Le RN ne votera pas de censure avant le discours de Lecornu, assure Le Pen

Le président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella (à droite) et la présidente du groupe parlementaire du parti, Marine Le Pen, quittent la salle après une réunion avec le Premier ministre français à l'hôtel Matignon à Paris, le 17 septembre 2025. (AFP)
Le président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella (à droite) et la présidente du groupe parlementaire du parti, Marine Le Pen, quittent la salle après une réunion avec le Premier ministre français à l'hôtel Matignon à Paris, le 17 septembre 2025. (AFP)
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Publié le Vendredi 26 septembre 2025

Le RN ne votera pas de censure avant le discours de Lecornu, assure Le Pen

  • Contrairement à LFI, Marine Le Pen souhaite attendre le discours de politique générale de Sébastien Lecornu avant de se prononcer
  • Le Pen envisage de construire une majorité parlementaire élargie en cas de force relative, sans fusionner avec la droite traditionnelle

PARIS: Le Rassemblement national ne censurera pas Sébastien Lecornu avant que le Premier ministre ait prononcé son discours de politique générale, a indiqué Marine Le Pen jeudi soir, contrairement à La France insoumise qui entend déposer une motion de censure dès la semaine prochaine.

"Déposer une motion de censure avant même d'avoir entendu le Premier ministre, ça n'est pas raisonnable. Donc, nous allons écouter le discours de politique générale", a déclaré la patronne du RN sur LCI.

Les députés d'extrême droite ne devraient par conséquent par voter la motion que les Insoumis ont l'intention de déposer "dès l'ouverture de la session parlementaire", prévue le 1er octobre, et qui pourrait ainsi être débattue avant que M. Lecornu ne dévoile ses priorités d'action - à une date encore non précisée.

"Y a pas marqué LFI, là. Moi, je ne censure pas un Premier ministre avant son discours", a insisté Mme Le Pen, assurant que sa décision à l'égard du nouveau locataire de Matignon "dépendra de ce qu'il dira".

"Si M. Lecornu veut échapper à la censure, il faut qu'il soit en rupture totale avec la politique qui a été menée ces huit dernières années", soit depuis l'élection d'Emmanuel Macron, a-t-elle ajouté.

"Même si ma confiance est minime, je ne préjuge pas", a-t-elle assuré, tout en estimant que le chef de l'Etat avait confié au Premier ministre  "une mission qui est vouée à l'échec".

Accusant le président de la République de "mettre la France dans une situation de blocage terrible" en "refusant de se soumettre aux institutions", Mme Le Pen n'a pas exigé sa démission mais l'a exhorté à "accepter l'idée qu'il puisse être en cohabitation" et renouvelé son souhait d'une nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale.

Convaincue que le "front républicain" qui a privé de victoire le camp nationaliste l'an dernier "ne fonctionnera plus, ou en tout cas considérablement moins bien", elle a ouvert la porte à des alliances pour gouverner: "Si nous avons une majorité relative forte, nous irons chercher la majorité absolue (et) convaincre des gens au sein de l'Assemblée".

Mais pas question pour autant d'une éventuelle "union des droites" aux élections. "Je me positionne au-dessus de ça (...) Je ne suis pas là pour sauver la droite (mais) pour sauver la France", a-t-elle affirmé.


Guaino demande une grâce présidentielle sur l'incarcération de Sarkzoy pour éviter "une humiliation"

L'ancien président français Nicolas Sarkozy (à droite) s'adresse à la presse à côté de son avocat Jean-Michel Darrois (à gauche) après le verdict de son procès pour financement illégal de sa campagne par la Libye lors de sa candidature à l'élection présidentielle de 2007, au tribunal de Paris, à Paris, le 25 septembre 2025. (AFP)
L'ancien président français Nicolas Sarkozy (à droite) s'adresse à la presse à côté de son avocat Jean-Michel Darrois (à gauche) après le verdict de son procès pour financement illégal de sa campagne par la Libye lors de sa candidature à l'élection présidentielle de 2007, au tribunal de Paris, à Paris, le 25 septembre 2025. (AFP)
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  • Henri Guaino réclame une grâce présidentielle partielle pour éviter l'incarcération immédiate de Nicolas Sarkozy, tout en laissant cours à ses recours juridiques
  • Il fustige une dérive du pouvoir judiciaire, accusant une "guerre" entre justice et politique qui affaiblirait, selon lui, les démocraties occidentales

PARIS: L'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, Henri Guaino, a demandé vendredi une grâce présidentielle sur l'incarcération de l'ancien chef de l'Etat qui n'est pas susceptible d'appel et est "une humiliation de l'Etat et des institutions".

