L'Arabie saoudite et les pays du Golfe augmentent leurs taux d'intérêt après la hausse de la Fed

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Publié le Jeudi 15 décembre 2022

L'Arabie saoudite et les pays du Golfe augmentent leurs taux d'intérêt après la hausse de la Fed

  • La FED a relevé mercredi son taux d'intérêt d'un demi-point de pourcentage pour atteindre une fourchette cible comprise entre 4,25% et 4,5%
  • Les pays du Golfe ont relevé leurs taux en mars, mai, juin, juillet, septembre et novembre, conformément à la décision de la Fed de relever les taux d'intérêt

RIYAD: L'Arabie saoudite et les pays de la région ont relevé leurs taux d'intérêt à la suite de la décision de la Réserve fédérale américaine (FED) de relever son niveau de référence de 50 points de base, comme attendu, alors que le monde continue de lutter contre la hausse de l'inflation.

La Banque centrale saoudienne, connue sous le nom de «Sama», a relevé les taux du Repo (accord de mise en pension) et du Reverse Repo (contrat de prise en pension inversée) de 50 points de base, respectivement à 5 % et 4,50 %. Elle a déclaré que cette décision était conforme à ses objectifs consistant à maintenir la stabilité monétaire et à soutenir la stabilité financière.

La FED a relevé mercredi son taux d'intérêt d'un demi-point de pourcentage pour atteindre une fourchette cible comprise entre 4,25% et 4,5%, soit le plus haut niveau en quinze ans.

Le responsable fédéral a indiqué que la FED maintiendra les taux plus élevés jusqu'à l'année prochaine, sans réduction avant 2024.

La hausse de la Fed «est une évolution en partie bienvenue après avoir assisté à un total de sept hausses de taux, avec quatre hausses consécutives de 75 points de base cette année»,  précise Albara'a al-Wazir, économiste au Conseil des affaires américano-saoudien, à Arab News.

Il a affirmé qu'il semblait que la phase la plus aiguë du resserrement quantitatif soit «derrière nous». Mais il a également souligné qu’il «existe encore des inquiétudes importantes, le taux d'inflation américain s’élevant toujours à 7,1%», ajoutant que des forces concurrentes, comme un marché du travail serré associé à une augmentation des salaires, entraînaient de futures augmentations des taux d'intérêt, à un rythme toutefois plus lent en 2023.

Le taux des mises en pension est principalement utilisé comme un outil de contrôle de l'inflation, facturé lorsque les banques commerciales empruntent des fonds en mobilisant des titres, tandis que la prise en pension inversée – le taux auquel les banques gagnent des intérêts lorsqu'elles stockent des fonds excédentaires – est utilisée pour augmenter les liquidités.

Alwazir a indiqué que la hausse des taux d'intérêt entraînera une baisse de la demande de crédit, ce qui aura des effets négatifs sur les actifs financiers, comme on l'a vu tout au long de l'année.

«Cela exercera une pression à la baisse supplémentaire sur les résultats de Tadawul, l'indice Tadawul All Share étant déjà en baisse de 9% depuis le début de l'année.»

Les hausses des pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), dont les monnaies sont indexées sur le dollar depuis plus de trente-cinq ans, sont les suivantes:

La Banque centrale d'Oman a relevé jeudi son taux Repo de 50 points de base à 5% et a annoncé qu'elle continuait de surveiller de près les marchés mondiaux et locaux pour prendre les mesures nécessaires.

La Banque centrale du Qatar a également augmenté les taux de dépôt, de pension et de prêt, de 50 points de base pour atteindre respectivement 5, 5,25 et 5,5 %.

La Banque centrale de Bahreïn a relevé son taux d’intérêt directeur, son taux de dépôt au jour le jour, son taux de dépôt à quatre semaines et ses taux de prêt de 50 points de base chacun, à 5,25 %, 5 %, 6 % et 6,5 %.

La banque centrale des Émirats arabes unis (EAU) a relevé le taux de base applicable à la facilité de dépôt au jour le jour de 50 points de base, de 3,9 % à 4,4 %.

L'Arabie saoudite, les EAU, Bahreïn et le Qatar ont réagi aux hausses de la Fed en augmentant leurs principaux taux directeurs simultanément et largement du même montant en 2022.

Les pays du Golfe ont relevé leurs taux en mars, mai, juin, juillet, septembre et novembre, conformément à la décision de la Fed de relever les taux d'intérêt.

Le Koweït, qui diffère de ses homologues du Golfe par son rattachement à un panier de devises, a adopté une approche différente reflétant des perspectives plutôt haussières sur l'inflation.

Au cours des mois de mai et juin, alors que d'autres États du Golfe augmentaient leurs taux de 50 points de base, le Koweït n'a relevé le sien que de 25 points de base.

