Le fonds H2O «conteste» l'amende record de l'AMF et va saisir le Conseil d'Etat

L'AMF avait souligné "la gravité des manquements", "l'implication des dirigeants dans la commission de ceux-ci" ainsi que le "préjudice subi par les investisseurs résultant en particulier du blocage de leur épargne." (Photo : Site officiel de l'AMF).
L'AMF avait souligné "la gravité des manquements", "l'implication des dirigeants dans la commission de ceux-ci" ainsi que le "préjudice subi par les investisseurs résultant en particulier du blocage de leur épargne." (Photo : Site officiel de l'AMF).
Short Url
Publié le Mercredi 04 janvier 2023

Le fonds H2O «conteste» l'amende record de l'AMF et va saisir le Conseil d'Etat

  • La Commission des sanctions de l'AMF avait décidé de sanctionner H2O et ses deux fondateurs avec une amende d'un montant total record: 75 millions d'euros
  • L'AMF avait souligné «la gravité des manquements», «l'implication des dirigeants dans la commission de ceux-ci» ainsi que le «préjudice subi par les investisseurs résultant en particulier du blocage de leur épargne»

PARIS : La société de gestion H2O a annoncé mercredi qu'elle allait déposer un recours devant le Conseil d'Etat contre l'amende record de 93 millions d'euros infligée la veille par l'Autorité des marchés financiers (AMF), qu'elle "conteste vigoureusement".

"La sanction est disproportionnée au regard du dossier" et "aucune erreur intentionnelle n’a été commise", estime dans un communiqué le gestionnaire d'actifs, à qui le gendarme boursier reproche notamment la violation des règles de protection de l'intérêt des investisseurs.

Mardi, la Commission des sanctions de l'AMF avait décidé de sanctionner H2O et ses deux fondateurs avec une amende d'un montant total record: 75 millions d'euros pour la société britannique détenue encore en partie par la banque française Natixis, 15 millions d'euros pour Bruno Crastes, son directeur général, et 3 millions d'euros pour Vincent Chailley, directeur des investissements.

L'AMF avait souligné "la gravité des manquements", "l'implication des dirigeants dans la commission de ceux-ci" ainsi que le "préjudice subi par les investisseurs résultant en particulier du blocage de leur épargne."

M. Crastes, qui s'est vu interdire pendant cinq ans d'occuper des fonctions de dirigeant et de gérant de fonds en France et dans l'Union européenne, quitte son poste de directeur général mais "reste au sein de la société en tant que directeur de la stratégie 'corporate' et marchés", a annoncé H2O.

Loïc Guilloux, jusqu'ici codirecteur général, assumera seul ces responsabilités, précise la société dans son communiqué.

La sanction record marque une nouvelle étape dans le feuilleton de H2O, gérant d'actifs aux performances exceptionnelles avant qu'il ne chute brutalement à partir de 2019 à la suite d'un article du Financial Times mettant en doute la qualité de certains des placements proposés.

La précédente plus lourde sanction infligée par l'AMF était jusqu'alors celle de 35 millions d'euros prononcée à l'encontre de Natixis en 2017. Elle avait été ramenée par le Conseil d'Etat à 20 millions d'euros.


Macron fustige les «bourgeois des centres-villes» qui financent «parfois» le narcotrafic

Short Url
  • Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international"
  • La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic

PARIS: Le président Emmanuel Macron a estimé mercredi lors du Conseil des ministres que ce sont "parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants", selon des propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon lors de son compte-rendu.

Le chef de l'État a appuyé "l'importance d'une politique de prévention et de sensibilisation puisque, je reprends ses mots, +c'est parfois les bourgeois des centres-villes qui financent les narcotrafiquants+", a précisé Maud Bregeon, ajoutant: "on ne peut pas déplorer d'un côté les morts et de l'autre continuer à consommer le soir en rentrant du travail".

Emmanuel Macron a également insisté sur "la nécessité d'avoir une approche interministérielle du très local à l'international". La question est au centre du débat public depuis l'assassinat jeudi à Marseille de Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic.

 


Amiante dans les écoles: plus de 50 personnes et sept syndicats portent plainte à Marseille

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire. (AFP)
Short Url
  • "La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu
  • Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent"

MARSEILLE: Ils sont parents d'élèves, enseignants, agents municipaux: une cinquantaine de personnes, toutes exposées à l'amiante dans des écoles des Bouches-du-Rhône, vont déposer mercredi à Marseille une plainte contre X pour "mise en danger délibérée de la vie d'autrui".

