Mondial: Symphonie inachevée et rêve envolé pour Mbappé

Kylian Mbappe lors de la cérémonie de remise des trophées de la Coupe du monde Qatar 2022 (Photo, AFP).
Kylian Mbappe lors de la cérémonie de remise des trophées de la Coupe du monde Qatar 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 19 décembre 2022

Mondial: Symphonie inachevée et rêve envolé pour Mbappé

  • Le prodige de Bondy, d'abord inexistant, a livré une prestation de titan à la hauteur de son immense talent
  • Si son triplé fut vain, il rejoint dans l'histoire sir Geoff Hurst, le seul à avoir réussi une telle performance en finale d'un Mondial, en 1966

DOHA: Les rêves de Kylian Mbappé en Coupe du monde, son "obsession", la compétition de ses "rêves", se sont évanouis dans la nuit de Doha malgré un triplé éblouissant en finale (3-3, 4-2 tab), une symphonie inachevée pour le génie français face à l'Argentine du "roi" Lionel Messi.

Le prodige de Bondy, d'abord inexistant, a livré une prestation de titan à la hauteur de son immense talent, revigorant une équipe de France longtemps asphyxiée par l'Albiceleste. Meneur jusqu'au bout, il a lancé la séance française de tirs au but triomphalement, avant la faillite des siens.

Bousculés, les Bleus ont tenu le choc "grâce au talent de Kylian qui a su porter l'équipe" avec "un fort leadership", à l'image de ce qu'il a montré durant le tournoi, a retenu le capitaine Hugo Lloris, avant que son jeune collègue ne file, tête basse et sans un mot, devant les journalistes en zone mixte.

"Kylian a marqué de son empreinte cette finale, mais pas de l'empreinte totale qu'il voulait, d'où sa tristesse à la fin, comme l'ensemble des joueurs", a commenté son sélectionneur Didier Deschamps.

L'immense peine du N.10 tricolore n'a d'égale que son talent hors norme, son sang-froid de vieux briscard, malgré la jeunesse de ses 23 ans. Il a encore repoussé toutes les limites et ébloui le monde, même si le revers collectif le relègue dans l'ombre de l'histoire, pour une fois.

"Vous êtes pas contents ? Triplé !" La formule impertinente de l'attaquant supersonique, dans un reportage sur Canal+ en 2018, a résonné très fort dans les oreilles de l'Albiceleste, sonnée par ses fulgurances.

Si son triplé fut vain, il rejoint dans l'histoire sir Geoff Hurst, le seul à avoir réussi une telle performance en finale d'un Mondial, en 1966. "Mes félicitations à Mbappé, et quoi qu'il arrive je me suis régalé !", a tweeté l'ancien attaquant anglais.

Deux buts en 97 secondes
Au ralenti pendant 80 minutes, le Français est sorti de sa boîte comme un beau diable pour redonner vie aux Français avec un triplé qui assoit sa jeune légende, sans pour autant lui offrir ce qu'il était venu chercher à Doha: une deuxième étoile mondiale, deux jours avant son 24e anniversaire.

Les Bleus étaient menés de deux buts à la pause, mais il a réduit le score avec un premier penalty (2-1, 80e) obtenu par Randal Kolo Muani.

Il a remonté le ballon rageusement jusqu'au rond central avant de l'expédier de nouveau, 97 secondes plus tard selon le statisticien Opta, dans les filets de l'impuissant Emiliano Martinez (2-2, 81e) après un service de son ami Marcus Thuram, autre entrant.

Comme un grand, Mbappé a ensuite obtenu un nouveau penalty sur un tir contré de la main par Gonzalo Montiel. Il l'a transformé à la 118e minute, offrant une séance de tirs au but assez inespérée aux Français.

En patron, il s'est avancé en premier et a marqué, comme pour effacer son échec en huitièmes de finale de l'Euro en 2021 contre la Suisse, un boulet qu'il a longtemps traîné.

Messi meilleur joueur devant Mbappé, meilleur buteur

Lionel Messi, vainqueur du Mondial-2022 avec l'Argentine contre la France (3-3, 4-2 t.a.b.) dimanche, a été désigné meilleur joueur du tournoi par la Fifa, devant le Français Kylian Mbappé, meilleur buteur avec huit réalisations.

Le septuple Ballon d'or, déjà meilleur joueur du Mondial-2014 (perdu 0-1 en finale contre l'Allemagne), a inscrit deux buts face à la France et sept sur l'ensemble de la compétition (dont quatre sur penalty), délivrant également trois passes décisives.

Le joueur de 35 ans est surtout devenu le premier à marquer en phase de groupes, en huitièmes de finale, en quarts, en demies et en finale d'une même édition.

Avec treize buts en quatre Coupes du monde, Messi, qui disputait vraisemblablement son dernier Mondial, est désormais le quatrième meilleur buteur de l'histoire du tournoi, à égalité avec le Français Just Fontaine.

Mbappé, lui, est devenu dimanche le deuxième joueur à réussir un triplé en finale de Coupe du monde, après l'Anglais Geoff Hurst face à l'Allemagne en 1966.

Etre le premier partout
S'il a été brillant, les projecteurs se sont finalement braqués sur Lionel Messi, son collègue au PSG et concurrent pour le Ballon d'Or, trophée qu'il n'a jamais autant convoité mais qui pourrait, encore une fois, lui échapper au profit de la "Pulga".