"Une grâce n'efface pas la condamnation et elle peut être partielle. Donc il ne me paraîtrait pas absurde qu'il soit gracié sur la peine complémentaire, c'est à dire sur l'exécution provisoire (de l'incarcération) qui n'est pas susceptible de recours", a jugé M. Gaino sur RTL.

Sans "arrêter les recours par lesquels il veut prouver son innocence", cette grâce "pourrait très bien éliminer cette décision (d'incarcération) qui est quand même une humiliation, non seulement de Nicolas Sarkozy, mais aussi de l'Etat et des institutions", a-t-il suggéré.

Au titre de l'article 17 de la Constitution, "le président de la République a le droit de faire grâce à titre individuel".

Elle entraîne la dispense d'exécution totale ou partielle d'une peine ou la commutation de celle-ci en une peine moins lourde.  Elle ne s'applique qu'à une condamnation définitive et exécutoire, mais n'efface pas cette dernière qui continue à figurer au casier judiciaire avec la mention de la mesure gracieuse octroyée.

Dans l'affaire du financement libyen de sa campagne de 2007, Nicolas Sarkozy a été condamné jeudi à cinq ans d'emprisonnement par le tribunal qui a ordonné sa prochaine incarcération pour association de malfaiteurs sans attendre son procès en appel.

A l'unisson de la droite et de l'extrême droite depuis le jugement, M. Guaino a dénoncé "une sorte de coup d'Etat judiciaire", "un mouvement de fond très dangereux pour les démocraties occidentales par lequel le pouvoir judiciaire est en train de prendre le pas sur le pouvoir politique".

Dans tous les pays, "il y a une guerre qui s'est déclarée entre le pouvoir politique et le pouvoir judiciaire. C'est une guerre mortifère et très grave pour la justice elle-même", a-t-il estimé.

Aux Etats-Unis, "les juges ont essayé de faire condamner Trump, ils ne sont pas arrivés à le faire à temps. Le résultat, c'est que les électeurs ont marché sur la justice et que la justice est la première victime de cette guerre" avec les représailles du président américain, a-t-il fait remarquer.


Financement libyen: l'ex-président français Nicolas Sarkozy condamné à cinq an de prison et bientôt incarcéré

Financement libyen: l'ex-président français Nicolas Sarkozy condamné à cinq an de prison et bientôt incarcéré
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  • Même en cas d'appel, le sixième président de la Ve République française (2007-2012), aujourd'hui âgé de 70 ans, sera convoqué dans un délai d'un mois par le parquet qui lui signifiera sa date d'incarcération
  • Définitivement condamné à un an de prison ferme pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite "des écoutes", Nicolas Sarkozy a déjà dû porter un bracelet électronique à la cheville de janvier à mai

PARIS: L'ancien président français, Nicolas Sarkozy, a été condamné jeudi à cinq ans de prison ferme pour avoir "laissé ses proches" démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi en vue d'obtenir un financement illégal de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007, et sera bientôt incarcéré, une première en France.

Même en cas d'appel, le sixième président de la Ve République française (2007-2012), aujourd'hui âgé de 70 ans, sera convoqué dans un délai d'un mois par le parquet qui lui signifiera sa date d'incarcération.

Définitivement condamné à un an de prison ferme pour corruption et trafic d'influence dans l'affaire dite "des écoutes", Nicolas Sarkozy a déjà dû porter un bracelet électronique à la cheville de janvier à mai, une sanction déjà inédite en France pour un ancien chef de l'Etat. Il a déposé un recours devant la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH).

La présidente du tribunal correctionnel de Paris, Nathalie Gavarino, a expliqué que M. Sarkozy était coupable d'association de malfaiteurs pour avoir "laissé ses proches collaborateurs et soutiens politiques sur lesquels il avait autorité" solliciter les autorités libyennes "afin d'obtenir ou tenter d'obtenir des soutiens financiers en Libye en vue d'obtenir financement" de sa campagne de 2007.

