Les partisans de Trump migrent sur des plateformes «alternatives»

Nombre de supporters de Trump n’ont pas digéré les résultats de l’élection et choisissent de s’informer sur des médias favorables à leur version des faits (Photo, Megan VARNER/GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP).
Nombre de supporters de Trump n’ont pas digéré les résultats de l’élection et choisissent de s’informer sur des médias favorables à leur version des faits (Photo, Megan VARNER/GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP).
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Publié le Dimanche 15 novembre 2020

Les partisans de Trump migrent sur des plateformes «alternatives»

  • Le principal bénéficiaire de ce phénomène est le réseau social Parler, dont l'application a été téléchargée plus de 3 millions de fois sur des boutiques en ligne depuis l’élection
  • Aucune de ces plateformes ne filtre les contenus trompeurs ou mensongers affirmant, sans preuve, que des fraudes massives ont eu lieu dans de nombreux Etats-clés

WASHINGTON: Convaincue que Donald Trump s'est fait voler la présidentielle et ulcérée par la modération des messages du milliardaire républicain sur Twitter ou Facebook, la droite conservatrice américaine migre en masse depuis plusieurs jours vers des sites dits « alternatifs ».

Le principal bénéficiaire de ce phénomène est le réseau social Parler, dont l'application a été téléchargée plus de 3 millions de fois sur les boutiques en ligne d'Apple et de Google depuis l'élection, et a été installée 7,3 millions de fois depuis son lancement, selon le site spécialisé SensorTower.

La chaîne de télévision d'extrême droite Newsmax, adoubée par Trump, ainsi que des réseaux sociaux comme MeWe ou Rumble, ont aussi profité de cette migration.

Aucune de ces plateformes ne filtre les contenus trompeurs ou mensongers affirmant, sans preuve, que des fraudes massives ont eu lieu dans de nombreux Etats-clés pour défavoriser le président.

Ces réseaux ne sont plus seulement l'apanage de franges extrémistes, mais attirent également des voix conservatrices plus traditionnelles, frustrées par les grandes plateformes, explique Bret Schafer, spécialiste de la désinformation pour l'ONG Alliance for Securing Democracy.

« Il n'est pas inédit de voir des migrations après des mesures plus sévères prises par les géants des réseaux sociaux », souligne-t-il. « Mais cette fois, ça semble un peu différent ».

Des parlementaires républicains ont rejoint Parler, tout comme l'équipe de campagne de Donald Trump, qui diffuse désormais certains communiqués sur l'application.

Dynamique claire

« On ne sait pas encore s'il s'agit d'une protestation symbolique contre Twitter et Facebook ou si ça va être plus sérieux et durable », questionne Daniel Kreiss, maître de conférences au Centre pour les technologies de l'information de l'université de Caroline du Nord.

« Mais la dynamique est claire : les conservateurs sont en colère contre la modération des contenus, particulièrement ceux du président », note-t-il.

La politique de laisser-faire des grands réseaux sociaux, pendant des années, pousse de nombreuses voix conservatrices à se demander pourquoi Facebook et Twitter ont soudainement fait volte-face, souligne Kreiss.

Par conséquent, Parler s'est retrouvé propulsé en haut de la liste des applications les plus téléchargées de la boutique en ligne d'Apple.

« Beaucoup de gens qui possèdent un compte sur Parler ne sont plus satisfaits de Facebook et de Twitter à cause de la censure de la ‘Big Tech’ et de la malhonnêteté des médias », écrit dans les commentaires de l'App Store une utilisatrice de l'application.

« Parler en est encore à ses débuts, mais il va accueillir de plus en plus de conservateurs », prédit-elle. 

Devenus des espaces centraux du débat politique, Twitter et Facebook rencontrent de grandes difficultés pour faire l'arbitrage entre la modération de contenus manipulateurs et potentiellement nocifs d'un côté et l'expression d'opinions diverses et variées de l'autre.

Pour certains acteurs de la société civile, l'absence de garde-fous sur des sites comme Parler, où des messages à caractère racistes et antisémites ou des menaces de mort peuvent être diffusés librement, est problématique.

« Des géants comme Apple et Google ont une vraie responsabilité et devraient s'interroger sur ce qu'ils rendent possible en accueillant une application comme Parler sur leurs boutiques en ligne », lance Eric Naing, responsable des relations avec les médias pour l'association Muslim Advocates.

