Rétrospective: L'année 2022 ou la menace d'apocalypse

 Vladimir Poutine et le président américain Joe Biden (Photo, AFP).
Vladimir Poutine et le président américain Joe Biden (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 01 janvier 2023

Rétrospective: L'année 2022 ou la menace d'apocalypse

  • La chute mi-novembre d'un missile en Pologne fait craindre là encore le pire, que l'Alliance atlantique ne soit entraînée malgré elle dans une guerre contre la Russie
  • La menace d'une catastrophe est également dans tous les esprits au moment où la centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine

Washington, Etats-Unis : Menaces de recourir à l'arme nucléaire, catastrophe climatique: l'année 2022 aura été celle où la perspective d'un "Armageddon" s'est faite soudainement plus réelle.

C'est début octobre, au moment où le conflit en Ukraine s'enlise, que le président américain Joe Biden, à la tête du seul pays ayant utilisé l'arme atomique en temps de guerre, évoque le risque d'une "apocalypse" nucléaire.

Il réagissait aux menaces du président russe Vladimir Poutine d'utiliser l'arme fatale en Ukraine, pays ravagé par les bombes russes ayant fait des milliers de morts et dont l'invasion, le 24 février, aura bouleversé l'ordre géopolitique et la stabilité mondiale.

"Nous n'avons pas été confrontés à la perspective d'un Armageddon depuis Kennedy et la crise des missiles cubains en 1962", lance M. Biden dans un registre dramatique qui fait tressaillir le monde entier.

D'aucuns évoquent la mémoire de la Deuxième guerre mondiale et craignent même une troisième.

La menace d'une catastrophe est également dans tous les esprits au moment où la centrale nucléaire de Zaporijjia en Ukraine, la plus grande d'Europe, est dangereusement la cible de tirs.

Les appels à y créer un périmètre de sécurité sont restés lettre morte et le directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, dénonce "une folie".

"Qui que ce soit, arrêtez cette folie!", exhorte-t-il mi-novembre, alors que Russes et Ukrainiens s'accusent mutuellement d'être responsables des tirs.

Horloge de la fin du monde

La chute mi-novembre d'un missile en Pologne fait craindre là encore le pire, que l'Alliance atlantique ne soit entraînée malgré elle dans une guerre contre la Russie aux conséquences imprévisibles.

"Dieu merci", souffle un diplomate américain sous couvert de l'anonymat lorsqu'il apparaît que le missile, selon toute probabilité, ne venait pas de la Russie mais de la défense anti-aérienne ukrainienne.

Et c'est ainsi qu'en 2022, sans oublier l'Iran et la Corée du Nord, la menace nucléaire aura été omniprésente.

Le pays communiste reclus, doté de l'arme atomique, pourrait notamment faire bientôt un nouvel essai nucléaire.

Dans un rapport annuel, la Global Challenges Foundation, un centre de recherches suédois, estime que le risque d'un recours à l'arme nucléaire n'a jamais été aussi fort que depuis 1945 lorsque les Etats-Unis bombardaient Hiroshima et Nagasaki, au Japon.

Toute éventuelle frappe nucléaire russe concernerait sans doute une petite arme "tactique" mais les experts redoutent l'escalade.

"Cela changerait complètement la donne", prévient Kennette Benedict, chercheuse à l'université de Chicago et conseillère du Bulletin des scientifiques atomiques, qui livrera en janvier les dernières prédictions de "l'horloge de l'apocalypse", actuellement fixée à 100 secondes avant minuit.

Vie ou mort

Dans ce contexte d'anxiété généralisée et d'un monde déjà à cran après l'épidémie de Covid-19 et la flambée de l'inflation, la planète a dépassé en 2022 le seuil des 8 milliards d'habitants, selon l'ONU.

Et elle est menacée d'une catastrophe d'un autre type: celle du réchauffement de la Terre.

Des inondations historiques au Pakistan cet automne aux incendies aux Etats-Unis ou dans l'Amazonie brésilienne, en passant par les canicules exceptionnelles en Europe et la sécheresse dans la Corne de l'Afrique, les catastrophes naturelles se succèdent, imputées par les scientifiques à ce réchauffement de la planète dû aux émissions de gaz à effet de serre.

