Sur les menus du Nouvel An en Ukraine, le patriotisme chasse les plats russes

Des cuisiniers travaillent dans la cuisine du restaurant «Chasing Two Hares», du nom d'une comédie soviétique de 1961, à Kyiv le 26 décembre 2022 (Photo, AFP).
Des cuisiniers travaillent dans la cuisine du restaurant «Chasing Two Hares», du nom d'une comédie soviétique de 1961, à Kyiv le 26 décembre 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 29 décembre 2022

Sur les menus du Nouvel An en Ukraine, le patriotisme chasse les plats russes

  • En Ukraine, le civisme culinaire s'est particulièrement développé depuis 2014 et l'annexion de la Crimée par Moscou
  • Changer de menu pour en effacer les plats associés à la Russie est la moindre des choses pour la cheffe Natalia Khomenko

KIEV: A travers l'ex-URSS, deux salades russes trônent d'ordinaire sur les tables du Nouvel An: la Chouba, un mélange comprenant hareng et betterave, et la salade de patates Olivier. Mais à Kiev, guerre oblige, de nombreux restaurants les ont bannies.

Tetiana Mytrofanova, propriétaire de l'auberge "Derrière Deux Lièvres", dans le centre historique de la capitale ukrainienne, n'a aucun doute: dix mois après l'invasion l'armée russe, ces plats sont condamnés.

"Nous devons tourner la page", résume cette femme de 58 ans, assise sur une banquette de son restaurant, où elle organise une soirée du Nouvel An avec un concert jusqu'au bout de la nuit.

"Ce sera ma première année sans les salades Olivier et Chouba", ajoute la restauratrice qui prévoit de servir à la place des plats traditionnels kiéviens, comme de la perche farcie.

"Je sais que les gens qui viendront passer la nuit (du nouvel An) avec nous s'en souviendront à jamais", poursuit Tetiana, qui voit la soirée à venir comme l'occasion d'un "redémarrage psychologique".

Elle ne s'inquiète pas non plus du fait que les clients ne pourront quitter son restaurant entre 23H00 et 05H00 du matin, couvre-feu oblige: "Quand les gens viennent chez nous, ils entrent dans une nouvelle dimension (...) où le temps passe de manière imperceptible".

«Guerre du borchtch»

En Ukraine, le civisme culinaire s'est particulièrement développé depuis 2014 et l'annexion de la Crimée par Moscou, puis du déclenchement, avec l'appui russe, d'une rébellion armée dans le Donbass, l'Est ukrainien.

L'invasion russe ordonnée par Vladimir Poutine le 24 février dernier a ensuite donné un coup d'accélérateur au patriotisme gastronomique ukrainien, culminant en juillet lorsque l'Ukraine a obtenu que l'Unesco intègre à sa liste du patrimoine culturel immatériel en péril la "culture du borchtch", un potage dont la Russie revendiquait également la paternité.

Une victoire ukrainienne dans ce qui fut surnommé "la guerre du borchtch".

Le restaurant "Derrière Deux Lièvres", qui doit son nom à une comédie soviétique de 1961, ne se contente pas seulement de changer de menu du Nouvel An pour contribuer à l'effort de guerre.

Comme d'autres cuisines de la ville, lorsque les premières bombes sont tombées sur Kiev en février, celle de Tetiana a nourri des centaines de personnes qui manquaient de produits alimentaires.

Puis, elle a envoyé des vivres aux soldats résistant aux forces russes qui tentaient de prendre la ville de Gostomel, théâtre d'une violente bataille pour un aérodrome stratégique dans la banlieue de Kiev.

Finalement, l'armée du Kremlin sera contrainte de se retirer au printemps, abandonnant sa tentative de conquérir Kiev pour se concentrer sur l'Est et le Sud du pays.

"Je n'ai vu le commandant (de l'unité de Gostomel) que cinq mois plus tard", raconte Tetiana. "Je n'ai vu aucun autre de nos gars, mais je les aime, chacun d'entre eux", poursuit la restauratrice, les larmes aux yeux car trois de ces hommes sont morts au combat récemment.

