Sanofi s'apprête à ouvrir un siège régional à Riyad et à étendre ses activités

«Il s’agit d’une décision vitale au moment où nous renforçons notre engagement en tant que partenaire stratégique de l’initiative Vision 2030», souligne-t-elle dans un entretien exclusif accordé à Arab News. (Photo, AFP)
«Il s’agit d’une décision vitale au moment où nous renforçons notre engagement en tant que partenaire stratégique de l’initiative Vision 2030», souligne-t-elle dans un entretien exclusif accordé à Arab News. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 12 décembre 2022

Sanofi s'apprête à ouvrir un siège régional à Riyad et à étendre ses activités

«Il s’agit d’une décision vitale au moment où nous renforçons notre engagement en tant que partenaire stratégique de l’initiative Vision 2030», souligne-t-elle dans un entretien exclusif accordé à Arab News. (Photo, AFP)
  • Sanofi propose un large éventail de programmes d’éducation et de formation pour les professionnels de santé locaux
  • L’entreprise crée des outils numériques qui peuvent être intégrés au quotidien des patients tout en offrant une prise en charge individualisée

RIYAD: Ayant récemment reçu sa licence officielle de siège régional, Sanofi souhaite étendre davantage ses activités en Arabie saoudite, déclare Niven al-Khoury, directrice générale de la multinationale pharmaceutique pour la médecine générale dans le Royaume et les pays du Golfe.

«Il s’agit d’une décision vitale au moment où nous renforçons notre engagement en tant que partenaire stratégique de l’initiative Vision 2030», souligne-t-elle dans un entretien exclusif accordé à Arab News.

Selon la directrice, Sanofi sera également en mesure d’améliorer la collaboration avec les partenaires locaux, grâce à son nouveau siège régional à Riyad, en plus d’apporter des investissements supplémentaires dans le pays et de mieux capitaliser sur les possibilités émergentes créées par la transformation des soins de santé en cours dans le pays.

«En fin de compte, cela nous permettra d’être plus proches de nos patients et clients et de répondre à leurs besoins plus rapidement et de manière plus efficace, contribuant ainsi à améliorer la qualité de vie des personnes et des communautés à travers le Royaume», soutient-elle.

Promouvoir les talents saoudiens

Forte d’une Histoire riche de plus de cinquante ans, l’entreprise Sanofi est présente depuis longtemps au sein du Royaume. Désormais, elle compte plus de trois cent quatre-vingts employés en Arabie saoudite, dont deux cent sept Saoudiens.

«Nous avons fourni un soutien inébranlable à l’initiative Vision 2030, qui donne la priorité au développement des talents saoudiens», affirme la directrice. «Plus de 50 % de notre personnel dans divers départements est saoudien. Nous élaborons également des stratégies pour améliorer la saoudisation dans l’entreprise au cours des trois prochaines années.»

En outre, Sanofi propose un large éventail de programmes d’éducation et de formation pour les professionnels de santé locaux.

«Ces programmes sensibilisent efficacement aux derniers traitements et technologies en matière de gestion du diabète, ce qui peut contribuer à réduire considérablement les cas de diabète dans cette région», précise-t-elle.

Au cours des cinq dernières années, Sanofi a dispensé des programmes éducatifs à des milliers de professionnels de santé de la région, dont un grand nombre de Saoudiens talentueux. Par ailleurs, Sanofi a élaboré plusieurs projets stratégiques pour responsabiliser les étudiants et diplômés en pharmacie.

«Le plus important est la Step Academy, initiée en 2018. Elle comprend une formation d’été et des emplois en coopération avec l’université du roi Abdelaziz de Djeddah, l’université du roi Saoud et l’université de la princesse Noura bent Abdelrahmane de Riyad», explique-t-elle. «À ce jour, nous avons formé plus de deux cent cinquante étudiants et étudiantes.»