Les records de chaleur s'enchaînent en Chine, dans le sud de la France ou encore au Québec et jusqu'aux confins de l'Arctique, attisant une prise de conscience sur la nécessité d'agir.

"Il s'agit pour nous d'une question de vie ou de mort, pour notre sécurité aujourd'hui et pour notre survie demain", met ainsi en garde en octobre le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, avant la conférence annuelle sur le climat (COP27) de novembre en Egypte.

Celle-ci accouche finalement d'un bilan mitigé avec un accord sur l'aide aux pays pauvres affectés par le changement climatique mais sans grande ambition sur la réduction de ces gaz à effet de serre.

Les engagements pris à Charm el-Cheikh, s'ils sont intégralement tenus, mettraient au mieux le monde sur la trajectoire de +2,4°C en 2100 et, au rythme actuel des émissions, sur celle d'un catastrophique +2,8°C.

"Ce dont nous avons réellement besoin ce sont des évaluations plus affinées sur comment les risques (causés par le changement climatique) pourraient se répercuter en cascade à travers le monde", estime Luke Kemp de l'université Cambridge, qui déplore une relative "dédramatisation" de certains acteurs y compris scientifiques.

Pour autant, tout n'a pas été pour le pire cette année alors que des campagnes de vaccination massives ont permis de, peut-être, tourner la page de l'épidémie de Covid-19, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) estimant récemment qu'au moins 90% de la population mondiale présente une forme d'immunité.

Et l'un des plus ardents critiques du "pessimisme" ambiant, Steven Pinker, de l'université Harvard, relève que, globalement, la violence a drastiquement diminué dans le monde au cours des temps modernes.

 


Les ministres du Groupe E3 condamnent les frappes israéliennes à Doha

Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
Cette photo satellite obtenue le 10 septembre auprès de Planet Labs PBC et datée du 24 janvier 2025 montre le complexe qui abritait les membres du bureau politique du groupe militant palestinien Hamas et qui a été pris pour cible par une frappe israélienne le 9 septembre, dans la capitale du Qatar, Doha. (AFP)
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  • Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza
  • Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas

PARIS: Les ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, de la France et du Royaume-Uni ont condamné, dans une déclaration conjointe, les frappes israéliennes ayant visé Doha le 9 septembre. Ils estiment que ces attaques constituent une violation de la souveraineté du Qatar et représentent un risque d’escalade supplémentaire dans la région.

Selon eux, cette action militaire compromet également les négociations en cours visant à la libération des otages encore détenus et à la conclusion d’un accord de cessez-le-feu à Gaza. « Nous appelons toutes les parties à intensifier leurs efforts pour parvenir à un cessez-le-feu immédiat », ont-ils insisté.

Les trois pays européens ont exprimé leur solidarité avec le Qatar, soulignant son rôle clé dans la médiation menée avec l’Égypte et les États-Unis entre Israël et le Hamas. Ils appellent les parties à « faire preuve de retenue » et à saisir l’opportunité de rétablir la paix.

Les ministres ont réaffirmé que la priorité devait rester la mise en place d’un cessez-le-feu permanent, la libération des otages et l’acheminement massif d’aide humanitaire à Gaza pour enrayer la famine. Ils demandent l’arrêt immédiat des opérations militaires israéliennes dans la ville de Gaza, dénonçant les déplacements massifs de civils, les pertes humaines et la destruction d’infrastructures vitales.

Ils exhortent par ailleurs à garantir aux Nations unies et aux ONG humanitaires un accès sûr et sans entrave à l’ensemble de la bande de Gaza, y compris dans le Nord.

Enfin, le Groupe E3 a rappelé sa condamnation « sans équivoque » des crimes commis par le Hamas, qualifié de mouvement terroriste, qui doit, selon eux, « libérer immédiatement et sans condition les otages, être désarmé et écarté définitivement de la gouvernance de la bande de Gaza ».


