Grèves de Noël en France: «il y aura des trains et des avions», promet le gouvernement

Un employé de la SNCF se tient debout sur un quai vide de la gare de Lyon Part-Dieu, le 7 décembre 2022 (Photo, AFP).
Un employé de la SNCF se tient debout sur un quai vide de la gare de Lyon Part-Dieu, le 7 décembre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 13 décembre 2022

Grèves de Noël en France: «il y aura des trains et des avions», promet le gouvernement

  • La menace de conflits sociaux pendant les fêtes de fin d'année pèse sur plusieurs compagnies aériennes en France ainsi que sur la SNCF
  • Le ministre des Transports Clément Beaune se dit «assez confiant» au sujet des grèves prévues autour des vacances de Noël dans le transport aérien et ferroviaire

PARIS: Le gouvernement français s'est voulu rassurant mardi à l'approche des grèves annoncées avant les fêtes de Noël, affirmant ne pas s'attendre à "de fortes perturbations dans l'aérien" notamment.

Le ministre des Transports Clément Beaune se dit "assez confiant" au sujet des grèves prévues autour des vacances de Noël dans le transport aérien et ferroviaire. "On n'anticipe pas de fortes perturbations dans l'aérien pour les départs en vacances", a-t-il déclaré sur la chaîne publique France 2. "Il y aura des trains, il y aura des avions", a-t-il martelé.

"Après deux ans de Covid, je crois que les Français ont le droit à du repos, à retrouver leurs familles, à prendre un peu de vacances à Noël", a expliqué le ministre qui "appelle à la responsabilité" et demande de ne pas "ajouter de la galère" aux "angoisses" et "difficultés" liées "à la situation économique internationale".

La menace de conflits sociaux pendant les fêtes de fin d'année pèse sur plusieurs compagnies aériennes en France ainsi que sur la SNCF.

Du côté des chemins de fer, le conflit avec les aiguilleurs reste tendu et le syndicat SUD-Rail appelle à la grève de jeudi 15 décembre 20H00 au lundi 19 décembre 8H00, soit la totalité du premier week-end des vacances scolaires.

Chez Air France, les syndicats UNAC et SNGAF du personnel navigant d'Air France ont déposé un préavis de grève pour la période du 22 décembre au 2 janvier.

Les pilotes de la compagnie guadeloupéenne Corsair sont appelés à une grève du 16 au 22 décembre et Air Antilles est menacé par un mouvement social des hôtesses et stewards du 17 au 22 décembre. Le spectre d'une grève pendant la période des fêtes plane également sur la filiale française d'EasyJet.

"Pour ceux qui ont des billets", "il y a de très fortes chances que les vols soient assurés pendant les vacances de Noël" même s'"il peut toujours y avoir des problèmes de dernière minute", a estimé M. Beaune.

Sur le réseau ferré, "il peut y avoir quelques perturbations", sur "certains axes TGV", et "on travaille d'arrache-pied" pour les "minimiser", a-t-il détaillé.


Après la France, l'infox virale sur Brigitte Macron exportée à l'international

Emmanuel et Brigitte Macron. (AFP).
Emmanuel et Brigitte Macron. (AFP).
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  • Face caméra, la blogueuse américaine Candace Owens assure dans sa chronique du 11 mars "mettre sa réputation en jeu" pour se faire l'écho d'un "scoop" qu'auraient révélé des "journalistes français"
  • L'Américaine s'en prend violemment à Brigitte Macron - née Trogneux - assurant, documents et photos à l'appui, qu'elle serait en réalité une femme transgenre née sous le prénom Jean-Michel

PARIS: Après la France, l'infox selon laquelle Brigitte Macron serait "née homme" atteint les Etats-Unis, l'extrême droite américaine s'appropriant à son tour cette rumeur rocambolesque aux relents sexistes et transphobes, en pleine campagne présidentielle.

"DINGUE : c'est le plus gros scandale de l'histoire de l'humanité". Face caméra, la blogueuse américaine Candace Owens assure dans sa chronique du 11 mars "mettre sa réputation en jeu" pour se faire l'écho d'un "scoop" qu'auraient révélé des "journalistes français".

Dans une vidéo vue plus d'un million et demi de fois sur YouTube avant sa suppression, l'Américaine s'en prend violemment à Brigitte Macron - née Trogneux - assurant, documents et photos à l'appui, qu'elle serait en réalité une femme transgenre née sous le prénom Jean-Michel.

