Un marchand d'art franco-italien mis en examen en France pour escroquerie aux faux tableaux de grands maîtres

Bien connu dans le monde des arts, Ruffini a vendu des dizaines de tableaux depuis les années 1990, dont des œuvres  attribuées à de grands maîtres de l'histoire de la peinture comme Le Greco à des musées européens prestigieux, dont Le Louvre à Paris, souvent en ayant recours à des intermédiaires. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Bien connu dans le monde des arts, Ruffini a vendu des dizaines de tableaux depuis les années 1990, dont des œuvres  attribuées à de grands maîtres de l'histoire de la peinture comme Le Greco à des musées européens prestigieux, dont Le Louvre à Paris, souvent en ayant recours à des intermédiaires. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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Publié le Jeudi 22 décembre 2022

Un marchand d'art franco-italien mis en examen en France pour escroquerie aux faux tableaux de grands maîtres

  •  Le collectionneur d'art franco-italien Giuliano Ruffini a été mis en examen le 16 décembre pour tentative d'escroquerie, blanchiment aggravé, tromperie sur les qualités substantielles d'une marchandise et escroquerie en bande organisée
  • Il a été assigné à résidence sous surveillance électronique, a précisé la même source

PARIS : Le collectionneur d'art franco-italien Giuliano Ruffini, recherché par la justice française dans le cadre d'un trafic au long cours de faux tableaux de grands maîtres, a été mis en examen mi-décembre à Paris, a appris l'AFP mercredi de source judiciaire.

Selon cette source, confirmant The Art Newspaper, M. Ruffini a été mis en examen le 16 décembre pour tentative d'escroquerie, blanchiment aggravé, tromperie sur les qualités substantielles d'une marchandise et escroquerie en bande organisée. Il a été assigné à résidence sous surveillance électronique, a précisé la même source.

Giuliano Ruffini, 77 ans, est soupçonné d'avoir trompé des musées, des maisons de vente aux enchères et des particuliers en leur vendant des toiles présentées comme les œuvres de grands maîtres, mais qui se sont avérées être des faux.

Il s'était rendu mi-novembre à la police à Castelnovo ne' Monti, une ville située dans la région de Reggio Emilia, dans le centre de l'Italie, avait annoncé son avocat Paul Le Fevre dans un communiqué. Selon les médias italiens, Giuliano Ruffini, qui réside à proximité, avait été arrêté.

"Monsieur Ruffini conteste l'intégralité des faits qui lui sont reprochés et dénonce une enquête partiale reposant sur des bases légales extrêmement précaires", a réagi mercredi son avocat, sollicité par l'AFP.

"Il s'étonne que les expertises judiciaires concluant à l'absence d'authenticité des œuvres litigieuses aient toutes été effectuées par le même expert et fassent fi des très nombreuses expertises concluant à l'authenticité desdites œuvres", a ajouté le conseil.

L'arrestation de Giuliano Ruffini avait eu lieu à l'issue d'un marathon judiciaire de plusieurs années afin d'obtenir son extradition en France, après l'ouverture d'une enquête en 2014 et l'émission cinq ans plus tard d'un mandat d'arrêt européen.

Un tribunal de Milan a donné son feu vert il y a deux ans à la remise de M. Ruffini à la justice française afin qu'il y réponde d'accusations de fraude et de contrefaçon, mais son transfert a été suspendu en attendant l'achèvement d'une procédure judiciaire parallèle en Italie pour évasion fiscale. En mai, Ruffini a été acquitté dans ce procès pour évasion fiscale.

Bien connu dans le monde des arts, Ruffini a vendu des dizaines de tableaux depuis les années 1990, dont des œuvres  attribuées à de grands maîtres de l'histoire de la peinture comme Le Greco à des musées européens prestigieux, dont Le Louvre à Paris, souvent en ayant recours à des intermédiaires.

Mais ses tableaux ont également attiré de riches acheteurs, comme le prince du Liechtenstein, qui a acquis un faux de Lucas Cranach l'Ancien représentant Vénus pour sept millions d'euros (7,24 millions de dollars).