L’ONU adopte une résolution franco-saoudienne pour la paix israélo-palestinienne sans le Hamas

L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
L'ancienne ministre allemande des Affaires étrangères et présidente de la 80e session de l'Assemblée générale des Nations Unies, Annalena Baerbock, s'exprime lors d'une réunion de l'Assemblée générale pour voter sur la solution de deux États à la question palestinienne au siège des Nations Unies (ONU), le 12 septembre 2025 à New York. (AFP)
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  • Résolution adoptée par 142 voix pour, 10 contre — dont Israël et les États-Unis
  • Le vote précède un sommet de haut niveau co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre

​​​​​​NEW YORK : L’Assemblée générale des Nations unies a voté massivement vendredi en faveur de l’adoption de la « Déclaration de New York », une résolution visant à relancer la solution à deux États entre Israël et la Palestine, sans impliquer le Hamas.

Le texte a été approuvé par 142 pays, contre 10 votes négatifs — dont Israël et les États-Unis — et 12 abstentions. Il condamne fermement les attaques du Hamas du 7 octobre 2023, exige le désarmement du groupe, la libération de tous les otages, et appelle à une action internationale collective pour mettre fin à la guerre à Gaza.

Intitulée officiellement « Déclaration de New York sur le règlement pacifique de la question de Palestine et la mise en œuvre de la solution à deux États », la résolution a été présentée conjointement par l’Arabie saoudite et la France, avec le soutien préalable de la Ligue arabe et de 17 États membres de l’ONU.

Le texte souligne la nécessité de mettre fin à l’autorité du Hamas à Gaza, avec un transfert des armes à l’Autorité palestinienne, sous supervision internationale, dans le cadre d’une feuille de route vers une paix durable. Celle-ci inclut un cessez-le-feu, la création d’un État palestinien, le désarmement du Hamas, et une normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

L’ambassadeur de France, Jérôme Bonnafont, qui a présenté la résolution, l’a qualifiée de « feuille de route unique pour concrétiser la solution à deux États », soulignant l’engagement de l’Autorité palestinienne et des pays arabes en faveur de la paix et de la sécurité. Il a aussi insisté sur l’urgence d’un cessez-le-feu immédiat et de la libération des otages.

Ce vote intervient à quelques jours d’un sommet de haut niveau de l’ONU, co-présidé par Riyad et Paris le 22 septembre, où le président Emmanuel Macron s’est engagé à reconnaître officiellement un État palestinien.

La représentante américaine, Morgan Ortagus, s’est vivement opposée à la résolution, la qualifiant de « coup de communication malvenu et malavisé » qui récompenserait le Hamas et nuirait aux efforts diplomatiques authentiques.

Elle a dénoncé la mention du « droit au retour » dans le texte, estimant qu’il menace le caractère juif de l’État d’Israël.

« Cette résolution est un cadeau au Hamas,» a déclaré Mme Ortagus, ajoutant que le désarmement du Hamas et la libération des otages étaient la clé de la fin de la guerre. Elle a exhorté les autres nations à se joindre aux États-Unis pour s'opposer à la déclaration.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Frappes ukrainiennes sur les raffineries et forte demande: en Russie, l'essence devient chère

Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg. (AFP)
Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg. (AFP)
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  • Mercredi, le média Izvestia évoquait des "interruptions d'approvisionnement" dans "plus de dix régions" de Russie, l'un des principaux producteurs de pétrole au monde
  • A Moscou, vitrine de la Russie, pas de pénurie mais une hausse qui a propulsé le litre de sans-plomb 95 à plus de 66 roubles (0,67 euro)

MOSCOU: "Doucement mais sûrement": Oleg fait le plein d'essence à Moscou et vitupère contre la hausse des prix nourrie par une demande accrue et les frappes ukrainiennes contre les infrastructures pétrolières, secteur clé de l'économie russe que les Occidentaux veulent sanctionner.

"Tout le monde l'a remarqué", tonne Oleg, retraité de 62 ans: les prix des carburants vont crescendo à la pompe. Au 1er septembre, l'essence au détail coûtait 6,7% de plus que fin 2024, selon Rosstat, l'agence nationale des statistiques.

