Les dirigeants arabes saluent la coopération de la Chine en matière de développement

Xi espère que le sommet « conduira à un avenir meilleur » et ajoute que la Chine envisageait une « coopération globale » avec les États arabes afin de servir les intérêts communs sino-arabes. (AFP)
Xi espère que le sommet « conduira à un avenir meilleur » et ajoute que la Chine envisageait une « coopération globale » avec les États arabes afin de servir les intérêts communs sino-arabes. (AFP)
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Publié le Samedi 10 décembre 2022

Les dirigeants arabes saluent la coopération de la Chine en matière de développement

  • La Chine travaillera avec les pays arabes afin de soutenir le développement, la sécurité alimentaire, la santé, l’énergie et l’environnement
  • Le président Xi Jinping renouvèle le soutien chinois à la création d’un État palestinien indépendant

RIYAD : Lors du premier sommet Arabe-Chine à Riyad pour la coopération et le développement, le prince héritier et Premier ministre saoudien Mohamed ben Salmane a déclaré que les pays arabes cherchent à renforcer leur coopération avec la Chine et s’attendent à une nouvelle phase de partenariat. 

Il s’agissait de l’une des deux conférences tenues consécutivement le dernier jour de la visite de trois jours du président chinois Xi Jinping en Arabie Saoudite. 

« Le Royaume œuvre afin de renforcer la coopération (avec la Chine) pour servir la stabilité internationale », a déclaré le prince héritier en présence des dirigeants arabes et de Xi. Ce dernier a qualifié le sommet de moment historique dans les relations entre les pays arabes et la Chine. 

Le prince héritier, s’adressant aux dirigeants et présidant le sommet au nom du roi Salmane d’Arabie Saoudite, a déclaré : « Nous vous souhaitons la bienvenue au premier sommet arabo-chinois visant à améliorer le niveau de coopération entre les États membres de la Ligue arabe et la Chine, de manière à ce que les intérêts communs de nos pays soient servis. »

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Selon Xi, la Chine et l’Arabie saoudite doivent se concentrer sur le développement économique et doivent renforcer la coopération fondée sur des gains mutuels. (KSAMOFA) 

Il a ajouté : « Nous regardons avec beaucoup d’intérêt la croissance régulière et les progrès technologiques rapides réalisés par la Chine, faisant du pays l’une des principales économies mondiales. 

« La convocation de ce sommet introduit une nouvelle phase visant à faire progresser les relations entre nos pays et renforcer le partenariat dans les domaines d’intérêt commun. »

Xi espère que le sommet « conduirait à un avenir meilleur » ajoutant que la Chine envisageait une « coopération globale » avec les États arabes afin de servir les intérêts communs sino-arabes. 

Il a décrit le sommet arabe comme une évolution dans l’histoire des relations sino-arabes qui promet un avenir meilleur en termes de coopération entre la Chine et les États arabes. 

Le prince héritier saoudien a déclaré que le Royaume appréciait particulièrement la coopération et les partenariats avec les participants au sommet dans le cadre de la Middle East Green Initiative (MGI) 

La MGI a été lancée l’année dernière par le prince héritier en collaboration avec la Saudi Green Initiative et dans le cadre des efforts visant à réduire les émissions de carbone régionales. 

« Nous sommes conscients des défis qu’engendre le changement climatique et nous croyons en la nécessité de trouver des solutions plus durables et globales, tout en maintenant les niveaux de croissance de l’économie mondiale et en visant à atteindre la neutralité carbone. » a déclaré le prince héritier. 

« Nous apprécions que la Chine ait mis en avant un certain nombre d’initiatives importantes, notamment le Groupe des amis de l’Initiative pour le Développement mondial (Friends of the Global Development Initiative). Cette dernière correspond à de nombreux aspect des priorités de l’Arabie saoudite en termes de soutien au développement durable et de promotion de la sécurité alimentaire. » 

Reconnaissant la position de la Chine à l’appui de la solution à deux États dans le traitement de la question palestinienne et de l’Initiative de paix arabe, le prince héritier a déclaré : « l’Arabie Saoudite admet la nécessité d’une solution juste et permanente à l’égard de la question palestinienne et conformément aux résolutions de légitimité internationale et à l’Initiative de paix arabe, de manière à ce que le droit du peuple palestinien à établir un État indépendant sur les frontières d’avant 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale, soit garanti. »

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi a souligné dans son discours l’importance des relations arabo-chinoises. Il affirme que la coordination avec la Chine doit être renforcée afin de résoudre des crises régionales et internationales. 

