Somalie: fin du siège d'un hôtel à Mogadiscio, au moins 8 civils tués

Une ambulance transportant un blessé non identifié se rend à l'hôpital de Kalkaal après que des militants d'Al-Shabab ont attaqué l'hôtel Villa Rose, Mogadiscio, Somalie, le 28 novembre 2022 (Reuters).
Une ambulance transportant un blessé non identifié se rend à l'hôpital de Kalkaal après que des militants d'Al-Shabab ont attaqué l'hôtel Villa Rose, Mogadiscio, Somalie, le 28 novembre 2022 (Reuters).
Des militants islamistes d'Al-Shebab ont attaqué l'hôtel Villa Rose, qui se trouve à proximité du palais présidentiel, au-dessus, dans le quartier Bondhere de Mogadiscio, en Somalie (Reuters).
Des militants islamistes d'Al-Shebab ont attaqué l'hôtel Villa Rose, qui se trouve à proximité du palais présidentiel, au-dessus, dans le quartier Bondhere de Mogadiscio, en Somalie (Reuters).
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Publié le Mardi 29 novembre 2022

Somalie: fin du siège d'un hôtel à Mogadiscio, au moins 8 civils tués

  • Les shebab «ont tué 8 civils qui étaient dans l'hôtel et les forces de sécurité ont réussi à en secourir environ 60»
  • Dès dimanche soir, de nombreux civils et des responsables politiques avaient été secourus et évacués de la zone

MOGADISCIO: Au moins huit civils ont été tués dans le siège de l'hôtel attaqué dimanche soir par des jihadistes shebab dans la capitale somalienne Mogadiscio, a annoncé lundi le porte-parole de la police, affirmant que l'opération des forces de sécurité était "terminée".

"L'opération de ratissage à l'hôtel Villa Rose est terminée", a déclaré à la presse Sadik Dudishe, porte-parole de la police.

Les shebab "ont tué 8 civils qui étaient dans l'hôtel et les forces de sécurité ont réussi à en secourir environ 60, et aucun n'a été blessé", a poursuivi M. Dudishe, ajoutant qu'un membre des forces de sécurité avait également été tué.

Le porte-parole de la police somalienne a annoncé que l'attaque avait été menée pendant presque 21 heures par six personnes et "cinq ont été abattues et un s'est fait exploser".

Des coups de feu sporadiques et des explosions avaient été entendues lundi dans la matinée aux alentours de l'hôtel Villa Rose très fréquenté par des hauts fonctionnaires et des parlementaires et situé à quelques pâtés de maison des bureaux du président Hassan Cheikh Mohamoud.

Toutes les routes menant au quartier avaient été bloquées par les forces de sécurité, ont constaté les correspondants de l'AFP.

Des témoins avaient décrit deux fortes explosions dimanche soir, marquant le début de l'attaque par les shebab de cet hôtel situé dans le quartier de Bondhere et jouissant en principe de sérieuses mesures de sécurité.

Sur son site internet, le Villa Rose y est décrit comme "l'hébergement le plus sûr de Mogadiscio", avec détecteurs de métaux et un haut mur d'enceinte.

Dès dimanche soir, de nombreux civils et des responsables politiques avaient été secourus et évacués de la zone.

Guerre totale

Les shebab, groupe affilié à Al-Qaïda qui tente de renverser le gouvernement central somalien depuis 15 ans, ont revendiqué l'attaque.

La force de l'Union africaine en Somalie (Atmis) avait condamné l'attaque et "félicité" sur Twitter "les forces de sécurité somaliennes pour leur réponse rapide afin d'éviter de nouvelles victimes et des dommages matériels".

Cette nouvelle attaque intervient alors que le président somalien, élu en mai, a décidé d'engager depuis trois mois une "guerre totale" contre les shebab.

L'armée somalienne, soutenue par des clans locaux, par l'Atmis, et avec l'appui de frappes aériennes américaines, leur ont ainsi repris le contrôle de la province de Hiran et de vastes zones du Moyen-Shabelle, dans le centre du pays.

Mais les insurgés ont riposté par une série d'attaques sanglantes, soulignant leur capacité à frapper au coeur des villes et des installations militaires somaliennes.

Le 29 octobre, deux voitures bourrées d'explosifs ont explosé à quelques minutes d'intervalle à Mogadiscio, tuant 121 personnes et en blessant 333 autres. Soit l'attaque la plus meurtrière depuis cinq ans dans ce pays fragile de la Corne de l'Afrique.

Un triple attentat à la bombe à Beledweyne (centre) a aussi fait 30 morts, dont des responsables locaux, début octobre et au moins 21 clients d'un hôtel de Mogadiscio ont été tués lors d'un siège de 30 heures en août.

Ce siège avait soulevé des questions sur la façon dont les militants islamistes ont réussi à atteindre le cœur étroitement gardé du district administratif de Mogadiscio sans être détectés.

Des points de contrôle armés bloquent les routes menant à la zone, qui abrite également un centre de détention pour les suspects terroristes, supervisé par l'Agence nationale de renseignement et de sécurité.

Selon l'ONU, au moins 613 civils ont déjà été tués et 948 blessés dans des violences cette année en Somalie, principalement causées par des engins explosifs artisanaux (EEI) attribués aux shebab. Les chiffres les plus élevés depuis 2017, en hausse de plus de 30% par rapport à 2021.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.