Pérou: la présidente refuse de démissionner, 200 touristes évacués du Machu Picchu

Des touristes bloqués qui visitaient la citadelle inca de Machu Picchu attendent de monter à bord d'une camionnette pour se rendre à Cusco après avoir été évacués en train vers Ollantaytambo, au Pérou, le 17 décembre 2022 (Photo, AFP).
Des touristes bloqués qui visitaient la citadelle inca de Machu Picchu attendent de monter à bord d'une camionnette pour se rendre à Cusco après avoir été évacués en train vers Ollantaytambo, au Pérou, le 17 décembre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 18 décembre 2022

Pérou: la présidente refuse de démissionner, 200 touristes évacués du Machu Picchu

  • Dans une nouvelle tentative de mettre fin à la crise et aux protestations, la présidente Dina Boluarte a demandé au Parlement d'avancer les élections générales
  • Quelque 200 touristes bloqués dans la célèbre région du Machu Picchu en raison des manifestations ont pu être évacués samedi

PISCACUCHO: La présidente Dina Boluarte a déclaré samedi qu'elle resterait à la tête du Pérou, pays ébranlé par des manifestations meurtrières depuis la destitution et l'arrestation de son prédécesseur le 7 décembre, et où 200 touristes bloqués dans la région du Machu Picchu ont pu être évacués samedi.

Dans une nouvelle tentative de mettre fin à la crise et aux protestations, Mme Boluarte a demandé au Parlement d'avancer les élections générales.

"Que résoudrait ma démission? Nous allons rester ici, fermes, jusqu'à ce que le Congrès se décide à avancer les élections (...) Je demande que l'on reconsidère le vote" de vendredi, quand le Parlement s'est prononcé contre l'avancement des élections générales de 2026 à 2023, a-t-elle plaidé.

Le président de l'Assemblée José Williams a déclaré vendredi que le vote devait être reconsidéré lors d'une prochaine session.

Dans un message télévisé à la nation, Mme Boluarte --vice-présidente du Pérou jusqu'à la destitution de Pedro Castillo-- a déploré les manifestations qui ont fait au moins 19 morts et 569 blessés, dont des mineurs.

Certains décès sont liés à des affrontements avec des militaires, autorisés à intervenir pour maintenir la sécurité intérieure dans le cadre de l'instauration de l'état d'urgence pour une durée de trente jours.

"Ce n'est que par le calme et un dialogue sincère et ouvert que nous pourrons travailler (...) Comment pouvons-nous nous battre entre Péruviens, gâcher nos institutions, bloquer les routes?", a-t-elle lancé.

Situation incontrôlable

La présidente a expliqué que si les forces armées descendaient dans la rue, "c'était pour protéger" les citoyens "parce que la situation devenait incontrôlable". Elle a dénoncé la présence de "groupes violents" organisés.

"Ces groupes ne sont pas apparus du jour au lendemain, ils avaient organisé tactiquement des barrages routiers", a-t-elle souligné.

Les manifestants exigent la libération du président déchu Pedro Castillo, la démission de Mme Boluarte, la dissolution du Parlement et des élections générales immédiates.

Les protestations les plus intenses ont eu lieu dans la région andine du sud du Pérou, frappée par la pauvreté, où les revendications d'ordre social n'ont pas été satisfaites depuis longtemps.

Mme Boluarte, originaire d'Apurimac, l'une des zones de conflit, a prononcé une partie de son message en quechua, une langue parlée par une importante partie andine du pays.

Les manifestations ont éclaté après que M. Castillo a tenté de dissoudre le Parlement le 7 décembre et de gouverner par décret.

Ancien enseignant de gauche issu d'un milieu rural et modeste, il a été arrêté alors qu'il tentait de rejoindre l'ambassade du Mexique pour demander l'asile.

Initialement incarcéré pour sept jours, la justice a décidé jeudi qu'il resterait en prison pendant dix-huit mois, jusqu'en juin 2024, afin d'être inculpé de rébellion. Il encourt une peine de dix ans de prison, selon le procureur Alcides Diaz, chargé du dossier.

200 touristes évacués

Quelque 200 touristes bloqués dans la célèbre région du Machu Picchu en raison des manifestations ont pu être évacués samedi, a constaté l'AFP.

A bord d'un train, ils sont parvenus près de la ville de Piscacucho, dans la région de Cuzco (sud), où un énorme rocher bloquait le passage.

De là, les touristes --dont des Nord-Américains et des Européens-- ont marché environ deux kilomètres pour embarquer dans des bus en direction de la ville de Cuzco, qui a un aéroport international.

Avis Berney, une retraitée américaine de 77 ans, arrivée au Machu Picchu le 12 décembre, se trouvait parmi eux.

"En raison des manifestations, le train n'a pas pu partir, il y avait des rochers sur la voie. Ils voulaient nous évacuer en hélicoptère mais à cause de la météo ils n'ont pas pu", a-t-elle raconté à l'AFP.

Alex Lim, touriste canadien de 41 ans, qui voyageait avec sa femme, s'est lui aussi déclaré soulagé.

