La Jordanie enterre un officier de police tué lors de manifestations contre la hausse des prix du carburant

Le personnel de sécurité jordanien à Jerash porte le cercueil de l'officier de police qui a été tué lors des émeutes de jeudi (Photo, Reuters).
Le personnel de sécurité jordanien à Jerash porte le cercueil de l'officier de police qui a été tué lors des émeutes de jeudi (Photo, Reuters).
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Publié le Samedi 17 décembre 2022

La Jordanie enterre un officier de police tué lors de manifestations contre la hausse des prix du carburant

  • Le colonel Abdelrazzak al-Dalabeeh, chef adjoint de la police de Maan, a reçu une balle dans la tête alors que des agents répondaient à des émeutiers
  • Le roi Abdallah a promis de traduire les auteurs en justice

 

AMMAN: Un officier de police jordanien de haut rang, tué par balle jeudi dans la ville de Maan, dans le sud du pays, a été enterré vendredi dans sa ville natale de Jerash, à 40 km de la capitale Amman.

Le colonel Abdelrazzak al-Dalabeeh, chef adjoint de la police de Maan, a reçu une balle dans la tête alors que des agents répondaient à des émeutiers à Al-Husseiniya. Deux autres personnes ont été blessées lors des affrontements à Maan, qui a été secouée par des manifestations contre la hausse des prix du carburant.

Ce vendredi, le roi Abdallah a promis de traduire les auteurs de ces actes en justice, selon un communiqué de la cour royale, ajoutant que le monarque a réaffirmé que la violence contre l'État, le vandalisme des biens publics et la violation des droits des Jordaniens seraient traités avec fermeté.

Il a souligné que les agressions et les actes de vandalisme étaient des «menaces dangereuses pour la sécurité nationale», ajoutant: «Nous ne tolérerons pas la violence contre notre personnel de sécurité, qui travaille jour et nuit afin de protéger la Jordanie et les Jordaniens.»

Il a reconnu les conditions économiques difficiles des Jordaniens et leur droit à s'exprimer pacifiquement dans le cadre de la loi, affirmant que les institutions publiques prendront toutes les mesures nécessaires pour que les criminels rendent des comptes.

Le département de la sécurité publique a déclaré que les agences de sécurité maintiendraient une «approche stricte» en réponse aux émeutes et aux violences tout en respectant le droit des Jordaniens à manifester pacifiquement.

Le gouvernement a déclaré qu'il maintiendrait une méthode de «tolérance zéro» à l'égard des actes de violence et de toute tentative de porter atteinte à la sécurité et à la stabilité du pays.

Faisal Shboul, ministre d'État chargé des Médias, a déclaré que la justice serait rendue et que les personnes impliquées dans le meurtre d'Al-Dalabeeh seraient poursuivies.

La tribu des Bani Hassan, la plus importante de Jordanie et à laquelle appartenait Al-Dalabeeh, a exhorté les autorités à identifier son meurtrier tout en soulignant que «le gouvernement n'est pas le bienvenu dans la maison de condoléances».

Douze députés de la tribu ont prévenu qu'ils démissionneraient, présenteraient une motion de censure contre le gouvernement ou boycotteraient la chambre basse du Parlement si les autorités ne traduisaient pas l'auteur du meurtre en justice.

Lors d'une conférence de presse vendredi, le ministre de l'Intérieur Mazen Farayeh a affirmé que certains des sit-in à Maan et dans d'autres régions avaient tourné à la violence, les manifestants bloquant les rues et attaquant les institutions gouvernementales.

Il a également promis d'intensifier les efforts pour identifier l'assassin d'Al-Dalabeeh.

Farayeh a indiqué que le gouvernement «protège la liberté d'opinion et les manifestations pacifiques, mais que le gouvernement utiliserait la force appropriée contre les émeutiers et les vandales.»

 

EN BREF

La tribu des Bani Hassan, à laquelle appartenait Al-Dalabeeh, a exhorté les autorités à identifier son meurtrier, tout en soulignant que le «gouvernement n'est pas le bienvenu dans la maison de condoléances».

