Face au réchauffement climatique, les bâtiments en terre crue reviennent en grâce

La ville de Diriyah, en Arabie saoudite et son quartier de Qasr al-Hukm, revitalisé par l'architecte italien Marco Albini au milieu des années 1970 (Photo fournie)
La ville de Diriyah, en Arabie saoudite et son quartier de Qasr al-Hukm, revitalisé par l'architecte italien Marco Albini au milieu des années 1970 (Photo fournie)
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Publié le Vendredi 30 décembre 2022

Face au réchauffement climatique, les bâtiments en terre crue reviennent en grâce

  • Outre qu'aucune cuisson n'est nécessaire comme pour le ciment fortement émetteur de CO2, et que la terre est une ressource locale, la brique crue offre aussi une très bonne inertie thermique, en régulant naturellement le taux d'humidité
  • La ville saoudienne de Diriyah, près de Riyad, est bâtie en briques de terre crue

PARIS : La construction en terre connaît un vif regain d'intérêt chez les architectes: Ce matériau ancestral fait baisser les émissions de CO2 des bâtiments tout en leur permettant de mieux résister à la hausse des températures. Mais sa mise en œuvre s'avère coûteuse et délicate par manque de main d'œuvre qualifiée.

La technique du pisé, de la terre crue comportant une part d'argile compactée et coffrée par couches, a été utilisée aussi bien pour bâtir l'Alhambra de Grenade dans l'Espagne médiévale, que l'église de la réconciliation à Berlin en 2001. La ville saoudienne de Diriyah, près de Riyad, est bâtie en briques de terre crue.

Selon Hugo Houben et Hubert Guillaud, auteurs de l'ouvrage de référence «Traité de construction en terre» (2006, réédité), un tiers de l'humanité vit dans un habitat en terre, soit plus de deux milliards de personnes dans 150 pays.

En France, «la terre représente environ 15% du patrimoine bâti», soulignent Emmanuel Keita, enseignant à l'école des Ponts et Antonin Fabbri, directeur de recherche, dans un article commun consacré au sujet.

Il existe différents procédés d'utilisation de la terre -- pisé, torchis (terre crue coupée de paille), bauge (couches successives de torchis sans ossature), colombage (terre compactée dans une ossature bois) ou brique de terre crue. En France, on la trouve dans les maisons à colombage en Alsace, en Normandie, dans le Gers ou en région Auvergne-Rhône-Alpes.

A Lyon, dans le quartier moderne de la Confluence, au milieu du béton, a poussé un immeuble de bureaux en terre crue, conçu par l'architecte Clément Vergély et le cabinet suisse Diener et Diener, avec le maçon Nicolas Meunier, formé au pisé au Mali.

«Le retour en grâce de la terre crue dans la construction est basé sur un constat: un kilo de ciment émet un kilo de CO2, alors qu'un kilo de terre crue émet zéro», analyse Xavier Chateau, directeur de recherche en sciences des matériaux au laboratoire Navier (CNRS-Ecole nationale des Ponts et Chaussées).

- Risques d'effondrement -

Outre qu'aucune cuisson n'est nécessaire comme pour le ciment fortement émetteur de CO2, et que la terre est une ressource locale, elle offre aussi une très bonne inertie thermique, en régulant naturellement le taux d'humidité, et elle est recyclable à 100%, font valoir ses soutiens.

Elle pourrait dès lors aider à relever un énorme défi climatique. «Si on arrivait à abaisser de 25% le volume de ciment consommé dans le monde, c'est comme si on supprimait l'impact sur le climat de tous les transports en avion», calcule M. Chateau.

Néanmoins, la terre a ses fragilités. Les bâtiments doivent être protégés des intempéries et des remontées capillaires. La presse locale française se fait régulièrement l'écho d'effondrements d'immeubles en pisé. A Chaponost dans le Rhône, un immeuble de quatre étages s'est effondré en novembre, et une maison à la Tour-du-Pin en Isère le 22 décembre.

Certains ajoutent un adjuvant, ciment, chaux, laitier de sidérurgie (résidu de haut fourneau) ou produits biosourcés (paille ou chanvre), pour «stabiliser» la terre, la rendre hydrophobe et un peu plus résistante sur le plan mécanique pour permettre des constructions plus durables.

Le géant français des matériaux Saint Gobain a même lancé une expérimentation de bétons de terre, alliant terre d'excavation issue de chantiers, déchets de sidérurgie et chanvre.

- Difficile à assurer -

Initiative vue comme une hérésie par les puristes. «Ce n'est pas du tout le même matériau», déclare à l'AFP Paul Emmanuel Loiret, architecte qui préside «La Fabrique» à Sevran, en banlieue parisienne, une usine où sont fabriqués des blocs de terre comprimée à partir des déblais des chantiers du Grand Paris.

