Abstention, nouvelles instances: des élections à multiples inconnues pour les fonctionnaires

Des manifestants participent à une manifestation dans le cadre d'une grève nationale lors d'une journée de mobilisation nationale et interprofessionnelle convoquée par le syndicat CGT à Paris le 10 novembre 2022. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
Des manifestants participent à une manifestation dans le cadre d'une grève nationale lors d'une journée de mobilisation nationale et interprofessionnelle convoquée par le syndicat CGT à Paris le 10 novembre 2022. (Photo de Thomas SAMSON / AFP)
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Publié le Lundi 28 novembre 2022

Abstention, nouvelles instances: des élections à multiples inconnues pour les fonctionnaires

  • Quatre ans après des élections où la participation était passée sous la barre symbolique des 50%, «clairement, notre objectif est qu'on repasse au-dessus», affirme-t-on au ministère de la Fonction publique
  • Les syndicats redoublent aussi d'efforts: la CFDT a ainsi publié un guide à destination de ses adhérents du privé pour qu'ils incitent les agents publics à aller voter

PARIS: Les fonctionnaires retournent aux urnes: du 1er au 8 décembre, les 5,7 millions d'agents publics sont appelés à élire de nouvelles instances de dialogue social, un scrutin qui devrait être davantage marqué par l'abstention que par un bouleversement de la hiérarchie syndicale.

Parmi les fonctionnaires, "une partie de la population est proche des syndicats et a bien conscience des enjeux de la représentativité et du travail syndical avec la collectivité", se félicite Géraldine Chopineau, candidate CFDT dans un conseil départemental de l'ouest de la France. "Mais il y a une autre partie des agents au devant desquels il faut aller", ajoute-t-elle immédiatement.

Quatre ans après des élections où la participation était passée sous la barre symbolique des 50%, "clairement, notre objectif est qu'on repasse au-dessus", affirme-t-on au ministère de la Fonction publique.

Entre interviews dans la presse spécialisée, déplacements du ministre Stanislas Guerini et communication abondante sur les réseaux sociaux et les sites du gouvernement, "le plan de communication est beaucoup plus offensif" qu'en 2018, assure-t-on de même source.

Elections professionnelles: pour quelles instances votent les fonctionnaires ?

Quatre ans après les dernières élections professionnelles, les 5,7 millions d'agents publics s'apprêtent à voter pour des instances de dialogue social profondément modifiées par une loi de 2019. Voici les principales nouveautés.

Aux Comités sociaux, les questions collectives

Adieu les comités techniques et les CHSCT (commission hygiène, sécurité et conditions de travail), place aux comités sociaux.

Cette nouvelle instance, composée de trois à quinze représentants élus par les agents, réunira syndicats et employeurs publics pour aborder toutes les questions professionnelles collectives comme la formation, l'égalité professionnelle ou le temps de travail.

Dans les structures de plus de 200 agents, les comités sociaux comporteront obligatoirement une formation spécialisée dans la santé, la sécurité et les conditions de travail.

Les agents de la fonction publique d'Etat éliront des comités sociaux d'administration (CSA), les agents hospitaliers des comités sociaux d'établissement (CSE) et les agents territoriaux des comités sociaux territoriaux (CST).

Aux CAP/CCP, les sujets individuels

La loi de 2019 n'a pas changé le nom de ces deux instances consultatives, mais leur rôle a été recentré.

Désormais, les commissions administratives paritaires (CAP) et les commissions consultatives paritaires (CCP) n'émettent des avis que sur les décisions individuelles défavorables aux agents: licenciements, sanctions disciplinaires...

Une évolution qui mécontente certains syndicats, habitués jusqu'ici à plaider aussi pour des

mesures favorables aux agents comme des avancements ou des promotions.

Composées à parts égales de représentants du personnel et de l'administration, les CAP se prononcent sur les cas de fonctionnaires tandis que les CCP statuent sur les décisions qui visent les agents contractuels.

Aux Conseils supérieurs, les projets de décret

Chaque versant de la fonction publique dispose d'un Conseil supérieur, une instance consultative qui se prononce sur les projets de textes (décrets, rapports) le concernant spécifiquement.

Récemment, le Conseil supérieur de la fonction publique d'Etat a par exemple examiné le projet de décret qui doit supprimer le célèbre classement de sortie de l'Institut national du service public, l'école de formation des hauts fonctionnaires qui a remplacé l'ENA début 2022.

