La junte malienne gracie les 49 soldats ivoiriens arrêtés en juillet

Bamako a accusé ces soldats ivoiriens d'avoir voyagé sous de fausses identités et avec des armes sans que les autorités n'aient été informées (Photo, AFP).
Bamako a accusé ces soldats ivoiriens d'avoir voyagé sous de fausses identités et avec des armes sans que les autorités n'aient été informées (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 07 janvier 2023

La junte malienne gracie les 49 soldats ivoiriens arrêtés en juillet

  • Ces soldats ivoiriens avaient été arrêtés au Mali, qualifiés de «mercenaires», puis inculpés mi-août de «tentative d'atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat» et écroués
  • «Le colonel Assimi Goïta, président de la Transition, Chef de l'Etat, a accordé sa grâce avec remise totale de peines aux 49 ivoiriens condamnés par la justice malienne»

BAMAKO: Le chef de la junte malienne, le colonel Assimi Goïta, a gracié vendredi les 49 soldats ivoiriens arrêtés en juillet et condamnés par la justice malienne, après des mois de tensions entre Bamako et Abidjan.

Ces soldats ivoiriens avaient été arrêtés au Mali, qualifiés de "mercenaires", puis inculpés mi-août de "tentative d'atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat" et écroués. Trois d'entre eux, des femmes, avaient été libérées à la mi-septembre.

Le 30 décembre, la justice malienne avait condamné ces femmes à la peine de mort par contumace, et les 46 soldats toujours détenus à vingt ans de réclusion criminelle.

"Le colonel Assimi Goïta, président de la Transition, Chef de l'Etat, a accordé sa grâce avec remise totale de peines aux 49 ivoiriens condamnés par la justice malienne", selon un communiqué diffusé vendredi soir par le porte-parole du gouvernement, le colonel Abdoulaye Maiga.

Le texte précise que ces soldats avaient été condamnés pour "crimes d'attentat et de complot contre le gouvernement, atteinte à la sûreté extérieure de l'Etat, détention, port et transport d’armes et de munitions de guerre ou de défense intentionnellement en relation avec une entreprise individuelle et collective ayant pour but de troubler l’ordre public par l’intimidation ou la terreur".

Bamako a accusé ces soldats ivoiriens d'avoir voyagé sous de fausses identités et avec des armes sans que les autorités n'aient été informées.

Depuis juillet, la Côte d'Ivoire exigeait la libération de ses soldats en niant catégoriquement qu'ils aient été des "mercenaires", affirmant qu'ils étaient en mission pour l'ONU, dans le cadre d'opérations de soutien logistique à la Minusma.

La junte malienne a érigé cette affaire en manifestation de la souveraineté dont elle dit avoir fait un principe cardinal vis-à-vis de la France, poussée vers la sortie, de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cédéao) et même de la mission de stabilisation de l'ONU (Minusma).

«Relations d'amitié»

La grâce a été accordée une semaine après une visite à Bamako d'une délégation officielle ivoirienne, qui a rencontré les autorités maliennes dans une ambiance "fraternelle". Le ministre ivoirien de la Défense avait alors assuré que l'affaire était "en voie de résolution".

La grâce vient "conforter la dynamique créée" par l'accord signé ce jour-là par les deux pays pour promouvoir "la paix" et le "renforcement des relations d’amitié, de fraternité et de bon voisinage" entre eux, souligne le communiqué malien.

Début décembre, les dirigeants des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) avaient fixé un ultimatum à la junte malienne, exigeant qu'elle libère avant le 1er janvier les 46 soldats ivoiriens toujours détenus, sous peine de sanctions.

La junte malienne a laissé passer ce délai. Dans son discours de fin d'année, le chef de la junte malienne n'avait pas mentionné les soldats ivoiriens. Au même moment, le président ivoirien Alassane Ouattara avait lui promis à ses concitoyens que les soldats incarcérés regagneraient "bientôt le sol ivoirien".

Mercredi, le président en exercice de la Cédéao s'était montré conciliant, assurant qu'il n'y aurait pas de sanctions contre le Mali dans l'immédiat malgré l'expiration de l'ultimatum, pour laisser la médiation togolaise travailler à la libération des 46 militaires ivoiriens.

Le président togolais Faure Gnassingbé était pendant ce temps en visite à Bamako, où "il a plaidé la grâce présidentielle", avait indiqué à l'AFP un responsable de la présidence malienne.

Dans ce dossier, l'ONU avait reconnu des "dysfonctionnements" dans une note adressée au gouvernement malien et admis que "certaines mesures n'ont pas été suivies".

La présidence ivoirienne avait elle aussi reconnu en septembre "des manquements et des incompréhensions", propos volontiers considérés du côté malien comme les excuses qu'il réclamait.

