».

«Beaucoup (de Lorrains) disent +c'est plus important même que Noël+», confirme à l'AFP Bertrand Masson, adjoint au maire de Nancy chargé de la culture. «C'est là que l'on offre les cadeaux», quand Noël est plutôt une fête religieuse.

Les week-ends précédant et suivant la Saint-Nicolas, le 6 décembre, des festivités sont organisées dans plusieurs villes de l'est de la France, avec comme point d'orgue le grand défilé nancéien, qui se tient samedi. Il a réuni plus de 100.000 personnes en 2022.

Pour cet événement, hôtels et restaurants «sont complets des mois à l'avance», assure M. Masson. Depuis 2014, ces festivités durent plusieurs semaines et attirent locaux mais aussi touristes d'Île-de-France, de Belgique ou des Pays-Bas.

- «Saint patron de Lorraine» -

Cette année, plus de 500 artistes de rue et participants, ainsi que 16 compagnies convergent aussi vers Nancy, avec des fidèles, comme la compagnie niçoise «Planète Vapeur», qui prépare un an à l'avance le spectacle de l'édition suivante.

«A l'heure où tout le monde se bagarre pour être la capitale de Noël, on est la capitale de la Saint-Nicolas», revendique l'élu nancéien. La cité de Meurthe-et-Moselle prépare un dossier pour faire reconnaître cette fête au patrimoine immatériel de l'Unesco.

A Nancy, l'héritage est aussi historique. En 1477, lorsque le duc de Lorraine remporte la bataille de Nancy contre Charles le Téméraire, la victoire est «placée sous les auspices de saint Nicolas», retrace M. Masson.

«Saint Nicolas, c'est le saint patron de la Lorraine», rappelle Patrick Thil, adjoint au maire de Metz chargé de la culture et des cultes.

A une dizaine de kilomètres de Nancy, la ville de Saint-Nicolas-de-Port abrite des reliques -trois phalanges- de saint Nicolas. Une messe est y célébrée chaque 6 décembre. Ailleurs, la fête est civile et non religieuse, note M. Thil.

- Popularité -

Cet événement populaire «traverse toutes les catégories sociales, tous les âges», souligne M. Masson. «Il n'y a pas un quartier» qui ne demande pas d'activités pour la Saint-Nicolas. Rien d'autre ne fédère à ce point, selon lui.

Patrick Thil se souvient de sa jeunesse, et du personnage de saint Nicolas qui, arrivé en train gare de Metz, prenait place sur son char et, d'un geste de sa crosse épiscopale, éclairait la ville.

Jusqu'au début du XXe siècle, les habitants plaçaient un verre d'eau pour saint Nicolas et du foin pour son âne le 5 décembre au soir, avant de se voir gâtés d'oranges, mandarines ou bonbons le lendemain.

La tradition a traversé les siècles mais aussi les frontières, rappelle M. Thil: Saint Nicolas est d'abord évêque de Myre (dans l'actuelle Turquie) vers l'an 300. D'après la légende, il sauve trois enfants des mains d'un boucher, le futur Père Fouettard, qui s'apprête à les transformer en petit salé.

Son culte prospère d'abord dans le culte orthodoxe, en Grèce, dans l'est de l'Europe ou en Russie.

Il est ensuite célébré par les protestants, comme aux Pays-Bas ou en Allemagne, avant de traverser l'Atlantique où il deviendra «Santa Claus» et fusionnera avec le personnage du Père Noël.

A Rome, une église, Saint-Nicolas-des-Lorrains, fait converger chaque année des Français qui vont y célébrer Saint-Nicolas.

C'est peut-être en présentant «un dossier transnational, rassemblant toutes les villes qui célèbrent la Saint-Nicolas» que la fête pourra être inscrite à l'Unesco, selon M. Masson.