Les agents n'élisent pas directement les membres de ces trois Conseils, mais leur composition est déterminée par le résultat des élections: le nombre de sièges attribués à chaque syndicat dans ces instances est en effet proportionnel au nombre de voix qu'ils ont réunies lors du scrutin pour les comités sociaux.

Arrivée en tête des élections dans la fonction publique territoriale et hospitalière en 2018, la CGT avait ainsi obtenu sept des vingt sièges dévolus aux syndicats dans les Conseils supérieurs de ces deux versants.

Les syndicats redoublent aussi d'efforts: la CFDT a ainsi publié un guide à destination de ses adhérents du privé pour qu'ils incitent les agents publics à aller voter.

"On fait feu de tout bois en matière d'actions de communication", déclare lui aussi le secrétaire général de la FGF-FO Christian Grolier, qui a fait campagne dans pas moins de 44 départements.

La généralisation du vote électronique dans la fonction publique d'Etat (2,5 millions d'agents), après des expérimentations dans certains ministères en 2014 et 2018, divise les syndicats.

"Souvent, quand il y a un passage au vote électronique, il y a une baisse de la participation", avance Luc Farré (Unsa-Fonction publique).

Présidente de Services Publics CFE-CGC, Nathalie Makarski estime à l'inverse que le vote en ligne "favorise la participation".

Ses arguments: les agents peuvent voter du 1er au 8 décembre plutôt que sur une seule journée, et avoir accès au portail de vote où qu'ils soient.

Elections à l'hôpital: après le Ségur, l'heure des comptes pour les syndicats

Deux ans après le "Ségur de la santé" et ses milliards d'euros de hausses de salaires, les syndicats hospitaliers qui ont signé cet accord comme ceux qui l'ont contesté espèrent que leur choix sera payant aux élections, qui débutent jeudi.

A qui profitera le Ségur? Les 1,2 million d'agents - titulaires et contractuels - de la fonction publique hospitalière sont appelés à choisir leurs représentants syndicaux aux élections professionnelles organisées du 1er au 8 décembre.

L'échéance est cruciale pour les syndicats, divisés en deux camps depuis l'été 2020, lorsque trois organisations (FO, CFDT, Unsa) ont topé avec le gouvernement. A la clé, notamment, plus de 10 milliards d'euros annuels de revalorisations pérennes pour l'ensemble des personnels du secteur.

Un accord "historique", qui "reste l'élément majeur de notre bilan" et "la pierre angulaire de notre campagne", assume Didier Birig. Le leader de FO-Santé, qui a ravi la deuxième place à la CFDT avec près de 25% des voix il y a quatre ans, entend bien "maintenir" cette position et la conforter pour "talonner plus sérieusement la CGT" - solide première avec plus de 31% des suffrages au dernier scrutin.

Pour combler l'écart, il insiste désormais sur "les conditions de travail, qui sont la deuxième jambe du Ségur", et revendique des "effectifs minimum" dans les services, avec des ratios de soignants par malade.

Même combat pour son homologue de la CFDT-Santé, Evelyne Rescanières, pour qui "il y a encore du grain à moudre" dans le Ségur, en particulier sur "les indemnités de nuit".

"Nous avons un bilan, nous le défendons, mais ce n'est pas fini", affirme-t-elle, affichant son ambition de "repasser deuxième" dans les urnes. Ce qui supposera de faire mieux que les 24% recueillis en 2018. Quitte à défendre "la politique des petits pas" à l'opposé d'autres syndicats aux yeux de qui, selon elle, "parce que tout le monde n'a pas, personne ne devrait avoir".

Inquiétudes sur l'abstention

Petit tacle glissé à la CGT-Santé, qui avait refusé de parapher le Ségur, que sa secrétaire générale Mireille Stivala qualifie encore de "protocole très insuffisant".

"On est passé à autre chose", assure-t-elle aujourd'hui. Ce qui ne l'empêche pas de revendiquer sa part de ce "fruit de la lutte et de la mobilisation", dont elle demeure le fer de lance.

Mais ses journées d'action à répétition sont loin de faire le plein, malgré le contexte de crise permanente qui mine l'hôpital. Signe d'une probable résignation des troupes, principal danger identifié par celle qui "veut rester la première organisation".

Mme Stivala ne cache d'ailleurs pas être "inquiète du taux de participation", déjà tombé à 44% aux dernières élections. Comme d'autres syndicats, elle craint un nouveau recul à cause du recours croissant au vote électronique, entaché selon elle de "dysfonctionnements".