"Nous étions inquiets. Je n'ai pas apporté mes médicaments contre l'hypertension et nous n'avions de vêtements que pour une journée. Je suis heureux de retourner à Cuzco", lâche-t-il.

De son côté, le ministre du Commerce extérieur et du Tourisme Luis Fernando Helguero s'est réjoui du dénouement heureux pour ces touristes.

"Avec le soutien de la police et des forces armées nous avons pu réparer la voie ferrée", accessible désormais jusqu'à Piscacucho, à 29 km de Machu Picchu, a expliqué à l'AFP le ministre qui a supervisé les travaux de remise en fonction.

Le maire du village proche du Machu Picchu, Darwin Baca, avait déclaré à l'AFP que "5.000 touristes" étaient bloqués à Cuzco.

Au moins 622 touristes dont 525 étrangers parmi lesquels une quinzaine de Français étaient bloqués sur le célèbre site, selon un recensement de la municipalité. Le train, qui avait été arrêté depuis mardi, est l'unique moyen moderne de se rendre à la citadelle depuis Cuzco, l'ancienne capitale de l'empire inca, à 110 km.

L'armée a promis d'envoyer samedi un hélicoptère qui assurera "quatre vols humanitaires pour le transfert des touristes" du Machu Picchu à Cuzco, selon la municipalité qui précise que priorité sera donnée aux familles avec "enfants et personnes vulnérables".

L'aéroport de Cuzco, capitale touristique du pays, a rouvert vendredi dans l'après-midi, permettant le début de l'évacuation des touristes, selon des images diffusées par le ministère péruvien de la Défense.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.


Zelensky a déclaré espérer que le conflit Iran-Israël ne réduirait pas l'aide à l'Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky observe pendant une conférence de presse avec le ministre allemand de la Défense à l'issue de leurs discussions à Kiev le 12 juin 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo de Sergei SUPINSKY / AFP)
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky observe pendant une conférence de presse avec le ministre allemand de la Défense à l'issue de leurs discussions à Kiev le 12 juin 2025, dans le contexte de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo de Sergei SUPINSKY / AFP)
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  • Il a souligné que « l'escalade de la situation au Moyen-Orient entraînera une augmentation de l'aide à Israël », potentiellement aux dépens de l'Ukraine.
  • M. Zelensky a aussi estimé que l'aide européenne à l'Ukraine avait « ralenti » sur fond de désengagement partiel initié par Donald Trump, qui affirme vouloir trouver une issue au conflit le plus rapidement possible.

KIEV : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré espérer que la série de frappes menées par Israël et l'Iran l'un contre l'autre n'aboutirait pas à une diminution de l'aide occidentale à l'Ukraine pour faire face à l'invasion russe.

« Nous aimerions que l'aide à l'Ukraine ne diminue pas pour cette raison. La dernière fois, cela a été un facteur qui a ralenti l'aide à l'Ukraine », a indiqué M. Zelensky lors d'une conférence de presse menée vendredi et diffusée samedi.

Il a souligné que « l'escalade de la situation au Moyen-Orient entraînera une augmentation de l'aide à Israël », potentiellement aux dépens de l'Ukraine.

M. Zelensky a aussi estimé que l'aide européenne à l'Ukraine avait « ralenti » sur fond de désengagement partiel initié par Donald Trump, qui affirme vouloir trouver une issue au conflit le plus rapidement possible.

« La coalition des volontaires est en train de ralentir (...) Cette situation a montré que l'Europe n'a pas encore décidé de rester aux côtés de l'Ukraine sans les États-Unis », a-t-il déclaré. 

« Lorsque les Européens ont rejoint avec énergie la coalition des volontaires, ils ont constaté que cette énergie n'existait pas aux États-Unis », a-t-il poursuivi, reconnaissant que « des doutes commencent à surgir » au sein des alliés européens de l'Ukraine.

Samedi, dans un message sur X, le dirigeant ukrainien a également appelé les États-Unis à « changer de ton » avec la Russie, alors que Donald Trump a rétabli les contacts avec Moscou après son retour à la Maison-Blanche.

« À l'heure actuelle, le ton du dialogue entre les États-Unis et la Russie semble trop conciliant. Soyons honnêtes : cela n'arrêtera pas Poutine. Ce qu'il faut, c'est changer de ton », a plaidé M. Zelensky, appelant au contraire à renforcer les sanctions envers Moscou.

Le dirigeant ukrainien a par ailleurs assuré que l'offensive russe dans la région de Soumy (nord) avait été stoppée, alors que la Russie y avait revendiqué la capture d'une nouvelle localité la veille. 

Selon M. Zelensky, une incursion ukrainienne dans la région russe de Koursk a conduit les forces russes à scinder leur contingent en deux pour mener l'offensive sur la région de Soumy, ce qui les a empêchées d'avancer plus profondément vers la capitale régionale du même nom.

