Manifestation réprimée dans le sang au Tchad: Prison ferme pour 262 opposants

Ce procès de masse s'est déroulé dans le bagne de Koro Toro à 600 km au nord-est de la capitale, une procédure de dépaysement «illégale» selon les avocats qui ont décidé de ne pas s'y rendre (Photo, AFP).
Ce procès de masse s'est déroulé dans le bagne de Koro Toro à 600 km au nord-est de la capitale, une procédure de dépaysement «illégale» selon les avocats qui ont décidé de ne pas s'y rendre (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 06 décembre 2022

Manifestation réprimée dans le sang au Tchad: Prison ferme pour 262 opposants

  • Sur un total de 401 personnes jugées, 80 – de jeunes manifestants pour l'essentiel – ont écopé de un à deux ans d'emprisonnement avec sursis, et 59 ont été relaxées
  • Ce procès de masse s'est déroulé dans le bagne de Koro Toro à 600 km au nord-est de la capitale, une procédure de dépaysement «illégale» selon les avocats

N'DJAMENA: Un tribunal dans une prison de haute sécurité en plein désert au Tchad a infligé 2 à 3 ans de prison ferme à 262 personnes arrêtées lors d'une manifestation contre le pouvoir, réprimée dans un bain de sang en octobre, à l'issue d'un procès de masse à huis clos sans avocats et sans médias indépendants.

Sur un total de 401 personnes jugées, 80 – de jeunes manifestants pour l'essentiel – ont écopé de un à deux ans d'emprisonnement avec sursis, et 59 ont été relaxées, a précisé lundi à la presse le procureur de la République de N'Djamena, Moussa Wade Djibrine.

Le procès a duré quatre jours et s'est achevé vendredi mais la télévision d'Etat ayant eu seule le droit d'y assister, en l'absence de tout autre média, le procureur n'a rendu public le jugement que trois jours plus tard, à son retour lundi dans la capitale.

Le 20 octobre 2022, une cinquantaine de personnes – de jeunes manifestants tués par balles pour l'immense majorité – avaient péri, essentiellement à N'Djamena quand les forces de l'ordre avaient ouvert le feu sur la moindre tentative de rassemblement.

Elles avaient répondu à l'appel de l'opposition contre la prolongation de deux ans au pouvoir du général Mahamat Idriss Déby Itno. Celui-ci avait été proclamé chef de l'Etat par les militaires le 20 avril 2021 à l'annonce de la mort de son père, le président Idriss Déby Itno, tué au front par des rebelles après avoir dirigé d'une main de fer le Tchad 30 années durant.

Procès de masse

Le pouvoir avait reconnu l'arrestation de 601 personnes pour la seule ville de N'Djamena – dont 83 mineurs – et leur transfert dans la prison de haute sécurité de Koro Toro. Le président de transition Mahamat Déby les avait accusés d'avoir voulu mener une "insurrection" et une tentative de "coup d'Etat".

Les personnes condamnées vendredi ont été reconnues coupables notamment "d'attroupement non autorisé, destruction de biens, incendie volontaire, violence et voies de fait et trouble à l'ordre public", selon le procureur.

Ce procès de masse s'est déroulé dans le bagne de Koro Toro à 600 km au nord-est de la capitale, une procédure de dépaysement "illégale" selon les avocats qui ont décidé de ne pas s'y rendre.

Joint par l'AFP, le directeur de Human Rights Watch pour l'Afrique centrale, Lewis Mudge, s'est également dit "préoccupé" par la situation de 80 mineurs détenus préventivement pendant un mois et demi dans cette prison, en plein désert, et à 600 km de leurs familles. Ils ont été rapatrié à N'Djamena mais demeureront détenus dans une prison de la capitale avant de comparaître devant des juges pour enfants, a annoncé le procureur lundi.

Amnesty International avait dénoncé vendredi "un procès à huis clos qui soulève de sérieuses inquiétudes concernant le respect du droit à un procès équitable (...) du droit de préparer sa défense (...) du droit à un procès public (...) et du droit à l'information" du public, "droits consacrés par la Charte africaine des droits de l'Homme et des peuples, à laquelle le Tchad est partie" prenante.

«Recours excessif à la violence»

L'ordre des avocats s'était mis en grève sur tout le territoire avant l'ouverture et pour la durée du procès, dénonçant l'"arbitraire et l'injustice" d'une "parodie de procès". Il a annoncé lundi une reprise des plaidoiries à partir de mardi et l'intention des avocats concernés de faire appel des jugements de Koro Toro.

Sur les quelque 600 personnes arrêtées pendant et après la manifestation à N'Djamena, les cas de plus de 200 sont encore sous le coup d'une enquête menée par des juges d'instruction.

Après les manifestations sanglantes, l'opposition – dont les principaux leaders sont aujourd'hui cachés ou en exil –, des ONG locales et internationales, ainsi qu'une partie de la communauté internationale, Union européenne (UE) et Union africaine (UA) en tête, avaient fermement condamné un recours excessif à la violence "contre les civils".

Lundi, le gouvernement a annoncé la levée de l'état d'urgence décrété à N'Djamena et quelques autres villes le soir du 20 octobre.

Le 20 avril 2021, Mahamat Déby, jeune général de 37 ans, avait été proclamé président de la République à la tête d'une junte de 15 généraux, et avait promis de remettre le pouvoir aux civils par des élections après une "transition" de 18 mois.

Mais, à ce terme, il a prolongé sa présidence sur recommandation d'un "Dialogue de réconciliation nationale" boycotté par la grande majorité de l'opposition politique et de plusieurs groupes rebelles armés parmi les plus importants.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.