En Ukraine, une bibliothèque, coeur battant de la ville martyre d'Irpin

Des enfants utilisent des lampes de poche alors qu'ils assistent à une réunion de leur club de littérature dans une bibliothèque publique lors d'une panne de courant à Irpin, au nord-ouest de Kiev, le 23 décembre (Photo, AFP).
Des enfants utilisent des lampes de poche alors qu'ils assistent à une réunion de leur club de littérature dans une bibliothèque publique lors d'une panne de courant à Irpin, au nord-ouest de Kiev, le 23 décembre (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 28 décembre 2022

En Ukraine, une bibliothèque, coeur battant de la ville martyre d'Irpin

  • Olena Tsyganenko, 75 ans, dirige la bibliothèque depuis quatre décennies
  • Mais la bibliothèque n'avait jamais été aussi peuplée qu'aujourd'hui

IRPIN: Chaque matin à Irpin, en Ukraine, des centaines de personnes attendent patiemment, ordinateur portable sous le bras, l'ouverture de la bibliothèque municipale pour échapper, quelques heures, aux coupures de courant et d'internet dues aux bombardements russes.

Dès que les portes s'ouvrent, la petite foule se presse pour trouver une place assise dans la salle de lecture ou dans la section des livres pour enfants, qui se sont mués en espaces de travail.

Forte de son générateur, la bibliothèque est devenue une oasis à Irpin, une ville près de Kiev qui a connu au début de l'invasion russe de l'Ukraine une occupation particulièrement brutale et meurtrière, avant que les soldats russes ne soient forcés à la retraite au printemps.

Etudiants et professionnels y défilent pour travailler et recharger leurs batteries, mais on y trouve aussi des salles de classe ainsi que des cabinets de psychothérapeutes.

Se côtoient des travailleurs indépendants, cappuccino fumant à la main, et des collégiens venus suivre un cours sur la "culture musicale ukrainienne".

«Cœur de la ville»

Même Saint Nicolas -- Svaty Mykolaï --, qui en décembre apporte des cadeaux aux petits Ukrainiens, tient audience ici, et accueille les bambins voulant se faire photographier en sa compagnie.

"La bibliothèque touche tous les aspects de la vie des gens", résume Ievguénia Antoniouk, du conseil municipal.

"Dès que la bibliothèque a rouvert, on a pu donner aux gens la possibilité de charger leurs téléphones, de passer la journée au chaud pour observer la reconstruction", dit-elle.

Lorsque l'armée russe s'est retirée d'Irpin fin mars-début avril, elle a laissé derrière elle les cadavres de centaines de civils, des carcasses de dizaines d'immeubles éventrés et une population traumatisée.

Aujourd'hui, après plus de dix mois de guerre, l'approvisionnement en électricité y est aléatoire, d'autant que depuis octobre et une série de revers militaires, la Russie concentre sa puissance de feu pour détruire les infrastructures énergétiques ukrainiennes.

Olena Tsyganenko, 75 ans, dirige la bibliothèque depuis quatre décennies et se souvient fièrement que son bâtiment abritait un temps la seule photocopieuse de la localité.

"Nous sommes au cœur de la ville, sur la place centrale, et nous avons toujours été populaires", raconte-t-elle, relevant, non sans fierté, qu'avant l'avènement de l'internet, les salles "étaient pleines de lecteurs".

Mais la bibliothèque n'avait jamais été aussi peuplée qu'aujourd'hui.

Dehors, on s'efforce de réparer au plus vite les bâtiments les moins endommagés afin de les rendre habitables avant les grands froids.

La bibliothèque a, elle, largement échappé aux destructions dues aux combats, seules certaines de ses fenêtres ayant été brisées.

Victoria Voskressova a vécu l'occupation et vu les maisons de ses voisins en feu. Si elle est venue à la bibliothèque en ce jour de décembre, c'est pour que sa fille Maria, sept ans, puisse rendre visite à Saint Nicolas.

Changer le monde 

"Il nous donné des sucreries, les gens viennent avec leurs enfants pour ça, pour vivre quelque chose de positif", dit-elle.

Cette résilience de la population d'Irpin, ville "Héros" aux yeux des autorités ukrainiennes, a aussi été immortalisée, sur l'un des nombreux immeubles calcinés de la ville, par Banksy, le célèbre artiste britannique. On y voit une jeune gymnaste, minerve au cou et ruban à la main, faire un numéro de gymnastique rythmique.