Deux hashtags accompagnent la vidéo -#JeanMichelTrogneux et #BrigitteGate- mentionnés ensuite dans des dizaines de milliers de messages sur X, selon l'outil d'analyse des réseaux sociaux Visibrain.

Cette rumeur circulait déjà en France, explosant fin 2021 à quelques semaines de la présidentielle, des internautes assurant qu'un vaste complot cacherait ce "secret". Et d'en profiter pour relayer des accusations de pédocriminalité à l'encontre de la Première dame.

Itinéraire d'une rumeur

Des allégations, très relayées en France par des mouvances mêlant complotistes, covido-sceptiques ou extrême droite, qui avaient poussé Brigitte Macron à saisir la justice.

Au point qu'Emmanuel Macron les avait même évoquées le 8 mars dernier, Journée internationale des droits des femmes : "Les pires des choses, ce sont les fausses informations et les scénarios montés avec des gens qui finissent par y croire et qui vous bousculent dans votre intimité", avait-il déploré.

En guise de "source", Candace Owens cite "Faits et Documents", une "lettre d'informations confidentielles". Fondée en 1996 par une figure de l'extrême droite, Emmanuel Ratier, et aujourd'hui écrite par Xavier Poussard, la publication avait en 2021 relayé les "recherches" menées par Natacha Rey, se présentant comme "journaliste indépendante".

"'Faits et documents' a depuis continué de sortir des dossiers sur Brigitte Macron. Mais ce qui est nouveau, c'est que Xavier Poussard a commencé à traduire son argumentaire fin 2023 sous les conseils de (l'ancien publicitaire, NDLR) Aurélien Poirson, connu sur X sous le nom de Zoé Sagan, et dit l'avoir envoyé en anglais à l'entourage de Donald Trump", explique à l'AFP Emmanuelle Anizon, grand reporter à l'Obs qui a rencontré les deux hommes et publié le 22 mars "L'Affaire Madame" , sur la genèse de cette infox.

"Le duo Poussard, qui a des connections politiques, et Poirson, qui a un sens de la communication très aiguisé, m'a expliqué qu'il rêvait d'exporter cette rumeur outre-Atlantique", poursuit l'autrice.

Sexisme

Une tactique efficace : d'abord diffusée sur des réseaux confidentiels comme le forum 4Chan, l'infox explose "lorsque des influenceurs (...) comme l'ex-présentateur de Fox News Tucker Carlson ou Candace Owens, qui possèdent une très grosse audience, lui donnent de la visibilité", retrace Sophie Chauvet, doctorante en sciences de l'information.

Des personnalités ultra-conservatrices connues pour relayer des thèses complotistes et racistes, et proches de Donald Trump, candidat à la présidentielle de novembre.

La rumeur "avait déjà circulé en France et était disponible clé en main au moment voulu (...), dans une démarche opportuniste", analyse Sebastian Dieguez, spécialiste du complotisme à l'Université de Fribourg (Suisse).

L'ex-Première ministre néo-zélandaise Jacinda Ardern et l'ex-Première dame américaine Michelle Obama avaient elles aussi été ciblées par les mêmes rumeurs, en 2017 et 2018.

"Le récit d'une personne 'secrètement trans' est une caractéristique de longue date des violences sexistes en ligne",  cela repose sur le "principe que les identités transgenres, surtout 'cachées', sont si odieuses qu'une fois la vérité révélée, ces femmes perdront toute crédibilité et tout pouvoir", analysait en 2021 l'institut de recherche américain Wilson Center dans un rapport.

« Des élites perverties »

"Le fond de l'affaire, c'est de dire que les élites sont perverties, malades, et ont une sexualité bizarre, dans le but de diaboliser un adversaire politique (via) des thématiques prisées par l''alt-right' (extrême droite américaine, NDLR) sur la transidentité, l'homophobie et la pédophilie", relève Sebastian Dieguez.

Face à cela, "des hommes forts doivent restaurer l'ordre et la moralité, à l'image de Donald Trump ou Vladimir Poutine", selon cette grille de lecture.

D'autant qu'aux Etats-Unis, "l'imaginaire pédosataniste est particulièrement développé, depuis les évangélistes dans les années 1970 puis avec le mouvement (complotiste d'extrême droite, NDLR) QAnon, et accepté, relayé par des personnalités de premier plan comme Trump", soulève Julien Giry, chercheur en sciences de l’information et de la communication.