Quant à lui, le président palestinien Mahmoud Abbas a déclaré qu’il soutenait la Chine contre les « campagnes malveillantes » auxquelles elle a été confrontée. Il a également condamné les tentatives d’Israël de modifier l’identité arabe de Jérusalem, exigeant que le pays soit tenu responsable de ses violations. 

De plus, le prince héritier a déclaré que le Royaume accordait une grande importance au doublement des efforts visant à trouver des solutions politiques aux crises actuelles et à assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité en Syrie et en Libye. 

Réaffirmant le soutien du Royaume aux efforts visant à une solution politique globale au Yémen, il a salué la solidarité de Pékin avec les initiatives saoudiennes au Yémen. 

Évoquant la longue histoire des relations sino-arabes, Xi a déclaré : « Cette amitié se poursuit profondément enracinée dans l’histoire, soit dans un temps où ces pays se sont connus à travers l’ancienne route de soie. »

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Le prince héritier saoudien a déclaré que le Royaume appréciait particulièrement la coopération et les partenariats avec les participants au sommet dans le cadre de la Middle East Green Initiative (AFP) 

« L’amitié a persisté à travers les luttes pour la libération nationale et la mondialisation économique. Elle continue de défendre le doit et la justice dans un monde instable qui change constamment. »

« L’esprit d’amitié sino-arabe de solidarité, de synergie, d’égalité, d’avantages mutuels et d’inclusivité s’est développé dans le temps. »

Parlant en faveur de la solution à deux États au conflit israélo-palestinien, Xi a déclaré : « La cause palestinienne concerne la paix et la stabilité au Moyen-Orient. Elle met en jeu la conscience morale de l’humanité. »

L’injustice historique subie par les palestiniens ne peut pas continuer. Nous attendons impatiemment la création d’un État indépendant qui refuse le rejet. La communauté internationale doit consolider sa foi dans une solution émanant de deux états. »

Xi a affirmé de nouveau que la Chine soutient fermement la création d’un État palestinien indépendant et pleinement souverain aux frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale ainsi que l’adhésion à part entière de la Palestine à l’ONU.

Il a déclaré que la Chine continuerait à fournir une aide humanitaire aux palestiniens afin de les soutenir dans leurs projets de subsistance et augmenterait ses dons à l’Office de secours des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) 

Il a ajouté que « La Chine et les États arabes se font confiance et partagent des sentiments fraternels. » 

« Nous nous soutenons sans faille, notamment lorsqu’il s’agit des questions liées aux intérêts vitaux de l’autre partie. Nous sommes unis et nous progressons ensemble en termes de solidarité et de renaissance, dans l’esprit d’une seule équipe contre la pandémie de Covid-19. » 

Il a d’ailleurs affirmé qu’au cours des 10 dernières années, le volume des échanges commerciaux avait dépassé les 300 milliards de dollars et le solde des investissements directs mutuels s’élevait à 27 milliards de dollars. 

Plus de 200 projets ont été créés dans le cadre de cette coopération afin de mettre en œuvre l’initiative « La ceinture et la route » qui a bénéficié à près de 2 milliards de personnes. 

Il a ajouté : « La Chine tient à approfondir la confiance stratégique mutuelle avec les pays arabes et à échanger un soutien ferme aux efforts de l’autre partie afin de préserver la souveraineté, l’intégrité et la dignité nationale du pays. »

« Les deux parties adhèrent conjointement au principe de non-ingérence dans les affaires intérieures, à l’application d’un multilatéralisme véridique et à la défense du droit et des intérêts légitimes des pays en développement. »

Xi a déclaré que la Chine et l’Arabie Saoudite devaient se concentrer sur le développement économique et renforcer la coopération basée sur le gain mutuel. Il a souligné que la Chine soutenait les pays arabes dans la recherche de solutions politiques aux problèmes épineux ainsi que dans la construction d’un système de sécurité au Moyen-Orient qui soit commun, global, coopératif et durable. 

