Menaces sur les fêtes de fin d'année, semaine de négociations à haut risque à la SNCF

SNCF Voyageurs prévoit des annulations sur certains TGV ou Intercités, en particulier sur l'axe TGV Paris–Lyon ainsi que pour les TGV au sud de Bordeaux (Photo, AFP).
SNCF Voyageurs prévoit des annulations sur certains TGV ou Intercités, en particulier sur l'axe TGV Paris–Lyon ainsi que pour les TGV au sud de Bordeaux (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 06 décembre 2022

Menaces sur les fêtes de fin d'année, semaine de négociations à haut risque à la SNCF

  • La SNCF se prépare déjà à une nouvelle journée de mobilisation mercredi
  • Cette fois, l'ensemble des personnels du groupe public sont appelés à cesser le travail par la CGT-Cheminots, SUD-Rail et la CFDT-Cheminots

PARIS: Une semaine de négociations décisive s'ouvre à la SNCF avec des discussions sur les salaires et, en ligne de mire, les fêtes de fin d'année, menacées par plusieurs préavis de grève.

Après une grève massive des chefs de bord – la dénomination officielle des contrôleurs – et l'annulation de 60% des TGV et Intercités ce week-end, la SNCF se prépare déjà à une nouvelle journée de mobilisation mercredi.

Cette fois, l'ensemble des personnels du groupe public sont appelés à cesser le travail par la CGT-Cheminots, SUD-Rail et la CFDT-Cheminots, afin de peser sur les négociations annuelles obligatoires (NAO) qui s'ouvrent ce jour-là.

Selon les premières prévisions publiées lundi soir, le conflit affectera surtout les TER dans plusieurs régions (Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-Franche-Comté, Grand Est, Occitanie et PACA) et certaines lignes en Ile-de-France (C, D, E et N).

SNCF Voyageurs prévoit aussi des annulations sur certains TGV ou Intercités, en particulier sur l'axe TGV Paris–Lyon ainsi que pour les TGV au sud de Bordeaux.

L'enjeu des négociations: la revalorisation des salaires pour l'année 2023 alors que l'inflation a encore atteint 6,2% sur un an en novembre et que le groupe public fait face à l'explosion des coûts de l'énergie, tout en se voyant contraint de limiter la hausse du prix des billets.

"La SNCF va annoncer, en cette fin d'année, des résultats records", avance SUD-Rail qui appelle à une augmentation substantielle des salaires.

Au premier semestre, la SNCF a annoncé un bénéfice net de 928 millions d'euros, contre une perte de 780 millions sur la même période en 2021.

SUD-Rail demande donc 400 euros brut mensuel en plus pour tous, quand l'Unsa souhaite une hausse de 5% des salaires.

Ces négociations interviennent dans une période tendue à l'approche des fêtes de fin d'année avec le conflit des contrôleurs qui fait déjà peser la menace d'une grève sur le week-end de Noël et celui du nouvel an.

Le collectif à l'origine du mouvement de colère sera reçu par la direction jeudi avec les syndicats Unsa, SUD-Rail et CFDT.

Contrôleurs et aiguilleurs

"On y va dans l'esprit de trouver des solutions", a indiqué Nicolas Limon, l'un des fondateurs du Collectif national ASCT (CNA), qui réunit près de 3 000 contrôleurs sur une page Facebook dédiée. "Notre ligne de mire, c'est bien de lever les préavis", a-t-il rassuré.

"On ne fera pas les difficiles, mais on veut des choses sérieuses et pas d'enfumage", insiste M. Limon, qui juge prioritaires la prise en compte des primes des chefs de bord dans le calcul de la retraite et un déroulement de carrière plus rapide et moins "opaque".

Pour l'instant, la direction a proposé une augmentation de la prime travail de 600 euros par an, "ce qui équivaut à environ 40 euros nets mensuels" et est jugé insuffisant, d'après le secrétaire général de l'Unsa-Ferroviaire, Didier Mathis.

M. Mathis se veut malgré tout optimiste sur une issue possible au conflit: "L'affaire est plutôt bien engagée", avance-t-il.

Mais les contrôleurs ne sont pas les seuls à agiter la menace d'une grève en fin d'année. Les aiguilleurs ont déposé un préavis du 15 au 19 décembre, premier week-end des vacances.

"On est dans un schéma d'échec du dialogue social", s'agace Erik Meyer, secrétaire fédéral SUD-Rail. "On avait eu une première séquence avec une menace de grève le 25 mai. Elle avait été levée car la boîte s'était engagée à mettre des choses en place, mais elle n'a pas tenu ses engagements", explique-t-il.

