RAMALLAH: Les Palestiniens ont accueilli la nouvelle année avec deux morts et la démolition de deux maisons dans le village de Kafr Dan, près de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, selon des sources officielles palestiniennes.
Le ministère palestinien de la Santé a confirmé la mort de deux jeunes hommes, Mohammed Hoshieh et Fouad Abed.
M. Hoshieh, 22 ans, a reçu une balle dans la poitrine alors que M. Abed, 25 ans, a été touché au niveau de l’abdomen et de la cuisse lors de l’invasion israélienne de Kafr Dan, dans le gouvernorat de Jénine.
Ces deux meurtres à Jénine sont les premiers qui ont été signalés par le ministère palestinien de la Santé en 2023.
Trois autres citoyens blessés se trouvent dans un état critique.
Le drame s’est produit lors d’une opération israélienne dans le village de Kafr Dan destinée à démolir les maisons de deux Palestiniens impliqués dans le meurtre, à la mi-septembre 2022, d’un officier israélien près du point de passage de Jalame. Les deux hommes ont également trouvé la mort dans l’échange de feu.
L’année dernière a été la plus meurtrière dans le cadre du conflit palestino-israélien en Cisjordanie occupée et en Israël depuis le début des années 2000; plus de cent soixante-dix Palestiniens ont été tués en Cisjordanie, rapporte le ministère palestinien de la Santé.
Le Premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh, a condamné lundi dernier le meurtre des deux jeunes Palestiniens, qui, selon lui, reflète l’état d’esprit de leurs auteurs: ces derniers commettent leurs crimes sans craindre d’en être tenus responsables.
Par ailleurs, il tient les autorités d’occupation israéliennes pleinement responsables de toutes les répercussions qui pourraient résulter de leurs incursions et de leurs meurtres quotidiens.
Il appelle à prendre des mesures immédiates pour protéger les Palestiniens, demandant l’aide des pays qui ont voté en faveur d’un avis consultatif juridique de la Cour internationale de justice sur le droit du peuple palestinien à l’autodétermination.
Les forces israéliennes ont arrêté, lundi dernier à l’aube, dix-huit citoyens des villes cisjordaniennes de Hébron, Bethléem, Naplouse, Ramallah et Salfit.
Le ministère des Affaires étrangères de l’Autorité palestinienne a qualifié l’acte de terrorisme d’État organisé et met en lumière les tentatives continues d’Israël pour aggraver le conflit afin de rendre impossible une solution politique et d’imposer une approche militaire dans le traitement du peuple palestinien.
Le ministère confirme qu’il suit de près les crimes de l’occupation auprès des tribunaux internationaux spécialisés, y compris la Cour pénale internationale.
Le général de division Akram Rajoub, gouverneur de Jénine, déclare à Arab News que l’armée israélienne prévoit de poursuivre ses attaques contre le gouvernorat de Jénine en 2023 en recourant à la violence et à la démolition de maisons.
Il décrit la situation à Jénine comme très tendue, alors que la tristesse et la colère se sont emparées des citoyens.
La ville de Jénine, en Cisjordanie, est la plus ciblée par les forces israéliennes depuis plus d’un an, poursuit le général Rajoub.
Coïncidant avec le projet du politicien israélien Itamar ben Gvir de visiter le complexe de la mosquée Al-Aqsa cette semaine, les autorités de sécurité israéliennes ont convoqué le chef de l’Autorité islamique suprême et prédicateur de la mosquée Al-Aqsa, cheikh Ekrima Sabri, pour un interrogatoire lundi.
Le secrétaire général du comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine, Hussein al-Cheikh, décrit la menace posée par la visite du politicien sur le site en tant que ministre de la Sécurité comme la première étape de ce gouvernement et de sa politique d’occupation. Il ajoute que cette décision «éhontée» nécessite une réponse palestinienne, arabe et internationale à sa mesure.
Le Hamas a informé les médiateurs égyptiens qu’il ne resterait pas passif face à l’action provocatrice et agressive d’Itamar ben Gvir et qu’une telle mesure aggraverait les tensions.
Les Palestiniens, quant à eux, sont profondément touchés par le message du prisonnier palestinien Karim Younis, qui sera libéré le 5 janvier après avoir purgé une peine de quarante ans dans les geôles israéliennes.
Dans sa lettre, M. Younis fait ses adieux à la cellule dans laquelle il a vécu la majeure partie de son incarcération ainsi qu’à ses camarades qui resteront sur place et il évoque ses incertitudes au sujet de sa transition vers la liberté après quarante ans de détention.
M. Younis est né dans le village d’Ara et a été arrêté le 6 janvier 1983.
Khaled al-Azraq, de Bethléem, qui a passé cinq ans avec M. Younis de 2008 à 2013, déclare à Arab News que le message touchant de M. Younis témoigne de ses convictions dans la lutte du peuple palestinien et de sa tristesse d’avoir passé des décennies en prison.
M. Al-Azraq décrit son ami comme un homme modeste et éduqué qui entretient de bonnes relations avec tous ses collègues des différentes organisations palestiniennes et qui est respecté de tous.
M. Younis a perdu ses parents alors qu’il était en prison.
Il fait partie des vingt-cinq prisonniers palestiniens détenus par Israël avant la signature des accords d’Oslo, en 1993.
Israël avait refusé pendant des décennies de libérer ces prisonniers malgré plusieurs accords d’échange et des libérations massives.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com