Les véhicules électriques au coeur des pourparler entre Riyad et Pékin

Les voitures Tesla se rechargent à une borne de recharge à l'extérieur d'un centre commercial à Pékin (Photo, AFP).
Les voitures Tesla se rechargent à une borne de recharge à l'extérieur d'un centre commercial à Pékin (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 08 décembre 2022

Les véhicules électriques au coeur des pourparler entre Riyad et Pékin

  • Les deux pays commencent tout juste à être reconnus pour leur vision commune de décarbonisation avec les véhicules électriques
  • L'un des principaux obstacles à l'adoption massive des VE est le prix d'achat plus élevé que pour les véhicules à essence

RIYAD: La Chine et l'Arabie saoudite sont deux des centrales énergétiques du monde et, à ce titre, les regards du monde entier se tournent vers elles dans les discussions autour du changement climatique.

Si la production pétrolière du Royaume ou les activités d'extraction de charbon de Pékin sont au centre de l'attention, les deux pays commencent tout juste à être reconnus pour leur vision commune de décarbonisation avec les véhicules électriques (VE).

Il s'agit d'un enthousiasme partagé, à travers lequel l'Arabie saoudite et la Chine peuvent collaborer davantage pour mener l'innovation et la mise en œuvre.

Pour sa part, l'Arabie saoudite a donné à l'industrie des VE un rôle de premier plan dans son projet de diversification économique connu sous le nom de Vision 2030.

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Voitures Tesla à une station de charge à Pékin, un véhicule électrique de luxe Lucid exposé (Photo, AFP).

Le plus grand exportateur de pétrole au monde a identifié le secteur comme étant aux prémices d'un essor à mesure que le monde s'éloigne des combustibles fossiles, et investit non seulement dans des entreprises étrangères, mais aussi dans des produits locaux.

Le soutien étranger prend la forme de l'entreprise américaine Lucid. En 2018, le Fonds d'investissement public a investi 1 milliard de dollars (1 dollar = 0,96 euro) dans cette société, dont il détient désormais 60% des parts. Cet investissement a incité Lucid à annoncer, en février 2022, qu'elle construirait sa première usine internationale d'assemblage de véhicules dans la King Abdullah Economic City, au nord de Djeddah. 

Pour souligner davantage son engagement dans le secteur, le gouvernement saoudien a conclu un accord avec Lucid pour acheter jusqu'à 100 000 VE sur une période de dix ans.

Lucid ne sera pas le seul à produire des VE dans le Royaume. En octobre, le prince héritier, Mohammed ben Salmane, a dévoilé la propre marque de VE de l'Arabie saoudite: Ceer.

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Batteries au lithium pour véhicules électriques sur la ligne d'inspection d'une usine à Nanjing (Photo, AFP).

Comme Lucid, cette société produira des véhicules dans une usine située à KAEC. La construction de cette installation de 69 millions de dollars devrait commencer au début de 2023.

Ceer est une coentreprise avec FoxConn – l'entreprise taïwanaise qui est le plus grand employeur du secteur privé en Chine – et renforcera les liens entre l'Arabie saoudite et les économies d'Extrême-Orient.

Ceer accordera une licence pour la technologie des composants de BMW afin de concevoir et de construire des véhicules, notamment des berlines et des véhicules utilitaires sport dans le Royaume, tandis que Foxconn développera l'architecture électrique des véhicules, ce qui donnera lieu à un portefeuille de produits qui seront à la pointe des technologies de loisir utile, de connectivité et de conduite autonome.

Bien entendu, le Royaume ne se transforme pas en l'un des principaux producteurs de VE au monde uniquement pour satisfaire son marché intérieur. L'exportation de ces véhicules est un élément clé non seulement de la stratégie de diversification économique de l'Arabie saoudite, mais aussi de la réduction des émissions mondiales.

Pénétrer le marché chinois pourrait s'avérer difficile. Pékin a encouragé ses citoyens à passer aux VE en offrant des subventions à l'achat. Cela a permis à la Chine de devenir le plus grand marché pour les VE, représentant 53% de la part mondiale.

Le gouvernement chinois prévoit que les VE représenteront 50% de toutes les ventes de voitures neuves dans le pays d'ici 2035, ce qui laisse supposer que la demande pour ces véhicules restera élevée.

Pourtant, si des entreprises telles que Tesla se portent bien sur le marché – elles ont vendu 83 135 voitures en septembre, ce qui a constitué leur meilleur mois de vente dans le pays – la Chine dispose d'un secteur de production florissant, ce qui signifie que la dépendance vis-à-vis des importations est faible.

Cependant, comme c'est le cas dans de nombreux pays, l'un des principaux obstacles à l'adoption massive des VE est le prix d'achat plus élevé que pour les véhicules à essence.

L'Arabie saoudite pourrait être en mesure d'utiliser son centre de production de VE en cours de construction au nord de Djeddah pour fabriquer des véhicules abordables pour ce qui est le plus grand marché du monde.

Si elle y parvient, l'objectif de la Vision 2030 du Royaume, qui consiste à porter les exportations non pétrolières à 50% du PIB, semblera tout à fait réalisable.

 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.


Face à l'explosion des dépenses militaires, l'ONU appelle à «repenser les priorités»

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
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  • "Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres
  • Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an

NATIONS-UNIES: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté.

"Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres.

Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an.

C'est "l'équivalent de 334 dollars par habitant de la planète", "près de 13 fois le montant de l'aide publique au développement des pays les plus riches et 750 fois le budget ordinaire de l'ONU", a noté Antonio Guterres.

Et en parallèle, la majorité des Objectifs de développement durables (ODD) visant à améliorer le sort de l'humanité d'ici 2030 (éradication de l'extrême pauvreté, égalité hommes-femmes, éducation...) ne sont pas sur la bonne voie.

Pourtant, mettre un terme à la faim dans le monde d'ici 2030 nécessiterait seulement 93 milliards de dollars par an, soit 4% des dépenses militaires de 2024, et faire en sorte que chaque enfant soit totalement vacciné coûterait entre 100 et 285 milliards par an, note le rapport demandé par les Etats membres.

Au total, l'ONU estime aujourd'hui à 4.000 milliards de dollars les investissements supplémentaires nécessaires chaque année pour atteindre l'ensemble des ODD, un montant qui pourrait grimper à 6.400 milliards dans les prochaines années.

Alors le secrétaire général de l'ONU a lancé un "appel à l'action, un appel à repenser les priorités, un appel à rééquilibrer les investissements mondiaux vers la sécurité dont le monde a vraiment besoin".

"Des dépenses militaires excessives ne garantissent pas la paix, souvent elles la sapent, encourageant la course aux armements, renforçant la méfiance et détournant des ressources de ce qui représentent les bases de la stabilité", a-t-il ajouté. "Un monde plus sûr commence par investir au moins autant pour lutter contre la pauvreté que nous le faisons pour faire la guerre".

"Rediriger même une fraction des dépenses militaires actuelles pourraient combler des écarts vitaux, envoyer des enfants à l'école, renforcer les soins de santé de base, développer les énergies propres et des infrastructures résistantes, et protéger les plus vulnérables", a-t-il plaidé.