"Ce sera forcément un frein", estime aussi Jean-Marc Devauchelle, numéro un de SUD-Santé. Désireux de "construire un rapport de force" avec l'exécutif, il entend capitaliser sur une "frustration du Ségur encore palpable" pour dépasser ses 8% actuels.

Juste derrière, l'Unsa-Santé, "plus petit des gros syndicats" hospitaliers avec un peu plus de 5%, "table bien sûr sur le Ségur" pour continuer de progresser, explique son chef Yann Le Baron.

Quel que soit le verdict des urnes, le résultat ne soldera en tout cas pas le contentieux entre les deux camps. "On travaille avec ceux qui veulent travailler avec nous", dit ainsi la CFDT, quand FO déplore que ses "bouées lancées" à la CGT aient "toujours reçu une fin de non- recevoir".

"On a continué à mobiliser, ce sont les autres qui ont arrêté de venir", réplique la CGT, qui juge toutefois que "ce n'est pas une rupture totale", à condition que chacun soit prêt à aller "jusqu'au bout des revendications". Peine perdue pour SUD, qui considère qu'avec les signataires du Ségur, "l'unité syndicale n'existe plus".

«Mouvements lents»

En plus du vote électronique, les syndicats doivent aussi familiariser les agents publics aux nouvelles instances de dialogue social créées par une loi de 2019.

Principaux changements: la disparition des CHSCT (Comité hygiène, santé et sécurité au travail) au profit de formations spécialisées et la suppression des comités techniques, remplacés par des comités sociaux aux compétences assez proches.

Alors qu'un chantier sur les déroulements de carrière et les rémunérations doit s'ouvrir début 2023 et que le taux d'inflation dépasse les 6% sur un an, les candidats se font souvent interpeller sur la question du pouvoir d'achat.

"Le salaire, c'est vraiment le gros sujet à l'heure actuelle", confie Eric Morio, candidat à un troisième mandat de représentant CFDT au conseil départemental de la Mayenne.

Agent des finances publiques à Douai (Nord), Laurent Wiart ira voter et attend des syndicats qu'ils se battent pour "les salaires, le maintien des garanties des fonctionnaires et les retraites", que le gouvernement prévoit aussi de réformer en 2023.

"On est assez démobilisés", soupire son collègue Guy Defer, regrettant l'érosion du pouvoir des syndicats et la diminution des effectifs, passés de 40 à 20 agents dans son service en une quinzaine d'années.

Ces élections présentent un vrai enjeu de hiérarchie entre les neuf syndicats représentatifs: en 2018, grâce aux voix gagnées dans la fonction publique, la CFDT était devenue le premier syndicat de France, secteurs public et privé confondus.

Dans le public, elle est encore devancée par la CGT. "Il faut être réaliste", juge une source au sein de la CFDT, "les mouvements sont lents" et la conquête de la première place dès 2022 serait une surprise.

"On table plutôt sur 2026", ajoute-t-on de même source. En 2018, les agents publics avaient donné près de 530.000 voix à la centrale de Montreuil et près de 460.000 à la CFDT.


JO: à l'Institut Pasteur, une équipe dans les starting-block pour traquer les virus

Un ingénieur travaille sur un échantillon à la Cellule d'intervention biologique d'urgence (CIBU) de l'institut Pasteur à Paris, le 23 avril 2024. (AFP)
Un ingénieur travaille sur un échantillon à la Cellule d'intervention biologique d'urgence (CIBU) de l'institut Pasteur à Paris, le 23 avril 2024. (AFP)
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  • Dans le cas d'un agent infectieux potentiellement très dangereux pour l'homme, les analyses sont menées dans un laboratoire de type P3, «quelque part dans l'Institut Pasteur»
  • Dernier virus identifié dans ses murs: celui de la rage, après la mort d'orpailleurs dans la forêt guyanaise, «mordus par des chauves-souris vampires», rapporte le chef de la cellule

PARIS: Avec les millions de visiteurs attendus cet été en France, les JO vont brasser potentiellement autant de personnes que d'agents pathogènes: bactéries, virus et autres parasites... A l'Institut Pasteur, une équipe est sur le pied de guerre pour les traquer, si nécessaire.

"On sait qu'on risque d'être mobilisés beaucoup plus que d'habitude, mais on s'y prépare depuis 18 mois" : Jean-Claude Manuguerra en a vu d'autres.

Ce virologue à l'Institut Pasteur dirige la Cellule d’intervention biologique d’urgence (Cibu), en première ligne depuis 20 ans face aux nouveaux pathogènes.

