Sanofi s'apprête à ouvrir un siège régional à Riyad et à étendre ses activités

«Il s’agit d’une décision vitale au moment où nous renforçons notre engagement en tant que partenaire stratégique de l’initiative Vision 2030», souligne-t-elle dans un entretien exclusif accordé à Arab News. (Photo, AFP)
«Il s’agit d’une décision vitale au moment où nous renforçons notre engagement en tant que partenaire stratégique de l’initiative Vision 2030», souligne-t-elle dans un entretien exclusif accordé à Arab News. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 12 décembre 2022

Sanofi s'apprête à ouvrir un siège régional à Riyad et à étendre ses activités

«Il s’agit d’une décision vitale au moment où nous renforçons notre engagement en tant que partenaire stratégique de l’initiative Vision 2030», souligne-t-elle dans un entretien exclusif accordé à Arab News. (Photo, AFP)
  • Sanofi propose un large éventail de programmes d’éducation et de formation pour les professionnels de santé locaux
  • L’entreprise crée des outils numériques qui peuvent être intégrés au quotidien des patients tout en offrant une prise en charge individualisée

RIYAD: Ayant récemment reçu sa licence officielle de siège régional, Sanofi souhaite étendre davantage ses activités en Arabie saoudite, déclare Niven al-Khoury, directrice générale de la multinationale pharmaceutique pour la médecine générale dans le Royaume et les pays du Golfe.

«Il s’agit d’une décision vitale au moment où nous renforçons notre engagement en tant que partenaire stratégique de l’initiative Vision 2030», souligne-t-elle dans un entretien exclusif accordé à Arab News.

Selon la directrice, Sanofi sera également en mesure d’améliorer la collaboration avec les partenaires locaux, grâce à son nouveau siège régional à Riyad, en plus d’apporter des investissements supplémentaires dans le pays et de mieux capitaliser sur les possibilités émergentes créées par la transformation des soins de santé en cours dans le pays.

«En fin de compte, cela nous permettra d’être plus proches de nos patients et clients et de répondre à leurs besoins plus rapidement et de manière plus efficace, contribuant ainsi à améliorer la qualité de vie des personnes et des communautés à travers le Royaume», soutient-elle.

Promouvoir les talents saoudiens

Forte d’une Histoire riche de plus de cinquante ans, l’entreprise Sanofi est présente depuis longtemps au sein du Royaume. Désormais, elle compte plus de trois cent quatre-vingts employés en Arabie saoudite, dont deux cent sept Saoudiens.

«Nous avons fourni un soutien inébranlable à l’initiative Vision 2030, qui donne la priorité au développement des talents saoudiens», affirme la directrice. «Plus de 50 % de notre personnel dans divers départements est saoudien. Nous élaborons également des stratégies pour améliorer la saoudisation dans l’entreprise au cours des trois prochaines années.»

En outre, Sanofi propose un large éventail de programmes d’éducation et de formation pour les professionnels de santé locaux.

«Ces programmes sensibilisent efficacement aux derniers traitements et technologies en matière de gestion du diabète, ce qui peut contribuer à réduire considérablement les cas de diabète dans cette région», précise-t-elle.

Au cours des cinq dernières années, Sanofi a dispensé des programmes éducatifs à des milliers de professionnels de santé de la région, dont un grand nombre de Saoudiens talentueux. Par ailleurs, Sanofi a élaboré plusieurs projets stratégiques pour responsabiliser les étudiants et diplômés en pharmacie.

«Le plus important est la Step Academy, initiée en 2018. Elle comprend une formation d’été et des emplois en coopération avec l’université du roi Abdelaziz de Djeddah, l’université du roi Saoud et l’université de la princesse Noura bent Abdelrahmane de Riyad», explique-t-elle. «À ce jour, nous avons formé plus de deux cent cinquante étudiants et étudiantes.»

Gestion du diabète

L’Arabie saoudite se classe parmi les vingt premiers pays du monde pour la prévalence du diabète. On estime à 4,2 millions le nombre de patients diabétiques dans le pays, dont près d’1,8 million ne sont pas diagnostiqués. Compte tenu de ces chiffres alarmants, il est urgent d’adopter une approche holistique de la gestion du diabète.

Sanofi fournit des soins individualisés grâce à des médicaments innovants, des solutions numériques, l’éducation et la collaboration via des partenariats influents.

