Les relations UE-Balkans en quête d'un nouvel élan face à Moscou

Le président du Conseil européen Charles Michel lors d'une mini-session plénière au siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 9 novembre 2022.(Photo, AFP)
Le président du Conseil européen Charles Michel lors d'une mini-session plénière au siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 9 novembre 2022.(Photo, AFP)
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Publié le Mardi 06 décembre 2022

Les relations UE-Balkans en quête d'un nouvel élan face à Moscou

Le président du Conseil européen Charles Michel lors d'une mini-session plénière au siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 9 novembre 2022.(Photo, AFP)
  • «L'avenir de nos enfants sera plus sûr et plus prospère avec les Balkans occidentaux à l'intérieur de l'UE, et nous travaillons dur à faire des progrès», a déclaré le président du Conseil européen Charles Michel
  • L'UE réclame des Etats des Balkans qu'ils alignent leur politique de visas sur la sienne. Sous la pression européenne, le président serbe Aleksandar Vucic a récemment annoncé la fin de la dispense de visas pour les Tunisiens et les Burundais

TIRANA: Les dirigeants des pays de l'Union européenne ont affiché mardi à Tirana leur volonté de revigorer leurs relations avec les Balkans occidentaux, jugées encore plus cruciales en raison de la guerre en Ukraine.

"L'avenir de nos enfants sera plus sûr et plus prospère avec les Balkans occidentaux à l'intérieur de l'UE, et nous travaillons dur à faire des progrès", a déclaré le président du Conseil européen Charles Michel en arrivant à ce sommet, le premier de ce type à se dérouler dans un Etat de la région.

Sous le soleil de la capitale albanaise, les leaders ont posé pour l'habituelle photo de famille devant des spectacles de danses traditionnelles et sur un air de la Traviata.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a souligné que les processus d'adhésion de ces pays avaient récemment connu "un nouvel élan".

L'UE va d'ailleurs "reconfirmer son engagement entier et sans équivoque à la perspective d'adhésion des Balkans occidentaux et appeler à l'accélération des négociations", selon le projet de déclaration finale.

Ces pays, coincés dans l'antichambre de l'Union européenne depuis des années, ont souvent exprimé leur frustration face à la longueur du processus d'intégration, récemment encore en voyant l'UE accorder rapidement le statut de candidat à l'Ukraine et à la Moldavie.

Mais la guerre en Ukraine a aussi souligné l'importance pour les Européens de stabiliser cette région fragile du sud-est de l'Europe, d'y contrer l'influence de Moscou.

"La Russie tente de prendre de l'influence, la Chine tente de prendre de l'influence. Nous sommes le plus grand investisseur, le partenaire le plus proche, c'est pourquoi la discussion porte justement sur ce point : vous devez décider de quel côté vous êtes. Du côté de la démocratie ? C'est l'Union européenne, vos amis et partenaires", a encore dit la cheffe de l'exécutif européen.

Alignement sur les sanctions

En juillet, l'UE a finalement ouvert des négociations d'adhésion avec la Macédoine du Nord et l'Albanie (candidates respectivement depuis 2005 et 2014). Ces pourparlers sont aussi en cours depuis plusieurs années avec le Monténégro et la Serbie.

En octobre, la Commission a recommandé d'octroyer le statut de candidat à la Bosnie-Herzégovine, une décision qui reviendra au Conseil européen des 15-16 décembre.

Côté Kosovo, la présidente Vjosa Osmani a appelé l'UE à "passer des paroles aux actes" en permettant à ses concitoyens de voyager sans visa dans le bloc.

Elle a répété que le Kosovo déposerait une demande officielle d'adhésion avant la fin de l'année. Mais sa candidature fait face à des obstacles majeurs : comme la Serbie, cinq Etats membres de l'UE (Espagne, Grèce, Chypre, Roumanie, Slovaquie) refusent de reconnaître l'indépendance de cette ex-province serbe.

Pour aider ces pays à faire face à la crise énergétique, l'UE va confirmer un paquet d'un milliard d'euros de subventions. Elles doivent permettre d'attirer des investissements publics et privés et de mobiliser au total au moins 2,5 milliards d'euros.

