Le gouvernement se penche sur l'encadrement des influenceurs

Une table-ronde est organisée ce vendredi à Bercy, à l'initiative du ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire, pour faire le point sur les mesures à prendre pour réguler un secteur en plein boom. (Photo, AFP)
Une table-ronde est organisée ce vendredi à Bercy, à l'initiative du ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire, pour faire le point sur les mesures à prendre pour réguler un secteur en plein boom. (Photo, AFP)
Short Url
Publié le Samedi 10 décembre 2022

Le gouvernement se penche sur l'encadrement des influenceurs

  • Une table-ronde est organisée ce vendredi à Bercy, à l'initiative du ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire, pour faire le point sur les mesures à prendre pour réguler un secteur en plein boom
  • Le conflit ces derniers mois entre Magali Berdah, patronne de la puissante agence d'influenceurs Shauna Events, et le rappeur Booba, a mis en lumière certaines dérives

PARIS: Échaudé par des polémiques récentes, le gouvernement envisage d'encadrer l'activité des influenceurs, ces vedettes des réseaux sociaux qui promeuvent des marques auprès de leur public dans des conditions pas toujours très claires.

Une table-ronde est organisée ce vendredi à Bercy, à l'initiative du ministre de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire, pour faire le point sur les mesures à prendre pour réguler un secteur en plein boom.

Le conflit ces derniers mois entre Magali Berdah, patronne de la puissante agence d'influenceurs Shauna Events, et le rappeur Booba, a mis en lumière certaines dérives et les risques notamment pour les plus jeunes.

Magali Berdah a été accusée par Booba de recourir à des pratiques commerciales trompeuses, et dénonce de son côté un cyber-harcèlement qui doit déboucher sur un procès en 2023.

Mais les deux intéressés n'ont pas été invités à Bercy, qui réunira plutôt des agents d'influenceurs, des réseaux sociaux (dont YouTube et Tiktok), des organisations représentatives du monde de la communication, ainsi que des représentants de l’État comme la DGCCRF (répression des fraudes), la direction des finances publiques, ainsi que les autorités régulatrices des jeux d'argent et des marchés financiers.

Aucun ministre ne devrait assister à ce premier rendez-vous, destiné à défricher le terrain.

"Nous voulons arriver vers le printemps à des propositions très concrètes pour aider le secteur à se développer, tout en assurant la protection du consommateur et de l'influenceur", a indiqué le ministère.

Selon cette source, il faut notamment "bien clarifier qui est responsable de quoi" dans les communications sur un produit.

"Il y a beaucoup de règles qui existent - fiscalité, publicité... - mais beaucoup d'influenceurs ne connaissent pas ces règles" auxquelles ils sont pourtant soumis, a souligné cette source.

Le marché du marketing d'influence, qui consiste pour des marques à payer des influenceurs pour promouvoir leurs produits, a explosé ces dernières années. Il représentait en 2020 un marché mondial estimé à 9,7 milliards de dollars, selon des chiffres cités par l'ARPP, et à plus de 13 milliards l'an dernier.

Proposition de loi

Pour le moment en France, seules des démarches reposant sur des engagements volontaires ont vu le jour, comme le "Certificat de l'Influence responsable" de l'Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) ou la "Charte de la relation Influenceurs" du Syndicat du Conseil en Relations Publics (SCRP).

Selon cette organisation qui sera représentée vendredi, la loi devrait interdire d'exercer à la fois l'activité de conseil en influence auprès des marques et le métier d'agent ou de régie d'influenceurs: un modèle économique susceptible d'entraîner des conflits d'intérêts et pourtant courant dans le secteur.

Le député EELV Aurélien Taché a de son côté déposé fin novembre à l'Assemblée nationale une proposition de loi visant à "encadrer les pratiques commerciales et publicitaires liées au marché de l’influence sur internet".

Elle rend notamment obligatoire les contrats écrits entre l'influenceur et ses commanditaires et agents, et prévoit une amende (jusqu'à 300.000 euros) si le caractère publicitaire d'un contenu n'est pas mentionné, et jusqu'à 2 ans de prison pour l'influenceur qui promeut des pratiques commerciales "interdites, déloyales ou trompeuses".

Selon Manuel Diaz, qui dirige Influx, une agence représentant les influenceurs auprès des marques, "il y a déjà des lois qui permettent à l’Etat d'agir" contre les mauvaises pratiques et de nouvelles mesures ne sont pas nécessaires.

Ce secteur de "professionnels créateurs de contenus" est récent et il faut lui "laisser le temps de se structurer" autour de professionnels "qui justement prennent la responsabilité d'établir un cahier des charges éthiques dans leur façon de travailler", a-t-il déclaré à l'AFP.


