L'Arménie obtient un délai pour se retirer d'une région voisine du Nagorny Karabakh

Le premier retrait des forces arméniennes a été reporté au 25 novembre après une demande d'Erevan (Photo, AFP)
Le premier retrait des forces arméniennes a été reporté au 25 novembre après une demande d'Erevan (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 16 novembre 2020

L'Arménie obtient un délai pour se retirer d'une région voisine du Nagorny Karabakh

  • Nikol Pachinian fait face depuis la défaite arménienne à une contestation dans son pays, où l'opposition le qualifie de « traître »
  • « L'Azerbaïdjan a donné son accord pour reporter au 25 novembre la date limite du retrait des forces armées arméniennes et des colons arméniens illégaux de Kalbajar »

KALBAJAR : L'Arménie a obtenu 10 jours supplémentaires pour évacuer le district de Kalbajar, avoisinant la région du Nagorny Karabakh, qui devait être remis dimanche à l'Azerbaïdjan, après sa victoire dans un conflit meurtrier.

Ce premier retrait des forces arméniennes à la faveur de l'accord de fin des hostilités du début de semaine parrainé par la Russie, a été reporté au 25 novembre après une demande d'Erevan, relayée par Vladimir Poutine.

« L'Azerbaïdjan a donné son accord pour reporter au 25 novembre la date limite du retrait des forces armées arméniennes et des colons arméniens illégaux de Kalbajar », a indiqué un représentant de la présidence azerbaïdjanaise, Hikmet Hajiyev, qualifiant cette décision d' « humanitaire ».

Le calendrier de retrait de deux autres districts -- Agdam le 20 novembre et Latchin le 1er décembre -- reste inchangé, a-t-il ajouté.

Ces régions appartenaient au glacis protecteur formé par les forces arméniennes à l'issue de la guerre des années 1990 autour du Nagorny Karabakh, région séparatiste d'Azerbaïdjan à majorité arménienne, à proprement parler.

La perspective d'un retour azerbaïdjanais a provoqué un exode de la population de Kalbajar. Nombreux sont ceux à avoir incendié leurs maisons pour ne pas que des Azerbaïdjanais les habitent. Tout ce qui a pu être emporté l'a été, portes et fenêtres, de même que les énormes transformateurs des stations hydro-électriques. 

Dimanche, la route traversant la région et menant à l'Arménie restait donc ouverte et sous contrôle arménien, mais bien moins fréquentée que ces derniers jours, lorsque la population fuyait l'arrivée attendue des forces azerbaïdjanaises.

Chiens errants

Le village de Charektar, où des dizaines de maisons ont été incendiées par leurs propriétaires sur le départ, ressemblait à un village fantôme, abandonné aux chiens errants. Devant les habitations noircies par les flammes, leur toiture effondrée, le sol est jonché de détritus, objets sans valeur ou vieux meubles qui n'ont pas pu être déménagés.

A la fin de la guerre des années 1990, c’était à l'inverse la totalité de la population azerbaïdjanaise qui avait fui le district. L'Arménie avait ensuite encouragé sa repopulation par des Arméniens.

L'accord de fin des hostilités prévoit en outre la présence de quelque 2.000 forces de maintien de la paix russes dans un Nagorny Karabakh amoindri et affaibli.

En partie défigurée par les roquettes, sa capitale Stepanakert s'est vidée de ses habitants au cours des six semaines de guerre. Les autorités locales ont appelé les habitants à rentrer et organisé un service de navettes depuis l'Arménie.

En attendant le déploiement complet des forces russes, et la réouverture du corridor de Latchin, qui relie l'Arménie à l'enclave, la seule voie d'accès au Nagorny Karabakh est la route passant par le district de Kalbajar.

Collecte des cadavres

Le long de cette même route, des soldats russes ont pris position depuis samedi dans et autour du vieux monastère de Dadivank, dont Erevan a dit craindre qu'il ne soit dégradé ou profané par les forces azerbaïdjanaises.

Un poste en surveillait les accès dimanche. Un véhicule blindé stationne dans sa cour, Un drapeau russe flotte sur la grille d'entrée. Après la forte affluence de ces derniers jours, ils ne sont qu'une poignée de visiteurs ce dimanche à être venus prier ou déposer des cierges, alors que tous les objets liturgiques ont été enlevés pour être mis à l'abri.

Trois prêtres arméniens sont là, en soutane, dont le Père Hovhannes, qui dirige l'endroit. « La garde du monastère a été confiée aux soldats russes. Il reste à l'Eglise apostolique arménienne. Les autorités arméniennes vont garder le contrôle du monastère et de ses environs, les Arméniens pourront continuer à venir prier ici », a affirmé le prêlat.

Le président azerbaïdjanais Ilham Aliev a assuré à Vladimir Poutine que les églises revenant sous son contrôle seront « protégées par l'Etat » et ouvertes aux chrétiens, selon le Kremlin.

Dans une conversation séparée entre M. Poutine et le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, les deux hommes ont souligné « l'importance de maintenir la stabilité » autour de la situation au Nagorny Karabakh.

Nikol Pachinian fait face depuis la défaite arménienne à une contestation dans son pays, où l'opposition le qualifie de « traître ».

Un dirigeant d'opposition, arrêté sous l'accusation d'avoir fomenté un complot pour assassiner le Premier ministre et prendre le pouvoir, a été libéré dimanche soir, selon ses avocats.

Dirigeant du parti d'opposition « Patrie » (centre-droit), Artour Vanetsian, ancien chef des services de sécurité, avait été arrêté samedi. Mais un tribunal d'Erevan a statué que sa détention n'avait pas de base juridique valide. 

L'Arménie a reconnu avoir perdu 2.317 soldats dans le conflit. L'Azerbaïdjan pour sa part ne communique pas ses pertes militaires.

Le processus d'évacuation des corps autour de la ville de Choucha, voisine de Stepanakert mais sous contrôle azerbaïdjanais, se poursuivait par le CICR, sous la protection des soldats russes.

Des proches venaient collecter les dépouilles à la morgue de la capitale locale, où l'on procède à leur identification.

« Je suis venu chercher le corps de mon neveu, tué à Chouchi. Son alliance était toujours à son doigt, apparemment les corps laissés sur le champ de bataille n'ont pas été profanés », a raconté un homme d'une cinquantaine d'années.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.