Européennes: Glucksmann attire une partie des électorats Macron et Mélenchon, pour des raisons différentes

Raphaël Glucksmann. (AFP).
Raphaël Glucksmann. (AFP).
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  • Raphaël Glucksmann "est potentiellement en mesure de reconstituer un espace social-démocrate, fortement mis à mal dans la tripartition de l'espace politique"
  • Ainsi, sur 100 électeurs déclarant vouloir voter Glucksmann aux prochaines élections européennes, 38 sont des anciens électeurs de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle et 30 d'anciens électeurs d'Emmanuel Macron

PARIS: Les électeurs d'Emmanuel Macron qui basculent vers Raphaël Glucksmann pour les Européennes le font pour des enjeux nationaux, à l'inverse de ceux de Jean-Luc Mélenchon qui choisissent le candidat du PS pour des questions internationales, selon une note de la Fondation Jean-Jaurès publiée jeudi.

Alors que le candidat du PS et Place publique est crédité selon les sondages entre 11 et 13%, le directeur de l'Observatoire de l'opinion de la Fondation Jean-Jaurès, Antoine Bristielle, a analysé la "dynamique Glucksmann" à partir de la première vague de l'enquête électorale française réalisée par Ipsos sur un échantillon de 12.000 personnes.

Raphaël Glucksmann "est potentiellement en mesure de reconstituer un espace social-démocrate, fortement mis à mal dans la tripartition de l'espace politique qui se dessinait ces dernières années", explique l'auteur, notant que sa force actuelle est "de pouvoir rassembler à la fois une partie de la gauche radicale et une partie du centre gauche".

Ainsi, sur 100 électeurs déclarant vouloir voter Glucksmann aux prochaines élections européennes, 38 sont des anciens électeurs de Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle et 30 d'anciens électeurs d'Emmanuel Macron.

Mais les motivations de ces "switchers", c'est-à-dire ceux qui passent d'un vote Macron ou Mélenchon à la présidentielle à une intention de vote Glucksmann aux Européennes, sont différentes, révèle l'étude, qui se base sur une modélisation statistique prenant en compte la position des électeurs sur toute une série d'enjeux politiques.

Ainsi, à âge, genre, niveau de revenu et niveau de diplôme équivalent, l'opposition à la réforme des retraites augmente de 120% la probabilité de basculer de Macron à Glucksmann plutôt que de rester fidèle à la majorité présidentielle.

De même, le soutien au mouvement féministe augmente de 52% cette probabilité, être favorable à l'immigration l'augmente de 14%, le soutien aux mesures protégeant l'environnement de 16%.

"Les deux premières années du second quinquennat Macron, marquées par la réforme des retraites, la loi immigration, les affrontements à Sainte-Soline et le soutien du président à Gérard Depardieu, ont profondément marqué l'électorat de centre gauche", analyse Antoine Bristielle.

A l'opposé, la logique du "switch" Mélenchon-Glucksmann est basée uniquement sur les enjeux internationaux.

Selon cette même étude, à âge, genre, niveau de revenu et niveau de diplôme équivalent, le soutien à l'Ukraine augmente de 254% la probabilité de passer de Mélenchon à Glucksmann, considérer que le Hamas est une organisation terroriste l'augmente de 54% et considérer que l'appartenance à l'Union européenne est une bonne chose l'augmente de 39%.

Par contre, l'opposition à la réforme des retraites et le soutien au mouvement féministe font baisser la probabilité de basculer de Mélenchon à Glucksmann.


Attal attendu sur TF1 sur travail et déficit, l'assurance chômage dans le viseur

Le Premier ministre français Gabriel Attal s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris le 26 mars 2024. (Photo, AFP)
Le Premier ministre français Gabriel Attal s'exprime lors d'une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale à Paris le 26 mars 2024. (Photo, AFP)
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  • Le gouvernement est en quête d'économies après le dérapage du déficit public à 5,5% du PIB en 2023, selon l'Insee
  • Soit 15,8 milliards d'euros de plus que les prévisions du gouvernement, qui exclut d'augmenter les impôts

PARIS: Gabriel Attal est attendu sur TF1 mercredi soir après un séminaire du gouvernement à Matignon aux allures de conseil des ministres consacré au travail, au moment où les dépenses sociales comme l'indemnisation des chômeurs sont dans le viseur de l'exécutif pour combler le déficit qui a dérapé l'an dernier.