Sept syndicats et trois associations de victimes de l'amiante sont aussi plaignants dans ce dossier, qui concerne 12 établissements scolaires, la plupart à Marseille.

"La grande majorité des établissements scolaires en France, construits avant son interdiction en 1997, présentent encore à ce jour de l’amiante dans de nombreux éléments du bâti", rappelle dans un communiqué l'avocate Julie Andreu, qui représente ces plaignants d'une douzaine d'établissements scolaires et dont la plainte va être déposée à 14h.

Or, la vétusté de certains d'entre eux aggrave l'exposition à l'amiante et selon l'avocate, "les responsables concernés (collectivités locales) n’ont pas pris les mesures qui s’imposent".

Classée cancérogène, l'amiante présente des risques pour la santé principalement par inhalation, lorsque les poussières pénètrent le système respiratoire.

"Une collègue est décédée en avril 2024 des suites d’un cancer lié à l’amiante, reconnu comme maladie professionnelle", a expliqué dans un dossier de presse le collectif stop amiante éducation, dans lequel sont réunis les syndicats et associations plaignants.

Le collectif dénonce "de nombreuses défaillances", notamment une absence d'information sur l'amiante, malgré les obligations réglementaires, ou encore une absence de protection pendant les travaux.

En mars, les syndicats enseignants avaient révélé que plus de 80% des bâtiments scolaires en France étaient potentiellement concernés par la présence d'amiante.

Un rapport du Haut Conseil de la Santé Publique publié en 2014, prévoit que d’ici 2050, 50.000 à 75.000 décès par cancer du poumon dus à l’amiante aient lieu, auxquels s’ajoutent jusqu'à 25.000 décès par mésothéliome (un autre type de cancer).

 


Assassinat de Mehdi Kessaci: «Non, je ne me tairai pas» face au narcotrafic, dit son frère dans une tribune au Monde

Short Url
  • "Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic"
  • "On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement"

PARIS: "Non, je ne me tairai pas" face au narcotrafic, a déclaré mercredi dans une tribune publiée dans le journal Le Monde Amine Kessaci, le frère de Mehdi, abattu jeudi à Marseille par deux personnes à moto.

"Je dirai et répéterai que mon frère Mehdi est mort pour rien. Je dirai la violence du narcotrafic", a également écrit le militant écologiste de 22 ans, engagé dans la lutte contre le narcobanditisme. En 2020, cette famille de six enfants avait déjà été endeuillée par l'assassinat d'un autre de ses frères, Brahim, 22 ans, dont le corps avait été retrouvé carbonisé dans un véhicule.

"On me parle de crime d’avertissement. Mais un crime n'est jamais un avertissement", a encore déclaré Amine Kessaci, qui a enterré mardi son frère Mehdi. "Voici ce que font les trafiquants : ils tentent d’annihiler toute résistance, de briser toute volonté, de tuer dans l’œuf tout embryon de révolte pour étendre leur pouvoir sur nos vies", a-t-il ajouté.

La protection policière qui lui a été accordée ne l'a pas été à ses proches, a souligné le militant écologiste de 22 ans. "Pourtant, qui ignorait que ma famille avait déjà payé un tribut de sang? Comment ne pas savoir que ma famille pouvait être touchée ?", s'est-il interrogé.

"Face à un tel ennemi, l’Etat doit prendre la mesure de ce qu'il se passe et comprendre qu'une lutte à mort est engagée", a-t-il encore prévenu.

"Il est temps d’agir, par exemple de faire revenir les services publics dans les quartiers, de lutter contre l’échec scolaire qui fournit aux trafiquants une main-d’œuvre soumise, de doter les enquêteurs et les forces de police des moyens dont ils ont besoin, de renforcer, de soutenir réellement les familles de victimes du narcotrafic. Nous comptons nos morts, mais que fait l’Etat ?"

Medhi Kessaci, 20 ans, a été assassiné jeudi à Marseille près d'une salle de concert par deux hommes à moto, activement recherchées, un "crime d'intimidation" et "un assassinat d'avertissement" pour les autorités.