L'accès de l'Europe à l'espace compromis après l'échec d'une nouvelle fusée

La fusée Vega-C décollant pour son vol inaugural VV21, à Kourou, en Guyane française, le 13 juillet 2022. (Photo, AFP)
La fusée Vega-C décollant pour son vol inaugural VV21, à Kourou, en Guyane française, le 13 juillet 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 21 décembre 2022

L'accès de l'Europe à l'espace compromis après l'échec d'une nouvelle fusée

La fusée Vega-C décollant pour son vol inaugural VV21, à Kourou, en Guyane française, le 13 juillet 2022. (Photo, AFP)
  • «La mission est perdue», a déploré Stéphane Israël, le président d'Arianespace, société chargée de l'exploitation et de la commercialisation des lanceurs européens
  • Vega-C risque désormais d'être clouée au sol le temps de comprendre les causes de l'échec

KOUROU: L'Europe a subi dans la nuit de mardi à mercredi l'échec du premier vol commercial de la nouvelle fusée Vega-C au départ de Kourou, privant le continent à court terme de solution autonome pour lancer ses satellites, après le retard d'Ariane 6 et l'impossibilité d'utiliser la fusée russe Soyouz.

Deux minutes et 27 secondes après son décollage mardi à 22H47 locales (01H47 GMT), la trajectoire de la petite fusée a dévié de celle programmée, puis les télémesures ont cessé d’arriver à la salle de contrôle du Centre spatial de Kourou, en Guyane française.

Lancée au-dessus de l'océan Atlantique, la fusée venait de dépasser les 100 kilomètres d'altitude et se trouvait alors à un peu plus de 900 kilomètres au nord de Kourou.

Vega-C risque désormais d'être clouée au sol le temps de comprendre les causes de l'échec.

"La mission est perdue", a déploré Stéphane Israël, le président d'Arianespace, société chargée de l'exploitation et de la commercialisation des lanceurs européens.

Une anomalie s'est produite sur le Zefiro 40, le deuxième étage du lanceur, a précisé la société dans un communiqué. "Le Zefiro 40 s'est allumé et a fonctionné normalement pendant environ 10 secondes. Puis nous avons observé peu après une dégradation progressive de la trajectoire", a affirmé le patron d'Avio, maître d'oeuvre industriel de Vega-C, Giulio Ranzo, selon qui une "commission d'enquête va être mise en place" pour déterminer les causes de la défaillance.

Un point de presse prévu à Kourou, a été repoussé à 13H00 locales (16H00 GMT).

Si la multiplication du nombre de lancements spatiaux ces dernières années, sous l'impulsion notamment de l'américain SpaceX, a tendance à banaliser l'exercice, l'échec européen rappelle la complexité de cette entreprise.

"Tellement désolé d'apprendre ça. C'est un dur rappel de la difficulté des vols spatiaux orbitaux", a tweeté Elon Musk, le patron de SpaceX. "C'est bien plus compliqué que ce que la plupart des gens pensent", a abondé Peter Beck, patron du mini-lanceur Rocket Lab.

Vega-C devait placer en orbite deux satellites d'observation de la Terre d'Airbus, Pléiades Neo 5 et 6, permettant d'imager n'importe quel point du globe plusieurs fois par jour avec une résolution de 30 cm.

C'est aussi un coup dur pour le géant européen, qui a développé sur fonds propres ce programme, dont les services sont vendus tant aux entreprises qu'aux militaires.

Les satellites apportant des revenus commerciaux sont généralement assurés. Selon un connaisseur du secteur, Pléiades Neo 5 et 6 étaient couverts à hauteur de 220 millions d’euros par un consortium d’assureurs, permettant, si Airbus le décide, de les fabriquer à nouveau.

Sollicité par l'AFP, Airbus n'a pas fait de commentaires.