Enterrer dignement les morts de la rue: mission de «Goutte de vies» à Toulouse

Des membres de la chorale "Choeur Kokeliko" chantent lors de la cérémonie funéraire de Benjamin, un sans-abri, organisée par l'association caritative "Goutte de Vies" dans le cimetière de Cornebarrieu, près de Toulouse, dans le sud-ouest de la France, le 17 mars 2023. (Photo Valentine CHAPUIS / AFP)
Des membres de la chorale "Choeur Kokeliko" chantent lors de la cérémonie funéraire de Benjamin, un sans-abri, organisée par l'association caritative "Goutte de Vies" dans le cimetière de Cornebarrieu, près de Toulouse, dans le sud-ouest de la France, le 17 mars 2023. (Photo Valentine CHAPUIS / AFP)
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  • Depuis 2008, l’association Goutte de vies se démène pour offrir aux sans-abri et aux isolés un véritable enterrement, et ainsi «prendre soin de la vie jusqu'au bout»
  • Certains sans-abri meurent totalement isolés, sous un pont ou dans un bois, en ayant rompu tout lien

CORNEBARRIEU, Toulouse : Benjamin est mort et son cercueil de bois brut, dans le vaste cimetière toulousain de Cornebarrieu balayé par le vent d'autan, est entouré par ses amis de la rue et des bénévoles de Goutte de vies, organisateurs des obsèques.

Depuis 2008, cette association se démène pour offrir aux sans-abri et aux isolés un véritable enterrement, et ainsi «prendre soin de la vie jusqu'au bout», selon les mots de Michèle Guilmin, membre du bureau.

«Benjamin... J'imagine que c'était un prénom qui chantait dans votre langue», lance Louise Le Corre, la «célébrante» de Goutte de vies, en ouverture de l'hommage à ce SDF d'origine hongroise, décédé à 46 ans devant le foyer où il passait ses nuits dans le quartier toulousain de Saint-Cyprien.

Des bougies sont allumées sur son cercueil. Des amis du défunt, les yeux rougis, prennent tour à tour la parole, en hongrois, anglais ou français.

«Ca a été une amitié brève et intense, vraiment intense», déclare ému «Zorro», un copain de la rue. «Avec l'émotion j'arrive pas trop à dire les mots que je voudrais trouver, mais je pourrais vous en dire plein, plein, plein sur Benjamin.»

«C'était un monsieur qui avait beaucoup, beaucoup d'humour», se souvient Béatrice Coletti, infirmière d'une équipe mobile de rue qui s'était liée avec lui.

«C'était +The fisherman+ (Le pêcheur)», poursuit-elle, racontant cet homme toujours joyeux qui, aux abords d'un supermarché, faisait la manche dans son fauteuil roulant avec une canne à pêche au bout de laquelle il avait fixé une canette.

- «Accueillir l'imprévu» -

Le moment est ponctué par les chants de «Kokeliko», chorale mêlant bénévoles et sans-abri qui entonne notamment «Les Copains d'abord» de Georges Brassens. Pour clore la célébration, chacun est invité à écrire un mot sur le cercueil.

Tout ce rituel s'est mis en place au fil de l'existence de Goutte de vies qui compte une vingtaine de membres, explique à l'AFP Mme Le Corre, mère au foyer et célébrante depuis plusieurs années, ajoutant en plaisantant: «Il n'y a pas de master pour les enterrements des gars de la rue».

Et puis, renchérit-elle, «il faut savoir accueillir l'imprévu» car, complète Mme Guilmin, quand la «famille de la rue» vient, c'est «souvent en bande».

«Ils ne supportent pas la mort, ils ont du mal à venir aux enterrements de leurs copains, du coup quand ils y vont, ils y vont en force, et pour s'aider, c'est je bois ou je me drogue».

Le nom de l'association fait ainsi référence à «la dernière goutte de vin ou d'alcool que jettent les SDF sur le cercueil de leurs amis», explique cette retraitée souriante.

«Ça peut être agité, dit-elle encore, mais c'est merveilleux quand ils sont là, il y a une fraternité incroyable!»