Les aiguilleurs se plaignent d'un sous-effectif chronique et d'une rémunération trop faible par rapport à leurs responsabilités.

Ils doivent être reçus vendredi par la direction pour là aussi trouver un terrain d'entente et éviter une grève pendant les vacances.

"Entre le sous-effectif à SNCF Réseau (dont dépendent les aiguilleurs, ndlr), l'inflation et la réforme des retraites qui arrive, tout mis bout à bout, la situation commence à être tendue socialement", déplore Didier Mathis.

L'année dernière, une grève avait déjà perturbé le vendredi des départs en vacances de Noël sur l'axe TGV Sud-Est avant qu'elle ne soit levée au dernier moment pour le reste du week-end grâce à l'octroi d'une prime pour les conducteurs et contrôleurs.


La cour d'assises de Paris se dit bien compétente pour juger un ex-rebelle salafiste syrien

La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
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  • Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie
  • La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre

PARIS: La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre.

La défense de Majdi Nema, un ancien membre du groupe salafiste syrien Jaysh al-Islam (JAI, Armée de l'islam) arrêté en France en 2020, a contesté mardi, au premier jour du procès, le principe de compétence universelle permettant à la justice française de juger un étranger pour des crimes commis à l'étranger sur des étrangers.

Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie.

La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre.

Cet homme de 36 ans comparaît pour complicité de crimes de guerre, soupçonné notamment d'avoir aidé à enrôler et à former à l'action armée des mineurs, et pour entente en vue de la préparation de crimes de guerre, des faits pour lesquels il encourt 20 ans de réclusion criminelle.

Il conteste les accusations, affirmant n'avoir eu qu'un "rôle limité" dans JAI, un groupe prônant la charia et qui combattait le régime syrien, qu'il dit avoir quitté en 2016.

Alors qu'une plainte avait été déposée en France contre JAI en 2019, il avait été arrêté en janvier 2020 à Marseille, où il se trouvait pour un séjour d'études de quelques mois. Il avait été mis en examen et écroué par un juge du pôle crimes contre l'humanité du tribunal de Paris.


Proportionnelle: Bayrou consulte mais les avis divergent

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  • Le Premier ministre recevra chacun des chefs de partis et des présidents de groupes parlementaires représentés à l'Assemblée nationale, suivant un ordre lié à leur importance numérique
  • François Bayrou défend un scrutin à la proportionnelle intégrale, dans tous les départements, pour les élections législatives, alors que depuis l'instauration de la Ve République, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours

PARIS: François Bayrou entame mercredi avec le Rassemblement national une série de consultations des forces politiques sur la proportionnelle, que lui-même réclame depuis longtemps mais sur laquelle les désaccords restent nombreux.

Le Premier ministre recevra chacun des chefs de partis et des présidents de groupes parlementaires représentés à l'Assemblée nationale, suivant un ordre lié à leur importance numérique.

La cheffe de file des députés RN Marine Le Pen, qui forment le groupe le plus important à l'Assemblée, et le président du parti à la flamme Jordan Bardella seront ainsi reçus en premier à 10H00.

Suivra un entretien jeudi 1er mai à 17H00 avec le président du groupe macroniste et du parti Renaissance Gabriel Attal. Il sera accompagné par le député Pierre Cazeneuve, qui a mené une analyse comparative des différents modes de scrutin.

François Bayrou défend un scrutin à la proportionnelle intégrale, dans tous les départements, pour les élections législatives, alors que depuis l'instauration de la Ve République - à l'exception des législatives de 1986 -, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.

Le RN réclame lui aussi la proportionnelle, mais avec une prime majoritaire pour la liste arrivée en tête. "La tripolarisation de la vie politique entraîne une absence de majorité", a soutenu mardi Mme Le Pen, qui "n'imagine pas que le Premier ministre (...) puisse reculer sur ce sujet".

"Moins pire" 

En discutant de cette revendication commune avec le RN, François Bayrou espère sans doute faire baisser la tension avec l'extrême droite, qui fait planer la menace d'une motion de censure contre son gouvernement.

Le RN dénonce l'absence de perspectives législatives sur la proportionnelle, sur l'immigration ainsi que sur la feuille de route énergétique (programmation pluriannuelle de l'énergie, PPE). François Bayrou l'a à cet égard ménagé lundi en reportant la date de publication d'un décret sur la PPE.