Ce renchérissement s'inscrit dans un contexte de hausse générale des prix, avec une inflation annuelle qui a été de 8,14% en août, à l'heure où la Russie intensifie l'offensive qu'elle a lancée en 2022 en Ukraine.

Début septembre, le prix de la tonne d'AI-95, l'un des carburants sans-plomb les plus populaires en Russie, s'est envolé pour atteindre plus de 82.000 roubles (environ 826 euros), tutoyant des records, selon les données de la bourse de Saint-Pétersbourg.

Et depuis le début de l'été, les réseaux sociaux sont saturés de vidéos montrant des files d'attente devant les stations-service de l'Extrême-Orient russe, en Crimée - région que la Russie a annexée au détriment de Kiev en 2014 -, et dans certaines régions du sud proches de l'Ukraine, pour cause de pénurie.

Mercredi, le média Izvestia évoquait des "interruptions d'approvisionnement" dans "plus de dix régions" de Russie, l'un des principaux producteurs de pétrole au monde.

Raffineries frappées 

A Moscou, vitrine de la Russie, pas de pénurie mais une hausse qui a propulsé le litre de sans-plomb 95 à plus de 66 roubles (0,67 euro). Ce prix, qui reste bien inférieur à ceux affichés dans de nombreux pays européens, surprend le consommateur russe, habitué à ne pas payer cher l'essence et au revenu moyen moindre.

Artiom, un Moscovite qui ne souhaite pas donner son nom de famille, observe cette augmentation "depuis le début de l'année". "Pour des personnes ordinaires, 300 ou 400 roubles en plus par plein (3 à 4 euros, ndlr), cela commence à être sensible", dit-il.

Sur le site Gazeta.ru, Igor Iouchkov, analyste au Fonds national de sécurité énergétique, met en avant l'augmentation d'"environ 16%" du droit d'accise (impôt indirect) depuis le 1er janvier et la baisse de subsides versés aux compagnies pétrolières.

Car, comme l'explique à l'AFP Sergueï Teriochkine, expert en questions énergétiques, "plus les subventions sont faibles, plus la rentabilité est faible", ce qui pousse les pétroliers à "répercuter" ces pertes sur les prix au détail.

La demande a, elle, été dopée par les départs en vacances et les engins agricoles.

Restent - surtout - les frappes contre les raffineries et dépôts de pétrole que l'Ukraine a multipliées afin de toucher Moscou au portefeuille et d'entraver sa capacité à financer son offensive.

"Les frappes ont ciblé de grandes raffineries dans la partie européenne de la Russie", notamment dans les régions de Samara, Riazan, Volgograd et Rostov, énumère Alexandre Kots, journaliste russe spécialiste des questions militaires, sur Telegram.

"Ce n'est rien!" 

L'une de ces attaques, à la mi-août, a touché la raffinerie de Syzran, dans la région de Samara, selon l'état-major ukrainien. Le complexe se trouve à plus de 800 km de la frontière ukrainienne. Il est présenté par Kiev comme le "plus important du système Rosneft", géant russe des hydrocarbures.

Moscou n'a pas quantifié l'impact de ces frappes, mais dans le journal Kommersant, l'analyste Maxime Diatchenko parle d'une baisse de la production "de près de 10%" depuis le début de l'année.

"C'est rien!", assure Alexandre, un homme d'affaires moscovite, après avoir rempli le réservoir de sa berline allemande. "Une frappe, deux frappes, trois frappes, ça n'est rien pour le marché en général ou pour les prix".

"Le pays a besoin d'argent. L'augmentation du prix de l'essence, c'est une façon d'augmenter le revenu de l'Etat", estime de son côté Vladimir, un Moscovite de 50 ans.

Pour tenter de stabiliser la situation, Moscou a prolongé une interdiction d'"exporter de l’essence pour les automobiles" jusque fin octobre.

La Russie reste par ailleurs un exportateur majeur de pétrole brut, des exportations que les Occidentaux entendent étouffer pour tarir une des principales sources de financement de l'offensive russe en Ukraine, pays qui compte l'Union européenne comme principale alliée.