Les forces russes se trouvent actuellement à une vingtaine de kilomètres de la ville de Soumy. Samedi, elles ont également revendiqué la capture de la localité de Zeleny Kout, dans la région de Donetsk, à l'est du pays.

Le président ukrainien a également démenti que les forces de Moscou aient pénétré dans la région de Dnipropetrovsk (centre-est), qu'elles ont annoncé attaquer début juin.

Il a enfin annoncé que l'Ukraine « travaillait sur la possibilité de produire en série des missiles balistiques », sans donner plus de détails. 


Mali : des affrontements meurtriers ont opposé l'armée à des indépendantistes touareg dans le nord du pays.

Le ministre malien de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, Ismael Wague, arrive à une réunion entre les membres de l'association Tamouzok (vivre ensemble) et les autorités maliennes à Bamako, le 15 février 2025. (Photo de Gousno / AFP)
Le ministre malien de la Réconciliation, de la Paix et de la Cohésion nationale, Ismael Wague, arrive à une réunion entre les membres de l'association Tamouzok (vivre ensemble) et les autorités maliennes à Bamako, le 15 février 2025. (Photo de Gousno / AFP)
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  • Dans un communiqué, l'état-major malien a reconnu qu'un convoi logistique avait essuyé une « embuscade » à l'aube vendredi dans la région de Kidal, après avoir mené une « opération offensive contre un groupe armé terroriste ».
  • Le communiqué du FLA affirme également qu'« une quinzaine de corps sont restés abandonnés sur le lieu du combat » et que « 21 véhicules militaires, dont des blindés et des pick-up armés » ont été détruits pendant ces affrontements.

DAKAR, SENEGAL : Des affrontements meurtriers ont éclaté vendredi dans le nord du Mali entre l'armée, soutenue par les mercenaires russes d'Africa Corps et les indépendantistes du Front de libération de l'Azawad (FLA), a rapporté l'AFP, se basant sur les témoignages des belligérants et de sources locales.

Dans un communiqué, l'état-major malien a reconnu qu'un convoi logistique avait essuyé une « embuscade » à l'aube vendredi dans la région de Kidal, après avoir mené une « opération offensive contre un groupe armé terroriste ».

L'armée affirme avoir tué des « combattants ennemis » et estime que la situation est « sous contrôle », sans admettre de pertes.

Dans un communiqué publié vendredi soir, le FLA (Front de libération de l'Azawad), coalition de groupes indépendantistes, a affirmé avoir mené « une opération offensive contre un important convoi de la coalition Fama (Forces armées maliennes) Africa Corps ». 

« Plusieurs dizaines de morts à l'ennemi, dont des éléments des mercenaires d'Africa Corps », c'est ce qu'aurait infligé le FLA.

Le communiqué du FLA affirme également qu'« une quinzaine de corps sont restés abandonnés sur le lieu du combat » et que « 21 véhicules militaires, dont des blindés et des pick-up armés » ont été détruits pendant ces affrontements.

Le FLA annonce également un bilan de trois morts et sept blessés dans ses rangs.

Plus tôt vendredi, Mohamed Elmaouloud, porte-parole de la coalition de groupes indépendantistes FLA, avait déclaré à l'AFP : « Nos troupes ont mené une action ciblée contre une patrouille d'Africa Corps ce vendredi. Nous avons infligé d'importants dégâts matériels et des pertes humaines dans leurs rangs ».

Une autre source au sein du FLA avait affirmé à l'AFP que « plusieurs mercenaires d'Africa Corps ont été tués ».

Au cours de la journée, les indépendantistes du FLA ont diffusé des images sur les réseaux sociaux. On y voit des corps d'hommes blancs en tenue de combat, ainsi que ce que le FLA présente comme du matériel récupéré lors des affrontements.

L'Azawad est le nom du territoire revendiqué par les indépendantistes dans le nord du Mali. Les groupes armés séparatistes ont perdu le contrôle de plusieurs localités du nord du pays à la fin de l'année 2023, après une offensive de l'armée malienne qui a culminé par la prise de Kidal, bastion de la revendication indépendantiste et enjeu de souveraineté majeur pour l'État central.

Cette attaque survient une semaine après l'annonce par Wagner, qui appuyait l'État malien depuis 2021, de la fin de sa mission dans le pays. Ses contingents ont été réintégrés au sein de l'Africa Corps, une organisation sous le contrôle direct du ministère russe de la Défense. 

« Les combats de ce vendredi ont été féroces. Il y a eu des pertes des deux côtés. Mais il faut encore attendre pour obtenir des chiffres définitifs », avait indiqué plus tôt vendredi à l'AFP un élu de la région.

Créé en novembre 2024 par la fusion de plusieurs groupes indépendantistes à dominante touarègue revendiquant le territoire de l'Azawad, dans le nord du Mali, le FLA est le principal groupe armé du pays.

Le Mali est en proie depuis 2012 à une profonde crise sécuritaire, nourrie notamment par les violences de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l'organisation État islamique (EI), ainsi que de groupes criminels communautaires. Cette crise s'ajoute à une grave crise économique.