Tentative de putsch au Bénin: des forces spéciales françaises sont intervenues en appui 

Des forces spéciales françaises sont intervenues dimanche lors de la tentative déjouée de putsch au Bénin en appui de l'armée béninoise qui a "vaillamment" repoussé les mutins, a affirmé mercredi à l'AFP le chef de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè. (AFP)
Des forces spéciales françaises sont intervenues dimanche lors de la tentative déjouée de putsch au Bénin en appui de l'armée béninoise qui a "vaillamment" repoussé les mutins, a affirmé mercredi à l'AFP le chef de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè. (AFP)
Short Url
  • Mardi, la présidence française avait indiqué avoir appuyé "en termes de surveillance, d'observation et de soutien logistique" le pouvoir béninois, à sa demande, sans confirmer ni démentir la présence de ses forces
  • "L'armée béninoise a été vraiment vaillante et a fait face à l'ennemi toute la journée" dimanche, a expliqué à l'AFP le colonel Tevoédjrè, précisant que des "forces spéciales françaises ont été envoyées depuis Abidjan"

COTONOU: Des forces spéciales françaises sont intervenues dimanche lors de la tentative déjouée de putsch au Bénin en appui de l'armée béninoise qui a "vaillamment" repoussé les mutins, a affirmé mercredi à l'AFP le chef de la Garde républicaine, le colonel Dieudonné Djimon Tévoédjrè.

Mardi, la présidence française avait indiqué avoir appuyé "en termes de surveillance, d'observation et de soutien logistique" le pouvoir béninois, à sa demande, sans confirmer ni démentir la présence de ses forces.

"L'armée béninoise a été vraiment vaillante et a fait face à l'ennemi toute la journée" dimanche, a expliqué à l'AFP le colonel Tevoédjrè, précisant que des "forces spéciales françaises ont été envoyées depuis Abidjan, utilisées pour du ratissage après que l'armée béninoise ait fait le travail".

Le colonel Tevoédjrè - qui a personnellement dirigé sur place la riposte contre un assaut sur la résidence du chef de l'Etat Patrice Talon tôt dimanche matin - estime à une centaine le nombre de mutins, "avec beaucoup de moyens, des engins blindés".

Il note toutefois que les putschistes, qui ont compté sur "l'effet de surprise", n'ont pas reçu de soutien d'autres unités, saluant l'attitude "républicaine" de l'armée béninoise.

La Garde républicaine a "eu le soutien spontané d'autres unités qui ont été utilisées toute la journée pour reprendre possession de zones, de points stratégiques de Cotonou", détaille t-il.

C'est en fin de journée, alors que les mutins étaient retranchés dans un camp situé dans une zone résidentielle de la capitale économique, que des frappes aériennes du Nigeria voisin et des forces spéciales françaises ont aidé le Bénin, afin notamment "d'éviter des dommages collatéraux".

Le colonel n'a pas donné de bilan chiffré du nombre de victimes des évènements de dimanche, mais a précisé que les mutins étaient "repartis avec des corps et des blessés" de leur tentative d'assaut sur la résidence présidentielle, après un "rude combat".

Dimanche matin, huit militaires étaient apparus à la télévision béninoise, annonçant qu'ils avaient destitué Patrice Talon.

Après une journée d'incertitude à Cotonou, le chef de l'Etat avait déclaré que la situation était "totalement sous contrôle". Les autorités béninoises ont ensuite fait état de "plusieurs victimes", notamment dans des affrontements opposant mutins et forces loyales.


Procès libyen: la cour d'appel de Paris libère l'intermédiaire Djouhri sous contrôle judiciaire

 La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.
La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.
Short Url
  • L'homme d'affaires franco-algérien de 66 ans, condamné le 25 septembre à six ans d'emprisonnement dans l'affaire du financement libyen de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, aura notamment pour interdiction de sortir d'Île-de-France
  • Il a également l'interdiction de mener une activité d'intermédiation économique et il devra remettre à la justice ses passeports français et algérien et pointer une fois par semaine à la gendarmerie

PARIS: La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.

L'homme d'affaires franco-algérien de 66 ans, condamné le 25 septembre à six ans d'emprisonnement dans l'affaire du financement libyen de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, aura notamment pour interdiction de sortir d'Île-de-France, de s'absenter de son domicile en région parisienne entre 8H00 et 20H00, d'entrer en contact avec ses coprévenus.

Il a également l'interdiction de mener une activité d'intermédiation économique et il devra remettre à la justice ses passeports français et algérien et pointer une fois par semaine à la gendarmerie.

Le parquet général s'était opposé à sa libération en pointant notamment sa double nationalité et le risque de départ en Algérie où la coopération judiciaire avec la France est compliquée.