Un accord a aussi été signé avec les opérateurs télécoms  pour réduire les frais d'itinérance (roaming) avec l'Union européenne en octobre 2023, en vue de les éliminer progressivement d'ici à 2027.

L'accent est aussi mis sur la coopération en matière de sécurité, et notamment de cybersécurité, face aux cyberattaques qu'ont subies ces pays.

Autre priorité, la lutte contre l'immigration irrégulière :  la route des Balkans constitue le principal itinéraire migratoire vers l'UE.

Le nombre des arrivées par cette voie sur les dix premiers mois de l'année a augmenté de près de 170% par rapport à 2021, ce qui a poussé la Commission à présenter un plan d'action lundi, proposant notamment le déploiement de l'agence Frontex dans ces pays pour les aider à contrôler leurs frontières.

L'UE réclame des Etats des Balkans qu'ils alignent leur politique de visas sur la sienne. Sous la pression européenne, le président serbe Aleksandar Vucic a récemment annoncé la fin de la dispense de visas pour les Tunisiens et les Burundais.

L'UE demande aussi à Belgrade, qui maintient des liens étroits avec la Russie, de s'aligner sur sa politique de sanctions en réaction à la guerre en Ukraine.

Par ailleurs, Josep Borrell a fait savoir qu'une nouvelle proposition avait été soumise par l'UE lundi à Belgrade et Pristina pour tenter d'aller vers une normalisation de leurs relations.


La flottille pour Gaza quitte la Tunisie, direction le territoire palestinien

Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire. (AFP)
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  • Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place
  • Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser"

BIZERTE: Après plusieurs reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté lundi la Tunisie pour mettre le cap sur le territoire palestinien assiégé par Israël, dans le but de "briser le blocus israélien" et d'ouvrir un "corridor" humanitaire.

"Nous essayons d'envoyer un message à la population de Gaza, (de lui dire) que le monde ne l'a pas oubliée", a dit à l'AFP la militante écologiste suédoise Greta Thunberg avant d'embarquer dans le port de Bizerte, dans le nord de la Tunisie.

"Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n'avons pas d'autre choix que de prendre les choses en main", a-t-elle ajouté.

Une vingtaine de bateaux venus de Barcelone (Espagne) ont quitté Bizerte, les derniers étant partis à l'aube lundi, selon un photographe de l'AFP sur place.

Yasemin Acar, du comité de coordination de la partie maghrébine de la flottille, a posté sur Instagram des images de bateaux tunisiens prenant aussi la mer ces dernières heures, avec le message "le blocus de Gaza doit cesser", "nous partons par solidarité, dignité et pour la justice".

Les embarcations arrivées d'Espagne s'étaient transférées à Bizerte après un séjour mouvementé à Sidi Bou Saïd, près de Tunis.

La "Global Sumud Flotilla", accueillie par des rassemblements de soutien, a indiqué que deux de ses bateaux avaient été visés par des attaques de drones deux nuits de suite la semaine passée, publiant des vidéos à l'appui. Après la deuxième annonce, les autorités tunisiennes ont dénoncé "une agression préméditée" et dit mener une enquête.

L'eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan qui, comme Greta Thunberg, avait été détenue à bord du "Madleen" lors d'une précédente traversée vers Gaza, a dit à l'AFP redouter "bien entendu" de nouvelles attaques, ajoutant: "on se prépare aux différents scénarios".

Selon elle, les personnalités les plus en vue - dont l'actrice française Adèle Haenel - ont été réparties entre les deux plus gros bateaux de coordination "de manière à équilibrer et (ne) pas concentrer toutes les personnalités visibles dans un seul et même bateau".

Le départ de Tunisie a été repoussé à plusieurs reprises en raison de motifs de sécurité, de retard dans les préparatifs pour certains bateaux et de la météo.

La Global Sumud Flotilla ("sumud" signifie "résilience" en arabe), qui comprend aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse (France), Sicile (Italie) et Grèce, avait initialement prévu d'atteindre le territoire palestinien à la mi-septembre, après deux tentatives bloquées par Israël en juin et juillet.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com