Il a également signalé que davantage de forces de sécurité seraient déployées à Maan et dans d'autres régions afin de prévenir les émeutes.

La Jordanie, en particulier les régions du sud, a connu des grèves pendant près de deux semaines.

Les chauffeurs de camions de Maan ont commencé à protester contre la hausse des prix du diesel en organisant un sit-in sur l'autoroute du désert reliant Amman et la ville portuaire d'al-qaba, avant que leurs collègues d'autres régions, notamment d'Amman et de Mafraq, à la frontière avec l'Irak, ne les rejoignent.

Les chauffeurs de bus et de taxi de Jordanie ont également organisé des sit-in pour demander au gouvernement de réduire le prix du carburant.

Dans un geste qualifié de «désobéissance civile», les commerçants des villes de Maan, Tafileh et Karak, dans le sud du pays, ont fermé leurs magasins en solidarité avec les chauffeurs.

Certaines régions ont été le théâtre d'émeutes, de blocages de routes et de brûlages de pneus qui ont entraîné l'intervention des forces de sécurité.

Lors d'une récente session, les députés ont demandé au gouvernement de réduire les prix du carburant et des produits de base et d'intervenir pour freiner l'inflation.

Certains législateurs ont menacé de lancer une motion de censure contre le gouvernement.

Le Premier ministre, Bishr Khasawneh, a soutenu que le «gouvernement n'a pas le luxe de subventionner les dérivés du carburant».

Il a ajouté: «La baisse des prix du carburant entraînerait un coût supplémentaire de 550 millions de dinars jordaniens (1 dinar jordanien = 1,33 euro) pour le budget. Le gouvernement ne dispose pas de cet argent», a avisé Khasawneh.

Certains députés ont indiqué que les «propos mal formulés» du Premier ministre étaient à l'origine des tensions accrues dans les rues.

Les prix des carburants en Jordanie ont connu des hausses consécutives au cours des derniers mois, notamment en matière de diesel et de kérosène.

Reconnaissant les conditions économiques difficiles des Jordaniens, le ministre de l'Intérieur a déclaré que les prix des carburants seraient diminués d'ici la fin du mois ou le mois prochain.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


Centre de coordination militaro-civile pour Gaza: beaucoup de discussions, peu de résultats

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  • "Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore" ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés
  • "Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix"

JERUSALEM: Lancé par les Etats-Unis dans le sillage du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas pour surveiller la trêve et favoriser l'afflux d'aide humanitaire, le Centre de coordination militaro-civile (CMCC) pour Gaza peine à tenir ses promesses.

"Au départ, personne ne savait ce que c'était, mais tout le monde voulait en être", raconte un diplomate européen à l'AFP, "maintenant les gens déchantent un peu, ils trouvent que rien n'avance, mais on n'a pas le choix, il n'y a aucune autre initiative, c'est ça ou continuer à discuter dans le vent avec des Israéliens".

"Il y a des moments où on se dit qu'on a touché le fond mais qu'on creuse encore", ironise un humanitaire qui s'y est rendu plusieurs fois pour parler des abris fournis aux centaines de milliers de Palestiniens de Gaza déplacés par la campagne militaire israélienne.

Le CMCC doit permettre d'amorcer la suite des étapes du plan de paix pour Gaza après plus de deux ans d'une guerre dévastatrice déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque sans précédent du mouvement palestinien Hamas sur Israël.

"Lorsque nous l'avons ouvert, nous avons clairement indiqué qu'il se concentrait sur deux choses: faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire, logistique et sécuritaire vers Gaza et aider à surveiller en temps réel la mise en oeuvre de l'accord", insiste le capitaine Tim Hawkins, porte-parole du Commandement militaire central américain (Centcom), couvrant notamment le Moyen-Orient.

L'initiative a été présentée aux acteurs (ONG, agences des Nations unies, diplomates...) comme un générateur d'idées totalement inédites.

Frustrés par leurs difficultés avec les autorités israéliennes, de nombreux pays et acteurs humanitaires disent s'être jetés dans le projet, impatients d'avoir un nouvel interlocuteur se disant enclin à trouver des solutions: les Etats-Unis.

"Rien n'a changé" 

"Au début, les Américains nous ont dit qu'ils découvraient qu'Israël interdisaient l'entrée de tout un tas de choses dans Gaza, la fameuse liste des biens à double usage, ils avaient l'air choqués et on se disait qu'enfin on allait franchir cet obstacle", raconte un ingénieur humanitaire, "mais force est de constater que strictement rien n'a changé".

Deux mois après l'ouverture, nombre d'humanitaires et diplomates contactés par l'AFP jugent, sous couvert de l'anonymat, que la capacité ou la volonté américaines à contraindre Israël est limitée.

Les visiteurs réguliers ou occasionnels des lieux ont décrit à l'AFP le grand hangar occupé par le CMCC à Kiryat Gat (sud d'Israël), comme un entrepôt où de nombreux militaires, israéliens et américains principalement, rencontrent des humanitaires, diplomates, et consultants.

Le premier des trois étages du bâtiment est réservé aux Israéliens, et le dernier aux troupes américaines. Tous deux sont interdits d'accès aux visiteurs.

Le deuxième, recouvert de gazon artificiel, sert d'espace de rencontres avec le monde extérieur.

"On dirait un espace de coworking, mais avec des gens en uniforme", s'amuse une diplomate qui raconte y croiser des "GIs qui boivent de la bière" au milieu d'une sorte d'open-space, avec des panneaux récapitulant les principaux points du plan Trump.

Plusieurs personnes ont dit à l'AFP avoir vu un tableau blanc barré de l'inscription "What is Hamas?" ("Qu'est-ce que le Hamas?") en lettres capitales, sans éléments de réponse.

"Il y a des tables rondes sur des sujets qui vont de la distribution d'eau ou de nourriture à la sécurité", raconte un humanitaire, "en gros on nous écoute décrire ce qu'on veut faire, et quels problèmes on a rencontrés depuis deux ans".

"Boussole du droit" 

Mais "ce n'est pas là que les décisions sont prises", tranche un diplomate qui cite des canaux de discussions parallèles, notamment une équipe supervisée par Arieh Lighstone, un collaborateur de l'émissaire américain Steve Witkoff, à Tel-Aviv.

Plusieurs diplomates regrettent l'absence d'officiels palestiniens dans les murs.

Un autre problème réside dans l'émergence de concepts largement rejetés par la communauté internationale, notamment celui des "Alternative Safe Communities" (ASC), visant à regrouper des civils "vérifiés", non affiliés au Hamas, dans des communautés créées ex nihilo dans une zone de la bande de Gaza sous contrôle militaire israélien, et où les services de base seraient dispensés.

"On a perdu la boussole du droit", commente une diplomate.

Mais le reproche qui revient le plus souvent est le fait que les questions politiques (gouvernance, maintien de l'ordre...) sont évacuées au profit de questions techniques.

"Ils discutent d'où mettre les stations d'épuration, pas de qui les exploitera ni de qui paiera les employés", résume un autre.

Concédant "certaines frictions", sans plus de détail, le capitaine Hawkins, du Centcom, met en avant certaines avancées comme l'ouverture de nouveaux points de passage pour l'aide à destination de Gaza. "Nous progressons, assure-t-il, tout en reconnaissant pleinement qu'il reste encore beaucoup à faire."


Le Congrès américain approuve la levée définitive des sanctions contre la Syrie

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars. (AFP)
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  • Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar
  • Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis

WASIHNGTON: Le Congrès américain a approuvé mercredi la levée définitive des sanctions imposées par les Etats-Unis contre la Syrie du temps de Bachar al-Assad, devant permettre le retour d'investissements dans ce pays ravagé par des années de guerre civile.

L'abrogation d'une loi dite "Caesar", adoptée en 2019 lors du premier mandat de Donald Trump et qui imposait ces sanctions, figure en effet dans le texte sur la stratégie de défense (NDAA), que le Sénat américain a approuvé mercredi par 77 voix pour et 20 contre.

