Contestation en Iran: Téhéran appelé à libérer une célèbre actrice

Taraneh Alidoosti pose pour les photographes à son arrivée à la première du film "Les frères de Leila" lors du 75e festival international du film, à Cannes, le 25 mai 2022. (AP/File)
Taraneh Alidoosti pose pour les photographes à son arrivée à la première du film "Les frères de Leila" lors du 75e festival international du film, à Cannes, le 25 mai 2022. (AP/File)
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Publié le Dimanche 18 décembre 2022

Contestation en Iran: Téhéran appelé à libérer une célèbre actrice

  • Figure du cinéma iranien, Taraneh Alidoosti, 38 ans, a été arrêtée samedi pour des publications en soutien aux protestations, dénonçant notamment l'exécution de manifestants ou dans lesquelles on la voit enlever son voile
  • Plusieurs personnalités iraniennes ont également été interpellées, dont des acteurs, mais Taraneh Alidoosti jouit d'une renommée internationale

TÉHÉRAN: L'Iran fait face dimanche à une série d'appels de célébrités et groupes de défense des droits humains pour que soit libérée l'actrice et militante Taraneh Alidoosti, personnalité la plus renommée arrêtée en lien avec le mouvement de contestation agitant le pays depuis trois mois.

Figure du cinéma iranien, Taraneh Alidoosti, 38 ans, a été arrêtée samedi pour des publications en soutien aux protestations, dénonçant notamment l'exécution de manifestants ou dans lesquelles on la voit enlever son voile.

La contestation en Iran a été déclenchée par la mort, le 16 septembre, de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans décédée après avoir été arrêtée à Téhéran par la police des moeurs, qui lui reprochait d'avoir enfreint le code vestimentaire de la République islamique, strict pour les femmes.

Depuis, des centaines de personnes ont été tuées, des milliers arrêtées et deux hommes de 23 ont été pendus en lien avec les troubles.

Plusieurs artistes iraniens ont également été interpellés. Dimanche, Amir Maghareh, le chanteur du groupe de pop Makanband, "a été convoqué par le bureau du procureur d'Evine à Téhéran", "pour fournir des explications", d'après l'agence de presse Tasnim, qui n'a pas épilogué.

De toutes les personnalités ciblées, Taraneh Alidoosti est celle qui jouit de la plus grande renommée à l'international pour avoir joué dans des films primés du réalisateur Asghar Farhadi, dont "Le client", Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2017.

Actrice depuis son adolescence, elle a aussi joué dans le film de Saeed Roustayi "Leïla et ses frères", présenté cette année au Festival de Cannes.

"La courageuse actrice d'Iran a été arrêtée", a écrit sur Instagram sa consoeur Golshifteh Farahani, qui a débuté sa carrière en Iran avant de fuir.

"Cette photo a été prise en juillet 2008 juste avant que je quitte l'Iran pour de bon", a-t-elle ajouté, sous une photo des deux actrices, accompagnée du hashtag "Free Taraneh Alidoosti".

"Taraneh Alidoosti est l'une des actrices les plus talentueuses et reconnues d'Iran", a écrit Cameron Bailey, directeur du festival du film de Toronto, au Canada. "J'espère qu'elle sera libérée bientôt pour continuer à représenter la force du cinéma iranien".

«Terrifie»

La justice iranienne a indiqué samedi que des "célébrités" avaient été arrêtées "à la suite de commentaires sans fondement sur les événements récents et la publication de matériel provocateur soutenant des émeutes de rue".

"Taraneh Alidoosti qui n'a pas fourni de documents à l'appui de certaines de ses allégations" fait partie des personnes arrêtées, a déclaré l'agence de l'autorité judiciaire, Mizan Online.

Le mois dernier, deux autres actrices ayant exprimé leur solidarité avec le mouvement de contestation et retiré leurs voiles en public avait été arrêtées, Hengameh Ghaziani et Katayoun Riahi. Elles ont été libérées sous caution depuis.

"Des femmes sont arrêtées et emprisonnées en Iran pour avoir refusé de porter le hijab obligatoire, dont des actrices célèbres comme Taraneh Alidoosti. Le pouvoir des voix des femmes terrifie les dirigeants de la République islamique", a estimé le Centre pour les droits de l'homme en Iran (CHRI), basé à New York.

L'actrice avait notamment dénoncé le 8 décembre la pendaison de Mohsen Shekari.

"Toute organisation internationale qui regarde ce bain de sang sans réagir représente une honte pour l'humanité", avait-elle écrit sur sa page Instagram, suivie par plus de huit millions de personnes et qui n'était plus accessible dimanche.

En novembre, elle avait promis de rester dans son pays, de "payer le prix" qu'il faudrait pour défendre ses droits et d'arrêter de travailler pour soutenir les familles des personnes tuées ou arrêtées lors des manifestations.

Plusieurs personnalités du cinéma iranien ont été inquiétées ou arrêtées par les autorités avant même l'actuelle vague de contestation, comme les réalisateurs Mohammad Rasoulof et Jafar Panahi, toujours en détention.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.