«Les offres innovantes de Sanofi, notamment les thérapies et les solutions numériques, ont un profil d’innocuité favorable, des attributs pour la baisse de l’HbA1c, ainsi qu’un risque considérablement réduit de prise de poids pour aider les patients à gérer efficacement leur état», poursuit la directrice.

Elle indique que Sanofi a l’ambition d’être la principale plate-forme numérique de soins de santé pour les patients, les prestataires et les chercheurs, combinant des options thérapeutiques innovantes avec des solutions intelligentes pour faciliter la vie des patients utilisant de l’insuline.

«En fin de compte, cela nous permettra d’être plus proches de nos patients et clients et de répondre à leurs besoins plus rapidement et de manière plus efficace, contribuant ainsi à améliorer la qualité de vie des personnes et des communautés à travers le Royaume», soutient Niven al-Khoury, directrice générale de Sanofi pour la médecine générale dans le Royaume et les pays du Golfe.
«En fin de compte, cela nous permettra d’être plus proches de nos patients et clients et de répondre à leurs besoins plus rapidement et de manière plus efficace, contribuant ainsi à améliorer la qualité de vie des personnes et des communautés à travers le Royaume», soutient Niven al-Khoury, directrice générale de Sanofi pour la médecine générale dans le Royaume et les pays du Golfe.

Parmi ses collaborations notables, Sanofi a signé un protocole d’accord avec le ministère saoudien de la Santé et le Conseil saoudien de la santé pour adopter un programme de gestion globale du diabète, comprenant une éducation au diabète pour les centres de soins de santé primaires.

Sanofi travaille avec ses partenaires, le ministère saoudien de la Santé et le Conseil saoudien de la Santé, pour proposer une gamme de programmes d’éducation et de formation aux professionnels de la santé.

«En 2022, nous avons aidé à former plus de mille praticiens de soins primaires dans le Royaume pour soutenir les patients atteints de diabète», affirme la directrice.

Grâce à ses programmes de recherche scientifique et de formation médicale continue, Sanofi apporte l’innovation et garantit un meilleur accès à des soins de santé de qualité. Par ailleurs, l’entreprise améliore la pratique de la médecine et elle met en place davantage de soins de santé durables pour la société.

Depuis 2020, Sanofi a initié et mené à bien trois études concrètes en Arabie saoudite et dans la région du Golfe, analysant un ensemble de données concernant plus de mille sujets. Ces études ont généré des informations précieuses sur la pratique clinique réelle et une meilleure compréhension du parcours du patient.

«Les résultats de ces études devraient être publiés dans des revues et conférences scientifiques internationales», ajoute-t-elle. «Nous préparons également de nouvelles études concrètes qui devraient être programmées en Arabie saoudite en 2023.»

Prise en charge individualisée des patients

Il existe une énorme demande de soins individualisés pour les patients atteints de diabète, informe-t-elle. À ce titre, Sanofi travaille en étroite collaboration avec les professionnels de santé afin de fournir les meilleurs soins possibles aux patients grâce à sa gamme d’options thérapeutiques, d’appareils intelligents et de services.

Sanofi utilise un large portefeuille de technologies numériques et personnelles pour offrir de meilleurs résultats aux personnes atteintes de diabète dans le Royaume.

Selon la directrice, la sensibilisation et l’amélioration de l’accès aux nouvelles normes de soins sont également cruciales, tout comme la création de programmes d’éducation et de formation pour les professionnels de la santé, les médecins et les pharmaciens.

«Cela contribuera à faciliter la mise en place de soins de santé complets et de haute qualité pour les personnes atteintes de diabète et à renforcer la santé publique du pays», précise-t-elle. «Ces initiatives correspondent aux objectifs de Vision 2030, qui cherche à disposer d’un système de santé complet, efficace et intégré, en plus d’assurer un accès équitable aux services de santé.»

Portefeuille innovant

Le portefeuille innovant de Sanofi dans les domaines du diabète, des maladies cardio-vasculaires, des vaccins, des maladies rares, de l’immunologie, de l’oncologie et de la santé grand public lui permet de répondre aux besoins d’un large éventail de patients dans le Royaume.

«Nous sommes un partenaire stratégique du solide secteur de la santé au Royaume et un contributeur essentiel à la stratégie et aux aspirations de diversification économique du pays», insiste-t-elle.