La perte de ces satellites est aussi une mauvaise nouvelle pour les armées, notamment française, cliente des images haute résolution fournies par cette constellation pour surveiller notamment la situation en Ukraine, alors que le satellite militaire français d’observation CSO-3 n’a toujours pas pu être lancé faute de disponibilité des Soyouz et Ariane 6.

21 lancements, trois échecs 

Initialement prévu le 24 novembre, ce vol avait été repoussé d’un mois en raison d'un élément défectueux "lié à la coiffe", a précisé à l’AFP M. Israël. Sans rapport a priori donc avec l'échec de cette nuit.

Il s'agissait du premier vol commercial de Vega-C après son tir de qualification le 13 juillet. Présentée comme la petite soeur d'Ariane 6, la fusée utilise certains éléments communs (l'étage principale P120C).

Vega-C est une version améliorée du lanceur léger Vega, dont c'est le troisième échec en 21 lancements depuis 2012, quand Ariane 5 en a connu deux en 115 tirs depuis 1996 et Falcon 9 de Space X aucun en 59 tirs depuis le début de l'année.

Pour l'Agence spatiale européenne (ESA), responsable des programmes de lanceurs européens, c'est un déboire de plus.

Il ne reste plus que deux Ariane 5 à lancer et le report à fin 2023 du vol inaugural d'Ariane 6, initialement prévu pour 2020, prive les Européens d'accès à l'orbite géostationnaire, à 36.000 kilomètres d'altitude, et de la capacité d'envoyer les charges les plus lourdes dans l'espace.

Et faute d'accès au lanceur moyen Soyouz, dont Arianespace commercialisait les missions pour le compte de clients internationaux jusqu'en février, l'ESA a ainsi été contrainte de se tourner vers SpaceX pour lancer deux missions scientifiques.


Chalhoub Group célèbre 70 ans de croissance et d’innovation à Dubaï

Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir. (Photo fournie)
Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir. (Photo fournie)
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  • La célébration, organisée sous le thème Symphony of the Future, a mis à l’honneur les deux piliers du groupe : ses collaborateurs – plus de 16 000 dans la région, dont 7 300 aux Émirats – et ses partenaires internationaux
  • Patrick Chalhoub, président exécutif, a souligné que la réussite du groupe repose sur « une symphonie collective » et sur une culture d’entreprise fondée sur l’audace, l’entrepreneuriat et la résilience

DUBAI: Le groupe Chalhoub, acteur majeur du luxe au Moyen-Orient, a célébré son 70ᵉ anniversaire lors d’une réception organisée au Museum of the Future, son siège mondial et symbole de son ambition tournée vers l’avenir.

À cette occasion, le PDG Michael Chalhoub a rappelé l’importance stratégique des Émirats arabes unis dans le développement du groupe, où se réalise aujourd’hui 40 % de ses activités. Il a réaffirmé la volonté du groupe d’évoluer d’un rôle de partenaire vers celui de « House of Brands », en développant notamment ses propres créations tout en renforçant ses marques existantes. Parmi les projets phares : l’ouverture prochaine de Level Shoes aux États-Unis, une première pour une marque née à Dubaï.

Une « Symphonie du futur » portée par l’innovation et le capital humain

La célébration, organisée sous le thème Symphony of the Future, a mis à l’honneur les deux piliers du groupe : ses collaborateurs – plus de 16 000 dans la région, dont 7 300 aux Émirats – et ses partenaires internationaux.
Patrick Chalhoub, président exécutif, a souligné que la réussite du groupe repose sur « une symphonie collective » et sur une culture d’entreprise fondée sur l’audace, l’entrepreneuriat et la résilience.

