Guerre oblige, les touristes russes débarquent sur les plages paradisiaques du Venezuela

Un groupe de touristes russes écoute les indications d'un guide touristique alors qu'ils visitent le parc national Cerro El Copey lors d'une visite guidée à Isla Margarita, dans l'État de Nueva Esparta, au Venezuela, le 25 novembre 2022. (AFP).
Un groupe de touristes russes écoute les indications d'un guide touristique alors qu'ils visitent le parc national Cerro El Copey lors d'une visite guidée à Isla Margarita, dans l'État de Nueva Esparta, au Venezuela, le 25 novembre 2022. (AFP).
Short Url
Publié le Mercredi 07 décembre 2022

Guerre oblige, les touristes russes débarquent sur les plages paradisiaques du Venezuela

  • Margarita était jadis une station balnéaire prisée des touristes européens et nord-américains, mais la crise économique et politique a fait disparaitre le pays des destinations privilégiées des tour-opérateurs
  • Aujourd'hui, les Russes sont le principal contingent étranger

MARGARITA : Dimitri Bobkov esquisse quelques pas de danse sur un rythme de merengue dans une station-service de Margarita, une île du Venezuela qu'il visite pour la première fois et qui attire des milliers de Russes qui y trouvent un décor paradisiaque loin de la guerre.

Il éclate de rire lorsque ses guides touristiques l'encouragent à participer au "petit train" version sud-américaine de la "chenille".

"J'ai de la chance de fêter mon anniversaire ici au Venezuela. C'était très inattendu et agréable", raconte à l'AFP ce professeur d'université de 31 ans, arrivé il y a 10 jours.

"Ici, j'aime les gens, la nourriture, la nature, le climat. Je pense que dans une autre vie, je devais vivre ici!!", rigole-t-il.

Dimitri a profité de la connexion directe de la compagnie aérienne russe Norwind qui opère entre Moscou et Margarita. La ligne a été réactivée le 2 octobre après une interruption de sept mois due au conflit en Ukraine. Elle évite le survol de certains espaces aériens interdits aux Russes en raison des sanctions.

Mais, à Margarita, un grand panneau "Bienvenue" écrit en russe accueille les nouveaux arrivants. Près de 3.000 touristes russes sont passés par l'aéroport international ces deux derniers mois.

Margarita était jadis une station balnéaire prisée des touristes européens et nord-américains, mais la crise économique et politique a fait disparaitre le pays des destinations privilégiées des tour-opérateurs.

Aujourd'hui, les Russes sont le principal contingent étranger.

Tout va bien

"La guerre est de loin la chose la plus difficile" à vivre, affirme Ekaterina Dolgova, une vendeuse de matériel médical de 39 ans. Elle convient que les mesures punitives contre la Russie ont entraîné "des difficultés", mais "dire que c'est un cauchemar et une horreur, non!" assure-t-elle.

La majorité des touristes russes évitent cependant de parler de la guerre. Les plus fervents partisans du président Vladimir Poutine assurent que "tout va bien", avant de refuser de s'exprimer sur le sujet.

Ekaterina a choisi le Venezuela sur la recommandation de sa sœur qui travaille dans le tourisme. "Il n'y a pas beaucoup de destinations disponibles pour la Russie en ce moment".

Parmi ses options figurait l'Égypte, un pays qu'elle a déjà visité deux fois. Elle indique aussi que l'attitude envers les Russes y "a changé" depuis l'invasion.

Margarita attire les Russes en raison de sa liaison directe, mais surtout parce qu'elle est peu onéreuse: elle est par exemple "moins chère" que Sotchi, la station estivale du sud de la Russie, souligne Sergei Katch, qui a payé un peu plus de 3.500 dollars pour un forfait de 12 jours.

Sa femme Irina, 50 ans, se dit impressionnée par les cactus et les pélicans ainsi que par la mer turquoise et le sable blanc. "Quelles couleurs éclatantes!", dit-elle lors d'une sortie en Jeep dans une zone naturelle de l'île.