Selon elle, Sanofi s’engage à respecter la Vision 2030 du Royaume, qui vise à réduire le fardeau des médicaments importés, à créer des emplois hautement qualifiés, à assurer la sécurité pharmaceutique nationale, à accroître les investissements étrangers directs et à aider à positionner le Royaume comme centre régional pour la biopharmacie et la fabrication de vaccins.

FOCUS

Au cours des cinq dernières années, Sanofi a dispensé des programmes éducatifs à des milliers de professionnels de santé de la région, dont un grand nombre de Saoudiens talentueux. Par ailleurs, Sanofi a élaboré plusieurs projets stratégiques pour responsabiliser les étudiants et diplômés en pharmacie.

«Sanofi renforce sa présence dans le Royaume et son partenariat avec le gouvernement saoudien en transférant sa technologie et son savoir-faire et en localisant la fabrication de ses insulines et vaccins», renchérit la directrice.

Récemment, Sanofi a signé un partenariat stratégique avec la société saoudienne Sudair Pharmaceutical Co. pour le transfert de technologie et la localisation de l’ensemble du portefeuille d’insuline de Sanofi afin de répondre à la demande du marché saoudien. De plus, cet accord augmentera la production locale et il assurera la sécurité nationale des médicaments pour servir la communauté et répondre à ses besoins.

Transformation numérique

En outre, Sanofi améliore les soins aux patients grâce à la transformation numérique. La société a développé des outils qui peuvent être intégrés au quotidien des patients tout en offrant une prise en charge individualisée. Ses solutions intelligentes facilitent la vie des patients sous insuline.

Sanofi a créé «My Dose Coach» dans la région du Golfe, une solution de titrage numérique approuvée – la première du genre – qui aide les patients et les professionnels de la santé à travailler ensemble pour cibler la glycémie à jeun, obtenant ainsi un meilleur contrôle grâce à l’optimisation de la dose d’insuline.

«Cela permet également aux professionnels de la santé d’avoir une vision plus globale des patients pour analyser les tendances et les modèles et pas seulement les chiffres, leur offrant ainsi la possibilité de travailler à distance pour prendre de meilleures décisions médicales», conclut la directrice de Sanofi.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L’intelligence artificielle, levier d’émancipation pour les femmes selon la directrice de la DCO

Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré : « On ne peut pas dire que l’intelligence artificielle est une bonne ou une mauvaise chose en soi, explique-t-elle, mais je suis très optimiste quant aux opportunités qui existent pour les femmes. » (Photo fournie)
Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré : « On ne peut pas dire que l’intelligence artificielle est une bonne ou une mauvaise chose en soi, explique-t-elle, mais je suis très optimiste quant aux opportunités qui existent pour les femmes. » (Photo fournie)
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  • Pour la directrice générale de la Digital Cooperation Organization (DCO), Hajar El Haddaoui, l’intelligence artificielle (IA) représente une opportunité considérable pour les femmes sur le marché du travail, à condition toutefois de réduire les fractures
  • Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré

PARIS: Pour la directrice générale de la Digital Cooperation Organization (DCO), Hajar El Haddaoui, l’intelligence artificielle (IA) représente une opportunité considérable pour les femmes sur le marché du travail, à condition toutefois de réduire les fractures numériques, de renforcer la coopération internationale et d’intégrer cette technologie au cœur des stratégies nationales de développement.

Interrogée par Arabnews en français en marge des Rencontres économiques de l’Institut du monde arabe à Paris, El Haddaoui affiche un optimisme mesuré : « On ne peut pas dire que l’intelligence artificielle est une bonne ou une mauvaise chose en soi, explique-t-elle, mais je suis très optimiste quant aux opportunités qui existent pour les femmes. »

« On voit de plus en plus de femmes s’intéresser à l’IA et aux algorithmes dans différents domaines ; il faut s’en saisir comme d’une opportunité », souligne El Haddaoui, dont l’organisation, fondée à Riyad en 2020, regroupe 16 États membres et compte plus de 40 partenaires issus des secteurs technologique et financier.

Œuvrant essentiellement autour de deux axes stratégiques — la résilience technologique et la prospérité numérique —, la DCO s’est vu accorder un siège d’observateur à l’Assemblée générale des Nations unies en 2022.