 


Genève mise sur son excellence horlogère pour renforcer ses liens économiques avec le Moyen-Orient

À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur. (Photos fournies)
À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur. (Photos fournies)
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  • Les pièces maîtresses exposées, comme la Breguet Classique Souscription — lauréate de l’« Aiguille d’Or » — ou la Möbius de Fam Al Hut, ont rappelé le poids économique de l’horlogerie suisse
  • La participation de Genève à la Dubai Watch Week 2025 a mis en lumière non seulement l’excellence horlogère suisse, mais aussi les ambitions économiques de la ville dans une région devenue essentielle pour son industrie du luxe

DUBAÏ: La participation de Genève à la Dubai Watch Week 2025 a mis en lumière non seulement l’excellence horlogère suisse, mais aussi les ambitions économiques de la ville dans une région devenue essentielle pour son industrie du luxe. À travers l’exposition itinérante du Grand Prix d’Horlogerie de Genève (GPHG), Genève Tourisme a présenté à Dubaï les créations les plus innovantes de l’année, confirmant le rôle stratégique du marché du Golfe pour la croissance du secteur.

Les pièces maîtresses exposées, comme la Breguet Classique Souscription — lauréate de l’« Aiguille d’Or » — ou la Möbius de Fam Al Hut, ont rappelé le poids économique de l’horlogerie suisse, qui représente plus de 26 milliards de francs suisses d’exportations annuelles, dont une part croissante est destinée aux Émirats arabes unis, au Qatar et à l’Arabie saoudite. Le Moyen-Orient demeure l’un des marchés les plus dynamiques pour les montres haut de gamme, soutenu par une clientèle jeune, fortunée et férue de pièces d’exception.

Pour Adrien Genier, directeur général de Genève Tourisme, l’événement constitue un levier majeur pour renforcer la visibilité et les relations commerciales de Genève :
« Le Golfe est aujourd’hui un marché stratégique pour Genève. Présenter notre savoir-faire ici, là où la demande pour le luxe et l’artisanat d’exception ne cesse de croître, permet de consolider notre attractivité économique et d’encourager de nouvelles collaborations. »

Raymond Loretan, président du GPHG, souligne l’importance de Dubaï dans l’écosystème mondial de l’horlogerie :
« La Dubai Watch Week joue un rôle clé dans le développement du marché régional. Y présenter nos créations permet de renforcer la présence suisse dans un hub économique qui façonne les tendances et les investissements du secteur du luxe. »

Genève, qui abrite des maisons prestigieuses telles que Patek Philippe, Rolex et Vacheron Constantin, combine tradition artisanale et innovation technologique pour alimenter une industrie qui représente un pilier essentiel de l’économie suisse. La ville attire également des talents et investisseurs internationaux, séduits par son écosystème horloger et son cadre économique stable.

Au-delà de son industrie phare, Genève s’appuie sur un art de vivre haut de gamme — gastronomie, nature, culture, shopping — pour renforcer son positionnement auprès des voyageurs du Golfe, dont le pouvoir d’achat et la fidélité constituent un moteur important pour le tourisme suisse.

Avec cette nouvelle édition de la Dubai Watch Week, Genève réaffirme sa volonté de renforcer ses liens économiques avec le Moyen-Orient, un marché incontournable pour l’avenir du luxe, du tourisme et des investissements liés à l’horlogerie.


Climat: l'UE face aux pays pétroliers et émergents, la COP30 dans l'impasse

Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
Vue des camions de pompiers depuis l'extérieur de la COP30 à Belém au Brésil, le 20 novembre 2025, après qu'un incendie s'est déclaré dans un pavillon. (AFP)
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  • Les négociations de la COP30 à Belém sont dans l’impasse, l’Union européenne se retrouvant isolée face aux pays pétroliers et émergents qui refusent d’inscrire la sortie des énergies fossiles dans l’accord final
  • Les pays en développement exigent davantage de financements pour la transition et l’adaptation, tandis que les Européens menacent de quitter la conférence sans accord

BELEM: La conférence de l'ONU sur le climat à Belém (Brésil) est entrée en prolongation samedi, avec un face-à-face entre Union européenne d'un côté et des pays pétroliers et émergents de l'autre, en désaccord frontal.