La révélation du Mondial-2018 pensait pouvoir rééditer l'exploit de son illustre prédécesseur brésilien Pelé, sacré en 1958 puis en 1962. Il referme finalement sa seconde Coupe du monde avec un sentiment de frustration et de gâchis. Ses huit buts en sept matches, ses accélérations dévastatrices et son insatiable appétit n'auront pas suffi.

Le sélectionneur polonais Czeslaw Michniewicz, battu par un doublé de Mbappé en huitièmes (3-1), avait prédit qu'il prendrait "la relève" des monstres sacrés du football mondial comme Cristiano Ronaldo, Robert Lewandowski et Messi. Il faudra patienter encore un peu, ce qui n'est pas la qualité première de l'attaquant du Paris SG.

"J'ai toujours voulu être le premier partout, en équipe de France comme en club", reconnaissait le N.10 tricolore en mars, à quelques mois de la Coupe du monde.

Le champion du monde 2018, boulimique de records, compte déjà douze buts en Coupe du monde, comme Pelé. Une maigre consolation dans un océan de tristesse.


Tanzanie : la présidente investie malgré les violences électorales

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan. (AFP)
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  • Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021
  • Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin

NAIROBIE: Samia Suluhu Hassan a été investie lundi présidente de la Tanzanie, où l'internet reste coupé depuis les manifestations réprimées dans le sang contre son élection, l'opposition évoquant au moins 800 morts.

Mme Hassan, 65 ans, avait été promue à la tête de la Tanzanie à la mort de John Magufuli en 2021. Saluée au début pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son prédécesseur, elle a été accusée ensuite de réprimer ses détracteurs, notamment en amont du scrutin.

"Moi, Samia Suluhu Hassan, jure que je remplirai mes fonctions de présidente de la République (...) avec diligence et un cœur sincère", a-t-elle affirmé. La cheffe de l'Etat, qui portait un voile rouge et un long vêtement noir, a également prôné dans un discours "l'unité et la solidarité".

Lors de son investiture, elle a regretté "les actes de violence qui ont entraîné des pertes de vies humaines", reconnaissant pour la première fois des décès, sans donner de bilan.

La cérémonie, qui n'était pas ouverte au public, contrairement aux précédentes, s'est tenue dans un espace ressemblant à un terrain de parade militaire de la capitale Dodoma, où quelques podiums dressés ne réussissaient pas à masquer un grand vide.

Des chanteurs et chanteuses se sont succédé, avant l'arrivée de la présidente, pour chanter les louanges de "Mama Samia", son surnom parmi ses soutiens, devant un parterre de dignitaires et de militaires. Parmi les invités étaient notamment présents les présidents de la Zambie, de la Somalie et du Burundi.

Mme Hassan a, selon la commission électorale, obtenu 97,66% des suffrages. L'élection a été qualifiée de "parodie de démocratie" par l'opposition, les deux principaux opposants ayant été soit emprisonné, soit disqualifié.

L'opposition a également dénoncé d'importantes tricheries le jour de l'élection, mais aussi sur le taux de participation de 87% selon la commission électorale.

Le scrutin a surtout été marqué par un fort niveau de violence, des manifestations anti-régime ayant été réprimées dans le sang et la Tanzanie mise sous cloche: l'internet reste coupé depuis mercredi, ce qui ralentit considérablement la sortie d'informations.

Cadavres 

De premières photos et vidéos de cadavres, parfois empilés les uns sur les autres, mais aussi d'hommes en uniforme usant de leur arme à feu, commencent à apparaître sur les réseaux sociaux.

Le service de fact-checking de l'AFP a pu vérifier que certaines d'entre elles n'avaient jamais été postées auparavant. Plusieurs éléments montrent qu'elles ont été prises en Tanzanie.

Un porte-parole du principal parti d'opposition, Chadema, a estimé vendredi qu'au moins 700 manifestants hostiles au régime ont été tués en Tanzanie en trois jours. Un chiffre estimé crédible par une source sécurité, qui a alors mentionné "des centaines de morts".

Le samedi, ce porte-parole, John Kitoka, a ensuite fait état d'au moins 800 tués.

Des informations crédibles corroborent l'idée que des centaines, et peut-être même des milliers de personnes ont été tuées lors des violences électorales, a de son côté estimé une source diplomatique interrogée par l'AFP.

D'après des "rapports préoccupants", la police utilise également le blocage d'internet pour "traquer les membres de l'opposition et les manifestants qui pourraient avoir des vidéos" de ses atrocités, a poursuivi cette source.

La Mission d'observation électorale de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC), dont la Tanzanie fait partie, a pointé lundi dans un rapport préliminaire "un faible nombre d'électeurs dans tous les bureaux de vote" où ses observateurs se trouvaient, avec parfois "plus de policiers que de votants", des irrégularités et des incidents violents "au cours desquels des membres de la police ont fait usage d'armes à feu".

Les écoles restent fermées lundi et les transports publics à l'arrêt. La capitale économique Dar es Salaam et les principales villes du pays ont retrouvé un peu de calme depuis le week-end.

Dimanche, le pape Léon XIV a indiqué prier "pour la Tanzanie" et évoqué les "nombreuses victimes" des affrontements ayant éclaté après les élections.

L'élection présidentielle était couplée avec les législatives.

Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé vendredi une "enquête minutieuse et impartiale sur les accusations d'utilisation excessive de la force".


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.