L’accès à l’intelligence artificielle n’est cependant pas uniforme à l’échelle mondiale, plaide El Haddaoui, dont l’organisation œuvre pour l’inclusivité numérique et technologique.
« Non, il n’y a pas d’égalité entre les pays, affirme-t-elle sans détour. Certains ont énormément investi dans l’IA et disposent des ressources nécessaires, tandis que d’autres en sont encore loin. »

Elle insiste sur l’importance de la coopération régionale pour réduire ces écarts : « Il faut échanger les bonnes pratiques et, surtout, soutenir les pays en retard par de grands investissements », souligne-t-elle, rappelant que « certains pays n’ont même pas la 5G, ce qui rend toute avancée en IA très difficile ».

Pour elle, la réduction de cette fracture nécessite des partenariats solides entre États, des échanges d’expériences et un appui financier ciblé, afin « de permettre à davantage de pays d’intégrer l’intelligence artificielle dans leurs priorités nationales ».

Cependant, les disparités ne sont pas seulement internationales, souligne El Haddaoui : elles sont également internes, car « dans certains pays, les zones rurales n’ont même pas accès à Internet, alors que d’autres régions abritent des hubs d’innovation très avancés », observe-t-elle.

Cette fracture numérique interne constitue, selon elle, un défi majeur. La solution passe par une stratégie globale d’éducation et d’inclusion : « Il faut prendre en compte l’éducation dès le plus jeune âge, développer des applications accessibles dans les langues locales et former les talents nationaux pour diffuser les connaissances liées à l’IA au sein même du pays. »

Ce n’est qu’une fois ces bases posées que la réduction de la fracture pourra s’étendre aux niveaux régional et mondial.

Interrogée sur le risque de voir le financement de l’IA se faire au détriment d’autres secteurs essentiels, El Haddaoui se veut rassurante : « Si l’intelligence artificielle est intégrée dans la stratégie numérique nationale et appliquée à tous les secteurs — santé, finance, économie ou éducation —, elle ne concurrence pas les autres investissements, elle les renforce », explique-t-elle.

Elle met toutefois en garde contre une approche sectorielle trop étroite : « Dans les pays où l’investissement est concentré uniquement sur l’IA sans vision transversale, le risque existe. Il ne faut pas répéter les erreurs commises lors de la transformation digitale dans certaines régions. L’IA doit être pensée comme une stratégie cross-industry, présente dans tous les secteurs et non en silo. »

Pour cette raison, ajoute-t-elle, la DCO travaille avec de nombreux États membres, dont le Maroc : « Nous sommes présents sur le terrain dans plusieurs pays membres afin d’accompagner le développement numérique local », précise-t-elle.


La ministre de la transition numérique marocaine: l’IA une opportunité pour l’émancipation des femmes

L’intelligence artificielle (IA) peut devenir un outil puissant pour renforcer la place des femmes dans la société et sur le marché du travail. C’est le message porté par la ministre marocaine de la Transition numérique, Amal El Fallah Seghrouchni. (Photo fournie)
L’intelligence artificielle (IA) peut devenir un outil puissant pour renforcer la place des femmes dans la société et sur le marché du travail. C’est le message porté par la ministre marocaine de la Transition numérique, Amal El Fallah Seghrouchni. (Photo fournie)
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  • Le Maroc multiplie les initiatives pour démocratiser l’accès à ces technologies
  • En juillet dernier, les Assises nationales de l’intelligence artificielle ont réuni 2 500 acteurs publics et privés

PARIS: L’intelligence artificielle (IA) peut devenir un outil puissant pour renforcer la place des femmes dans la société et sur le marché du travail.
C’est le message porté par la ministre marocaine de la Transition numérique, Amal El Fallah Seghrouchni, qui voit dans cette technologie une opportunité majeure pour réduire les fractures sociales et économiques, à condition de s’y préparer dès maintenant.

Nommée ministre en 2024, Seghrouchni est une pionnière de l’intelligence artificielle. Elle est même décrite par certains comme « l’Elon Musk du Maroc », mais elle se distingue de ce dernier par son engagement éthique et son attachement à l’inclusion et à la justice sociale liées à l’avènement des nouvelles technologies.
Dans le cadre de ses fonctions et responsabilités, elle poursuit sa quête d’une utilisation raisonnée de l’intelligence artificielle, au profit de tous.