«La norme, la législation européenne, nous imposent d'avoir des matériaux 10 à 20 fois plus résistants que ce dont on a besoin», dit-il, en estimant qu'il faut «décarboner complètement et rapidement».

«En Afrique, au Burkina Faso ou au Malawi, c'est devenu un savoir-faire artisanal de stabiliser la terre crue avec du ciment en pied de bâtiment pour régler le problème de l'eau», rétorque M. Chateau.

«C'est un matériau naturel, variable selon l'endroit d'où il est retiré, il ne va donc pas avoir des propriétés constantes dans le temps et cela va être très dur d'assurer le bâtiment», ajoute l'expert.

«La terre crue est un matériau génial sur le papier, sauf qu'il n'y a pratiquement pas de personnel pour le mettre en oeuvre, et que cela coûte plus cher car il faut passer par des demandes d'expérimentation (payantes) auprès du centre technique du bâtiment, c'est donc un vrai choix d'engagement» ajoute-t-il.


Versailles célèbre l’union musicale entre la France et l’Arabie saoudite

(Photo: Instagram)
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  • Un concert exceptionnel au Château de Versailles a réuni l’Orchestre et le Chœur National d’Arabie saoudite avec l’Orchestre de l’Opéra Royal
  • La soirée a mis en lumière les arts traditionnels saoudiens et la musique classique française

VERSAILLES: Dans le cadre somptueux du Château de Versailles, l’un des joyaux du patrimoine français, s’est tenu vendredi 5 septembre un concert intitulé Les Merveilles de l’Orchestre d’Arabie saoudite. Organisé sous le haut patronage du Prince Bader ben Abdullah ben Farhane Al Saud, ministre saoudien de la Culture et président du Conseil d’administration de la Commission musicale, cet événement a marqué un moment fort de la coopération culturelle entre le Royaume d’Arabie saoudite et la République française.

Porté par la Commission musicale, en collaboration avec la Commission du Théâtre et des Arts de la Scène, ce concert a réuni sur scène l’Orchestre et le Chœur National d’Arabie saoudite et l’Orchestre de l’Opéra Royal du Château de Versailles, dans une performance conjointe inédite. Ensemble, ils ont livré une fresque musicale riche et raffinée, mêlant tradition et modernité, Orient et Occident.

La soirée s’est distinguée par la présence de nombreuses personnalités éminentes, dont le Prince Bader ben Abdullah ben Farhane Al Saud, le Prince Turki ben Faisal Al Saud, la Princesse Haifa Al Mogrin, ambassadrice d’Arabie saoudite à Madrid, Majid ben Abdullah Al-Kassabi, ministre saoudien du Commerce, Rachida Dati, ministre française de la Culture, ainsi que Brigitte Macron.

Un hommage vibrant au patrimoine culturel saoudien a été rendu à travers quatre formes emblématiques des arts du spectacle traditionnels : Al Khobeiti, Al Majroor, Al Rifaihi et Al Khathwah, interprétés avec grâce par les artistes de la Commission du Théâtre et des Arts de la Scène. Ces tableaux vivants ont offert au public une plongée sensorielle dans l’héritage vivant du Royaume.

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En miroir à cette richesse, l’Orchestre de l’Opéra Royal a interprété des chefs-d’œuvre de la musique française, faisant résonner l’élégance intemporelle du répertoire classique national. Le point culminant de la soirée fut le segment fusion, véritable dialogue musical entre les deux ensembles, qui a symbolisé l’harmonie entre les cultures.

Cette soirée s’inscrit dans la continuité d’un parcours international remarquable pour l’Orchestre et le Chœur National d’Arabie saoudite. Après des représentations saluées à Mexico, New York, Londres, Tokyo, Riyad et Sydney, Versailles a offert une étape prestigieuse, qui résonne comme l’accomplissement d’un projet artistique d’envergure.

Depuis leur première apparition internationale au Théâtre du Châtelet en 2022, les musiciens saoudiens n’ont cessé de séduire par la profondeur de leur répertoire. Cette nouvelle escale à Versailles s’inscrit également dans l’élan diplomatique impulsé par la visite d’État saoudienne de décembre 2024, et la signature récente de deux accords majeurs avec la Philharmonie de Paris et le Grand Palais.

Au-delà de la performance, Les Merveilles de l’Orchestre d’Arabie saoudite ont incarné un puissant symbole de dialogue interculturel. Une célébration de la musique comme langage universel, capable de bâtir des ponts durables entre les peuples, et de magnifier les valeurs de respect, de partage et de beauté commune.