Le tribunal l'a en revanche relaxé des faits de recel de détournement de fonds publics libyens, de corruption passive et de financement illégal de campagne électorale.

L'enquête n'a en effet pas permis de prouver "que l'argent parti de Libye" ait été utilisé dans un financement occulte de la campagne de présidentielle victorieuse de l'ancien président français, Nicolas Sarkozy, en 2007, selon le jugement lu par la présidente.

"Rencontres occultes" 

Deux anciens proches collaborateurs de M. Sarkozy, Claude Guéant et Brice Hortefeux, ont été reconnus coupables d'association de malfaiteurs. Le premier a également été reconnu coupable de corruption passive et de faux et condamné à six ans, tandis que Brice Hortefeux a s'est lui vu infliger une peine de deux ans de prison.

Eric Woerth, trésorier de la campagne, a été relaxé.

A la suite à la mort au Liban mardi d'un des prévenus et protagoniste-clé du dossier, Ziad Takieddine, le tribunal a par ailleurs constaté l'extinction de l'action publique à son encontre.

Les représentants du parquet national financier (PNF) avaient réclamé fin mars à l'encontre de l'ex-chef d'Etat, au terme de trois mois de procès, sept ans de prison, l'accusant d'avoir noué un "pacte de corruption faustien avec un des dictateurs les plus infréquentables de ces 30 dernières années". Ils avaient également requis à son encontre 300.000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité.

Cette peine était la plus lourde réclamée contre les 12 prévenus du dossier.

Selon l'accusation, l'ancien président (2007-2012) aurait favorisé, en échange de pots-de-vin, le retour sur la scène internationale de la Libye et se serait engagé à absoudre le beau-frère de Kadhafi, Abdallah Senoussi, condamné à la perpétuité pour son rôle dans l'attentat du DC-10 de l'UTA qui avait coûté la vie à 170 personnes en 1989.

Pour les procureurs, M. Sarkozy a été aussi bien un "commanditaire" qu'un bénéficiaire de ce financement.

"Outrance" 

Nicolas Sarkozy, qui n'a cessé de clamer son innocence, avait dans la foulée dénoncé "l'outrance de la peine réclamée", ne visant selon lui qu'à "masquer la faiblesse des charges alléguées".

Initialement portées par des dignitaires de l'ancien régime, les accusations ne seraient selon lui que le fruit d'un complot ourdi par le clan Kadhafi pour se venger de son rôle déterminant dans la chute du dictateur en 2011.

Il n'y a "aucune preuve", "rien", "pas un centime libyen", "pas le début d'un commencement de financement", avait martelé l'ancien président, lassé de se "justifier sur des preuves qui n'existent pas!".

La Cour de cassation, plus haute juridiction de l'ordre judiciaire français, examinera par ailleurs le 8 octobre son pourvoi dans l'affaire "Bygmalion", portant sur le financement de sa campagne présidentielle de 2012 et pour laquelle il a été condamné en appel à un an de prison dont six mois ferme.


Financement libyen: l'intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine est mort

Ziad Takieddine est mort au Liban où il était né, le 14 juin 1950, dans une grande famille druze implantée dans les hautes sphères du pays. (AFP)
Ziad Takieddine est mort au Liban où il était né, le 14 juin 1950, dans une grande famille druze implantée dans les hautes sphères du pays. (AFP)
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  • Dès mai 2012, Ziad Takieddine assurait à la presse que le financement de la campagne de l'ex-chef de l'Etat français par le défunt dictateur libyen Mouammar Kadhafi et de ses lieutenants, évoqué dès 2011, était "la vérité"
  • Au Liban, Ziad Takieddine avait fait plusieurs séjours en prison, notamment à cause du mandat d'arrêt français

PARIS: L’un des grands protagonistes des affaires politico-financières françaises de ces 30 dernières années s’est éteint: l’intermédiaire franco-libanais Ziad Takieddine est mort mardi matin à Beyrouth, à deux jours de la décision du tribunal correctionnel de Paris sur les soupçons de financement libyen de la campagne présidentielle 2007 de Nicolas Sarkozy.