"La cellule est née en septembre 2002, un an après les attaques du 11 septembre aux Etats-Unis, sous l'impulsion de la Direction générale de la santé", rembobine-t-il.

Cette structure fonctionnant sept jours sur sept et 24 heures sur 24 avait été lancée à l'époque après l'envoi d'enveloppes contaminées à l’anthrax aux États-Unis et différentes alertes en France - qui s'étaient révélées être des canulars.

Son rôle : surveiller et détecter tous les risques infectieux (épidémies, accidents ou utilisation potentielle d'armes d'origine biologique) pouvant menacer la sécurité sanitaire de la France.

Sars, grippe H1N1, chikungunya, Covid-19... un grand nombre de virus ont déjà circulé dans ses labos pour y être scrutés et analysés.

Les prélèvements empruntent différents "circuits" selon la nocivité supposée de l'échantillon.

Grippe ou dengue 

Dans le cas d'un agent infectieux potentiellement très dangereux pour l'homme, les analyses sont menées dans un laboratoire de type P3, "quelque part dans l'Institut Pasteur", explique M. Manuguerra, volontairement imprécis car il doit garder sa localisation secrète.

Combinaison intégrale, masque FFP3, gants et surbottes sont alors de rigueur.

Dernier virus identifié dans ses murs: celui de la rage, après la mort d'orpailleurs dans la forêt guyanaise, "mordus par des chauves-souris vampires", rapporte le chef de la cellule. Les analyses faites à Pasteur ont permis de comprendre la cause de leurs décès.

En vue des Jeux olympiques, la Cibu s'est préparée à changer d'échelle pour "diagnostiquer un éventail de virus et de bactéries beaucoup plus large que d'ordinaire".

En raison du brassage attendu de populations qui arriveront de tous les points du globe, certaines maladies pourraient en effet se propager à la faveur de l'événement sportif. Par exemple la grippe, "puisque ce sera l'hiver de l'hémisphère sud", ou la dengue, qui sévit actuellement en Amérique du Sud et aux Caraïbes.

Tests PCR, séquençage haut débit, métagénomique sont autant de techniques utilisées par la vingtaine de personnes - scientifiques, techniciens et ingénieurs - qui travaillent dans la cellule.

Séquençage d'urgence 

Pour remplir leur rôle de vigie face aux menaces infectieuses, le Covid-19 a clairement été un accélérateur.

"Quand (le variant) Omicron a pointé le bout de son nez dans le monde, les autorités sanitaires françaises voulaient savoir le plus vite possible quand il arrivait et où", se rappelle Jean-Claude Manuguerra. "En novembre 2022, on leur a proposé de mettre en place un système de séquençage d'urgence, y compris la nuit et les week-ends".

En cas de risque épidémique pendant les JO, la cellule se prépare à devoir rendre des diagnostics le plus rapidement possible.

"On a développé des tests dits +multiplex+ : à partir d'un seul échantillon, on est désormais en mesure de rechercher jusqu'à une quarantaine de virus ou bactéries et d'avoir une réponse en quelques heures", se félicite Jessica Vanhomwegen, responsable du pôle d'identification virale à la Cibu.

Parmi les plus risqués : une grippe aviaire hautement pathogène ou des cas importés d'un virus tropical comme Ebola par exemple, illustre-t-elle.

"On a ciblé les agents pathogènes les plus mortels et les plus transmissibles pour être en mesure de les détecter", rassure-t-elle.

Pour la période, la cellule a revu son organisation : quatre personnes seront mobilisées le week-end, contre deux habituellement.

Si besoin, un laboratoire mobile - une hotte entièrement hermétique dans laquelle il est possible de manipuler un prélèvement potentiellement dangereux - pourra aussi être déployée sur le terrain.

"Si une grosse épidémie apparaît, il faut qu'on soit prêt", résume Jean-Claude Manuguerra.


Recycler les déchets de l'Everest, le pari perché d'étudiants français

Cette photographie prise le 21 mai 2018 montre du matériel d'escalade mis au rebut et des déchets éparpillés autour du camp 4 du mont Everest. (AFP)
Cette photographie prise le 21 mai 2018 montre du matériel d'escalade mis au rebut et des déchets éparpillés autour du camp 4 du mont Everest. (AFP)
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  • Jugeant insuffisantes les campagnes de nettoyage, une équipe d'étudiants français s'efforce d'implanter un centre de recyclage au pied du toit du monde
  • Plus de 10 tonnes de déchets sont abandonnées chaque année sur les pentes du géant blanc, selon certaines estimations

GRENOBLE: Toujours plus fréquentés, les camps successifs menant au sommet de l'Everest sont noyés de déchets. Jugeant insuffisantes les campagnes de nettoyage, une équipe d'étudiants français s'efforce d'implanter un centre de recyclage au pied du toit du monde.