Il a également souligné la volonté de la Chine de travailler avec les pays arabes afin de mettre en œuvre des actions conjointes au cours des trois à cinq prochaines années qui couvrent huit domaines : le développement, la sécurité alimentaire, la santé, l’environnement et l’innovation, la sécurité énergétique, le dialogue entre les civilisations, la réhabilitation des jeunes, la sécurité et la stabilité. 

Xi a finalement ajouté que l’islamophobie et l’extrémisme devaient être affrontés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Un an après la chute d’Assad, les Syriens affichent un fort soutien à al-Chareh

Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
Des citoyens syriens brandissent leurs drapeaux nationaux lors des célébrations marquant le premier anniversaire du renversement de l'ancien président Bachar al-Assad à Damas, lundi. (AP)
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  • Un sondage révèle un optimisme croissant et un large soutien aux progrès du gouvernement après la chute d’Assad
  • L’Arabie saoudite apparaît comme le pays étranger le plus populaire, Trump reçoit également un soutien marqué

LONDRES : Alors que les Syriens ont célébré cette semaine le premier anniversaire de la chute de Bachar Al-Assad, une enquête menée dans le pays révèle un soutien massif au nouveau président et place l’Arabie saoudite comme principal partenaire international apprécié.

L’ancien président avait fui le pays le 8 décembre 2024, après une offensive éclair de l’opposition jusqu’à Damas, mettant fin à 14 ans de guerre civile.

La campagne était menée par Ahmad al-Chareh, aujourd’hui président du pays, qui s’efforce de stabiliser la Syrie et de rétablir des relations avec ses partenaires internationaux.

Ces efforts ont été salués dans un sondage récemment publié, montrant que 81 % des personnes interrogées ont confiance dans le président et 71 % dans le gouvernement national.

Les institutions clés bénéficient également d’un fort soutien : plus de 70 % pour l’armée et 62 % pour les tribunaux et le système judiciaire.

L’enquête a été menée en octobre et novembre par Arab Barometer, un réseau de recherche américain à but non lucratif.

Plus de 1 200 adultes sélectionnés aléatoirement ont été interrogés en personne à travers le pays sur une large gamme de sujets, notamment la performance du gouvernement, l’économie et la sécurité.

Le large soutien exprimé envers al-Chareh atteint un niveau enviable pour de nombreux gouvernements occidentaux, alors même que la Syrie fait face à de profondes difficultés.

Le coût de la reconstruction dépasse les 200 milliards de dollars selon la Banque mondiale, l’économie est dévastée et le pays connaît encore des épisodes de violence sectaire.

Al-Chareh s’efforce de mettre fin à l’isolement international de la Syrie, cherchant l’appui de pays de la région et obtenant un allègement des sanctions américaines.

Un soutien clé est venu d’Arabie saoudite, qui a offert une aide politique et économique. Le sondage place le Royaume comme le pays étranger le plus populaire, avec 90 % d’opinions favorables.

Le Qatar recueille lui aussi une forte popularité (plus de 80 %), suivi de la Turquie (73 %).

La majorité des personnes interrogées — 66 % — expriment également une opinion favorable envers les États-Unis, saluant la décision du président Donald Trump d’assouplir les sanctions et l’impact attendu sur leur vie quotidienne.

Après sa rencontre avec al-Chareh à Washington le mois dernier, Trump a annoncé une suspension partielle des sanctions, après en avoir déjà assoupli plusieurs volets.

Le sondage montre que 61 % des Syriens ont une opinion positive de Trump — un niveau supérieur à celui observé dans une grande partie du Moyen-Orient.

En revanche, l’enthousiasme est bien moindre concernant les efforts américains pour normaliser les relations entre la Syrie et Israël.

Seuls 14 % soutiennent cette démarche, et à peine 4 % disent avoir une opinion favorable d’Israël.

