Affaire Jubillar: le mari continue de nier lors de la reconstitution

L'avocat des proches de Delphine Jubillar, Mourad Battikh, s'entretient avec des journalistes dans une rue de Cagnac-les-Mines, après la reconstitution judiciaire de la soirée de la disparition de l'infirmière de 33 ans Delphine Jubular fin 2020 dans le Tarn département, le 13 décembre 2022. (AFP)
L'avocat des proches de Delphine Jubillar, Mourad Battikh, s'entretient avec des journalistes dans une rue de Cagnac-les-Mines, après la reconstitution judiciaire de la soirée de la disparition de l'infirmière de 33 ans Delphine Jubular fin 2020 dans le Tarn département, le 13 décembre 2022. (AFP)
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Publié le Mercredi 14 décembre 2022

Affaire Jubillar: le mari continue de nier lors de la reconstitution

  • Pour Laurent Boguet, l'un des avocats des enfants du couple, «les déclarations de ces témoins nous sont apparues extrêmement authentiques». «C'est un scénario qui se dessine», a-t-il estimé
  • Faute de corps, d'aveux ou de preuve irréfutable, une source proche de l'enquête préférait parler en amont d'une «mise en situation» plutôt que d'une «reconstitution»

CAGNAC-LES-MINES: La reconstitution de la nuit de la disparition de Delphine Jubillar, une infirmière de 33 ans, s'est achevée mercredi à Cagnac-les-Mines, près d’Albi, en présence de son mari Cédric, le principal suspect, qui a continué à nier toute implication.

A partir de 20H00 mardi et jusqu'à 02H00 mercredi, les enquêteurs ont cherché à retracer le déroulé de la nuit du 15 au 16 décembre 2020 pendant laquelle la mère de deux enfants a disparu de chez elle, en plein couvre-feu lié à la pandémie de Covid-19, et en laissant derrière elle ses papiers, clés et lunettes.

Cédric Jubillar, mis en examen pour homicide volontaire et écroué depuis juin 2021, est resté au cours de l'opération "fidèle à lui-même", "stoïque" et a continué de clamer son innocence, ont indiqué des avocats des parties civiles, qui espéraient des aveux, à l'issue de la reconstitution.

Cris stridents 

Pour autant, ces derniers ont salué "des éléments qui permettent d'avancer" dans l'instruction. "On a pu constater que les cris qui ont été entendus par la voisine pouvaient être entendus à 130 mètres de distance sans aucune difficulté donc le témoignage de la voisine (...) est d'autant plus crédible ce soir", a déclaré Me Mourad Battikh, avocat de proches de Delphine Jubillar.

"De la même manière on a pu avancer sur la paire de lunettes qui a été retrouvée en plusieurs morceaux (...) sur laquelle Cédric Jubillar n'a pas pu s'expliquer", a-t-il ajouté.

Presque deux ans jour pour jour après les faits, Cédric Jubillar, peintre plaquiste de 35 ans, transporté dans un fourgon de l’administration pénitentiaire, est revenu sur les lieux de la disparition de son épouse, dans la villa où vivait le couple Jubillar.

Pendant six heures, juges d'instructions, parties civiles, avocats de la défense, gendarmes de la Section de recherche en charge de l'enquête ou encore témoins ont pris part à l’opération. Un ingénieur son avait aussi été dépêché sur place. Des cris stridents ont ainsi résonné dans le village de 2.500 habitants, bouclé depuis l’après-midi par un important dispositif de police.

Le témoignage de l'aîné du couple Louis, 6 ans au moment des faits a aussi été relu lors de cette mise en scène, a-t-il précisé. "La violente dispute qui a éclaté ce soir-là (...) est corroborée de l'intérieur par Louis, de l'extérieur aujourd'hui, et on en est sûrs, par la voisine qui a entendu des cris d'effrois et (...) évidemment corroborée par cette paire de lunettes".

Des voisins ayant constaté le changement de positionnement de la voiture de Delphine Jubillar dans la nuit du 15 au 16 décembre ont à nouveau été entendus. Pour Laurent Boguet, l'un des avocats des enfants du couple, "les déclarations de ces témoins nous sont apparues extrêmement authentiques". "C'est un scénario qui se dessine", a-t-il estimé.