Gestion du diabète

L’Arabie saoudite se classe parmi les vingt premiers pays du monde pour la prévalence du diabète. On estime à 4,2 millions le nombre de patients diabétiques dans le pays, dont près d’1,8 million ne sont pas diagnostiqués. Compte tenu de ces chiffres alarmants, il est urgent d’adopter une approche holistique de la gestion du diabète.

Sanofi fournit des soins individualisés grâce à des médicaments innovants, des solutions numériques, l’éducation et la collaboration via des partenariats influents.

«Les offres innovantes de Sanofi, notamment les thérapies et les solutions numériques, ont un profil d’innocuité favorable, des attributs pour la baisse de l’HbA1c, ainsi qu’un risque considérablement réduit de prise de poids pour aider les patients à gérer efficacement leur état», poursuit la directrice.

Elle indique que Sanofi a l’ambition d’être la principale plate-forme numérique de soins de santé pour les patients, les prestataires et les chercheurs, combinant des options thérapeutiques innovantes avec des solutions intelligentes pour faciliter la vie des patients utilisant de l’insuline.

«En fin de compte, cela nous permettra d’être plus proches de nos patients et clients et de répondre à leurs besoins plus rapidement et de manière plus efficace, contribuant ainsi à améliorer la qualité de vie des personnes et des communautés à travers le Royaume», soutient Niven al-Khoury, directrice générale de Sanofi pour la médecine générale dans le Royaume et les pays du Golfe.
«En fin de compte, cela nous permettra d’être plus proches de nos patients et clients et de répondre à leurs besoins plus rapidement et de manière plus efficace, contribuant ainsi à améliorer la qualité de vie des personnes et des communautés à travers le Royaume», soutient Niven al-Khoury, directrice générale de Sanofi pour la médecine générale dans le Royaume et les pays du Golfe.

Parmi ses collaborations notables, Sanofi a signé un protocole d’accord avec le ministère saoudien de la Santé et le Conseil saoudien de la santé pour adopter un programme de gestion globale du diabète, comprenant une éducation au diabète pour les centres de soins de santé primaires.

Sanofi travaille avec ses partenaires, le ministère saoudien de la Santé et le Conseil saoudien de la Santé, pour proposer une gamme de programmes d’éducation et de formation aux professionnels de la santé.

«En 2022, nous avons aidé à former plus de mille praticiens de soins primaires dans le Royaume pour soutenir les patients atteints de diabète», affirme la directrice.

Grâce à ses programmes de recherche scientifique et de formation médicale continue, Sanofi apporte l’innovation et garantit un meilleur accès à des soins de santé de qualité. Par ailleurs, l’entreprise améliore la pratique de la médecine et elle met en place davantage de soins de santé durables pour la société.

Depuis 2020, Sanofi a initié et mené à bien trois études concrètes en Arabie saoudite et dans la région du Golfe, analysant un ensemble de données concernant plus de mille sujets. Ces études ont généré des informations précieuses sur la pratique clinique réelle et une meilleure compréhension du parcours du patient.

«Les résultats de ces études devraient être publiés dans des revues et conférences scientifiques internationales», ajoute-t-elle. «Nous préparons également de nouvelles études concrètes qui devraient être programmées en Arabie saoudite en 2023.»

Prise en charge individualisée des patients

Il existe une énorme demande de soins individualisés pour les patients atteints de diabète, informe-t-elle. À ce titre, Sanofi travaille en étroite collaboration avec les professionnels de santé afin de fournir les meilleurs soins possibles aux patients grâce à sa gamme d’options thérapeutiques, d’appareils intelligents et de services.

Sanofi utilise un large portefeuille de technologies numériques et personnelles pour offrir de meilleurs résultats aux personnes atteintes de diabète dans le Royaume.

Selon la directrice, la sensibilisation et l’amélioration de l’accès aux nouvelles normes de soins sont également cruciales, tout comme la création de programmes d’éducation et de formation pour les professionnels de la santé, les médecins et les pharmaciens.