A l'issue de cette réunion, qui a duré près de deux heures trente, le Premier ministre a redit sur X l'engagement "total" de son gouvernement pour "la désmicardisation du pays" et le "retour à l'emploi".

Il s'exprimera pendant 30 minutes au journal de 20H00 de TF1 et devrait dire sa "volonté très ferme" d'avancer sur le dossier de l'assurance chômage en évoquant les "leviers" pour la réformer et "un calendrier", selon son entourage. Ce dernier n'évoque pas d'arbitrages, vu que les partenaires sociaux sont encore en discussion.

Une nouvelle convention d'assurance chômage, négociée à l'automne par les organisations syndicales et patronales, doit être validée par le gouvernement après la signature d'un avenant sur l'indemnisation des seniors, attendue en avril.

"Plus nous aurons de Français qui travaillent, plus nous aurons de possibilités d'équilibrer nos finances", a plaidé Gabriel Attal mardi devant les députés, avant de convier mercredi ses ministres.

"On peut avoir la baisse du chômage mais ne pas être au deuxième tour" de la présidentielle en 2027, a mis en garde d'emblée le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, selon un participant confirmant une information du Parisien.

A Matignon, les ministres se sont penchés sur l'incitation à la reprise d'emploi, dont font partie les réformes contestées du RSA (revenu de solidarité active) et de l'assurance chômage, ainsi que sur les bas salaires ou encore les nouvelles formes de travail, comme la semaine en quatre jours.

Bonus-malus

Le gouvernement est en quête d'économies après le dérapage du déficit public à 5,5% du PIB en 2023, selon l'Insee. Soit 15,8 milliards d'euros de plus que les prévisions du gouvernement, qui exclut d'augmenter les impôts.

Dix milliards d'euros de coupes ont déjà été actées mi-février sur le budget 2024, mais des économies supplémentaires seront à trouver dès cette année, a prévenu le ministre de l'Economie Bruno Le Maire. Et "au moins 20 milliards" pour 2025.

Parmi les pistes envisagées, l'exécutif privilégie une nouvelle réforme de l'assurance chômage que conteste les syndicats, après celles controversées de 2019 et de 2023.

Pour la patronne de la CGT Sophie Binet, "il n'y a pas besoin de faire de séminaire gouvernemental pour brainstormer" car "ce sont les acteurs sociaux qui doivent gérer l'assurance chômage".

"Ces mesures d'austérité que le gouvernement veut nous imposer, c'est un peu comme la saignée de Molière (...) ce soi-disant traitement qui, en fait accélère la mort", a-t-elle accusé sur France Bleu Roussillon.

Selon le Parisien, la ministre du Travail Catherine Vautrin a évoqué deux pistes mercredi, ce que confirme une source gouvernementale.

La première consisterait à allonger le délai de carence pour les personnes bénéficiant d'indemnités de licenciement élevées, c'est-à-dire que ces personnes toucheraient plus tardivement leur allocation chômage.

Un deuxième scénario étendrait à d'autres secteurs d'activité le système de bonus-malus qui pénalise les employeurs utilisant beaucoup de contrats courts et gratifie ceux qui en usent moins.

"Saignée de Molière"

La gauche est vent debout contre toute nouvelle réforme, comme les cinq grandes centrales syndicales qui ont appelé le 18 mars à "cesser la stigmatisation populiste des chômeurs".

Mais un proche du Premier ministre estime que ces dernières ne parviendront pas à "massivement mobiliser là-dessus" comme sur la réforme des retraites.

Les syndicats s'opposent également à la volonté de Bruno Le Maire que l'Etat reprenne en main l'assurance chômage, actuellement pilotée par les partenaires sociaux, via l'Unédic. Syndicats et patronat renégocient les règles tous les deux à trois ans pour tenir compte des évolutions du marché du travail.

Sur l'emploi des seniors, très faible en France, les négociateurs syndicaux et patronaux ont entrevu mardi soir la possibilité de s'entendre avant une ultime séance prévue le 8 avril.

Prudent, un cadre de la majorité affirme toutefois qu'"il y a peu" de marges financières à dégager sur le travail.

La baisse de la durée d'indemnisation prendrait au moins un an à produire ses effets sur les comptes publics, selon lui. Mais "le signal est intéressant pour les institutions financières et les marchés", à l'approche d'une possible dégradation de la note de la France. L'agence Moody's juge déjà "improbable" la réalisation des objectifs budgétaires de la France d'ici 2027.