La reconstitution, étape systématique en fin de procédure criminelle, était très attendue par les avocats de M. Jubillar qui espéraient voir émerger de cette soirée un "scénario" auquel se confronter.

«aucun scenario»

"Il n'y a absolument aucun scénario qui a été établi et c'était tout l'objet de cette reconstitution", a affirmé Emmannuelle Franck, autre avocate de M. Jubillar.

"Vous avez un témoin qui dit 'moi j'ai entendu une femme qui séparait des chiens', c'est-à-dire principalement des chiens qui aboient et une femme qui crie pour séparer des chiens, et on fait crier une femme qui hurle à la mort sans qu'il y ait de chien", a-t-elle dénoncé.

Lors de la mise en examen du suspect numéro un, en juin 2021, le procureur de Toulouse Dominique Alzéari avait alors décrit un "contexte de séparation très conflictuel" et que Cédric Jubillar savait que sa femme avait un "amant" et pouvait parfois se montrer "brutal et agressif".

Depuis deux ans, Cédric Jubillar réfute toute accusation. Selon lui, sa femme serait sortie de la maison vers 23H00 pour promener leurs deux chiens, alors qu’il dormait. Il dit avoir été réveillé vers 04H00 par les pleurs de leur fille, puis avoir alerté peu après les gendarmes après avoir constaté l'absence de son épouse.

Ni aveux, ni corps 

Faute de corps, d'aveux ou de preuve irréfutable, une source proche de l'enquête préférait parler en amont d'une "mise en situation" plutôt que d'une "reconstitution".

Les enquêteurs et le parquet de Toulouse espèrent qu’une fois celle-ci effectuée, l'instruction du dossier Jubillar pourra être bouclée.

La disparition de Delphine Jubillar avait suscité un important émoi en France à l'approche de Noël et peu après la condamnation de Jonathann Daval pour le meurtre de son épouse en Haute-Saône, qu'il avait longtemps nié, en jouant le rôle du mari éploré.


Rassemblement à Paris en mémoire d'Aboubakar Cissé et contre l'islamophobie

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré. (AFP)
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  • "Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deu
  • Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion

PARIS: Au moins un millier de personnes se sont rassemblées à Paris pour rendre hommage à Aboubakar Cissé, un musulman tué la semaine dernière dans une mosquée du Gard, et dénoncer l'"islamophobie", a constaté une journaliste de l'AFP.

"Le racisme tue, non à la haine contre les musulmans", a-t-on pu lire sur des pancartes tenues par des manifestants réunis à l'appel de SOS Racisme et de la militante associative Assa Traoré.

"Je n'ai pas l'impression que l'on (les musulmans) soit entendu et représenté dans les médias ou au gouvernement. Si cela avait été une victime d'une autre religion, d'un autre nom et d'une autre culture nous, nous aurions été au soutien. Il existe un deux poids deux mesures", commente Yasmina, 52 ans, fonctionnaire, qui n'a pas souhaité donner son nom de famille.

"On arrive encore à dire que ce n'était pas un musulman qui était visé mais on ne va pas se mentir il n'y a que les musulmans en France qui fréquentent les mosquées. À un moment il faut poser les mots comme on le fait à juste titre contre l'antisémitisme, et appeler ça de l'islamophobie", a souligné Myriam, 30 ans, assistante dentaire, qui n'a pas souhaité non plus donner son nom.

Aboubakar Cissé, un jeune Malien, a été lardé de plusieurs dizaines de coups de couteau dans la mosquée de la petite commune gardoise de La Grand-Combe, où il était venu tôt comme chaque semaine pour faire le ménage, avant la prière du vendredi.

Son assassin, un Français d'origine bosnienne de 21 ans, s'est rendu à la police italienne.

Dans la vidéo qu'il avait lui-même réalisée juste après son meurtre, le suspect a insulté la religion de sa victime.

Un juge d'instruction du pôle criminel de Nîmes a été saisi et une information judiciaire ouverte pour meurtre avec préméditation et à raison de la race ou de la religion.

Outre une marche blanche à La Grand-Combe, un rassemblement en mémoire de la victime et contre l'islamophobie a déjà été organisé dimanche à Paris et une manifestation s'est déroulée mardi à Lyon.