Sergueï Martyniouk, qui s'est battu à Irpin contre les Russes, est venu lui à la bibliothèque de la ville pour présenter son ouvrage, un recueil intitulé "13 poèmes ou la Bataille pour Irpin a changé le monde".

"Irpin est en train de se remettre", assure-t-il à l'AFP.

Selon lui, la bibliothèque joue un rôle-clé pour donner aux habitants ce sentiment "d'invincibilité" de la ville. Car, l'important, c'est que les habitants puissent "travailler, se sentir normaux", résume-t-il.


Art Basel Qatar dévoile les détails de sa première édition prévue en 2026

M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
M7 à Doha, où se déroulera une partie de l'événement. (Fourni)
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  • Art Basel Qatar lancera sa première édition en février 2026 à Doha, avec 87 galeries, 84 artistes et neuf commandes monumentales dans l’espace public
  • L’événement mettra fortement l’accent sur la région MENASA, autour du thème « Becoming », explorant transformation, identité et enjeux contemporains

DUBAÏ : Art Basel Qatar a révélé les premiers détails de sa toute première édition, qui se tiendra en février 2026, offrant un aperçu du secteur Galleries et de son programme Special Projects, déployé dans le quartier de Msheireb Downtown Doha.

Aux côtés des présentations de 87 galeries exposant les œuvres de 84 artistes, Art Basel Qatar proposera neuf commandes monumentales et in situ investissant les espaces publics et les lieux culturels de Msheireb. Conçus par le directeur artistique Wael Shawky, en collaboration avec le directeur artistique en chef d’Art Basel Vincenzo de Bellis, ces projets répondent au thème central de la foire : « Becoming » (« Devenir »).

Couvrant la sculpture, l’installation, la performance, le film et l’architecture, ces projets interrogent les notions de transformation — matérielle, sociale et politique — en abordant le changement environnemental, la migration, la mémoire et l’identité. Parmi les artistes participants figurent Abraham Cruzvillegas, Bruce Nauman, Hassan Khan, Khalil Rabah, Nalini Malani, Nour Jaouda, Rayyane Tabet, Sumayya Vally, ainsi que Sweat Variant (Okwui Okpokwasili et Peter Born). Parmi les temps forts annoncés : l’installation vidéo immersive en 3D de Bruce Nauman à M7, la projection monumentale en plein air de Nalini Malani sur la façade de M7, et le majlis évolutif imaginé par Sumayya Vally, conçu comme un espace vivant de rencontre et de dialogue.

Le secteur Galleries réunira des exposants issus de 31 pays et territoires, dont 16 galeries participant pour la première fois à Art Basel. Plus de la moitié des artistes présentés sont originaires de la région MENASA, confirmant l’ancrage régional de la foire. Les présentations iront de figures majeures telles que Etel Adnan, Hassan Sharif et MARWAN à des voix contemporaines comme Ali Cherri, Ahmed Mater, Sophia Al-Maria et Shirin Neshat.

Des galeries de l’ensemble de la région seront représentées, y compris celles disposant d’antennes dans les États du Golfe, notamment au Qatar, aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

Le Moyen-Orient élargi et l’Asie seront également présents, avec des galeries venues du Liban, de Turquie, d’Égypte, du Maroc, de Tunisie et d’Inde.

Art Basel Qatar se tiendra du 5 au 7 février 2026, à M7, dans le Doha Design District et dans plusieurs autres lieux de Msheireb Downtown Doha.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Une nouvelle initiative cinématographique à AlUla vise à stimuler le talent créatif saoudien

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production. (SPA)
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  • Les efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume
  • Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives

ALULA : Villa Hegra, en collaboration avec Film AlUla, a lancé un programme spécialisé dans la réalisation de films pour développer les compétences cinématographiques et soutenir les talents créatifs, a rapporté lundi l'Agence de presse saoudienne.

Cette initiative reflète l'engagement de Villa Hegra à renforcer l'activité culturelle et cinématographique tout en favorisant un environnement inspirant pour les créateurs de contenu et les cinéphiles.

Le programme propose des cours de formation et des ateliers couvrant toutes les étapes de la production cinématographique, de l'écriture du scénario et de la réalisation à la cinématographie, au montage et à la post-production.

Ces efforts visent à soutenir les jeunes talents et à contribuer à la croissance du secteur cinématographique du Royaume, a ajouté la SPA.