Lors du chaos provoqué par la chute d’Assad, l’armée israélienne a occupé de nouveaux territoires dans le sud de la Syrie et a mené de fréquentes attaques au cours de l’année écoulée.

Plus de 90 % des Syriens considèrent l’occupation israélienne des territoires palestiniens et les frappes contre l’Iran, le Liban et la Syrie comme des menaces critiques pour leur sécurité.

Dans Foreign Policy, Salma Al-Shami et Michael Robbins (Arab Barometer) écrivent que les résultats de l’enquête donnent des raisons d’être optimiste.

« Nous avons constaté que la population est pleine d’espoir, favorable à la démocratie et ouverte à l’aide étrangère », disent-ils. « Elle approuve et fait confiance à son gouvernement actuel. »

Mais ils notent aussi plusieurs sources d’inquiétude, notamment l’état de l’économie et la sécurité interne.

Le soutien au gouvernement chute nettement dans les régions majoritairement alaouites.

La dynastie Assad, au pouvoir pendant plus de 50 ans, était issue de la minorité alaouite, dont les membres occupaient de nombreux postes clés.

L’économie reste la principale préoccupation : seuls 17 % se disent satisfaits de sa performance, et beaucoup s’inquiètent de l’inflation, du chômage et de la pauvreté.

Quelque 86 % déclarent que leurs revenus ne couvrent pas leurs dépenses, et 65 % affirment avoir eu du mal à acheter de la nourriture le mois précédent.

La sécurité préoccupe aussi : 74 % soutiennent les efforts du gouvernement pour collecter les armes des groupes armés et 63 % considèrent l’enlèvement comme une menace critique.

À l’occasion de l’anniversaire de la chute d’Assad, lundi, al-Chareh a affirmé que le gouvernement œuvrait à construire une Syrie forte, à consolider sa stabilité et à préserver sa souveraineté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël mène une série de frappes contre le Hezbollah au Liban

Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
Des soldats libanais debout sur un véhicule militaire à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban. (AFP)
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  • Israël a frappé vendredi plusieurs sites du Hezbollah au sud et à l’est du Liban, ciblant notamment un camp d’entraînement de sa force d’élite al-Radwan, malgré le cessez-le-feu conclu en novembre 2024
  • Ces raids interviennent alors que l’armée libanaise doit achever le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah le long de la frontière israélienne d’ici le 31 décembre

BEYROUTH: Israël a mené une série de frappes aériennes contre le sud et l'est du Liban vendredi matin, selon les médias officiels, l'armée israélienne affirmant viser des objectifs du Hezbollah pro-iranien dont un camp d'entrainement.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024 avec le groupe islamiste libanais, Israël continue de mener des attaques régulières contre le Hezbollah, l'accusant de se réarmer.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani), les raids de vendredi, qualifiés en partie de "violents", ont visé une dizaine de lieux, certains situés à une trentaine de km de la frontière avec Israël.

Dans un communiqué, l'armée israélienne a affirmé avoir "frappé un complexe d'entrainement" de la force d'élite du Hezbollah, al-Radwan, où des membres de la formation chiite apprenaient "l'utilisation de différents types d'armes", devant servir dans "des attentats terroristes".

L'armée israélienne a également "frappé des infrastructures militaires supplémentaires du Hezbollah dans plusieurs régions du sud du Liban", a-t-elle ajouté.

L'aviation israélienne avait déjà visé certains des mêmes sites en début de semaine.

Ces frappes interviennent alors que l'armée libanaise doit achever le démantèlement le 31 décembre des infrastructures militaires du Hezbollah entre la frontière israélienne et le fleuve Litani, situé à une trentaine de km plus au nord, conformément à l'accord de cessez-le-feu.

Les zones visées vendredi se trouvent pour la plupart au nord du fleuve.

Le Hezbollah a été très affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth.

Depuis, les Etats-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe.


Pluies diluviennes et vents puissants ajoutent au chaos qui frappe Gaza

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes. (AFP)
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  • A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre
  • Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza

GAZA: Pelle à la main, des Palestiniens portant des sandales en plastique et des pulls fins creusent des tranchées autour de leurs tentes dans le quartier de Zeitoun, à Gaza-ville, rempart dérisoire face aux pluies torrentielles qui s'abattent depuis des heures.