Leur guide parle russe et raconte à chaque arrêt l'histoire des collines, des montagnes et des plages de cette région. Un autre guide leur sert du rhum vénézuélien. A volonté...

«J'aime le Venezuela»

Les touristes russes séjournent généralement dans des hôtels où tout est inclus. Nombre d'entre eux ont entrepris de "russifier" leurs services, avec des annonces en russe et au moins un interprète.

Dimitri a appris à dire "J'aime le Venezuela" en espagnol. Il ne parle pas non plus anglais et communique principalement à l'aide du traducteur de son téléphone portable.

Nacarid, qui vend des bijoux fantaisie et des vêtements de plage, tente de négocier avec un Russe qui, par signes, lui demande de réduire son prix de moitié. Elle préfère renoncer à la vente: "Ils marchandent trop", se plaint-elle, disant regretter l'âge d'or de l'île.

Le boom du tourisme russe a eu un impact "direct" sur l'économie de Margarita, souligne Viviana Vethencourt, présidente de la Chambre de tourisme de l'État de Nueva Esparta qui comprend l'île, mais précise qu'il n'existe pas de statistiques.

Le président vénézuélien Nicolas Maduro a signé un accord avec la Russie, un allié solide, pour accueillir quelque 100.000 touristes jusqu'au 31 décembre.

Les forfaits comprennent des options pour visiter le parc national de Canaima, où se trouve Salto Angel, la plus haute chute d'eau du monde, l'île de Coche, également à Nueva Esparta, ou Caracas.

Dimitri a pris une option pour un voyage d'un jour à Caracas. Il a visité le mausolée de l'ancien président défunt Hugo Chavez et a joué au football avec des enfants dans un bidonville: "cela restera probablement dans ma mémoire pour le reste de ma vie".


Gaza: les Etats-Unis font pression pour l'adoption de leur résolution à l'ONU lundi

Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
Une Palestinienne marche sous une pluie battante devant des bâtiments détruits par les frappes israéliennes dans le quartier de Sheikh Radwan, à Gaza. (AP)
Short Url
  • Les États-Unis poussent pour l’adoption par le Conseil de sécurité de leur résolution soutenant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza
  • Malgré des réticences de certains membres et un texte concurrent présenté par la Russie, Washington met en avant un large soutien arabe et occidental et avertit qu’un rejet ouvrirait la voie à la poursuite du conflit

NATIONS UNIES: Les Etats-Unis ont mis la pression vendredi pour convaincre de la nécessité d'adopter leur projet de résolution endossant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza, qui sera mis au vote du Conseil de sécurité de l'ONU lundi.

La semaine dernière, les Américains ont officiellement entamé des négociations au sein du Conseil sur un projet de texte qui "endosse" le plan du président américain ayant permis la mise en place, le 10 octobre, d'un cessez-le-feu fragile dans le territoire palestinien ravagé par deux années de guerre provoquée par une attaque sanglante du mouvement islamiste Hamas. Le texte autorise notamment le déploiement d'une "force de stabilisation internationale" (ISF).

Face aux réserves de certains membres et à la proposition d'un texte concurrent de la Russie, ils ont mis en garde vendredi contre les risques d'un rejet de leur texte et affiché le soutien de plusieurs pays arabes et musulmans.

"Les Etats-Unis, le Qatar, l'Egypte, les Emirats arabes unis, le royaume d'Arabie saoudite, l'Indonésie, le Pakistan, la Jordanie et la Turquie expriment leur soutien conjoint" au projet de résolution américaine autorisant notamment une force internationale dans le territoire palestinien, et espèrent son adoption "rapide", disent-ils dans une déclaration commune.

Ce plan offre "un chemin viable vers la paix et la stabilité, non seulement pour les Israéliens et les Palestiniens, mais pour toute la région", ont-ils insisté.