Impact limité

Pour Daniel Kreiss, la popularité grandissante de réseaux « alternatifs », à droite comme à gauche, est le signe d'une polarisation extrême sur internet, qui « n'est pas une bonne chose pour le discours civique. » 

Cette scission menace la tenue de conversations sereines sur des questions d'intérêt public, pourtant nécessaires au bon fonctionnement d'une démocratie.

« Dans la mesure où l'on diabolise l'autre camp, quel qu'il soit, cela devient plus difficile de considérer comme légitime le résultat des élections », regrette l’universitaire. « Cela rend nos crises communes plus difficile à résoudre ».

L'impact de ces réseaux reste néanmoins limité, estiment de nombreux spécialistes, qui soulignent que les grandes plateformes maintiennent leur hégémonie en ligne.

Facebook et Twitter possèdent des technologies bien plus avancées que celles de sites comme Parler, dont l'application semble rencontrer de multiples failles techniques, à en croire les commentaires de certains utilisateurs frustrés.

Par ailleurs, si de nombreux responsables conservateurs ont rejoint Parler, l'immense majorité continue d'utiliser Twitter.

« Ils ont besoin d'aller là où se trouve le grand public », explique Kreiss.


Inde: l'opposition fustige Modi et ses propos anti-musulmans

Le Premier ministre indien et chef du parti au pouvoir Bharatiya Janata (BJP), Narendra Modi (Photo, AFP).
Le Premier ministre indien et chef du parti au pouvoir Bharatiya Janata (BJP), Narendra Modi (Photo, AFP).
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  • M. Modi a offert au parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) deux victoires écrasantes en 2014 et 2019
  • Les analystes politiques l'ont donné vainqueur avant même les élections générales qui ont débuté le 19 avril

NEW DELHI: L'opposition indienne a accusé jeudi le Premier ministre Narendra Modi de tenir des propos stigmatisant les musulmans et alimentant, en plein processus électoral, les tensions sectaires dans la plus grande démocratie du monde, constitutionnellement laïque.

M. Modi déploie "son jeu habituel consistant à diviser les hindous et les musulmans", a déclaré jeudi P. Chidambaram, ancien ministre des Finances et membre influent du Congrès, principal parti d'opposition,

"Le monde observe et analyse les déclarations du Premier ministre indien, qui ne sont pas à la gloire de l'Inde", a-t-il ajouté.

M. Modi a offert au parti nationaliste hindou Bharatiya Janata (BJP) deux victoires écrasantes en 2014 et 2019 en jouant sur la fibre religieuse de l'électorat hindou.

Agé de 73 ans et encore très populaire dans l'ensemble du pays, le Premier ministre brigue un troisième mandat à la tête du pays.

Les analystes politiques l'ont donné vainqueur avant même les élections générales qui ont débuté le 19 avril et se déroulent en sept phases jusqu'au 1er juin.

M. Modi a présenté mardi sa candidature au siège de député de Varanasi (Bénarès), cité sacrée de l'hindouisme, dans l'Etat de l'Uttar Pradesh (nord), qu'il occupe depuis une décennie.

L'opposition et les défenseurs des droits accusent M. Modi de favoriser les hindous, majoritaires dans le pays, au détriment d'importantes minorités, dont 210 millions d'Indiens musulmans, inquiètes pour leur avenir.

M. Modi a récemment suscité l'indignation dans les rangs de l'opposition en accusant le Congrès de vouloir distribuer la "richesse nationale" aux "infiltrés", "à ceux qui ont le plus d'enfants", désignant ainsi la communauté musulmane.

L'opposition a saisi les autorités électorales qui n'ont pas sanctionné le Premier ministre. L'Inde est constitutionnellement laïque et son code électoral interdit toute campagne fondée sur des "sentiments communautaires".

Dans un entretien mardi sur la chaîne d'information continue News18, le chef du gouvernement s'est défendu d'alimenter et d'exploiter tout clivage entre hindous et musulmans.

Discrimination 

"Le jour où je commencerai à parler des hindous-musulmans sera celui où je perdrai ma capacité à mener une vie publique", a-t-il affirmé en hindi.

Le lendemain, en plein rassemblement électoral, Narendra Modi accusait le Congrès d'orchestrer un "jihad par le vote" pour que les musulmans se prononcent contre lui.