Son personnel de cuisine a quant à lui préparé ces derniers jours des gâteaux en forme d'agneau pour les troupes déployées sur le front. D'autant que l'un des cuisiniers vient d'être mobilisé et de partir en camp d'entraînement.

«Tant d'autres salades»

Changer de menu pour en effacer les plats associés à la Russie est la moindre des choses pour la cheffe Natalia Khomenko: "C'est possible et c'est la juste chose à faire", dit-elle.

"Derrière Deux Lièvres" n'est pas seul dans cette logique, loin de là. Le restaurant Avtostantsia, par exemple, dans le quartier de Podil, revisite également son menu.

Ici aussi, exit la Chouba et l'Olivier, remplacés notamment par un houmous de betterave et du forchmak, mélange de maquereau, de patates, de crème aigre d'oignons et de poivrons.

Mais au grand dam de la directrice des lieux, Anna Selezen, ce menu ne pourra pas être servi la nuit du Nouvel An, les bombardements russes et les coupures d'électricité à répétition n'ayant pas permis à son équipe d'apprendre à préparer ces plats à temps.

Qu'à cela ne tienne, maintenant que le restaurant dispose d'un générateur, ces mets seront servis à l'occasion de Noël orthodoxe, le 7 janvier.

"Nous avons plein de plats traditionnels ukrainiens, pas besoin des russes", assène Mme Selezen. "On peut vivre sans eux, et on aurait même dû le faire plus tôt".

Certes, confie-t-elle, la Chouba lui manquera, mais "il y a tant d'autres salades à préparer".


En ce Noël, unissons-nous pour souhaiter la paix dans toute la région

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  • Noël au Moyen-Orient incarne un message puissant d’harmonie interconfessionnelle, de résilience et de respect mutuel
  • De Bethléem à Riyad, les célébrations deviennent un acte d’espoir partagé et un appel sincère à la paix régionale

RIYAD : Fidèle à une tradition initiée en décembre 2022, Arab News souhaite un joyeux Noël à ses lecteurs chrétiens et à tous ceux qui célèbrent cette fête. Cette édition spéciale met cette année en lumière Noël à travers le Moyen-Orient, en soulignant l’harmonie interconfessionnelle, la résilience et l’intégration culturelle. Le tout est porté par un message particulier, sincère et plein d’espoir : voir la paix se diffuser dans toute la région en 2026.

En tête de cette couverture figure une tribune exclusive du grand érudit Dr Mohammad bin Abdulkarim Al-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale et président de l’Organisation des savants musulmans. Son message rappelle un principe essentiel : « Il n’existe aucun texte de la charia interdisant de féliciter les non-musulmans à l’occasion de leurs fêtes religieuses, y compris Noël. » Il présente cette bienveillance non comme un affaiblissement de la foi, mais comme l’expression de sa force — une force qui affirme la dignité humaine et favorise l’harmonie sociale si nécessaire aujourd’hui.

Ce même esprit de solidarité face à la souffrance résonne depuis Bethléem, où le pasteur palestinien, le révérend Dr Munther Isaac, explique que le christianisme palestinien est indissociable de l’identité nationale. En réponse à la dévastation de Gaza, sa communauté a érigé une crèche faite de gravats, l’enfant Jésus enveloppé dans un keffieh. « C’était un message de foi », affirme-t-il. « Le Christ est solidaire de ceux qui souffrent… parce qu’il est né dans la souffrance. »

De cette profondeur naissent aussi des récits de renouveau. À Damas, les illuminations festives réapparaissent alors que des Syriens de toutes confessions s’accrochent à une paix fragile. Au Liban, les célébrations percent la morosité politique par des instants de joie. En Jordanie, les espaces publics s’illuminent de sapins et des hymnes de Noël de Fairouz, tandis qu’aux Émirats arabes unis, la diaspora multiculturelle s’anime dans une effervescence festive et unitaire.

La profondeur historique et intellectuelle de l’héritage chrétien de la région est mise en lumière par le Dr Abdellatif El-Menawy, qui rappelle le rôle indispensable de l’Égypte dans la transformation du christianisme, passé d’un message spirituel à une véritable civilisation. Cet héritage ancien trouve aujourd’hui une expression moderne et dynamique.