Présente à Paris à l’occasion de la 16ᵉ édition des Rencontres économiques, organisées par l’Institut du monde arabe, la ministre a insisté, en réponse à Arab News en français, sur la nécessité d’intégrer les femmes dans cette révolution technologique.
« Aujourd’hui, l’intelligence artificielle est utilisée dans tous les secteurs de la vie professionnelle : la santé, l’agriculture, l’art, la culture, le droit ou encore la fintech », indique-t-elle. « Et si les femmes maîtrisent l’intelligence artificielle, elles peuvent accéder à un marché de l’emploi beaucoup plus vaste. »

Selon la ministre, l’IA permet aux femmes d’améliorer leur productivité et d’accéder à des ressources jusqu’ici moins accessibles, comme la traduction automatique, les calculs complexes ou la recherche d’informations ciblées : « autant d’usages concrets qui peuvent faciliter leur insertion professionnelle ».
Elle met également en avant le potentiel des outils d’IA pour les femmes entrepreneures, dirigeant des petites ou moyennes entreprises, qui peuvent ainsi s’appuyer sur le commerce électronique pour dépasser les limites des marchés locaux.
« Il existe aujourd’hui des plateformes qui permettent aux femmes d’accéder à un marché global grâce à l’intelligence artificielle », explique-t-elle.

La formation à l’IA représente un investissement, concède la ministre, mais celui-ci reste accessible et rentable. De nombreux programmes, soutenus par des organisations internationales ou des initiatives nationales, visent à réduire cette barrière financière.
« Nous avons lancé un programme qui s’appelle Elevate pour le commerce électronique : il aide gratuitement des femmes à accéder à ces plateformes », précise-t-elle. Et même si certaines formations sont payantes, les coûts restent modérés « au regard du retour sur investissement potentiel ».

La ministre reconnaît cependant l’existence de plusieurs niveaux de fracture : alphabétisation, numérique, et désormais intelligence artificielle.
Mais elle estime que « la question n’est pas de savoir s’il va y avoir une fracture, mais si nous allons pouvoir maîtriser ces technologies pour ne pas rester sur le bord du chemin », car il ne s’agit pas de subir ces transformations, mais « de les utiliser comme leviers de réduction des inégalités ».

Le Maroc multiplie les initiatives pour démocratiser l’accès à ces technologies. En juillet dernier, les Assises nationales de l’intelligence artificielle ont réuni 2 500 acteurs publics et privés.
Le pays a lancé des plateformes de formation, un programme de soutien aux start-up, ainsi qu’un vaste réseau d’instituts de recherche et de développement baptisé Jazari.

« Rien n’arrive tout seul », rappelle la ministre. « Le coût est là, mais aussi la volonté d’apporter les moyens humains, financiers et techniques nécessaires. C’est un grand chantier que nous voulons mener à bien, avec la détermination des femmes à monter dans ce que j’appelle le train de l’IA. »

La métaphore est claire : l’intelligence artificielle avance rapidement, et il faut savoir monter à bord au bon moment. En misant sur la formation, l’accès aux outils et l’accompagnement des femmes, la ministre entend faire de l’IA non pas une nouvelle ligne de fracture, mais une voie d’émancipation et d’ouverture.


Les Rencontres Économiques de l’IMA: la place des femmes dans l’économie à l’ère de l’IA

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  • Quatre tables rondes, réunissant le temps d’une journée des personnalités féminines éminentes du monde arabe et de la France, ont échangé sur la manière de mettre en lumière le rôle des femmes dans la transformation numérique
  • Parmi la trentaine de participantes figuraient notamment la ministre marocaine de la Transition numérique Amal El Fallah Seghrouchni, l’ancienne ministre française de la Culture Rima Abdul Malak, aujourd’hui à la tête d’un média francophone libanais

PARIS: Organisée par l’Institut du Monde Arabe à Paris autour du thème « Femmes, business et innovation », la 16ᵉ édition des Rencontres économiques du monde arabe a décortiqué tous les aspects de l’économie au féminin.

Quatre tables rondes, réunissant le temps d’une journée des personnalités féminines éminentes du monde arabe et de la France, ont échangé sur la manière de mettre en lumière le rôle des femmes dans la transformation numérique, l’entrepreneuriat et la création, ainsi que sur les moyens de favoriser des synergies franco-arabes.

Parmi la trentaine de participantes figuraient notamment la ministre marocaine de la Transition numérique Amal El Fallah Seghrouchni, l’ancienne ministre française de la Culture Rima Abdul Malak, aujourd’hui à la tête d’un média francophone libanais, des femmes d’affaires telles que Hajar El Haddaoui, directrice générale de Digital Cooperation Organization (Maroc–Arabie saoudite), ou encore Olfa Zorgati, membre du conseil d’administration d’Ubisoft, ainsi que des ambassadrices comme Delphine O, et Shayna Al Zuhairi, directrice générale du Iraq Business Women Council.