Mais les rapports s'étaient à nouveau tendus une semaine plus tard quand la junte avait ouvertement lié la libération des 46 soldats restants à l'extradition de personnalités maliennes vivant en Côte d'Ivoire.


Islamabad assure que le cessez-le-feu avec l'Afghanistan «tient»

Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères. (AFP)
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  • "Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu"
  • Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite

ISLAMABAD: Le cessez-le-feu entre Islamabad et Kaboul, prolongé jeudi à l'issue d'un cycle de négociations en Turquie "tient", a affirmé le ministère pakistanais des Affaires étrangères.

"Le cessez-le-feu tient mais toute provocation entraînera une riposte adaptée à la nature de la violation du cessez-le-feu", a assuré Tahir Andrabi, porte-parole de ce ministère. Un nouveau cycle de discussions est prévu à Istanbul le 6 novembre pour tenter d'instaurer une trêve durable à la frontière entre les deux pays après des affrontements d'une ampleur inédite.

 


Soudan: le Conseil de sécurité de l'ONU condamne «l'assaut» des paramilitaires sur El-Facher

Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils". (AFP)
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  • Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher"
  • El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir"

NATIONS-UNIES: Le Conseil de sécurité de l'ONU a condamné jeudi "l'assaut" des paramilitaires soudanais sur la ville d'El-Facher, au Darfour, et ses "impacts dévastateurs sur les civils".

Dans cette déclaration, le Conseil exprime sa "profonde inquiétude concernant l'escalade de la violence dans et autour d'El-Facher", dont les paramilitaires des Forces de soutien rapide viennent de prendre le contrôle, et condamne les "atrocités qu'auraient commises les FSR contre la population civile, y compris exécutions sommaires et détentions arbitraires".

El-Facher, dernière grande ville du Darfour qui échappait au contrôle des Forces de soutien rapide (FSR), "déjà le théâtre de niveaux catastrophiques de souffrance humaine, a plongé dans un enfer encore plus noir, avec des informations crédibles d'exécutions de masse" après l'entrée des paramilitaires, a dénoncé devant le Conseil de sécurité le chef des opérations humanitaires de l'ONU, Tom Fletcher.

"Nous ne pouvons pas entendre les cris, mais pendant que nous sommes assis ici, l'horreur se poursuit. Des femmes et des filles sont violées, des gens mutilés et tués, en toute impunité", a-t-il ajouté.

Mais "la tuerie n'est pas limitée au Darfour", a-t-il alerté, s'inquiétant notamment de la situation dans le Kordofan voisin.

"Des combats féroces au Kordofan-Nord provoquent de nouvelles vagues de déplacement et menacent la réponse humanitaire, y compris autour de la capitale El-Obeid".

Des informations font état "d'atrocités à large échelle commises par les Forces de soutien rapide à Bara, dans le Kordofan-Nord, après la récente prise de la ville", a également dénoncé Martha Ama Akyaa Pobee, sous-secrétaire générale de l'ONU chargée de l'Afrique.

"Cela inclut des représailles contre des soi-disant collaborateurs, souvent ethniquement motivées", a-t-elle déploré.

"Au moins 50 civils ont été tués ces derniers jours à Bara, à cause des combats et par des exécutions sommaires. Cela inclut l'exécution sommaire de cinq bénévoles du Croissant rouge", a-t-elle indiqué.

Le Kordofan "est probablement le prochain théâtre d'opérations militaires pour les belligérants", a-t-elle mis en garde.

"Des attaques de drones de la part des deux parties touchent de nouveaux territoires et de nouvelles cibles. Cela inclut le Nil Bleu, Khartoum, Sennar, le Kordofan-Sud et le Darfour-Ouest, ce qui laisse penser que la portée territoriale du conflit s'élargit", a ajouté la responsable onusienne.

Décrivant la situation "chaotique" à El-Facher où "personne n'est à l'abri", elle a d'autre part noté qu'il était difficile d'y estimer le nombre de victimes.

La guerre au Soudan a fait des dizaines de milliers de morts, des millions de déplacés et provoqué la pire crise humanitaire actuelle, selon l'ONU.

Elle a été déclenchée en avril 2023 par une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés: le général Abdel Fattah al-Burhane, commandant de l'armée et dirigeant de facto du Soudan depuis le coup d'Etat de 2021, et le général Mohamed Daglo, à la tête des FSR.


Ouragan Melissa: près de 50 morts dans les Caraïbes, l'aide afflue

Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
Un homme passe devant les débris d'une maison endommagée après le passage de l'ouragan Melissa dans le village de Boca de Dos Rios, province de Santiago de Cuba, Cuba, le 30 octobre 2025. (AFP)
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  • L’ouragan Melissa, le plus puissant à frapper la Jamaïque en près de 90 ans, a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque, laissant derrière lui des destructions massives et des centaines de milliers de sinistrés
  • L’aide internationale afflue vers les Caraïbes, avec des secours venus des États-Unis, du Venezuela, de la France et du Royaume-Uni, alors que les experts rappellent le rôle du réchauffement climatique dans l’intensification de ces catastrophes

CUBA: L'aide internationale afflue vendredi vers les Caraïbes dévastées par le passage de l'ouragan Melissa qui a fait près de 50 morts en Haïti et en Jamaïque.