Villa Hegra organise également des programmes éducatifs et interactifs pour les enfants afin de développer leurs talents et leurs capacités créatives.

Ces programmes comprennent des ateliers qui simplifient les concepts scientifiques et les intègrent aux pratiques artistiques modernes, créant ainsi un environnement d'apprentissage qui encourage la découverte et l'innovation.

Ils ont suscité une forte participation des élèves dans tout le gouvernorat en raison de leur approche pratique et interactive, qui renforce la réflexion et la créativité des enfants.

Les initiatives sont mises en œuvre en collaboration avec des institutions françaises et saoudiennes, reflétant ainsi la diversité culturelle et les partenariats internationaux tout en améliorant la qualité du contenu éducatif pour les jeunes générations.

Villa Hegra est la première fondation culturelle franco-saoudienne basée à AlUla. Lancée en octobre, elle soutient la scène culturelle de la région en proposant des plateformes éducatives qui développent les compétences des enfants et des jeunes saoudiens, tout en renforçant la présence d'AlUla sur la scène culturelle internationale.


Eurovision: Nemo rend son trophée 2024 pour protester contre la participation d'Israël

Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
Le chanteur suisse Nemo, qui représentait la Suisse avec la chanson « The Code », célèbre sur scène avec son trophée après avoir remporté la finale du 68e Concours Eurovision de la chanson (CEC) 2024, le 11 mai 2024 à la Malmö Arena de Malmö, en Suède. (AFP)
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  • L’artiste suisse Nemo, vainqueur de l’Eurovision 2024, rend son trophée pour protester contre la participation maintenue d’Israël, dénonçant une contradiction avec les valeurs d’unité et de dignité affichées par l’UER
  • Cinq pays — Islande, Espagne, Pays-Bas, Irlande et Slovénie — ont déjà annoncé leur boycott de l’édition 2026, sur fond de critiques liées à la guerre à Gaza et d’accusations d’irrégularités de vote

GENEVE: L'artiste suisse Nemo, qui a remporté l’Eurovision 2024 en Suède, a annoncé jeudi rendre son trophée pour protester contre le maintien de la participation d'Israël dans la compétition, qui a déjà provoqué le boycott de cinq pays.

"En tant que personne et en tant qu'artiste, aujourd'hui, je ne pense plus que ce trophée ait sa place sur mon étagère", a déclaré dans une vidéo postée sur Instagram Nemo, qui s'était déjà joint aux appels réclamant l'exclusion d'Israël du plus grand événement musical télévisé en direct au monde.

"L'Eurovision prétend défendre l'unité, l'inclusion et la dignité de tous (...) Mais la participation continue d'Israël, alors que la commission d'enquête internationale indépendante (mandatée par) l'ONU a conclu à un génocide, démontre un conflit évident entre ces idéaux et les décisions prises par" l'Union européenne de Radio-Télévision (UER), a déclaré le chanteur de 26 ans.

"Il ne s'agit pas d'individus ou d'artistes. Il s'agit du fait que le concours a été utilisé à maintes reprises pour redorer l'image d'un État accusé de graves atrocités", a ajouté Nemo, devenu en 2024 le premier artiste non binaire à être sacré à l'issue d'une édition déjà marquée par une controverses sur la participation d'Israël en pleine guerre dans la bande de Gaza.

Mercredi, la télévision publique islandaise RUV a annoncé boycotter l'édition 2026 de l'Eurovision après le feu vert donné à la participation d'Israël, devenant le cinquième pays à ne pas participer au prochain concours à Vienne.

Début décembre, la majorité des membres de l'UER avaient estimé qu'il n'était pas nécessaire de voter sur la participation d'Israël avec sa télévision publique KAN.

Cette décision a déclenché instantanément les annonces de boycott des diffuseurs de l'Espagne, des Pays-Bas, de l'Irlande et de la Slovénie, sur fond de critiques de la guerre dans la bande de Gaza mais aussi d'accusations d'irrégularités dans les votes lors des précédentes éditions.

"Quand des pays entiers se retirent, il est évident que quelque chose ne va pas du tout. C'est pourquoi j'ai décidé de renvoyer ce trophée au siège de l'UER à Genève, avec gratitude et un message clair : incarnez vos valeurs", a ajouté Nemo, avant de déposer son trophée dans une boite.