IA et leadership

Parmi les temps forts figuraient un fireside chat sur l’intelligence artificielle et le leadership, plusieurs tables rondes réunissant cheffes d’entreprise et responsables d’institutions, ainsi qu’une keynote consacrée à la transformation des médias.

Dans le fireside chat dédié à l’IA et au leadership, Amal El Fallah Seghrouchni et Anne Bouverot (envoyée spéciale pour l’IA en France) ont croisé leurs visions, soulignant l’importance d’une gouvernance responsable et partagée de l’IA entre l’Europe et le monde arabe, conciliant innovation et protection des droits.

Elles ont également mis en avant la place centrale des femmes et de l’éducation dans la formation, pour réduire la fracture numérique et encourager l’industrialisation de solutions locales.

La programmation, détaillée par l’IMA, a alterné débats sur l’intelligence artificielle et le leadership, sessions sur les industries culturelles et créatives (ICC), et interventions consacrées au financement et à la coopération institutionnelle.

Les intervenantes issues du monde de la tech et du secteur privé (start-up, entreprises, écosystèmes) ont discuté des opportunités de co-développement entre acteurs français et arabes, ainsi que du besoin d’écosystèmes favorables (financement, cadres réglementaires, formation) pour transformer le talent féminin en entreprises viables.

La transformation des médias à l’ère des transitions

Une autre table ronde, réunissant un panel mixte de diplomates et de femmes actives dans les secteurs des financements publics, du droit et de l’IA, a insisté sur la nécessité d’aligner les réponses aux défis climatiques, énergétiques et numériques à travers des partenariats bilatéraux et multilatéraux.

Rima Abdul Malak a prononcé une courte keynote sur la transformation des médias à l’ère des transitions, montrant comment innover avec l’IA tout en préservant la déontologie et la diversité culturelle.
Elle a également souligné le rôle des femmes dirigeantes dans la recomposition du paysage médiatique.

Les tables rondes de l’après-midi ont porté sur les industries culturelles et créatives, les synergies franco-arabes pour la création artistique, les modèles de financement (fondations, philanthropie, fonds publics) et la médiation culturelle à l’ère de l’IA.

Sur le fond, deux lignes directrices ont traversé les discussions. D’abord, l’idée que l’émancipation économique des femmes constitue un levier stratégique de développement. Les intervenantes, issues des secteurs public et privé, ont insisté sur la nécessité de traduire les discours en dispositifs concrets : accès au financement, incubateurs dédiés, formations techniques et réseaux de mentorat.

Ensuite, la nécessité d’une coopération pratique à travers des partenariats, des centres d’excellence et des mécanismes de financement conjoints, plutôt que de simples déclarations d’intention.

Tout au long de la journée, les intervenantes françaises et arabes ont appelé à bâtir des cadres éthiques communs et des programmes de formation destinés à réduire la fracture numérique.
L’enjeu n’est plus seulement technique, a-t-il été rappelé, mais également politique. Il concerne la régulation, la souveraineté technologique et la capacité des pays du Sud à développer des solutions adaptées à leurs usages.

La table ronde dédiée aux industries culturelles et créatives a insisté sur l’importance des modèles hybrides — mécénat, fonds d’impact, structures de coopération publique-privée — permettant de soutenir la création sans l’enfermer dans des logiques purement marchandes.

Les intervenantes issues du monde de l’art et des fondations ont partagé leurs retours d’expérience et proposé des pistes concrètes pour professionnaliser les filières tout en préservant la diversité culturelle.

Plusieurs participantes ont également souligné l’importance d’instruments financiers adaptés : garanties publiques, fonds de capital-risque dédiés aux entrepreneures et dispositifs de venture philanthropy pour accompagner les premières étapes des projets culturels et technologiques.

Ces rencontres confirment la maturation d’un agenda franco-arabe centré sur l’économie du savoir et la création, et réaffirment que la question du genre ne peut demeurer un simple enjeu symbolique, mais doit se traduire par une véritable architecture d’accompagnement (financement, formation, incubateurs, réglementation).

Pour que les promesses tiennent, les participantes ont appelé à une feuille de route opérationnelle, assortie de calendriers, de budgets et d’indicateurs, afin de transformer l’énergie du plaidoyer en actions mesurables.