En Arabie saoudite, la période des fêtes est reconnue à travers une hospitalité innovante, où des chefs réinventent les menus de Noël en y intégrant des saveurs locales et une identité culinaire créative.

Cette édition spéciale offre bien plus qu’une simple atmosphère festive. Elle dépeint un Moyen-Orient où les différentes confessions approfondissent leurs propres racines en respectant celles des autres, où les célébrations sont tissées de résistance historique, et où le message de Noël — espoir, paix et humanité partagée — résonne avec confiance et optimisme.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier parraine le lancement d’un centre de calligraphie arabe à Médine

Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Le ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdullah ben Farhane, prend la parole lors de l'inauguration du Centre mondial pour la calligraphie arabe Prince Mohammed ben Salmane. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, placé sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes lundi à Médine. (Fourni)
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  • Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz

RIYAD : Un nouveau centre dédié à la calligraphie arabe, sous le patronage du prince héritier Mohammed ben Salmane, a officiellement ouvert ses portes à Médine lundi.

Le Centre mondial Prince Mohammed ben Salmane pour la calligraphie arabe a été inauguré par le prince Salman ben Sultan ben Abdulaziz, gouverneur de la région de Médine.

Il était accompagné du ministre de la Culture, le prince Badr ben Abdallah ben Farhane, qui a visité les espaces d’exposition du nouveau centre et assisté à des présentations sur la programmation culturelle et les réalisations du centre.

Ils ont également découvert des collections mettant en valeur l’importance artistique et historique de la calligraphie arabe.

Lors de l’inauguration, le prince Badr a déclaré : « Depuis cette terre d’érudition et de savoir, nous lançons fièrement une plateforme mondiale dédiée à la calligraphie arabe, un patrimoine culturel inestimable. »

Il a ajouté que le soutien « généreux et illimité » du prince héritier envers le secteur culturel avait rendu ce projet possible.

Le ministre a précisé que le centre montrait au monde l’héritage de la calligraphie arabe tout en soulignant l’engagement de l’Arabie saoudite à préserver son identité et son patrimoine culturel.

Selon le prince Badr, le centre représente une vision ambitieuse visant à élever la calligraphie arabe comme outil universel de communication et élément central de l’héritage, de l’art, de l’architecture et du design arabes.

Le centre a également pour objectif de renforcer l’identité culturelle du Royaume et sa présence internationale, en ciblant calligraphes, talents émergents, artistes visuels, chercheurs en arts islamiques, institutions éducatives et culturelles, ainsi que les passionnés d’art et de patrimoine à travers le monde.

Il proposera des programmes spécialisés, incluant services de recherche et d’archivage, enseignement de la calligraphie, bourses académiques, musée permanent, expositions itinérantes, association internationale de calligraphie et incubateur soutenant les entreprises liées à la calligraphie.

D’autres initiatives incluent des programmes de résidence d’artistes, des ateliers dirigés par des experts, l’élaboration de programmes pédagogiques standardisés, ainsi que des partenariats éducatifs internationaux visant à la conservation du patrimoine et à la promotion mondiale de cet art ancestral.

L’établissement du centre à Médine revêt une signification particulière, compte tenu du rôle historique de la ville comme berceau de la calligraphie arabe et de son association avec la transcription du Coran et la préservation du savoir islamique.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La musique traditionnelle du rababah attire les foules au festival du chameau

(SPA)
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  • Des performances sont proposées à l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur
  • Le rababah, instrument de musique traditionnel à une seule corde, attire un large public au festival

RIYAD : Le rababah, un instrument traditionnel local à une seule corde issu des communautés bédouines, a suscité l’intérêt des visiteurs du Festival du chameau du roi Abdulaziz, qui se tient jusqu’au 2 janvier, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

L’instrument se joue en faisant glisser un archet sur son unique corde, tandis que les doigts de l’autre main contrôlent la hauteur du son.

Il est souvent accompagné de vers poétiques chantés, dans un mélange de musique et de tradition orale.

La principauté de la région des Frontières du Nord présente des performances de rababah dans le cadre de l’exposition « Security Oasis » du ministère de l’Intérieur, organisée lors du festival du chameau.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com