D'autres fois, les bénévoles se retrouvent face aux cercueils seuls, avec les agents des pompes funèbres. Certains sans-abri meurent totalement isolés, sous un pont ou dans un bois, en ayant rompu tout lien.

- «Un autre regard» -

Pour ceux-là, comme pour les autres, l'association mène l'enquête pour tenter de retrouver des morceaux de vie qui permettent de donner à leur enterrement toute l'humanité qu'ils méritent.

C'est Bernard Soulé, un inspecteur de police à la retraite, qui s'en occupe avec deux autres bénévoles. «Au bout de 35 ans dans la police, j'ai de la méthode quand même», déclare-t-il.

Registres d'état-civil, contacts avec ses anciens collègues ou les travailleurs sociaux lui permettent d'en savoir plus sur les défunts et parfois de retrouver leur famille.

«J'aide Gouttes de vie et moi, ça me fait du bien, comme ça, mon logiciel, il continue à fonctionner. Je suis un homme de liens, j'y peux rien», dit-il.

Chaque année, l'association organise les obsèques d'une trentaine de personnes qui ont connu la rue. Toutes n'y meurent pas, cela peut être en foyer, dans un logement d'accueil ou un établissement de soins.

Leur travail est «remarquable, très humain et permet qu'il y ait un autre regard sur les gens qui sont dans la rue», souligne Daniel Rougé, adjoint au maire de Toulouse en charge de la solidarité.

Ces enterrements «refont une place à ces personnes qui sont dans une altérité que l'on stigmatise, que l'on rejette ou que l'on ne veut pas voir», résume Thierry Marmet, ancien chef d'un service de soins palliatifs qui a rejoint l'association.


Nouvelle-Calédonie: après une liquidation, un paysage médiatique en recomposition

La secrétaire d'État française à la Citoyenneté Sonia Backes intervient lors de la présentation du Plan national de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et les discriminations ethniques pour la période 2023-2026, à l'Institut du monde arabe (IMA) à Paris, le 30 janvier 2023. (Photo Emmanuel Dunand / AFP)
La secrétaire d'État française à la Citoyenneté Sonia Backes intervient lors de la présentation du Plan national de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et les discriminations ethniques pour la période 2023-2026, à l'Institut du monde arabe (IMA) à Paris, le 30 janvier 2023. (Photo Emmanuel Dunand / AFP)
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  • Une semaine après l'annonce de la mise en liquidation du groupe Melchior, propriétaire du journal Les Nouvelles calédoniennes, un projet de nouveau quotidien pourrait bousculer le paysage médiatique de l'archipel
  • Sans s'être positionnés publiquement, des groupes locaux ont exprimé leur intérêt pour le site internet, une édition 100% numérique ayant remplacé le format papier le 31 décembre dernier

NOUMÉA : La liquidation du seul quotidien de Nouvelle-Calédonie pose la question du pluralisme des médias et de la bipolarisation de ce territoire du Pacifique sud, en pleines discussions entre indépendantistes et loyalistes sur son avenir institutionnel.

Une semaine après l'annonce de la mise en liquidation du groupe Melchior, propriétaire du journal Les Nouvelles calédoniennes, un projet de nouveau quotidien pourrait bousculer le paysage médiatique de l'archipel.

Ce titre complèterait une offre comprenant, outre le réseau France Télévisions, une chaîne TV locale (Caledonia, dont les provinces Îles, Sud et Nord sont les actionnaires majoritaires), deux hebdomadaires appartenant à des groupes privés et quatre radios.

«Le projet est bien avancé et pourrait aboutir d'ici à quelques semaines», espère Yann Milin, directeur de Rezo Média, qui édite l'hebdomadaire Actu.nc et prépare ce nouveau quotidien. Sa ligne éditoriale sera celle d'Actu.nc, en «un peu moins libérale et loyaliste», indique-t-il.

Le dirigeant attend un soutien public via les aides à la presse du ministère de la Culture et a sollicité localement l'appui de Promosud, la société d'économie mixte de la province Sud.

En parallèle, la liquidation du groupe Melchior pourrait donner lieu à plusieurs projets de reprise de certains actifs. Sans s'être positionnés publiquement, des groupes locaux ont exprimé leur intérêt pour le site internet, une édition 100% numérique ayant remplacé le format papier le 31 décembre dernier.