« Palestine 36 », soutenu par l’Arabie saoudite, présenté en avant-première au TIFF 2025

Le film a été présenté en avant-première au Festival international du film de Toronto. (AFP)
Le film a été présenté en avant-première au Festival international du film de Toronto. (AFP)
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  • Le film Palestine 36 d’Annemarie Jacir, présenté au TIFF 2025, revient sur le soulèvement palestinien de 1936 contre le mandat britannique
  • Financé en partie par le Red Sea Film Fund d’Arabie saoudite, le film explore un moment décisif pour la région

DUBAÏ : Le film Palestine 36 de la réalisatrice Annemarie Jacir a été présenté cette semaine en avant-première au Festival international du film de Toronto (TIFF) 2025 lors d’une projection de gala.

Le film a été en partie financé par le Red Sea Film Fund, soutenu par l’Arabie saoudite.

Situé aux abords de Jérusalem, Palestine 36 raconte l’histoire du soulèvement arabe contre le mandat britannique.

Le synopsis officiel indique : « En 1936, alors que les villages de la Palestine mandataire se soulèvent contre la domination coloniale britannique, Yusuf erre entre son village rural et l’énergie bouillonnante de Jérusalem, aspirant à un avenir au-delà des troubles croissants.

Mais l’Histoire est implacable. Avec l’arrivée massive de réfugiés juifs fuyant l’antisémitisme en Europe, et la population palestinienne unie dans le plus vaste et le plus long soulèvement contre les 30 ans de domination britannique, toutes les parties glissent vers une collision inévitable — un moment décisif pour l’Empire britannique et pour l’avenir de toute la région. »

Le film réunit une distribution internationale : l’acteur oscarisé Jeremy Irons, la star de Game of Thrones Liam Cunningham, l’acteur tunisien Dhafer L’Abidine, ainsi que les talents palestiniens Hiam Abbass, Yasmine Al-Massri, Kamel El Basha et Saleh Bakri.

La première a réuni de nombreuses personnalités, dont les acteurs britanniques Billy Howle et Robert Aramayo, l’acteur palestinien Karim Daoud Anaya, le producteur de cinéma palestino-jordanien Ossama Bawardi, ainsi que Jacir, Bakri, Al-Massri et Abbass.

Jacir, à qui l’on doit Salt of the Sea, When I Saw You, Wajib et des épisodes de la série Ramy, a entamé le travail sur ce projet avant la pandémie mondiale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Riyad accueille sa toute première représentation de l’opéra « Carmen »

La Commission royale pour la ville de Riyad (RCRC) a fait venir le célèbre opéra "Carmen" pour la première fois en Arabie saoudite. (Fourni)
La Commission royale pour la ville de Riyad (RCRC) a fait venir le célèbre opéra "Carmen" pour la première fois en Arabie saoudite. (Fourni)
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  • L’événement s’inscrit dans le cadre de l’Année culturelle sino-saoudienne, célébrant le 35e anniversaire des relations diplomatiques entre les deux pays.

RIYAD : La Commission royale pour la ville de Riyad (RCRC), en collaboration avec la China National Opera House (CNOH), a présenté jeudi soir l’opéra mondialement connu de Georges Bizet, « Carmen », au Centre culturel Roi Fahd de Riyad. Il s'agit de la toute première représentation de ce chef-d'œuvre en Arabie saoudite.

Cet événement s’inscrit dans le cadre de l’Année culturelle sino-saoudienne, qui célèbre le 35e anniversaire des relations diplomatiques entre l’Arabie saoudite et la Chine. Plus de 2 500 invités et dignitaires étaient présents pour la soirée d’ouverture.

Le public a salué cette représentation historique. Thomas Dang, résident à Riyad, a décrit la soirée comme remarquable :

« C’était extraordinaire — une troupe chinoise jouant une œuvre d’un compositeur français sur une histoire espagnole, ici en Arabie saoudite. Ce mélange culturel était incroyable. »

Mise en scène par l’équipe du CNOH, la production a donné vie à l’histoire intemporelle de passion, de jalousie et de destin de Bizet, à travers des costumes vibrants et une distribution internationale.

Créée à Paris en 1875, « Carmen » est l’un des opéras les plus célèbres de l’histoire. Son début en Arabie saoudite marque une étape importante dans le développement culturel du Royaume, illustrant son ouverture croissante aux arts mondiaux.

Huixian, une résidente chinoise de Riyad, a partagé son enthousiasme :

« C’était ma première fois à l’opéra en Arabie saoudite, et aussi la première fois que je voyais ‘Carmen’ en chinois. La performance était très bonne, même si le chant aurait pu être plus puissant. Une soirée mémorable. »

« Carmen » se poursuivra au Centre culturel Roi Fahd jusqu’au 6 septembre 2025, offrant aux spectateurs une opportunité rare d’assister à l’un des opéras les plus emblématiques sur une scène saoudienne.

Selon la RCRC, cette première historique reflète l’engagement continu de la Commission à enrichir l’offre culturelle de Riyad, à travers des événements de classe mondiale, en cohérence avec la Vision 2030 du Royaume.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com