Au début de la semaine, Madhavi Latha, actrice et candidate du BJP à Hyderabad (sud), s'est autorisée, dans un bureau de vote, à vérifier que la carte électorale de musulmanes correspondait à leur identité, exigeant qu'elles ôtent leur voile.

La police de la ville a ouvert une enquête sur l'incident.

Au total, 968 millions d'Indiens sont appelés à élire les 543 membres de la chambre basse, soit plus que la population totale des Etats-Unis, de l'Union européenne et de la Russie réunis.


L'axe Pékin-Moscou, facteur de «stabilité» et de «paix» selon Xi et Poutine

Le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping assistent à un concert marquant le 75e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Russie et la Chine (Photo, AFP).
Le président russe Vladimir Poutine et le président chinois Xi Jinping assistent à un concert marquant le 75e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Russie et la Chine (Photo, AFP).
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  • Tout juste de retour d'une tournée en Europe, Xi Jinping y a défendu le droit de maintenir avec son voisin russe des liens économiques normaux
  • Vladimir Poutine est arrivé jeudi matin à Pékin pour une visite de deux jours, son premier voyage à l'étranger depuis sa réélection en mars et son deuxième en Chine en un peu plus de six mois

PEKIN: Xi Jinping et Vladimir Poutine ont défendu jeudi l'axe Pékin-Moscou comme un facteur de "stabilité" et de "paix" dans le monde, le dirigeant russe espérant un soutien accru de la Chine à sa guerre en Ukraine.

La relation Chine-Russie "est non seulement dans l'intérêt fondamental des deux pays et des deux peuples, mais elle est également propice à la paix", a estimé Xi Jinping, lors d'une rencontre avec son homologue à Pékin.

Et "la Chine est prête à travailler avec la Russie pour (...) soutenir l'équité et la justice dans le monde". "La relation Chine-Russie aujourd'hui a été durement acquise et les deux parties doivent la chérir et la nourrir", a-t-il ajouté.

Cette relation est "un facteur de stabilité sur la scène internationale", a assuré de son côté Vladimir Poutine, selon le Kremlin. Elle "n'est pas opportuniste et elle n'est dirigée contre personne".

"Ensemble, nous soutenons les principes de justice et un ordre démocratique mondial reflétant les réalités multipolaires et fondé sur la loi internationale", a-t-il déclaré.

Après leur entretien bilatéral, les deux hommes ont signé un communiqué commun pour approfondir le "partenariat stratégique global" sino-russe, selon l'agence officielle Chine nouvelle.

«Reconnaissant»

Vladimir Poutine est arrivé jeudi matin à Pékin pour une visite de deux jours, son premier voyage à l'étranger depuis sa réélection en mars et son deuxième en Chine en un peu plus de six mois.

Quelques heures plus tôt, il s'était félicité des avancées de l'armée russe en Ukraine.

Dans leur communiqué commun jeudi, Pékin et Moscou jugent "nécessaire" d'éviter toute décision contribuant "à la prolongation des hostilités et à une nouvelle escalade du conflit".

Une formulation qui semble viser Européens et Américains, la Chine et la Russie affirmant régulièrement que ce sont les livraisons d'armes occidentales à l'Ukraine qui font durer la guerre.

Le géant asiatique est une planche de salut économique cruciale pour la Russie, en proie aux lourdes sanctions occidentales.

Tout juste de retour d'une tournée en Europe, Xi Jinping y a défendu le droit de maintenir avec son voisin russe des liens économiques normaux. La Chine bénéficie notamment d'importations d'énergie russe bon marché.

S'exprimant devant la presse au côté de Xi Jinping, Vladimir Poutine s'est dit jeudi "reconnaissant" envers la Chine pour ses "initiatives" de paix dans la crise ukrainienne, selon les agences russes.

La Chine appelle régulièrement au respect de l'intégrité territoriale de tous les pays (sous-entendu Ukraine comprise) mais exhorte aussi à prendre en considération les préoccupations de sécurité de la Russie.

Ligne rouge 

"Les deux parties sont d'accord sur le fait qu'une solution politique à la crise en Ukraine est la voie à suivre", a déclaré M. Xi face à la presse.

"La Chine espère que la paix et la stabilité seront rapidement rétablies sur le continent européen et continuera à jouer un rôle constructif à cette fin", a-t-il promis.