Un 1er-Mai syndical qui se veut «festif et combatif», mais sans unité large

Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large. (AFP)
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  • A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation
  • Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien

PARIS: Pour les salaires, pour l'abrogation de la réforme des retraites, ou encore "contre la trumpisation du monde" : les organisations syndicales appellent à battre le pavé jeudi pour le 1er-Mai, mais la mobilisation se tient sans unité large.

Pour la journée internationale des travailleurs, la CGT a recensé quelque 260 rassemblements en France. La centrale de Montreuil a appelé avec la FSU, Solidaires et des organisations de jeunesse (Union étudiante, Unef, Fage, USL) à défiler "contre l'extrême droite, pour la paix, les libertés et la justice sociale".

Si - comme l'an dernier - l'intersyndicale ne sera pas unie pour l'occasion, le numéro un de FO Frédéric Souillot défilera aux côtés de ses homologues, dont la cheffe de file de la CGT Sophie Binet, dans le cortège parisien.

A Paris, la manifestation doit partir à 14H00 de la place d'Italie vers la place de la Nation.

D'autres cortèges s'élanceront dès le matin, comme Marseille et Lille à 10h30. Ce sera aussi le cas dès 10 heures à Bordeaux, Strasbourg ou Dunkerque, où des responsables de gauche, comme Marine Tondelier (Ecologistes), François Ruffin (ex-LFI) ou Boris Vallaud (PS) sont attendus pour protester contre le plan du sidérurgiste ArcelorMittal prévoyant la suppression d'environ 600 postes.

La numéro un de la CFDT Marylise Léon et son homologue de l'Unsa Laurent Escure se retrouvent, eux, dans la matinée dans le centre de Paris pour un rassemblement et une table ronde sur le travail.

Cent jours après l'arrivée de Donald Trump au pouvoir, la CGT, la FSU et Solidaires veulent aussi faire de cette journée un temps fort "contre la trumpisation du monde et l'internationale réactionnaire qui se développe partout", a expliqué à l'AFP Thomas Vacheron, cadre de la CGT.

Des syndicats internationaux (américain, belge, argentin, notamment) ont été conviés au défilé parisien. "Cette démarche unitaire et internationale est un petit pas" pour lutter contre des politiques qui menacent les travailleurs (hausse des droits de douane ou expulsions massives des travailleurs clandestins), selon Murielle Guilbert (Solidaires).

"Le sang et les larmes"

Cette année encore, de source policière, la présence de militants de l'ultra-gauche est jugée très probable à Paris, Nantes ou Lyon, entre autres.

De même source, dans la capitale où un peu plus de 2.000 membres des forces de l'ordre sont attendus, la décision du gouvernement de dissoudre le groupe antifasciste "La Jeune garde" et le collectif "Urgence Palestine" pourrait tendre le climat.

"On ne tolèrera rien", a averti mercredi le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau.

"Il faut relativiser" cette présence de "black blocs" face aux "centaines de milliers de manifestantes et de manifestants" attendues, a nuancé Sophie Binet mercredi, dénonçant des "stratégies malheureusement classiques (...) pour décrédibiliser la mobilisation sociale".

En 2023, les huit principaux syndicats (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, Solidaires, FSU) avaient défilé ensemble contre la réforme des retraites, du jamais vu depuis près de 15 ans, avec une très forte mobilisation à la clé (entre 800.000, selon les autorités et 2,3 millions, selon la CGT).

L'an dernier, les chiffres étaient revenus dans des fourchettes plus ordinaires: entre 121.000 personnes, selon les autorités, et 210.000, selon la CGT; et jeudi, la mobilisation devrait attirer sensiblement le même nombre de manifestants (100.000 à 150.000 de source policière).

Ce rendez-vous traditionnel se tient au moment où les syndicats craignent que le gouvernement apporte son soutien à des propositions de loi visant à autoriser certaines professions à faire travailler les salariés le 1er-Mai - seul jour férié et chômé en France -, une journée acquise "dans le sang et dans les larmes des ouvriers", rappelle Sophie Binet.

Le syndicat des "Gilets jaunes" a par ailleurs appelé ses sympathisants à mener une opération secrète sur différents points de rassemblement. "On va montrer aux partenaires du pouvoir ce qu’est un VRAI syndicat", ont-ils écrit dans un appel posté sur le réseau social X.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir.