Crise sanitaire: les entreprises prestigieuses vacillent aussi

Les grands noms du commerce ont été frappés par une succession de crises: attentats de 2015, mouvement des « gilets jaunes », grèves. La crise sanitaire, qui a tari les flux touristiques et réduit la fréquentation des magasins, leur a asséné le coup de grâce. (AFP)
Les grands noms du commerce ont été frappés par une succession de crises: attentats de 2015, mouvement des « gilets jaunes », grèves. La crise sanitaire, qui a tari les flux touristiques et réduit la fréquentation des magasins, leur a asséné le coup de grâce. (AFP)
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Publié le Mardi 17 novembre 2020

Crise sanitaire: les entreprises prestigieuses vacillent aussi

  • Avoir pignon sur rue n'a pas suffi à lui garantir un avenir : « après 73 ans d'activité, la Maroquinerie Parisienne fermera ses portes définitivement à la fin de l'année »
  • Le célèbre traiteur Fauchon va fermer ses deux boutiques emblématiques de la place de la Madeleine, laissant 77 salariés sur le carreau. La semaine dernière, le Printemps a également fait part de sa volonté de fermer plusieurs grands magasins

PARIS Fermetures de magasins et suppressions d'emplois chez Fauchon comme au Printemps : la crise sanitaire fait aussi flancher certains commerces spécialisés dans les produits haut de gamme, soulignant la fragilité de ceux qui n'ont parfois pas suffisamment pris le virage du numérique.

Avoir pignon sur rue n'a pas suffi à lui garantir un avenir : « après 73 ans d'activité, la Maroquinerie Parisienne fermera ses portes définitivement à la fin de l'année », indique un bref message publié sur le site de cette institution du IXe arrondissement de Paris, et spécialisée dans les accessoires haut de gamme. 

Et il ne s'agit pas de la seule victime de renom de la crise sanitaire. 

Le célèbre traiteur Fauchon va fermer ses deux boutiques emblématiques de la place de la Madeleine, laissant 77 salariés sur le carreau. La semaine dernière, le Printemps a également fait part de sa volonté de fermer plusieurs grands magasins dans différentes villes, ce qui menace 450 emplois. 

Ces grands noms du commerce ont été frappés par une succession de crises: attentats de 2015, mouvement des « gilets jaunes », grèves. La crise sanitaire, qui a tari les flux touristiques et réduit la fréquentation des magasins, leur a asséné le coup de grâce. 

« Le Covid ne fait que révéler d'éventuelles fragilités du modèle », explique à l'AFP Serge Carreira, maître de conférences à Sciences Po Paris et spécialiste du luxe. Les enseignes qui dépendent de magasins physiques ont une « structure de charge extrêmement lourde et pesante », précise-t-il en évoquant notamment les loyers. 

« Au sein d'un groupe, on est dans une logique de limiter les coûts, les pertes, la viabilité est moins remise en cause, alors que pour une maison indépendante, sa vie même est en jeu », détaille le spécialiste. 

Résistance numérique  

La crise sanitaire est d'une telle ampleur que même les groupes de luxe les plus robustes sont secoués. 

Les fleurons français LVMH, Kering et Hermès ont vu leur revenu s'écrouler au deuxième trimestre, avant de redresser la barre au trimestre suivant, notamment grâce au dynamisme de l'Asie, où l'épidémie semble mieux maîtrisée. 

Au Royaume-Uni, autre destination shopping prisée des touristes fortunés, les bénéfices de Burberry ont été laminés. Les grands magasins Selfridges et Harrods, dont l'activité a plongé, comptent supprimer respectivement 450 et 700 emplois.

Aux Etats-Unis, la pandémie a achevé plusieurs chaînes haut de gamme dont Neiman Marcus.

« Les entreprises qui s'en sortent le mieux sont celles qui ont commencé la transformation +digitale+ il y a longtemps et celles qui ont évolué vers un modèle de +marketplace+ », mettant en relation acheteurs et vendeurs, détaille à l'AFP Audrey Depraeter-Montacel, directrice luxe et beauté chez Accenture.

Appétit pour le web intensifié

Avant la pandémie, les ventes en ligne ne représentaient toutefois qu'une faible part du chiffre d'affaires des marques de luxe. 

« Les investissements dans le numérique de ces dix dernières années ont coûté beaucoup pour un retour sur investissement relativement bas, ce sont les grands groupes qui ont pu les faire, les plus petits n'ont pas la trésorerie suffisante », décrypte Mme Depraeter-Montacel.

Il est également moins évident pour les acteurs de taille modeste de profiter à présent de l'envolée des ventes en ligne dans le contexte de la pandémie. « Les grands groupes sont mieux armés pour répondre à cette croissance soudaine, ils peuvent mettre des moyens, transférer des ressources », selon l'experte du luxe.

Cette crise, qui peut encore se traduire par d'autres fermetures de magasins prestigieux, voire de faillites, a aussi renforcé l'appétence des marques haut de gamme pour le numérique.

Certaines veulent développer leurs ventes en ligne, alors qu'elles étaient encore récemment hostiles à cette idée afin de préserver leur côté exclusif.

Dans ce contexte, de nouveaux rapprochements pourraient avoir lieu, à l'instar de celui entre le géant suisse du luxe Richemont et le portail de mode Farfetch, qui distribue des marques de créateurs.

« La situation est bien évidemment tendue, mais c'est aussi un moment d'adaptation et d'innovation qui peut, sur le long terme, être plutôt positif », estime M. Carreira.


Le prix du pétrole grimpe en raison de la crainte d'une implication américaine en Iran

Un automobiliste fait le plein de sa voiture dans une station-service Speedway le 28 septembre 2004 à Des Plaines, dans l'Illinois. Le prix du pétrole a dépassé pour la première fois les 50 dollars le baril. (AFP)
Un automobiliste fait le plein de sa voiture dans une station-service Speedway le 28 septembre 2004 à Des Plaines, dans l'Illinois. Le prix du pétrole a dépassé pour la première fois les 50 dollars le baril. (AFP)
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  • Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en août, progressait de 1,65 %, atteignant 74,44 dollars. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate (WTI), avec livraison en juillet, gagnait 1,55 %, à 72,88 dollars.
  • Le principal point de tension demeure le détroit d’Ormuz, une voie stratégique par laquelle transite près de 20 % du pétrole mondial.

LONDRES : Les prix du pétrole étaient en nette hausse mardi matin, portés par l’aggravation des tensions géopolitiques au Moyen-Orient et l’incertitude provoquée par le départ anticipé de Donald Trump du sommet du G7 au Canada.

Vers 09h45 GMT (11h45 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en août, progressait de 1,65 %, atteignant 74,44 dollars. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate (WTI), avec livraison en juillet, gagnait 1,55 %, à 72,88 dollars.

Le départ inattendu de Donald Trump du G7, sans explication claire, a semé le doute sur les intentions américaines concernant le conflit entre Israël et l’Iran. Le président américain a toutefois déclaré que cette décision « n’avait rien à voir » avec les discussions autour d’un éventuel cessez-le-feu au Moyen-Orient.

Selon plusieurs médias américains, Trump devrait rejoindre la "Situation Room", la salle de crise de la Maison Blanche, utilisée lors de situations géopolitiques critiques ou pour superviser des opérations militaires majeures. Une démarche qui alimente les spéculations sur une possible implication directe des États-Unis dans le conflit.

« Cela a ravivé les craintes que les États-Unis se préparent à s'engager aux côtés d'Israël », explique Arne Lohmann Rasmussen, analyste chez Global Risk Management.

L’inquiétude s’est accentuée après une déclaration publiée lundi par Trump sur son réseau Truth Social, appelant à « évacuer immédiatement Téhéran ».

Le marché pétrolier suit de près l’évolution de cette crise. L’Iran est le neuvième plus grand producteur mondial de pétrole, selon l’Agence internationale de l’énergie. Le principal point de tension demeure le détroit d’Ormuz, une voie stratégique par laquelle transite près de 20 % du pétrole mondial. Un blocage de ce passage maritime ferait immédiatement grimper les prix.

Pour autant, certains analystes estiment que la hausse actuelle pourrait rester contenue. « Les stocks de pétrole sont en augmentation, et pour l’instant, l’offre iranienne n’a pas été impactée par le conflit », note Kathleen Brooks, analyste chez XTB.

Par ailleurs, l’offre mondiale continue de croître. Depuis avril, l’OPEP et ses alliés (OPEP+) ont relevé leurs quotas de production. Ce mardi, le Kazakhstan a apporté son soutien au plan saoudien visant à accroître davantage la production, laissant entrevoir une nouvelle hausse des quotas de 411 000 barils par jour pour le mois d’août, selon les analystes de DNB Carnegie.


Les banques ont augmenté leurs financements aux énergies fossiles en 2024 selon des ONG

L'AIE a signalé un niveau élevé d'incertitude alors que des conflits secouent le Moyen-Orient et la Russie, deux régions productrices de pétrole et de gaz. Shutterstock
L'AIE a signalé un niveau élevé d'incertitude alors que des conflits secouent le Moyen-Orient et la Russie, deux régions productrices de pétrole et de gaz. Shutterstock
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  • près de 8 000 milliards de dollars de prêts, d'émissions d'actions ou d'obligations qui sont allés aux entreprises du pétrole, du gaz et du charbon, selon la dernière édition du rapport « Banking on Climate Chaos ».
  • Avec 53,5 milliards de dollars, l'Américain JPMorgan occupe la première place du classement des banques les plus impliquées dans le soutien financier aux énergies fossiles.

PARIS : Un consortium d'ONG a affirmé que les principaux géants bancaires mondiaux, américains en tête, avaient accordé plus de 850 milliards de dollars de financements au profit des énergies fossiles, un montant en hausse de 23 % par rapport à 2023.

Depuis la signature de l'accord de Paris sur le climat en 2015, qui vise à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C par rapport à l'ère pré-industrielle (1850-1900), ce sont près de 8 000 milliards de dollars de prêts, d'émissions d'actions ou d'obligations qui sont allés aux entreprises du pétrole, du gaz et du charbon, selon la dernière édition du rapport « Banking on Climate Chaos ».

Dans le détail, les 65 banques étudiées ont consacré l'an dernier 869 milliards de dollars à ces différentes formes de soutien financier, soit une hausse de 23 % sur un an. Précisons que la moitié environ de cette somme est consacrée à l'expansion des énergies fossiles.

Ce montant est proche de celui atteint en 2021, après deux années consécutives de baisse. Plus des deux tiers des banques ont augmenté leurs financements, soulignent les auteurs de l'étude.

Avec 53,5 milliards de dollars, l'Américain JPMorgan occupe la première place du classement des banques les plus impliquées dans le soutien financier aux énergies fossiles, devant ses compatriotes Bank of America et Citigroup, selon les données rassemblées par huit ONG, dont Rainforest Action Network, Reclaim Finance et Urgewald. 

L'année 2024 marque le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, qui avait notamment promis de « forer à tout-va », une formule devenue l'un de ses slogans de campagne (« We will drill, baby, drill »).

Les données de l'étude, publiées directement par les sociétés ou issues de fournisseurs de données et de l'agence financière Bloomberg, montrent par ailleurs un retrait progressif des grandes banques françaises depuis 2020.

La contribution des six grandes banques françaises (BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et BPCE pour l'essentiel, ainsi que Crédit Mutuel et La Banque Postale pour une part infime) a été d'environ 20 milliards de dollars l'an dernier, soit moitié moins qu'en 2023. 

L'étude met cependant en avant « une augmentation particulièrement marquante des financements » de BPCE, qui rassemble notamment les Banques populaires, les Caisses d'épargne et Natixis.

Mardi, le groupe mutualiste a balayé ces données collectées « qui ne reflètent en rien la réalité » dans une déclaration transmise à l'AFP. La banque a également mis en avant ses « engagements volontaires » en matière de décarbonation.

Par ailleurs, mi-avril, les banques membres de la Net-Zero Banking Alliance (NZBA), programme onusien de neutralité carbone lancé en 2021, ont revu à la baisse leurs ambitions communes. 


Airbus: commande de 30 avions A320neo et 10 cargo A350F du loueur saoudien AviLease

Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease. (Photo fournie).
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  • L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris
  • Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat

LE BOURGET: Le constructeur aéronautique européen Airbus a annoncé lundi une commande de 30 avions A320neo et de dix appareils cargos A350, d'une valeur théorique de près de 7 milliards de dollars, conclue avec le loueur saoudien AviLease.

L'accord, qui prévoit la possibilité de porter le contrat à 22 avions cargo A350F et 55 appareils de la famille A320neo, a été signé devant la presse dès l'ouverture du salon aérospatial international du Bourget, au nord de Paris. Le montant est calculé d'après les prix catalogue de 2018, concept qu'Airbus a abandonné depuis en arguant que les prix de vente réels dépendent des spécificités de chaque contrat, de la version et de la configuration de l'appareil et qu'ils demeurent confidentiels.