«Cela contribuera à faciliter la mise en place de soins de santé complets et de haute qualité pour les personnes atteintes de diabète et à renforcer la santé publique du pays», précise-t-elle. «Ces initiatives correspondent aux objectifs de Vision 2030, qui cherche à disposer d’un système de santé complet, efficace et intégré, en plus d’assurer un accès équitable aux services de santé.»

Portefeuille innovant

Le portefeuille innovant de Sanofi dans les domaines du diabète, des maladies cardio-vasculaires, des vaccins, des maladies rares, de l’immunologie, de l’oncologie et de la santé grand public lui permet de répondre aux besoins d’un large éventail de patients dans le Royaume.

«Nous sommes un partenaire stratégique du solide secteur de la santé au Royaume et un contributeur essentiel à la stratégie et aux aspirations de diversification économique du pays», insiste-t-elle.

Selon elle, Sanofi s’engage à respecter la Vision 2030 du Royaume, qui vise à réduire le fardeau des médicaments importés, à créer des emplois hautement qualifiés, à assurer la sécurité pharmaceutique nationale, à accroître les investissements étrangers directs et à aider à positionner le Royaume comme centre régional pour la biopharmacie et la fabrication de vaccins.

FOCUS

Au cours des cinq dernières années, Sanofi a dispensé des programmes éducatifs à des milliers de professionnels de santé de la région, dont un grand nombre de Saoudiens talentueux. Par ailleurs, Sanofi a élaboré plusieurs projets stratégiques pour responsabiliser les étudiants et diplômés en pharmacie.

«Sanofi renforce sa présence dans le Royaume et son partenariat avec le gouvernement saoudien en transférant sa technologie et son savoir-faire et en localisant la fabrication de ses insulines et vaccins», renchérit la directrice.

Récemment, Sanofi a signé un partenariat stratégique avec la société saoudienne Sudair Pharmaceutical Co. pour le transfert de technologie et la localisation de l’ensemble du portefeuille d’insuline de Sanofi afin de répondre à la demande du marché saoudien. De plus, cet accord augmentera la production locale et il assurera la sécurité nationale des médicaments pour servir la communauté et répondre à ses besoins.

Transformation numérique

En outre, Sanofi améliore les soins aux patients grâce à la transformation numérique. La société a développé des outils qui peuvent être intégrés au quotidien des patients tout en offrant une prise en charge individualisée. Ses solutions intelligentes facilitent la vie des patients sous insuline.

Sanofi a créé «My Dose Coach» dans la région du Golfe, une solution de titrage numérique approuvée – la première du genre – qui aide les patients et les professionnels de la santé à travailler ensemble pour cibler la glycémie à jeun, obtenant ainsi un meilleur contrôle grâce à l’optimisation de la dose d’insuline.

«Cela permet également aux professionnels de la santé d’avoir une vision plus globale des patients pour analyser les tendances et les modèles et pas seulement les chiffres, leur offrant ainsi la possibilité de travailler à distance pour prendre de meilleures décisions médicales», conclut la directrice de Sanofi.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


L'aéroport de Riyad presque à l'arrêt en raison de problèmes opérationnels

 L'aéroport international King Khalid à Riyad. Getty
L'aéroport international King Khalid à Riyad. Getty
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  • Les compagnies aériennes publient des déclarations, tandis que des sources indiquent à Arab News que la pluie est à blâmer
  • Dans son propre communiqué, Saudia a déclaré : "Les clients touchés sont contactés par l'intermédiaire de la compagnie aérienne"

RIYAD: Des milliers de passagers voyageant vers et depuis l'aéroport international King Khalid de Riyad ont été laissés en plan alors que les principales compagnies aériennes se sont efforcées de proposer des vols alternatifs suite à une série d'annulations et de retards.