Lancé en 2020 et repris chaque année par une nouvelle génération d'étudiants surmotivés, le projet baptisé "Tri-haut pour l'Everest" espère entrer cet été dans sa phase opérationnelle malgré les obstacles techniques et bureaucratiques.

Plus de 10 tonnes de déchets sont abandonnées chaque année sur les pentes du géant blanc, selon certaines estimations, et les expéditions menées jusqu'ici consistent "en général à descendre une part des déchets un peu plus bas", expliquent les fondateurs sur leur blog.

Plus ambitieuse, l'équipe étudiante, composée cette année de cinq élèves ingénieurs de l'INP-Ense et architectes de l'ENSAG à Grenoble, cherche à concrétiser une solution "durable" pour les déchets plastiques.

Le projet, déjà repoussé et remanié plusieurs fois, consiste à bâtir un centre de gestion des déchets équipé de machines pour le tri et la revalorisation à Pangboche, 4.000 mètres d'altitude, plus haut village habité à l'année et "endroit stratégique", à mi-chemin entre les lodges et les camps de base d’altitude.

Réalisé en concertation avec les organismes locaux, notamment le Sagarmatha Pollution Control Comittee (SPCC), il prévoit la transformation sur place d'une partie des plastiques en petits objets ou figurines de yacks et le transport du reste vers Katmandou pour y être revalorisé.

«C'est l'autoroute»

Mais que ce soit le choix final du site, l'alimentation des machines dans une zone peu électrifiée et dépourvue d'accès routier ou la bureaucratie népalaise, rien n'est simple, admet l'équipe arrivée en janvier au Népal et qui vient juste d'être informée d'un nouveau délai.

Dans l'attente d'une autorisation liée au statut de parc national de la zone, la construction du centre de tri ne pourra commencer qu'en juillet, quand les étudiants seront déjà rentrés en France, explique Clémence Sangouard, jointe par l'AFP par téléphone depuis Pangboche. "On est un peu déçus de ne pas pouvoir mettre la main à la pâte au niveau de la construction", reconnaît l'étudiante-ingénieure.

"On ne s'attendait pas à faire autant d'administratif, on a découvert les démarches au fur et à mesure. Mais on a posé des fondations assez solides, ce qui fait que le projet ne peut être que durable", relativise-t-elle. "L'objectif est toujours une mise en service à l'été 2025".

Parfois dépeint comme "la plus haute décharge du monde", l'Everest accueille un nombre croissant de candidats à l'ascension. Au moins 400 alpinistes devraient la tenter ce seul printemps, a indiqué le mois dernier l'Association des opérateurs d'expédition au Népal. La saison est déjà bien lancée et sur le sentier menant au camp de base, "c'est l'autoroute", confirme Clémence Sangouard.

Conscientes du problème, les autorités népalaises ont récemment annoncé que les alpinistes devraient désormais se munir de sacs biodégradables pour ramener leurs excréments, jusqu'ici laissés sur place.

Maillon manquant

Pour renforcer leur projet, les étudiants se sont adjoint l'aide de l'ingénieur franco-irlandais Breffni Holze, qui a multiplié ces vingt dernières années les campagnes de nettoyage à haute altitude (Aconcagua, Elbrouz, Mustagh Ata...).

Il est attendu d'ici quelques jours au Népal avec une petite équipe de "nettoyeurs" dont la guide Marion Chaygneaud-Dupuy, connue pour ses ramassages d'ordures côté tibétain. Ils mèneront un mois durant une "collecte inaugurale" de déchets au camp de base du toit du monde et sur un autre sommet voisin, l'Ama Dablam (6.800 m d’altitude), suivi d'une première opération de tri.

"Le centre de tri est un maillon qui n'existait pas, qui va bénéficier aux touristes et aux populations locales", se réjouit-il. "Ils voient loin, c'est ça qui est bien avec ce projet", souligne-t-il.

Le jeune youtubeur français Inoxtag, qui a récemment annoncé vouloir à son tour gravir l'Everest et est en route pour le camp de base, est également attendu "en visite" sur le site du futur centre de Pangboche selon l'équipe. 


