Au procès d'un duo accusé d'un projet d'attentat, la diatribe de l'un et le silence de l'autre

Raphaël Kempf, l'avocat de l'un des accusés, déplore une juridiction d'exception (Photo, AFP).
Raphaël Kempf, l'avocat de l'un des accusés, déplore une juridiction d'exception (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 06 janvier 2023

Au procès d'un duo accusé d'un projet d'attentat, la diatribe de l'un et le silence de l'autre

  • Clément Baur, 29 ans, et Mahiedine Merabet, 35 ans, vont répondre pendant quatre semaines devant la cour d'assises spéciale de Paris de ce projet d'attaque
  • Après quatre ans d'investigations, des mystères demeurent sur les cibles envisagées par le duo

PARIS: Un silence lourd à une extrémité du box, une longue diatribe contre la "justice partiale" à l'autre. Deux hommes radicalisés, interpellés à cinq jours de la présidentielle de 2017 pour un projet d'attentat "imminent", ont marqué jeudi leurs différences à l'ouverture de leur procès.

Clément Baur, 29 ans, et Mahiedine Merabet, 35 ans, vont répondre pendant quatre semaines devant la cour d'assises spéciale de Paris de ce projet d'attaque, déjoué avec leur arrestation le 18 avril 2017 à Marseille et la saisie notamment de quatre armes et d'explosifs.

Dix autres hommes ont été renvoyés à leurs côtés, accusés de les avoir aidés à se procurer les armes, un fusil-mitrailleur et trois pistolets automatiques. L'un des accusés, un Tchétchène de 30 ans absent à l'audience sans "excuse valable", sera jugé par défaut.

Après quatre ans d'investigations, des mystères demeurent sur les cibles envisagées par le duo, mais également sur ce qui a pu pousser Clément Baur et Mahiedine Merabet, codétenus quelques semaines en 2015, à s'associer.

Clément Baur, converti à l'islam à l'adolescence et as de la dissimulation qui s'est longtemps fait passer pour un réfugié du Caucase, a passé les premières heures de son procès la tête baissée dans le box. Avare de mots, il ne consent qu'à décliner, d'un maigre filet de voix, son identité.

De l'autre côté du box, Mahiedine Merabet, délinquant multirécidiviste, semble avoir plein de choses à dire. Quand la cour l'invite à faire une déclaration liminaire, il brandit une liasse de feuilles et demande à l'utiliser pour mieux "structurer (ses) pensées".

Apparences trompeuses
Chemise blanche et barbe finement taillée, il lit derrière ses lunettes son texte, dans lequel il explique notamment avoir "décidé de prendre le dur chemin de la franchise", même s'il "se peut que la vérité dérange".

"Je dois vous faire un terrible aveu, je n'ai aucune confiance en la justice de mon pays", surtout "quand entrent en jeu les questions relatives à la politique, à l'idéologie et à la guerre", déclare Mahiedine Merabet.

De la même voix hachée, il s'en prend ensuite aux "apparences trompeuses", au "concept fumeux de terrorisme" et à "l'islamophobie dont il est question dans ce procès".

"Moi, Mahiedine Merabet, me considère de fait comme un prisonnier politique musulman. Je n'ai que peu d'illusions quant à l'issue de ce procès et me réserve de peu y participer ou de la manière que je trouverai la plus appropriée", conclut-il après une dizaine de minutes.

Entendu à sa suite, un expert psychologue qui l'a examiné souligne avoir été frappé par le "narcissisme" de Mahiedine Merabet.

Maltraité dans sa toute petite-enfance par sa mère, confié à ses grands-parents puis placé dans divers foyers, l'accusé a connu un parcours semé d'embûches et plusieurs incarcérations.

Dans la soirée, Mahiedine Merabet s'est abstenu de répondre à l'essentiel des questions sur ce parcours de vie, estimant qu'elles relevaient de "l'intime". "Mes malheurs, c'est pas la peine, c'est personnel", a-t-il affirmé.

La personnalité "atypique" de Clément Baur sera examinée vendredi.

Loi du talion
Au cours de l'instruction, Mahiedine Merabet a contesté tout projet d'attentat meurtrier. Il a justifié la présence de plus de 3,5 kg de TATP (un explosif instable prisé des jihadistes) dans l'appartement marseillais qu'il occupait avec Clément Baur par sa "passion de la chimie" et un "projet de revente".

Son coaccusé avait été moins prolixe. Mais dans des conversations interceptées lors de parloirs, il revendiquait son adhésion au groupe Etat islamique (EI), clamait sa haine de la France.

Clément Baur tient également Mahiedine Merabet responsable de leur arrestation et de l'échec de leur projet, lui reprochant d'avoir communiqué avec des policiers cyber-infiltrés.

C'est notamment la recherche début avril 2017 par Mahiedine Merabet d'un contact pour transmettre à l'EI une vidéo de revendication, puis un envoi à un agent de la DGSI opérant sous pseudonyme d'un montage montrant une composition réalisée à l'aide de munitions pour écrire "la loi du talion" qui avaient mis les enquêteurs sur la piste du duo.

Clément Baur encourt trente ans de réclusion criminelle, la peine maximale prévue pour le crime d'association de malfaiteurs terroriste. Mahiedine Merabet encourt lui la perpétuité, étant en état de récidive légale.

Verdict attendu le 3 février.


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.