Habitations en ruines, quartiers inondés et communications coupées... L'heure est à l'évaluation des dégâts causés par Melissa qui devrait désormais faiblir au dessus dans l'Atlantique nord après avoir passé les Bermudes.

Selon le Centre national américain des ouragans (NHC), les inondations devraient s'atténuer aux Bahamas, mais les crues pourraient demeurer à un niveau élevé à Cuba, en Jamaïque, en Haïti et en République dominicaine voisine.

Rendu plus destructeur par le réchauffement climatique, l'ouragan a été le plus puissant à toucher terre en 90 ans lorsqu'il a frappé la Jamaïque mardi en catégorie 5, la plus élevée sur l'échelle Saffir-Simpson, avec des vents d'environ 300 km/h.

"Le bilan confirmé est désormais de 19 morts" dont neuf à l'extrémité ouest de l'île, a déclaré jeudi soir la ministre jamaïcaine de l'Information Dana Morris Dixon, citée par les médias locaux.

De nombreux habitants n'ont toujours pas pu contacter leurs proches, ont expliqué les autorités. L'armée jamaïcaine s'emploie à dégager les routes bloquées, selon le gouvernement.

"Il y a eu une destruction immense, sans précédent, des infrastructures, des propriétés, des routes, des réseaux de communication et d'énergie", a déclaré depuis Kingston Dennis Zulu, coordinateur pour l'ONU dans plusieurs pays des Caraïbes. "Nos évaluations préliminaires montrent que le pays a été dévasté à des niveaux jamais vus auparavant".

- Melissa "nous a tués" -

A Haïti, pas directement touché par l'ouragan mais victime de fortes pluies, au moins 30 personnes, dont dix enfants, sont mortes, et 20 portées disparues, selon le dernier bilan des autorités communiqué jeudi. Vingt-trois de ces décès sont dus à la crue d'une rivière dans le sud-ouest du pays.

A Cuba, les communications téléphoniques et routières restent largement erratiques.

A El Cobre, dans le sud-ouest de l'île communiste, le son des marteaux résonne sous le soleil revenu: ceux dont le toit s'est envolé s'efforcent de réparer avec l'aide d'amis et de voisins, a constaté l'AFP.

Melissa "nous a tués, en nous laissant ainsi dévastés", a déclaré à l'AFP Felicia Correa, qui vit dans le sud de Cuba, près d'El Cobre. "Nous traversions déjà d'énormes difficultés. Maintenant, évidement, notre situation est bien pire."

Quelques 735.000 personnes avaient été évacuées, selon les autorités cubaines.

- Secouristes -

L'aide promise à l'internationale s'achemine dans la zone dévastée.

Les États-Unis ont mobilisé des équipes de secours en République dominicaine, en Jamaïque et aux Bahamas, selon un responsable du département d'État. Des équipes étaient également en route vers Haïti.

Le secrétaire d'État Marco Rubio a également indiqué que Cuba, ennemi idéologique, est inclus dans le dispositif américain.

Le Venezuela a envoyé 26.000 tonnes d'aide humanitaire à son allié cubain.

Le président du Salvador Nayib Bukele a annoncé sur X envoyer vendredi "trois avions d'aide humanitaire en Jamaïque" avec "plus de 300 secouristes" et "50 tonnes" de produits vitaux.

Kits de première nécessité, unités de traitement de l'eau: la France prévoit de livrer "dans les prochains jours" par voie maritime une cargaison d'aide humanitaire d'urgence en Jamaïque, selon le ministère des Affaires étrangères.

Le Royaume-Uni a débloqué une aide financière d'urgence de 2,5 millions de livres (2,8 millions d'euros) pour les pays touchés.

Le changement climatique causé par les activités humaines a rendu l'ouragan plus puissant et destructeur, selon une étude publiée mardi par des climatologues de l'Imperial College de Londres.

"Chaque désastre climatique est un rappel tragique de l'urgence de limiter chaque fraction de degré de réchauffement, principalement causé par la combustion de quantités excessives de charbon, de pétrole et de gaz", a déclaré Simon Stiell, secrétaire exécutif de l'ONU chargé du changement climatique, alors que la grande conférence climatique des Nations unies COP30 s'ouvre dans quelques jours au Brésil.

Avec le réchauffement de la surface des océans, la fréquence des cyclones (ou ouragans ou typhons), les plus intenses augmente, mais pas leur nombre total, selon le groupe d'experts du climat mandatés par l'ONU, le Giec.