L'information du Point a été confirmée à l'AFP par l'avocate française de M. Takieddine, Me Elise Arfi, et par une source au sein de sa famille.

D'après cette dernière, l'intermédiaire de 75 ans "était détenu à la prison de Tripoli (nord du Liban) depuis un mois sur la base d’une action en justice intentée par son avocat (libanais) qui affirmait qu’il ne l’avait pas payé", et est décédé à l'hôpital après une crise cardiaque.

Dès mai 2012, Ziad Takieddine assurait à la presse que le financement de la campagne de l'ex-chef de l'Etat français par le défunt dictateur libyen Mouammar Kadhafi et de ses lieutenants, évoqué dès 2011, était "la vérité".

Nicolas Sarkozy avait en retour constamment vilipendé celui qu'il qualifiait de "grand manipulateur", connu pour ses déclarations fluctuantes.

En 2016, dans un retentissant entretien à Mediapart, Takieddine s'auto-incrimine: il affirme avoir convoyé entre novembre 2006 et début 2007 "cinq millions d'euros" dans des valises lors de trois voyages entre Tripoli et Paris, remis en deux fois à Claude Guéant, directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, mais aussi à l'ancien chef de l'État lui-même.

Ces derniers avaient farouchement démenti.

Ziad Takieddine avait été mis en examen dans cette enquête sensible.

Cet homme volubile, haut en couleurs, et parfois confus dans ses explications, avait connu en parallèle d'autres soucis judiciaires sur des dossiers plus anciens.

La cour d'appel de Paris a en effet confirmé début 2025 sa condamnation à cinq ans de prison ferme dans le volet financier de la tentaculaire affaire Karachi, un système de commissions occultes sur des contrats d'armement français avec l'Arabie saoudite et le Pakistan au mitan des années 1990.

Ziad Takieddine avait quitté la France pour se réfugier au Liban quelques jours avant sa condamnation dans cette affaire en première instance, mi-2020.

En fuite, il était visé par un mandat d'arrêt dans le dossier libyen. En raison du décès de l'intermédiaire, le tribunal de Paris, qui doit rendre jeudi son jugement dans ce dossier, devrait déclarer l'action publique éteinte à son encontre.

Volte-face 

Au Liban, Ziad Takieddine avait fait plusieurs séjours en prison, notamment à cause du mandat d'arrêt français.

Mais comme le Liban n’extrade pas ses ressortissants et que Ziad Takieddine avait fait appel en France, la justice libanaise l’avait libéré en avril avec une interdiction de quitter le territoire libanais.

Le septuagénaire avait déclenché un dernier big bang, fin 2020: il avait rétracté près de dix ans d'accusations de financement de Nicolas Sarkozy par la Libye devant BFMTV et Paris Match, soutenant cette fois que l'ex-président n'avait pas bénéficié de cet argent.

Des propos "déformés", corrigeait deux mois plus tard Ziad Takieddine, une volte-face temporaire analysée depuis par la justice comme une possible subornation de témoin, et qui vaut une mise en examen à plusieurs personnalités, dont Nicolas Sarkozy, son épouse Carla Bruni-Sarkozy ou la figure de la presse people, Mimi Marchand. Les trois sont présumés innocents dans ce dossier pas encore jugé.

Ziad Takieddine est mort au Liban où il était né, le 14 juin 1950, dans une grande famille druze implantée dans les hautes sphères du pays.

L'intermédiaire y a d'abord été publicitaire, avant de quitter son pays, déchiré par la guerre civile, pour Londres.

Dans les années 1980, il est placé à la tête de la station de montagne Isola 2000 (Alpes-Maritimes) et noue progressivement des liens avec de hauts responsables de droite.

Grâce à ces connaissances et son entregent, il s'immisce dans la négociation de contrats de défense au cœur de l'affaire Karachi. Il mène alors grand train et couvre de cadeaux ses relations politiques.

Mais son influence va ensuite décliner, entre un divorce difficile avec son épouse, la concurrence de son ennemi juré, l'homme d'affaires Alexandre Djouhri, venu des réseaux liés à Jacques Chirac, et le début de ses ennuis judiciaires.