Saudia et flyadeal ont été parmi les compagnies aériennes qui ont rencontré des difficultés, les deux compagnies ayant publié des déclarations attribuant ces problèmes à des problèmes opérationnels temporaires.

Une déclaration de l'aéroport sur son compte officiel X a exhorté les voyageurs à contacter directement les compagnies aériennes avant de se rendre à la plate-forme d'aviation pour vérifier l'état actualisé et l'horaire de leurs vols.

Le communiqué dit ceci : "L'aéroport international King Khalid souhaite vous informer qu'en raison de la concomitance d'un certain nombre de facteurs opérationnels au cours des deux derniers jours - y compris plusieurs vols détournés d'autres aéroports vers l'aéroport international King Khalid, en plus des travaux de maintenance programmés dans le système d'approvisionnement en carburant - cela a eu un impact sur les horaires de certains vols, y compris le retard ou l'annulation d'un certain nombre de vols opérés par certaines compagnies aériennes".

L'aéroport a ajouté que les équipes opérationnelles travaillent "24 heures sur 24 en étroite coordination avec nos partenaires aériens et les parties prenantes concernées pour faire face aux développements et rétablir la régularité opérationnelle dès que possible", tout en prenant toutes les mesures nécessaires pour minimiser l'impact sur l'expérience des passagers.

Des sources aéroportuaires ont déclaré à Arab News que le problème était lié aux fortes pluies qui se sont abattues sur Riyad plus tôt dans la journée de vendredi. De l'eau s'est apparemment infiltrée dans les réservoirs de carburant censés ravitailler les avions à réaction avant leur décollage, et plusieurs compagnies aériennes se sont alors efforcées de reprogrammer les vols des passagers.

Dans son propre communiqué, Saudia a déclaré : "Les clients touchés sont contactés par l'intermédiaire de la compagnie aérienne : "Les clients concernés sont contactés par le biais de divers canaux de communication, et tous les changements de billets sont effectués sans frais supplémentaires.

Arab News a contacté Saudia pour de plus amples informations.

Toujours dans un communiqué publié sur X, flyadeal a déclaré que tous ses passagers touchés par la perturbation "seront informés directement par e-mail et SMS des options de rebooking et d'assistance".


IA: pour la présidente de Microsoft France, il n'y a pas de «bulle»

 "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
"Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs. (AFP)
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  • Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde
  • En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute

PARIS: "Je ne crois pas du tout à la bulle" de l'intelligence artificielle (IA), assure lors d'un entretien à l'AFP Corine de Bilbao, présidente de Microsoft France, qui dit constater une diffusion rapide de l'IA chez les entreprises et les consommateurs.

Pour certains experts, les investissements colossaux dans l'IA semblent démesurés par rapport aux bénéfices générés, alimentant la peur d'une survalorisation du secteur.

Mais selon Corine de Bilbao, à la tête de la filiale française du géant américain des logiciels depuis 2021, "il y a des signes forts" de solidité comme le fait que cette technologie se diffuse "dans toutes les sphères de la société".

Microsoft propose son propre assistant IA, baptisé Copilot, et contrôle 27% du capital de la start-up OpenAI, le créateur de ChatGPT, chatbot le plus utilisé au monde, dans laquelle Microsoft a investi plus de 13 milliards de dollars.

En France, 40,9% des citoyens en âge de travailler ont adopté l'IA, assure Mme de Bilbao, contre 26,3% aux États-Unis, ce qui place la France à la cinquième place mondiale en termes d'adoption, selon une étude du Microsoft AI Economy Institute.

Un milliard d'agents IA

L'énergéticien français TotalEnergies utilise par exemple Copilot et des agents IA, capables de réaliser des tâches de façon autonome, à travers des cas d'usage "dans la maintenance, les achats, la sécurité", énumère la patronne.

Tandis que l'assureur italien Generali a "adopté massivement l'IA et automatisé plus d'un million d'opérations", ajoute-t-elle.