Par ailleurs, Vladimir Poutine a jugé "nuisible" toute alliance politique et militaire "fermée" en Asie-Pacifique, où son partenaire chinois est en concurrence avec les Etats-Unis, qui coopèrent avec l'Australie et le Royaume-Uni pour contrer l'influence de Pékin.

Le président russe a également rencontré jeudi après-midi le Premier ministre Li Qiang, lequel a déclaré que Pékin souhaitait "continuer à approfondir la coopération dans divers domaines" avec Moscou.

Ces liens sino-russes étroits sont vus avec une suspicion croissante en Occident.

Washington a fixé une ligne rouge à Pékin - ne pas fournir directement d'armes à Moscou - et dit n'avoir à ce jour pas eu la preuve du contraire.

Mais les Etats-Unis estiment que le soutien économique chinois permet tout de même à la Russie de renforcer sa production de missiles, de drones et de chars.

Banques prudentes 

Les échanges commerciaux sino-russes ont explosé depuis l'invasion de l'Ukraine, dépassant les 220 milliards d'euros en 2023, selon les douanes chinoises.

Les exportations chinoises vers le voisin russe ont toutefois baissé en mars et en avril, après la menace de sanctions américaines.

Car un décret signé en décembre par le président américain Joe Biden autorise désormais des sanctions secondaires contre les banques étrangères liées à la machine de guerre russe. Le Trésor américain peut les exclure du système financier mondial, fondé sur le dollar.

Plusieurs banques chinoises ont ainsi interrompu ou réduit leurs transactions avec leurs clients russes, selon huit ressortissants des deux pays impliqués dans le commerce bilatéral.

La Chine cherche parallèlement à renouer ses liens avec les Etats-Unis et devrait limiter le renforcement de sa coopération avec la Russie, selon des analystes.

Moscou et Pékin ont toutefois signé jeudi plusieurs accords commerciaux.

Vendredi, Vladimir Poutine doit se rendre à Harbin (nord-est) pour visiter une foire dédiée au commerce et aux investissements.


Le Premier ministre slovaque dans un état stable mais toujours «très grave»

Le Premier ministre slovaque Robert Fico transporté d'un hélicoptère par des médecins et ses agents de sécurité à l'hôpital de Banska Bystrica, en Slovaquie, où il doit être soigné, le 15 mai 2024. (Photo de AFP)
Le Premier ministre slovaque Robert Fico transporté d'un hélicoptère par des médecins et ses agents de sécurité à l'hôpital de Banska Bystrica, en Slovaquie, où il doit être soigné, le 15 mai 2024. (Photo de AFP)
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  • Le dirigeant de 59 ans a subi mercredi «une opération de cinq heures», a précisé la directrice de l'établissement Miriam Lapunikova
  • Selon le vice-Premier ministre, il s'agit d'«une attaque politique» à laquelle il faudra «réagir en conséquence»

BANSCA BYSTRICA: Le Premier ministre slovaque Robert Fico se trouve jeudi matin dans un état stable mais toujours "très grave", après avoir été blessé par balle la veille, a déclaré le vice-Premier ministre Robert Kalinak.

"Cette nuit, les médecins ont réussi à stabiliser l'état du patient", a déclaré M. Kalinak, qui est également ministre de la Défense. "Malheureusement, l'état reste très grave, car ses blessures sont compliquées", a-t-il ajouté lors d'un point de presse devant l'hôpital Roosevelt de Banska Bystrica (centre).

Le dirigeant de 59 ans a subi mercredi "une opération de cinq heures", a précisé la directrice de l'établissement Miriam Lapunikova, confirmant qu'il est toujours dans un état "vraiment très grave" et va rester en soins intensifs.

Robert Fico a été touché par balle "plusieurs fois", selon sa page officielle Facebook, mercredi en début d'après-midi après une réunion de cabinet à Handlova, dans le centre de la Slovaquie. L'attentat a suscité une vive émotion dans le pays d'Europe centrale et une vague de condamnations internationales.

Selon M. Kalinak, il s'agit d'"une attaque politique" à laquelle il faudra "réagir en conséquence".

La police a arrêté l'assaillant présumé, un homme de 71 ans identifié par les médias slovaques comme un écrivain local. Aucune information n'a été donnée à ce stade sur ses motivations.