Selon son avocat, Me Pierre-Henri Bovis, il devrait sortir de la prison parisienne de La Santé "dans les prochaines heures".

"La cour d'appel de Paris, par sa décision, a reconnu cette fois-ci qu'il y avait des garanties de représentation suffisantes, et a enfin admis qu'il n'y avait pas de risque de fuite ou de pression" sur les témoins, s'est-il félicité, soulignant que son client ne s'était "jamais dérobé à ses obligations".

Alexandre Djouhri avait déposé une première demande de mise en liberté qui avait été rejetée début novembre, la cour d'appel estimant qu'il présentait un risque de fuite et des garanties de représentation "particulièrement faibles".

Dans ce dossier, deux autres personnes ont été condamnées en première instance à des peines d'emprisonnement avec mandat de dépôt: l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, condamné à cinq ans de prison, et le banquier Wahib Nacer.

L'ex-chef de l'Etat a été incarcéré vingt jours à la prison de la Santé, avant d'obtenir sa libération auprès de la cour d'appel. M. Nacer, qui avait été condamné à une peine de quatre ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt à exécution provisoire, a également été libéré de prison.

Alexandre Djouhri devrait donc comparaître libre, comme tous ses coprévenus, au procès en appel  prévu du 16 mars au 3 juin. Au total, 10 personnes, dont Nicolas Sarkozy et deux de ses proches, Claude Guéant et Brice Hortefeux, seront rejugées dans ce dossier.


Macron de retour sur le thème de la désinformation, après la polémique sur la labellisation

Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
Short Url
  • Emmanuel Macron poursuit en Bretagne son tour de France consacré à la régulation des réseaux sociaux et à la lutte contre la désinformation, tout en répondant aux accusations de « dérive autoritaire » liées à son soutien à une labellisation des médias
  • Le président réaffirme qu’il ne s’agit pas d’un label d’État et dénonce les polémiques

PARIS: Emmanuel Macron reprend mercredi en Bretagne son tour de France sur la régulation des réseaux sociaux et la lutte contre la désinformation, l'occasion de répondre en personne aux accusations de dérive "autoritaire" provoquées par son soutien à une labellisation des médias.

Le chef de l'Etat est attendu dans l'après-midi à Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine, pour un échange avec des lecteurs d'Ouest-France sur le thème de "la démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux et des algorithmes".

Ses précédents débats organisés par la presse régionale l'ont mené depuis un mois à Toulouse, Arras (Pas-de-Calais) et Mirecourt (Vosges), et il devrait enchaîner avec Marseille la semaine prochaine.

Son idée directrice est de réfléchir à une adaptation de la législation pour réguler les réseaux sociaux, qui échappent largement à la loi de la presse de 1881 qui régit les médias traditionnels. Une réflexion censée déboucher sur des "décisions concrètes" début 2026, même si le président a déjà commencé à égrener des pistes.

Parmi elles, une mesure a déclenché une polémique à retardement.

Emmanuel Macron a en effet apporté un soutien très volontariste à des initiatives existantes de labellisation des médias "par des professionnels", pour distinguer les sites et réseaux qui font de l'information, selon les règles déontologiques, des autres.

"On va tout faire pour que soit mis en place un label", a-t-il lancé le 19 novembre à Arras, tout en assurant que ce n'était par à l'Etat de le faire.

- "Dérive totalitaire" -

Le 30 novembre, le Journal du dimanche s'est saisi de cette proposition pour lui reprocher une "dérive totalitaire", ironisant sur sa volonté présumée de mettre en place un "ministère de la Vérité", comme dans le roman dystopique "1984" de George Orwell.

L'accusation a été aussitôt relayée par les autres médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré puis par plusieurs dirigeants de la droite et de l'extrême droite, qui disent soupçonner le chef de l'Etat de vouloir "contrôler l'information" et museler la liberté d'expression à son profit.

En Conseil des ministres, il y a une semaine, Emmanuel Macron a répondu qu'il n'avait "jamais" envisagé de créer un "label d'Etat" pour les médias, et "encore moins" un "ministère de la Vérité", selon les propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Le compte de l'Elysée s'est même fendu d'un message sur le réseau X pour déplorer que "parler de lutte contre la désinformation suscite la désinformation", visant ceux qui avaient attaqué le président, du patron des Républicains Bruno Retailleau au présentateur vedette de CNews Pascal Praud.

Une réaction officielle qui a déclenché une nouvelle cascade de commentaires enflammés y voyant la démonstration de velléités de contrôle macronistes.

A Saint-Malo, le président de la République doit aussi aborder "les conséquences de la désinformation en matière climatique", à l'occasion des dix ans de l'accord de Paris sur le climat, a fait savoir l'Elysée.