Mais le Premier ministre n'est pas assuré d'avoir cette fois le soutien des macronistes, traversés par moult "interrogations", selon Pierre Cazeneuve.

En 2018, le président Emmanuel Macron avait souhaité l'instauration d'un système mixte avec 15% des députés élus à la proportionnelle, puis la réforme avait été abandonnée.

Or les députés Renaissance considèrent désormais que le mode de scrutin actuel est "le moins pire", car la "distorsion" entre le nombre de voix et le nombre de députés "n'existe plus" dans l'Assemblée actuelle, et ce changement n'est "pas forcément une priorité" pour les Français au vu du nouveau contexte international, a expliqué M. Cazeneuve lors d'un point presse.

Cumul des mandats 

Gabriel Attal et Pierre Cazeneuve entendent jeudi élargir le débat à la question de "l'efficacité de l'action publique", en reparlant de la réduction du nombre de parlementaires et de la "simplification du millefeuille administratif".

Mais ils jugent "délétère" de proposer la proportionnelle en échange du cumul des mandats, soutenu avec force par François Bayrou.

Le président du parti Horizons Edouard Philippe défend pour sa part le scrutin majoritaire, qui "impose un lien entre un député et les électeurs d'un territoire". Il pourrait soutenir la proportionnelle "si était rétablie la possibilité de cumuler un mandat exécutif local et le mandat parlementaire".

Les indépendants du groupe Liot sont "plutôt largement très défavorables" à réformer le mode de scrutin, selon son président Laurent Panifous.

A droite, Les Républicains (LR) y sont fermement opposés, comme l'a rappelé Laurent Wauquiez.

"La proportionnelle aboutira à ce qu'on va institutionnaliser le chaos politique qu'on connaît en ce moment", a tonné le patron de la droite dimanche, avant de critiquer mardi la "hiérarchie des priorités" du gouvernement dans un pays "qui est ruiné" et "où il y a une telle explosion de l'insécurité et de l'immigration", au vu des "menaces" sur le plan international.

Le gouvernement souhaite pouvoir légiférer à ce sujet "avant la fin de la session parlementaire si le débat est mûr", a précisé mercredi sa porte-parole LR Sophie Primas.

D'autres partis, notamment à gauche, souhaitent une évolution du mode de scrutin.

Mais le PS est divisé. L'ancien président François Hollande est pour, tandis que son Premier secrétaire Olivier Faure est contre à titre personnel.

Le député PS Emmanuel Grégoire a rappelé mardi que "derrière ce mot un peu vague de proportionnelle, se cache une subtilité immense, immense, de déclinaisons pratiques".


Assemblée: la gauche s'insurge contre le refus d'une minute de silence pour la victime de la mosquée du Gard

La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard
  • Le parti de gauche a annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI

PARIS: La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard.

La France insoumise, qui appelle à une "mobilisation nationale contre l'islamophobie" le dimanche 11 mai, a demandé à la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qu'une minute de silence soit observée mardi en ouverture de la séance des questions au gouvernement.

Le parti de gauche a toutefois annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI (Seine-Saint-Denis).

La question a été soulevée en conférence des présidents, mais n'a pas recueilli de majorité de voix selon une source parlementaire, qui souligne que cette instance a décidé fin janvier "de ne plus faire de minutes de silence pour des cas individuels".

"On n'est pas sur un cas individuel, on est sur un meurtre islamophobe, sur un climat islamophobe dans le pays, et ne pas rendre hommage à Aboubakar Cissé est une très grave faute politique", a déploré le député LFI Thomas Portes.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, s'est dit sur X "scandalisé par le refus de Yaël Braun-Pivet d'accorder une minute de silence en hommage à Aboubakar Cissé". "Cet hommage républicain doit être rendu dans l'hémicycle", a abondé sur le même réseau social le patron des députés PS Boris Vallaud.

Benjamin Lucas, porte-parole du groupe écologiste, a lui-aussi regretté l'absence de cette minute de silence qui "aurait été un bon signal" envers "nos compatriotes musulmans qui sont insultés, injuriés en permanence".

Une décision également "vivement regrettée" par Stéphane Peu, chef du groupe communiste à l'Assemblée nationale. Son groupe posera mardi après-midi une question au gouvernement sur le meurtre d'Aboubakar Cissé.

Réunis autour de membres de la famille d'Aboubakar Cissé, mardi à l'Assemblée nationale, plusieurs leaders de gauche dont Olivier Faure et l'écologiste Marine Tondelier, ont insisté pour que cette minute de silence puisse avoir lieu.