"Plus d'un milliard d'agents à l'échelle mondiale vont être diffusés dans les entreprises" d'ici 2028, s'enthousiasme Corine de Bilbao, citant une étude IDC pour Microsoft.

L'irruption de l'intelligence artificielle dans les entreprises peut toutefois se traduire par des vagues de licenciements comme chez Amazon, le groupe informatique HP ou encore l'assureur allemand Allianz Partners.

Microsoft France, qui compte près de 2.000 employés, a de son côté supprimé 10% de ses effectifs via un accord collectif de rupture conventionnelle sur la base du volontariat.  -

"C'est lié à la transformation de certains métiers, mais pas à l'IA", assure la dirigeante, ajoutant qu'en parallèle Microsoft est en train de recruter "des profils plus techniques", comme des "ingénieurs solutions", pour s'adapter aux demandes de ses clients.

"L'IA suscite beaucoup de peur", reconnaît Mme de Bilbao."On préfère parler de salariés augmentés" plutôt que d'emplois supprimés, poursuit-elle, beaucoup de tâches considérées comme rébarbatives pouvant être réalisées avec l'assistance de l'intelligence artificielle.

Selon elle, l'enjeu central est surtout celui de la formation des salariés à ces nouveaux outils.

"Nouvelle économie" 

"Il n'y aura pas de déploiement de l'IA s'il n'y a pas de valeur partagée, si l'ensemble des citoyens, des étudiants, des entreprises ne sont pas formés", souligne la patronne.

En France, le géant de Redmond (Etat de Washington) a déjà formé 250.000 personnes à l'IA sur un objectif d'un million d'ici 2027 et veut accompagner 2.500 start-up françaises.

"Un écosystème complet se développe entre les fournisseurs de modèles de langage, les infrastructures, on est en train de créer une nouvelle économie autour de cette IA", déclare Corine de Bilbao.

Microsoft a ainsi annoncé en 2024 un investissement de 4 milliards d'euros en France lors du sommet Choose France pour agrandir ses centres de données dans les régions de Paris et Marseille (sud), et construire un datacenter dans l'est de la France, près de Mulhouse.

"Ca avance très bien", explique-t-elle, sans donner de date à laquelle le centre sera opérationnel. "Cela ne pousse pas comme des champignons, ce sont des projets qui prennent quelques années en général", entre le dépôt de permis, de construction et l'accompagnement.

Pour 2026, le défi sera de passer d'une intelligence artificielle "expérimentale à une IA opérationnelle, qui délivre de la valeur pour les entreprises, à la fois sur leurs revenus, la productivité, et qui les aide à se transformer", conclut-elle.


Mercosur: Paris et Rome contrarient les plans de l'UE, ultimatum de Lula

Cette photographie montre des drapeaux européens flottant devant le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 2 décembre 2025. (AFP)
Cette photographie montre des drapeaux européens flottant devant le bâtiment Berlaymont, siège de la Commission européenne à Bruxelles, le 2 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Italie rejoint la France pour demander un report de l’accord UE–Mercosur, menaçant la signature espérée par Ursula von der Leyen et ouvrant la voie à une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept
  • Le Brésil met la pression, tandis que les divisions européennes persistent entre défense des agriculteurs et impératif économique face à la concurrence chinoise et américaine

BRUXELLES: L'Italie a rejoint la France mercredi pour réclamer un report de l'accord commercial entre l'Union européenne et le Mercosur, ce qui risque d'empêcher Ursula von der Leyen de parapher ce traité en fin de semaine, au grand dam du Brésil.

Une signature dans les prochains jours est "prématurée", a lâché Giorgia Meloni à la veille d'un sommet européen à Bruxelles.

La cheffe du gouvernement italien veut d'abord des garanties "suffisantes" pour le secteur agricole, et se dit "convaincue qu'au début de l'année prochaine, toutes ces conditions seront réunies".