En novembre, le Koweït s'est abstenu de relever ses taux, tandis que l'Arabie saoudite, les EAU et Bahreïn avaient alors augmenté leurs taux de 75 points de base, tandis que le Qatar relevait ses taux de 50 points de base.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


La note française menacée de passer en catégorie inférieure dès vendredi

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne. (AFP)
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  • La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne
  • Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie

PARIS: Fitch sera-t-elle vendredi la première agence de notation à faire passer la note souveraine française en catégorie inférieure? Les économistes, qui le pensaient il y a quelques jours, discernent des raisons d'en douter, mais ce ne pourrait être que partie remise.

Fitch ouvre le bal des revues d'automne des agences de notation. Toutes, au vu de l'état des finances publiques françaises et de la crise politique persistante depuis la dissolution, classent la France AA- ou équivalent (qualité de dette "haute ou bonne"), avec, pour certaines comme Fitch, une "perspective négative".

Ce qui préfigure une dégradation: en ce cas, la France basculerait en catégorie A (qualité "moyenne supérieure"), et devrait verser à ceux qui investissent dans sa dette une prime de risque supérieure, accroissant d'autant les remboursements de cette dette.

Pour Eric Dor, directeur des études économiques à l'IESEG School of Management, une dégradation serait "logique". D'abord parce que la situation politique n'aide pas à mettre en œuvre "un plan crédible d'assainissement budgétaire", comme Fitch l'exigeait en mars.

Mais aussi pour effacer "une incohérence" : 17 pays européens sont moins bien notés que la France alors qu'ils ont - à très peu d'exceptions près - des ratios de finances publiques meilleurs que les 5,8% du PIB de déficit public et 113% du PIB de dette publique enregistrés en France en 2024.

Coup d'envoi 

Depuis mardi, la nomination rapide à Matignon de Sébastien Lecornu pour succéder à François Bayrou, tombé la veille lors du vote de confiance, ravive l'espoir d'un budget 2026 présenté en temps et heure.

Lucile Bembaron, économiste chez Asterès, juge ainsi "plausible" que Fitch "attende davantage de visibilité politique" pour agir.

D'autant, remarque Hadrien Camatte, économiste France chez Natixis, que les finances publiques n'ont pas enregistré cette année de nouveau dérapage inattendu, et que "la croissance résiste".

L'Insee a même annoncé jeudi qu'en dépit du "manque de confiance" généralisé, celle-ci pourrait dépasser la prévision du gouvernement sortant - 0,7% - pour atteindre 0,8% cette année.

Anthony Morlet-Lavidalie, responsable France à l'institut Rexecode, observe aussi que Fitch, la plus petite des trois principales agences internationales de notation, "donne rarement le coup d'envoi" des dégradations.

Mais il estime "très probable" que la principale agence, S&P Global, abaissera le pouce lors de sa propre revue, le 28 novembre.

Selon ses calculs, la France ne sera en effet pas en mesure de réduire à moins de 5% son déficit public l'an prochain, contre les 4,6% qu'espérait François Bayrou.

Les économistes affirment cependant qu'une dégradation ne troublerait pas les marchés, "qui l'ont déjà intégrée", relève Maxime Darmet, économiste senior chez Allianz Trade.

Syndrome 

La dette française s'y négocie déjà à un taux bien plus coûteux que la dette allemande, dépassant même l'espace d'une journée, mardi, le taux de la dette italienne.

Les marchés donnent déjà à la France une "notation implicite" bien plus basse que sa note actuelle de AA-, estime M. Morlet-Lavidalie.

Il craint des taux qui resteraient "durablement très élevés", provoquant "un étranglement progressif", avec des intérêts à rembourser captant "une part significative de la dépense publique, alors qu'on a des besoins considérables sur d'autres postes".

L'économiste décrit une France en proie au "syndrome du mauvais élève".

"Lorsqu'on avait 20/20", explique-t-il - la France était jusqu'à 2012 notée AAA, note maximale qu'a toujours l'Allemagne - "on faisait tout pour s'y maintenir. Maintenant on dit que 17/20 (AA-) ça reste une très bonne note. Bientôt ce sera +tant qu'on est au-dessus de la moyenne, c'est pas si mal+. Quand on est la France, en zone euro, on devrait quand même être un peu plus ambitieux que cela!", dit-il à l'AFP.

Pour autant, même abaissée à A+, "la dette française resterait de très bonne qualité", relativise M. Camatte, préférant souligner "la forte épargne des ménages et une position des entreprises qui reste très saine".


La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, alerte le Secours populaire

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier. (AFP)
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  • "La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire
  • "La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg

PARIS: La précarité s'ancre dans le quotidien des Français, touchant tous les aspects de la vie des plus fragiles, alerte jeudi le Secours Populaire, qui publie un baromètre témoignant de cette situation jugée préoccupante.

