Mondial: dispositif policier conséquent en France, l'ultradroite sous surveillance

Les fans de football célèbrent après la victoire de la France sur le Maroc en demi-finale de la Coupe du monde Qatar 2022, sur les Champs-Elysées à Paris le 15 décembre 2022. (AFP)
Les fans de football célèbrent après la victoire de la France sur le Maroc en demi-finale de la Coupe du monde Qatar 2022, sur les Champs-Elysées à Paris le 15 décembre 2022. (AFP)
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Publié le Vendredi 16 décembre 2022

Mondial: dispositif policier conséquent en France, l'ultradroite sous surveillance

  • Vingt-six gardes à vue ont été prolongées jeudi soir, sur les 38 (dont cinq mineurs) concernant le groupe d'ultradroite interpellé à Paris
  • Si le nombre de ces militants n'est que de «quelques dizaines» dans toute la France, «ces personnes sont dangereuses et seront suivies par le ministère de l'Intérieur», a poursuivi M. Darmanin

PARIS: Les autorités mobilisent jusqu'à 14 000 policiers et gendarmes durant le week-end pour encadrer les festivités du Mondial en France, en mettant sous surveillance particulière des groupuscules d'ultradroite.

Jeudi soir, le ministre de l'Intérieur a réuni les patrons de la police, de la gendarmerie, de la préfecture de police de Paris et de la sécurité intérieure, pour, a-t-il dit vendredi, "regarder particulièrement les activités de ces groupuscules d'ultradroite durant ce week-end de Coupe du monde".

Cela fait suite à l'interpellation et au placement en garde à vue mercredi dernier à Paris d'un groupe d'une quarantaine de personnes proches de l'ultradroite, venues "faire le coup de poing", selon l'expression de Gérald Darmanin, ainsi que les incidents survenus à Lyon et à Nice, liés également à cette mouvance.

Il s'agit, a dit le ministre vendredi à la presse, "de les suivre et les interpeller en cas de réunion ou de réunification de ligue (...) car certaines ont été dissoutes, comme Génération Identitaire".

Si le nombre de ces militants n'est que de "quelques dizaines" dans toute la France, "ces personnes sont dangereuses et seront suivies par le ministère de l'Intérieur", a poursuivi M. Darmanin.

Il a estimé que "leur interpellation en amont (comme mercredi dernier) rend inquiétants ces groupuscules que l'on doit absolument combattre et permet de documenter les propositions de dissolution d'associations à Paris, Lyon ou Nice".

 

Mondial: cérémonie d'hommage à l'adolescent écrasé à Montpellier

Une cérémonie d'hommage a eu lieu vendredi au collège de Montpellier où était scolarisé Aymen, l'adolescent écrasé par une voiture mercredi lors des célébrations pour la qualification de la France en finale du Mondial.

Le chauffeur du véhicule qui a renversé le jeune garçon, le blessant mortellement, était toujours activement recherché, mais "il n'y aura pas de communication supplémentaire dans cette phase active d'enquête", a déclaré le parquet de Montpellier, interrogé par l'AFP.

Au collège des Escholiers de la Mosson, où la victime était scolarisée en classe de quatrième, la cérémonie d'hommage a rassemblé dans la cour la famille d'Aymen, élèves, personnel éducatif, plusieurs élus ainsi que la rectrice d'académie. Tous arboraient un badge blanc orné du prénom de l'adolescent et d'un coeur.

La cérémonie s'est déroulée dans une ambiance pesante, teintée de pleurs. Les parents, le grand frère et la grande soeur d'Aymen ne se sont pas exprimés, mais ses camarades de classe ont, difficilement en raison de l'émotion, pris la parole et lu des textes.

Son professeur d'histoire-géographie, Julien Frayssinhes, a décrit la victime en "enfant solaire, adorable, plein d'énergie, de joie et de bonne humeur". Sa professeur d'arts plastiques rappelait qu'Aymen aimait "demander à la fin des cours s’il avait bien travaillé".

Le maire de Montpellier Mickaël Delafosse a dit aux élèves de "ne pas avoir honte de leurs larmes et de leur chagrin, nécessaires aujourd'hui". Une minute de silence a été observée avant que les élèves remontent dans leur classe.

Le collège compte environ 700 élèves, dont une centaine sont absents depuis jeudi, au lendemain du drame.

Les cellules d'écoute, composées d'assistantes sociales, psychologues, infirmières et médecins, ont été renforcées jeudi, portant leur nombre à huit, qui ont reçu plus de 200 élèves, selon le rectorat. Leur présence a été prolongée pour vendredi, dernier jour de classe avant les vacances de fin d'année.

Une équipe mobile académique de sécurité était également présente devant le collège.

Dans le soirée de jeudi des échauffourées ont eu lieu, entre 21 heures et minuit, dans deux quartiers défavorisés de Montpellier, à la Paillade, où a eu lieu l'accident mortel, et au Petit Bard. Plusieurs poubelles et une voiture ont été incendiées et un appartement a été saccagé, a indiqué à l'AFP la préfecture de l'Hérault.

Les forces de l'ordre étaient présentes en nombre et selon une source policière il n'y a eu ni blessés ni interpellations.

Les Champs aux piétons dimanche 

Vingt-six gardes à vue ont été prolongées jeudi soir, sur les 38 (dont cinq mineurs) concernant le groupe d'ultradroite interpellé à Paris essentiellement pour "participation à un groupement en vue de commettre des violences" et certains pour port d'arme, a indiqué le parquet de Paris. Sept procédures ont été classées sans suite, a-t-il ajouté.

Parmi les gardés à vue prolongés figure, selon une source proche du dossier, Marc de Cacqueray-Valmenier, leader du groupuscule "les Zouaves", dissous début janvier.

Alors que LFI reproche au ministre de l'Intérieur de ne pas s'attaquer suffisamment à l'ultradroite, Gérald Darmanin a fait valoir vendredi que depuis qu'il était en poste à Beauvau "11 associations de droite et d'ultradroite (avaient) été dissoutes".

A Paris, outre les membres de l'ultradroite, 74 personnes avaient été placées en garde à vue mercredi soir, essentiellement pour participation à un groupement en vue de commettre de violences ou des dégradations, violences sur personne dépositaire de l'autorité publique et détention d'engins incendiaires. 29 procédures ont été classées sans suite, 16 procédures ont donné lieu à des déferrements, 20 à diverses mesures (dont rappels à la loi, compositions pénales, comparutions ultérieures) et neuf gardes à vue ont été prolongées, selon le parquet de Paris.

A Montpellier, où un adolescent de 14 ans est décédé après avoir été percuté par une voiture, le conducteur était toujours recherché vendredi matin.

Pour contenir la survenue d'incidents samedi pour la petite finale qui oppose le Maroc à la Croatie, et dimanche pour la finale France-Argentine, le gouvernement a prévu de déployer les policiers et gendarmes en nombre sur tout le territoire.

Ils seront 12 800 samedi, et 14 000 (dont 2 750 à Paris) dimanche, quand mercredi dernier, 10.000 membres des forces de l'ordre (dont 2.000 à Paris) avaient été mobilisés.

Les Champs-Elysées resteront ouverts samedi à la circulation. Mais ils seront livrés aux seuls piétons dimanche.

Gérald Darmanin a rappelé que lors de la Coupe du monde de 2018 remportée par la France, 600 000 personnes avaient envahi l'avenue emblématique de la capitale au coup de sifflet final.

Comme mercredi, plusieurs accès au périphérique parisien et des stations de métro seront fermées.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

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  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
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  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

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  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.