Le Royaume-Uni a également apporté vendredi son soutien public au texte américain.

Et le Conseil se prononcera lundi à 17H00 (22H00 GMT) sur le texte, ont indiqué vendredi soir plusieurs sources diplomatiques à l'AFP.

Le projet de résolution américain, plusieurs fois modifié, prévoit de donner un mandat jusqu'à fin décembre 2027 à un "comité de la paix" censé être présidé par Donald Trump, organe de "gouvernance de transition" pour administrer Gaza.

Il "autorise" également le déploiement de l'ISF qui pourra utiliser "toutes les mesures nécessaires pour mener son mandat dans le respect du droit international": appui à la sécurisation des frontières en coopération notamment avec Israël et l'Egypte, démilitarisation de Gaza, désarmement "des groupes armés non étatiques", protection des civils, formation d'une police palestinienne...

- Conflit perpétuel" -

La décision de programmer le vote intervient alors que la Russie a fait circuler aux membres du Conseil un projet de résolution concurrente qui n'autorise ni la création d'un "comité de la paix", ni le déploiement immédiat d'une force internationale à Gaza, selon le texte vu vendredi par l'AFP.

Ce texte demande simplement au secrétaire général de l'ONU "d'identifier des options pour appliquer les dispositions" du plan de paix et présenter "rapidement" des "options de déploiement d'une force" à Gaza.

"Nous voulons souligner que notre document ne contredit pas l'initiative américaine", a assuré vendredi dans un communiqué la mission russe à l'ONU.

La "logique" du texte russe est de permettre au Conseil "de définir des modalités claires de déploiement d'un contingent de maintien de la paix et d'établir une administration à Gaza tout en s'assurant que ces modalités sont en accord" avec les normes internationales, a-t-elle ajouté.

Alors que des échanges publics de ce type lors de négociations du Conseil sont plutôt rares, l'ambassadeur américain à l'ONU Mike Waltz a également publié un texte vendredi dans le Washington Post.

"Tout refus de soutenir cette résolution (le texte américain, ndlr) est un vote en faveur de la poursuite du règne des terroristes du Hamas ou en faveur de la reprise de la guerre avec Israël, condamnant la région et sa population à un conflit perpétuel", a-t-il déclaré.

La guerre a été déclenchée par l'attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas en Israël, qui a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de chiffres officiels.

Plus de 69.185 Palestiniens ont été tués dans la bande de Gaza par la campagne militaire israélienne de représailles, essentiellement des civils, selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas et dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU.


Trump a écrit au président israélien pour lui demander de gracier Netanyahu

Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence. (REUTERS)
Short Url
  • "Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël
  • "Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu

JERUSALEM: Le président américain, Donald Trump, a écrit à son homologue israélien, Isaac Herzog, pour lui demander d'accorder une grâce au Premier ministre Benjamin Netanyahu, poursuivi dans son pays pour corruption, a indiqué mercredi le bureau de la présidence.

M. Herzog a reçu "ce matin" une lettre de Donald Trump, "l'invitant à envisager d'accorder une grâce" à M. Netanyahu, détaille un communiqué du bureau présidentiel, qui précise que "toute personne souhaitant obtenir une grâce présidentielle doit présenter une demande officielle".

M. Netanyahu est poursuivi dans son pays pour corruption et est régulièrement entendu dans le cadre d'au moins trois procédures judiciaires, dans lesquels aucun jugement n'a encore été rendu.

"Le président Herzog tient le président Trump en très haute estime et continue d'exprimer sa profonde gratitude" pour son "soutien indéfectible" à Israël, "sa contribution considérable au retour des otages, à la refonte de la situation au Moyen-Orient et à Gaza en particulier, et à la garantie de la sécurité de l'Etat d'Israël", précise le communiqué.

Aussitôt plusieurs personnalités politiques israéliennes ont réagi.