La Chambre des représentants s'était déjà prononcée la semaine dernière et le texte attend désormais d'être promulgué par le président américain.

Le gouvernement américain a indiqué être favorable à l'abrogation de cette loi Caesar. Son application avait déjà été suspendue par deux fois pour six mois après l'annonce du président Trump en mai levant les sanctions contre la Syrie dans le cadre de la normalisation des relations entre ce pays et les Etats-Unis.

Le chef de la diplomatie syrienne, Assaad al-Chaibani, a salué sur Telegram le vote du Sénat comme "ouvrant de nouveaux horizons pour la coopération et le partenariat entre notre pays et le reste du monde".

La loi Caesar adoptée en 2019 imposait des sanctions américaines drastiques contre le gouvernement de Bachar al-Assad, bannissant le pays du système bancaire international et des transactions financières en dollars.

Bien que son application soit suspendue, de nombreux responsables américains jugeaient qu'elle pouvait nuire à la confiance des investisseurs tant qu'elle n'était pas abrogée.

Le dirigeant syrien Ahmad al-Chareh a été reçu le 10 novembre à la Maison Blanche par le président Trump, une première pour un chef d'Etat syrien depuis l'indépendance du pays en 1946 et une consécration pour l'ancien jihadiste qui, en moins d'un an au pouvoir, a sorti son pays de l'isolement.

Donald Trump l'avait déjà rencontré lors d'un voyage dans le Golfe en mai, annonçant alors la levée des sanctions américaines.

Après 13 ans de guerre civile, la Syrie cherche à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

"L'abrogation aujourd'hui de la loi Caesar est une étape décisive pour donner au peuple syrien une véritable chance de se reconstruire après des décennies de souffrances inimaginables", s'est félicité la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.


Les principales villes du Soudan privées de courant après des frappes de drones sur une centrale

Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts. (AFP)
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  • Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale
  • Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des FSR

PORT-SOUDAN: Les principales villes du Soudan, dont Khartoum et Port-Soudan, ont été plongées dans le noir dans la nuit de mercredi à jeudi après des frappes de drones contre une importante centrale électrique, qui ont également fait deux morts, ont indiqué plusieurs témoins à l'AFP.

Les frappes ont ciblé les transformateurs de la station électrique d’Al-Muqrin à Atbara, dans l'Etat du Nil, dans l'est du pays, a précisé la compagnie d'électricité nationale.

Deux secouristes ont été tués par une deuxième frappe de drone survenue alors qu'ils tentaient d'éteindre l'incendie provoqué par la première, a déclaré un responsable de la centrale en attribuant cette frappe aux paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Le gouvernement de l’État du Nil a confirmé la mort des deux secouristes dans un communiqué officiel.

Cette station est un nœud stratégique du réseau électrique soudanais, recevant l’électricité produite par le barrage de Merowe — la plus grande source d'énergie hydroélectrique du pays — avant sa redistribution vers plusieurs régions.

Des témoins ont également indiqué qu’aux alentours de 02H00 (minuit GMT), les forces de l’armée régulière avaient activé leurs systèmes de défense antiaérienne, rapportant avoir vu des flammes et de la fumée s'élever au-dessus de la ville contrôlée par l'armée en guerre depuis avril 2023 contre les FSR.

Les coupures d’électricité se sont étendues à plusieurs États, notamment ceux du Nil, de la mer Rouge — où se trouve Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement pro-armée — ainsi qu’à la capitale Khartoum, selon des témoins, l'incendie n'étant toujours pas maitrisé.

Les FSR n’ont jusqu'à présent pas commenté l'attaque.

Ces derniers mois, les FSR ont été accusées de lancer des attaques de drones sur de vastes zones contrôlées par l’armée, visant des infrastructures civiles et provoquant des coupures de courant affectant des millions de personnes.

La guerre, qui a éclaté en avril 2023, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué "la pire crise humanitaire au monde", selon l'ONU.