Les contrôleurs de la SNCF en grève tout le week-end, 60% des TGV annulés

Les presque 10 000 chefs de bord de la SNCF, dont près de 3 000 travaillent sur les TGV et Intercités, ont une fonction essentielle en matière de sécurité de la circulation et des voyageurs (Photo, AFP).
Les presque 10 000 chefs de bord de la SNCF, dont près de 3 000 travaillent sur les TGV et Intercités, ont une fonction essentielle en matière de sécurité de la circulation et des voyageurs (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 03 décembre 2022

Les contrôleurs de la SNCF en grève tout le week-end, 60% des TGV annulés

  • Vendredi soir, la direction de la SNCF a indiqué que «de nouvelles rencontres» étaient «prévues la semaine prochaine»
  • De leur côté, les syndicats SUD Rail et CFDT ont évoqué une «réouverture des négociations»

PARIS: Week-end compliqué dans les gares françaises: une grève lancée par un collectif de contrôleurs a contraint la SNCF à annuler 60% de ses TGV et Intercités de vendredi à dimanche, et laisse craindre de nouvelles perturbations lors des fêtes de fin d'année.

Vendredi soir, la direction de la SNCF a indiqué que "de nouvelles rencontres" étaient "prévues la semaine prochaine, dans le cadre du dialogue engagé depuis des semaines avec les organisations syndicales au sujet des chefs de bord".

De leur côté, les syndicats SUD Rail et CFDT ont évoqué une "réouverture des négociations", annonçant une "table ronde spécifique le jeudi 8 décembre", dans un communiqué.

"Cela ne change rien à la grève du week-end", a toutefois précisé Erik Meyer, secrétaire fédéral de SUD Rail.

Les contrôleurs – officiellement appelés chefs de bord à la SNCF – ont décidé de cesser le travail pendant tout le week-end, avec une "reprise progressive" envisagée lundi, pour réclamer une meilleure reconnaissance de leur statut. L'axe Atlantique est particulièrement touché, avec seulement 1 TGV sur 4, comme pour les Ouigo.

"Au total, on est plus de 80% à être en grève", a assuré vendredi Nicolas Limon, un des six membres fondateurs du Collectif national ASCT (CNA), lancé en septembre sur Facebook en dehors de tout cadre syndical et qui compte aujourd'hui près de 3 000 membres.

Selon une source proche de la direction, 42% des chefs de bord étaient en grève vendredi, un chiffre qui devrait monter dans le week-end.

Les syndicats (Unsa-Ferroviaire, SUD-Rail, CFDT-Cheminots et FO-Cheminots) ont tous apporté leur appui au mouvement, à l'exception de la CGT-Cheminots.

«Surpris par le mouvement»

Les presque 10 000 chefs de bord de la SNCF, dont près de 3 000 travaillent sur les TGV et Intercités, ont une fonction essentielle en matière de sécurité de la circulation et des voyageurs. Sans eux, les trains ne peuvent pas circuler.

"La direction n'a pas pris la mesure de la grogne", a assuré Rénald Szpitalnik, élu SUD-Rail et contrôleur dans le TGV Paris-Milan.

Le collectif a été reçu à deux reprises par la direction, mais sans avancées concrètes, avant de mettre sa menace de grève à exécution.

"Ce mouvement s'amplifie depuis des mois et des mois, il part de la base", a expliqué Delphine Ledieu, experte fédérale Unsa-Ferroviaire

"C'est une grève qu'on n'a pas vue arriver, ni nous ni les syndicats", a reconnu jeudi le PDG de la SNCF Jean-Pierre Farandou, lors d'une conférence organisée par le magazine Challenges.

"On n'est pas considérés comme des personnels roulants alors qu'on travaille trois week-ends par mois et qu'on ne dort pas chez nous dix soirs dans le mois", explique Nicolas Limon.

Avec le CNA, il réclame l'intégration de diverses primes au salaire de base afin qu'elles soient prises en compte dans le calcul de la retraite.

Ces primes indexées sur l'activité ne sont donc pas versées en cas d'arrêt maladie ou lors des congés, dénonce aussi le cheminot.

Réponses insatisfaisantes

La direction de SNCF Voyageurs dit avoir proposé "une augmentation de la prime de travail de 600 euros par an pour tous les chefs de bord", une intégration "partielle" de celle-ci "au salaire fixe en 2024", "l'accélération de la progression de la rémunération" et "le passage à deux chefs de bord par rame pour tous les TGV Inoui d'ici trois ans".

Des propositions qui n'ont pas calmé la mobilisation. "On n'est pas des révolutionnaires, mais il nous faut du concret", assure Nicolas Limon.

"Les mesures annoncées sur un certain nombre de points vont dans le bon sens", tempèrent dans un communiqué SUD-Rail et la CFDT Cheminots, mais "les réponses concernant la reconnaissance du métier et sa valorisation", ainsi que les propositions "sur le déroulement de carrière n’ont pas été jugées satisfaisantes".

Les syndicats, en soutien du collectif, ont déposé un préavis de grève pour les week-ends de Noël et du Nouvel An afin de mettre la pression sur la SNCF mais "on fera le maximum pour qu'il n'y ait pas de grève à Noël", a promis M. Limon.

Cette mobilisation survient à la veille du début des négociations annuelles obligatoires, qui doivent s'engager mercredi au niveau du groupe SNCF. La CGT, SUD-Rail et CFDT ont appelé à une "grève unitaire" ce jour-là.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.