Cette sortie est une douche froide pour la Commission européenne. Bruxelles n'a cessé de marteler ces derniers jours qu'une signature était indispensable avant la fin de l'année, pour la "crédibilité" de l'Union européenne et afin de ne pas contrarier les partenaires latino-américains.

Prudent, l'exécutif européen fait mine d'y croire encore. "Les chefs d'Etat et de gouvernement vont en discuter au sommet européen" ce jeudi, a dit à l'AFP Olof Gill, porte-parole de la Commission.

Au Brésil, le président Lula, qui avait appelé à la responsabilité Emmanuel Macron et Georgia Meloni, a posé une forme d'ultimatum.

"Si on ne le fait pas maintenant, le Brésil ne signera plus l'accord tant que je serai président", a-t-il menacé. "Si jamais ils disent non, nous serons désormais fermes avec eux, parce que nous avons cédé sur tout ce qu'il était possible de céder diplomatiquement".

- "Billet remboursable" -

La prise de position de Rome sur ce dossier est potentiellement décisive.

Avec la France, la Pologne et la Hongrie, l'Italie est en capacité de former une minorité de blocage au sein des Vingt-Sept, ce qui empêcherait un examen de l'accord durant la semaine.

"Ca risque d'être très chaud", convient un diplomate européen anonymement, alors que l'Allemagne comme l'Espagne insistent pour approuver ce traité de libre-échange le plus vite possible.

Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a promis d'exercer une pression "intensive" sur ses partenaires européens mercredi soir et jeudi matin, en appelant à ne pas "chipoter" avec les grands traités commerciaux.

Emmanuel Macron a prévenu que "la France s'opposerait de manière très ferme" à un éventuel "passage en force" de l'Union européenne, a rapporté la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Paris ne considère pas encore comme "acquis" le report de la signature du traité, mais les déclarations de Giorgia Meloni sont la "preuve" que "la France n'est pas seule", a-t-elle ajouté.

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, espérait parapher ce traité lors du sommet du Mercosur samedi dans la ville brésilienne de Foz do Iguaçu. Mais elle a besoin au préalable de l'aval d'une majorité qualifiée d'Etats membres à Bruxelles.

"J'espère qu'elle a un billet (d'avion) remboursable", glisse une source diplomatique européenne.

- Manifestation à Bruxelles -

Cet accord commercial avec l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay permettrait à l'UE d'exporter davantage de véhicules, de machines, de vins et de spiritueux, tout en facilitant l'entrée en Europe de viande, sucre, riz, miel ou soja sud-américains, ce qui inquiète les filières concernées.

Les agriculteurs européens ne décolèrent pas et annoncent une dizaine de milliers de manifestants jeudi à Bruxelles contre ce traité.

Pour rassurer la profession, l'UE a ajouté des mesures de sauvegarde: un suivi des produits agricoles sensibles et une promesse d'intervention en cas de déstabilisation du marché.

Un compromis a été trouvé mercredi soir sur ce volet entre des eurodéputés et des représentants des États membres: les garanties pour les agriculteurs y sont supérieures à ce qu'avaient voté les Vingt-Sept en novembre, mais en deçà de la position adoptée par le Parlement européen mardi.

Elles ne devraient toutefois pas suffire à la France. Le bras de fer avec Bruxelles s'inscrit dans un contexte de vaste mobilisation agricole dans l'Hexagone contre la gestion par les autorités de l'épidémie de dermatose nodulaire contagieuse (DNC).

Et au sein de l'Union européenne, une série d'États redoutent que Paris ne se contente pas d'un report du Mercosur mais essaye de faire échouer le traité, malgré plus de 25 ans de négociations.

Allemands, Espagnols et Scandinaves comptent quant à eux sur cet accord pour relancer une économie européenne à la peine face à la concurrence chinoise et aux taxes douanières des États-Unis.