"La précarité est toujours plus ancrée en France, elle interfère dans tous les aspects de la vie, que ce soit la santé, les loisirs, la vie familiale", estime auprès de l'AFP Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire.

L'association publie un baromètre qui indique qu'un tiers des Français (31%) rencontrent des difficultés financières pour se procurer une alimentation saine permettant de faire trois repas par jour. De même 39% ont du mal à payer leurs dépenses d'électricité et 49% à partir en vacances au moins une fois par an, selon ce sondage réalisé par l'Institut Ipsos, auprès d'un échantillon de 1.000 personnes, représentatif de la population nationale âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas.

"La situation en France s'est détériorée" depuis une quinzaine d'années et dernièrement "on observe une stabilisation", précise Henriette Steinberg.

Revenus insuffisants, dépense imprévue, endettement excessif: au final, un Français sur cinq s'estime précaire pour différentes raisons, soit 20% de la population, contre 24% l'an dernier.

Malgré un "léger mieux" constaté sur certains indicateurs lié au "ralentissement de l'inflation", ce baromètre révèle "une situation sociale toujours très préoccupante", selon le Secours populaire.

En début de semaine, la déléguée interministérielle à la prévention et la lutte contre la pauvreté, Anne Rubinstein, a évoqué des "difficultés" rencontrées par l'Etat pour résorber un taux de pauvreté qui a atteint un niveau record en 2023 en France métropolitaine.

Face à cette situation, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a appelé mardi à une "mobilisation collective" pour "débloquer la lutte contre la précarité".

Au niveau européen, 28% de la population déclare se trouver en situation précaire, également selon ce baromètre du Secours Populaire, qui s'appuie aussi sur des échantillons de 1.000 personnes représentatifs de neuf autres pays (Allemagne, Grèce, Italie, Pologne, Royaume-Uni, Moldavie, Portugal, Roumanie, Serbie).

La part des personnes se considérant comme précaires demeure à un niveau "très alarmant" en Grèce (46%) et en Moldavie (45%), pointe le baromètre.

En 2024, le Secours populaire a soutenu 3,7 millions de personnes en France. L'association fournit notamment de l'aide alimentaire et organise des activités pour différents publics pour rompre l'isolement.


Face à l'explosion des dépenses militaires, l'ONU appelle à «repenser les priorités»

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté. (AFP)
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  • "Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres
  • Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an

NATIONS-UNIES: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé mardi le monde à "repenser les priorités" en redirigeant une partie des dépenses militaires record vers le développement de l'humanité et la lutte contre la pauvreté.

"Aujourd'hui, nous publions un rapport qui révèle une réalité saisissante: le monde dépense bien plus à faire la guerre qu'à construire la paix", a-t-il déclaré Antonio Guterres.

Selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), les dépenses militaires mondiales ont atteint en 2024 près de 2.700 milliards de dollars, en hausse de plus de 9% sur un an.

C'est "l'équivalent de 334 dollars par habitant de la planète", "près de 13 fois le montant de l'aide publique au développement des pays les plus riches et 750 fois le budget ordinaire de l'ONU", a noté Antonio Guterres.

Et en parallèle, la majorité des Objectifs de développement durables (ODD) visant à améliorer le sort de l'humanité d'ici 2030 (éradication de l'extrême pauvreté, égalité hommes-femmes, éducation...) ne sont pas sur la bonne voie.

Pourtant, mettre un terme à la faim dans le monde d'ici 2030 nécessiterait seulement 93 milliards de dollars par an, soit 4% des dépenses militaires de 2024, et faire en sorte que chaque enfant soit totalement vacciné coûterait entre 100 et 285 milliards par an, note le rapport demandé par les Etats membres.

Au total, l'ONU estime aujourd'hui à 4.000 milliards de dollars les investissements supplémentaires nécessaires chaque année pour atteindre l'ensemble des ODD, un montant qui pourrait grimper à 6.400 milliards dans les prochaines années.

Alors le secrétaire général de l'ONU a lancé un "appel à l'action, un appel à repenser les priorités, un appel à rééquilibrer les investissements mondiaux vers la sécurité dont le monde a vraiment besoin".

"Des dépenses militaires excessives ne garantissent pas la paix, souvent elles la sapent, encourageant la course aux armements, renforçant la méfiance et détournant des ressources de ce qui représentent les bases de la stabilité", a-t-il ajouté. "Un monde plus sûr commence par investir au moins autant pour lutter contre la pauvreté que nous le faisons pour faire la guerre".

"Rediriger même une fraction des dépenses militaires actuelles pourraient combler des écarts vitaux, envoyer des enfants à l'école, renforcer les soins de santé de base, développer les énergies propres et des infrastructures résistantes, et protéger les plus vulnérables", a-t-il plaidé.