Dès mercredi soir, la tempête Byron a balayé le territoire palestinien, bordé par la mer Méditerranée, inondant les campements de fortune et ajoutant à la détresse de la population, déplacée en masse depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre 2023.

A Zeitoun, le campement planté au milieu des décombres a des allures cauchemardesques, sous un ciel chargé de gros nuages gris et blancs.

Sous des trombes d'eau, l'océan de toile et de bâches s'est transformé en marécage. Tous les auvents dégoulinent à grosses gouttes.

Accroupis sur des briques posées dans la boue, un groupe d'enfants mangent à même des faitouts en métal devant l'ouverture d'un petit abri en plastique, en regardant le ciel s'abattre sur le quartier.

"Nous ne savions pas où aller" 

A al-Zawaida, dans le centre de la bande de Gaza, des mares forcent les gens à marcher dans l'eau stagnante, qui leur arrive aux chevilles, ou à sauter d'un îlot de sable émergé à un autre.

"La nuit dernière a été terrible pour nous et pour nos enfants à cause des fortes pluies et du froid, les enfants ont été trempés, les couvertures et les matelas aussi. Nous ne savions pas où aller", raconte à l'AFP Souad Mouslim, qui vit sous une tente avec sa famille.

"Donnez-nous une tente décente, des couvertures pour nos enfants, des vêtements à porter, je le jure, ils ont les pieds nus, ils n'ont pas de chaussures", implore-t-elle.

"Jusqu'à quand allons-nous rester comme ça? C'est injuste", dit-elle en élevant la voix pour couvrir le bruit des gouttes frappant la toile.

Selon un rapport de l'ONU, 761 sites, abritant environ 850.000 déplacés, présentent un risque élevé d'inondation dans la bande de Gaza.

Le territoire connait généralement un épisode de fortes pluies en fin d'automne et en hiver, mais la dévastation massive due à la guerre l'a rendu plus vulnérable.

"La situation est désespérée", résume Chourouk Mouslim, une déplacée originaire de Beit Lahia, dans le nord de Gaza, elle aussi sous une tente à al-Zawaida.

"Nous ne pouvons même pas sortir pour allumer un feu" pour cuisiner ou se chauffer, déplore-t-elle, avant d'ajouter qu'elle n'a de toutes les manières ni bois, ni gaz.

Dans ce territoire dont les frontières sont fermées, où l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante selon l'ONU, malgré l'entrée en vigueur d'une trêve le 10 octobre, les pénuries empêchent une population déjà démunie de faire face à ce nouveau problème.

Lointaine reconstruction 

Sous les tentes, les plus chanceux bâchent le sol ou le recouvrent de briques pour empêcher que le sable humide ne détrempe leurs affaires. Dans les zones où le bitume n'a pas été arraché, des bulldozers continuent de déblayer les décombres des bâtiments détruits.

Beaucoup de gens restent debout, à l'entrée des abris, plutôt que de s'asseoir une surface mouillée.

"La tempête a eu un impact grave sur la population, des bâtiments se sont effondrés et une grande partie des infrastructures étant détruite, elles ne permettent plus d'absorber cet important volume de pluie", note Mahmoud Bassal, le porte-parole de la Défense civile de Gaza.

Cette organisation, qui dispense des premiers secours sous l'autorité du Hamas, a affirmé que la tempête avait causé la mort d'une personne, écrasée par un mur ayant cédé. Elle a ajouté que ses équipes étaient intervenues après l'effondrement partiel de trois maisons durant les fortes pluies.

La Défense civile a averti les habitants restés dans des logements partiellement détruits ou fragilisés par les bombardements qu'ils se mettaient en danger.

"Les tentes, c'est inacceptable", estime M. Bassal, "ce qui doit être fourni maintenant, ce sont des abris qu'on peut déplacer, équipés de panneaux solaires, avec deux pièces, une salle de bain et toutes les installations nécessaires pour les habitants. Seulement à ce moment-là, la reconstruction pourra commencer".