"Monsieur le Président Herzog, écoutez le Président Trump", a écrit sur X le ministre d'extrême-droite Itamar Ben Gvir, tout en accusant la justice israélienne d'être biaisée à l'égard de M. Netanyahu.

Une députée également d'extrême-droite mais dans l'opposition, Yulia Malinovsky, du parti Israel Beitenou ("Israël est notre maison" en hébreu), a de son côté suggéré que le président américain faisait cette demande dans le cadre d'un accord avec M. Netanyahu sur des sujets relatifs au cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Quant au dirigeant de l'opposition, Yaïr Lapid, du parti centriste Yesh Atid ("il y a un futur", en hébreu), il a taclé M. Netanyahu en écrivan sur X: "rappel: la loi israélienne stipule que la première condition pour obtenir une grâce est l'aveu de culpabilité et l'expression de remords pour les actes commis".

Lors d'un discours au Parlement israélien le 13 octobre, M. Trump avait déjà suggéré qu'une grâce lui soit accordée.

"J'ai une idée. Monsieur le président (Isaac Herzog), pourquoi ne pas lui accorder une grâce? Ce passage n'était pas prévu dans le discours (...) Mais j'aime bien ce monsieur", avait dit le président américain dans son allocution, mettant en avant qu'il a été "l'un des plus grands" dirigeants "en temps de guerre".

 


Famine: l'ONU alerte sur «16 zones critiques» où la situation s'aggrave

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.  L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".  Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations. L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante". Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh. (AFP)
Short Url
  • Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue
  • "Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM

ROME: Des millions de personnes supplémentaires dans le monde pourraient être confrontées à la famine ou au risque de famine, ont averti mercredi les deux organes de l'ONU dédiés à l'alimentation et à l'agriculture, dans un contexte tendu par la limitation des financements.

Selon un rapport conjoint de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM), l'insécurité alimentaire aiguë à laquelle sont confrontées 16 zones critiques dans le monde s'accentue.

"Les conflits, les chocs économiques, les phénomènes météorologiques extrêmes et l'insuffisance critique des financements exacerbent des conditions déjà désastreuses", notent la FAO et le PAM, tous deux basés à Rome, dans un communiqué commun.

Haïti, le Mali, la Palestine, le Soudan du Sud, le Soudan et le Yémen figurent parmi les pays les plus touchés, "où les populations sont confrontées à un risque imminent de famine catastrophique", souligne le rapport des deux organisations.

L’Afghanistan, la République démocratique du Congo, la Birmanie, le Nigeria, la Somalie et la Syrie sont considérés quant à eux comme étant dans une situation "très préoccupante".

Les quatre autres zones critiques sont le Burkina Faso, le Tchad, le Kenya et la situation des réfugiés rohingyas au Bangladesh.

"Nous sommes au bord d'une catastrophe alimentaire totalement évitable qui menace de provoquer une famine généralisée dans de nombreux pays", a mis en garde Cindy McCain, directrice générale du PAM, citée dans le communiqué, ajoutant que "ne pas agir maintenant ne fera qu'aggraver l'instabilité".

Le financement de l'aide humanitaire est "dangereusement insuffisant", alerte également le rapport, précisant que sur les 29 milliards de dollars nécessaires pour venir en aide aux populations vulnérables, seuls 10,5 milliards ont été reçus, précipitant notamment l'aide alimentaire aux réfugiés "au bord de la rupture".

Le PAM indique avoir réduit son assistance aux réfugiés et aux personnes déplacées en raison des coupes budgétaires et suspendu les programmes d'alimentation scolaire dans certains pays.

La FAO prévient de son côté que les efforts pour protéger les moyens de subsistance agricoles sont menacés et alerte sur la nécessité d'un financement urgent pour les semences et les services de santé animale.

"La prévention de la famine n’est pas seulement un devoir moral – c’est un investissement judicieux pour la paix et la stabilité à long terme", a rappelé le directeur général de la FAO, Qu Dongyu.