- «Equilibre politique» -

Les principaux médias calédoniens dépendent des subventions substantielles que leur versent les collectivités locales. C'est le cas des trois principales radios, Radio Rythme Bleu (RRB), station non-indépendantiste, son pendant indépendantiste Radio Djido, et Océane FM, moins marquée politiquement.

Celle-ci, dernière-née des radios calédoniennes, a récemment reçu le soutien financier de Didier Leroux, puissant entrepreneur calédonien et beau-frère de l'homme d'affaires Vincent Bolloré. Cet ancien élu est un soutien affiché de la coalition non-indépendantiste menée par Sonia Backès, présidente de la province Sud et secrétaire d'État chargée de la Citoyenneté.

«J'ai prêté de l'argent parce ce que j'ai souhaité qu'Océane ne disparaisse pas ou ne tombe pas dans n'importe quelles mains», explique Didier Leroux à l'AFP. Son soutien a permis à la radio d'investir dans des outils de production audiovisuelle.

Océane FM est au cœur d'un autre projet: la création d'une chaîne de télévision, NC 9, qui a reçu les autorisations d'émettre du régulateur de l'audiovisuel, l'Arcom, et pourrait voir le jour d'ici à la fin de l'année.

Le financement de cette chaîne repose sur un soutien important de la province Sud, de l'ordre de 800.000 euros par an. Sur le plan éditorial, NC 9 prévoit d'associer la radio RRB et Océane FM.

«Si on peut avoir une Chaîne, NC 9, qui est portée notamment par RRB et Océane, cela donnera une pluralité de l’information et peut-être un peu d’équilibre politique», déclarait la présidente de la province Sud dans le JT du 16 octobre 2022 de NC La première.

«Cela donnera une pluralité de l'information et peut-être un peu d'équilibre politique», a espéré en octobre dernier Sonia Backès, qui avec d’autres élus non indépendantistes avait boycotté le réseau France télévision durant quelques jours en décembre 2020.

Dans un contexte médiatique local souvent conflictuel, la disparition des Nouvelles calédoniennes est une très mauvaise nouvelle pour Etienne Dutailly, directeur-fondateur du Chien bleu, le journal satirique du territoire.

«Les loyalistes n'attendaient que ça pour avoir leurs propres outils de communication», estime-t-il.

«+Les Nouvelles+ ouvraient leurs colonnes à tout le monde. Les politiques ne veulent pas un média mais un outil pour assurer leur propagande, ce que n'était pas ce journal», analyse le patron du Chien bleu.

Une «bipolarisation de l'information» symptomatique d'un territoire déchiré, alors que l'Etat tente de réunir depuis plus d'un an indépendantistes et non-indépendantistes pour négocier son futur statut. Trois référendums ont rejeté l'indépendance, le dernier étant contesté par le camp indépendantiste.


La dissolution de la BRAV-M n'est «pas à l'ordre du jour», selon le préfet de police

Brigades de répression de l'action violente (BRAV) en formation lors d'affrontements avec des manifestants en marge d'une manifestation à Paris le 7 mars 2023 (Photo, AFP).
Brigades de répression de l'action violente (BRAV) en formation lors d'affrontements avec des manifestants en marge d'une manifestation à Paris le 7 mars 2023 (Photo, AFP).
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  • «Le comportement de quelques individus ne doit pas jeter l'opprobre sur toute une unité»
  • Deux autres enquêtes judiciaires ont été ouvertes cette semaine et confiées à l'IGPN à la suite de deux plaintes

PARIS: Le préfet de police Laurent Nuñez a indiqué samedi que le démantèlement de la BRAV-M, une unité mise en cause récemment dans plusieurs affaires de violences policières dans le cadre des manifestations contre la réforme des retraites, n'est "évidemment pas à l'ordre du jour".

"Le comportement de quelques individus ne doit pas jeter l'opprobre sur toute une unité qui, ces dernières années, et singulièrement en ce moment, prouve toute son utilité", a déclaré le préfet sur France Info.