A 120 ans, la Foire de Paris se veut toujours populaire et dans son temps

Le prix d'entrée de la Foire de Paris est de 15 euros en semaine et 16 euros pendant les week-ends et jours fériés au tarif "caisse", et de 13 euros pour un billet acheté en ligne. (AFP).
Le prix d'entrée de la Foire de Paris est de 15 euros en semaine et 16 euros pendant les week-ends et jours fériés au tarif "caisse", et de 13 euros pour un billet acheté en ligne. (AFP).
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  • Du 1er au 12 mai, plus de 400.000 visiteurs sont attendus Porte de Versailles pour arpenter 6 halls d'exposition à la rencontre des 1.300 exposants présents lors de l'édition anniversaire
  • "120 ans, ça nous ramène en 1904, c'était il y a très longtemps et en même temps la foire est restée fidèle à elle-même, dans le sens où c'est avant tout un événement populaire, qui a traversé les décennies et des périodes compliquées"

PARIS: Isoler ou décorer sa maison, acheter un aspirateur voire même une voiture: la Foire de Paris fête ses 120 ans et veut toujours coller au plus près des tendances en matière de consommation et d'aménagement de l'habitat.

Du 1er au 12 mai, plus de 400.000 visiteurs sont attendus Porte de Versailles pour arpenter 6 halls d'exposition à la rencontre des 1.300 exposants présents lors de l'édition anniversaire de la plus grande place de commerce éphémère de France.

"120 ans, ça nous ramène en 1904, c'était il y a très longtemps et en même temps la foire est restée fidèle à elle-même, dans le sens où c'est avant tout un événement populaire, qui a traversé les décennies et des périodes compliquées en sachant toujours se réinventer et s'adapter", résume à l'AFP son directeur Steven Abajoli.

Il rappelle que la toute première édition s'était tenue au Carreau du Temple - marché couvert en plein centre de la capitale - mais que son succès avait rendu indispensable son déménagement dans un lieu plus grand: "on a asséché les marais au sud de Paris afin de créer pour la Foire de Paris un parc des expositions, devenu la porte de Versailles", où l'événement se tient depuis 1924.

Rénovation thermique, ameublement et décoration de la maison, électroménager, artisanat international et Made in France, gastronomie... sans oublier les traditionnels démonstrateurs, le prestigieux concours Lépine et son lot d'inventions, et même le championnat de France de barbecue: la Foire de Paris est "une opportunité unique de retrouver une offre extrêmement large réunie dans un seul et même endroit", relève M. Abajoli.

261 millions d'euros ont été dépensés au profit des exposants l'an dernier lors de l'événement, en achats divers mais aussi en projets d'aménagement pour la maison pour lesquels "la moitié des visiteurs viennent".

« Tour du monde »

"C'est le plus grand salon grand public d'Europe dédié à la maison. Soixante entreprises du secteur construction/rénovation seront présents pour proposer leurs services en matière de chauffage, pompes à chaleur, climatisation, salles de bains, revêtements de sols et murs, piscines, etc. Des conseillers MaPrimeRenov seront aussi présents tous les jours" pour des conseils gratuits, détaille le directeur.

Du côté du petit électroménager, "les ventes ont explosé pendant le Covid et les chiffres restent très hauts, les gens ont toujours envie de s'équiper", par exemple en machines à café, tient à souligner M. Abajoli.

L'artisanat n'est pas en reste, avec 20% d'exposants supplémentaires par rapport à l'édition précédente et la possibilité de "faire le tour du monde aux portes de Paris" avec des objets et des expériences culinaires de tous les continents.

Autre secteur en expansion au sein de la Foire de Paris, la mobilité: aux côtés de trottinettes, vélos et autres scooters électriques, les marques automobiles Renault, Dacia et BYD (champion chinois de la voiture électrique, ndlr) exposeront des modèles neufs ou d'occasion disponibles à l'achat.

Renault Retail Group, présent pour la deuxième année consécutive avec des voitures reconditionnées, fait état auprès de l'AFP d'un bilan 2023 "très positif en termes de business et de visibilité".

"On vend aussi bien sur ce type d'événement que sur un salon automobile. En revanche, sur un salon auto, à l'instar du Mondial de Paris, il n'y a pas de véhicules d'occasion à la vente, ce qui rend la Foire de Paris unique en ce sens", résume la filiale de Renault.

Le prix d'entrée de la Foire de Paris est de 15 euros en semaine et 16 euros pendant les week-ends et jours fériés au tarif "caisse", et de 13 euros pour un billet acheté en ligne.