Les négociations se sont poursuivies dans la nuit de vendredi à samedi, alors que la COP30 devait s'achever vendredi soir, après deux semaines de travaux. Où en est-on au petit matin?

"Nulle part", répond la ministre française de la Transition écologique, Monique Barbut, en arrivant à une réunion avec les Vingt-Sept tôt samedi. De nombreux négociateurs n'ont pas dormi de la nuit, alors que des parties du site à Belem commencent à être démontées.

Que doit dire la déclaration finale de cette COP30? La question divise les délégations venues jusqu'en Amazonie.

Une séance de clôture est programmée à 10h00 (13h00 GMT), mais l'horaire pourrait changer.

Pour les Européens, l'avenir passe obligatoirement par un message pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les énergies fossiles. Celles-ci sont responsables de la grande majorité du réchauffement.

Des pays comme la Chine, la Russie, l'Arabie saoudite ou l'Inde sont désignés par la France comme menant le camp du refus.

Mais une partie du monde en développement ne soutient pas non plus la bataille contre les fossiles.

Ils expliquent que de nombreuses économies, pauvres ou émergentes, n'ont pas à l'heure actuelle les moyens d'une transition vers une consommation et une croissance moins denses en carbone, ou tout simplement de s'adapter à un climat déréglé. Ils réclament des pays les plus riches des engagements financiers supplémentaires pour aider les nations qui le sont moins.

- Européens "isolés" -

La présidence brésilienne de la conférence a consulté tout le monde vendredi sur une proposition d'accord qui ne contient plus le mot "fossiles". Et encore moins la création d'une "feuille de route" sur la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, réclamée par au moins 80 pays européens, latino-américains ou insulaires, et soutenue par le président brésilien Lula lui-même.

L'Union européenne a évoqué vendredi la perspective de partir "sans accord". Ce serait un échec retentissant pour l'hôte, le Brésil, et pour une conférence organisée dans l'une des régions emblématiques des questions environnementales posées à la planète, l'Amazonie.

Mais cela pose un dilemme. Les Européens se retrouvent "isolés" dans leur refus du texte, selon une délégation d'un des 27. Ils hésitent sur l'attitude à adopter: claquer la porte pour marquer la gravité de la situation, ou chercher encore une conciliation par "peur (...) d'endosser la responsabilité" de l'échec du sommet.

Le projet d'accord de la présidence brésilienne demande des "efforts" pour tripler les financements pour l'adaptation des pays pauvres au changement climatique. Or les État appelés à contribuer appelés sont réticents, un an après une COP29, à Bakou, qui les a déjà engagés sur dix ans.

"Concentrons-nous sur l'essentiel: l'accès à l'énergie pour les plus pauvres, la sécurité énergétique pour tous et la durabilité énergétique pour la planète", dit à l'AFP l'Indien Arunabha Ghosh, émissaire de la COP30 pour l'Asie du Sud.

- "Nous mettre d'accord" -

Selon plusieurs observateurs et délégués interrogés par l'AFP, les débats se concentrent sur des modifications à la marge des trois principaux points de friction: l'ambition de réduction des énergies fossiles, l'aide financière due par les pays développés, et les tensions commerciales sur les taxes carbone aux frontières.

"Ceux qui doutent que la coopération soit la meilleure chose à faire pour le climat seront absolument ravis de voir qu'on n'arrive pas à nous mettre d'accord", lançait le président de la COP30, le diplomate André Corrêa do Lago.

L'idée d'une "feuille de route" pour accélérer la sortie du pétrole, du charbon et du gaz, est née de la frustration face au manque de concrétisation de l'engagement à leur abandon progressif pris à la COP28 il y a deux ans.

Peu comptaient sur le retour de cette question au menu, jusqu'à ce que le président brésilien la remette au centre du jeu au début du sommet.

Premier producteur de pétrole au monde, les États-Unis sont eux-mêmes absents de cette COP30, le président Donald Trump jugeant ces négociations inutiles.