Paris tente l'apaisement avec le Burkina Faso, «n'impose rien»

Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d'État auprès de la ministre française des Affaires étrangères, à l'hôtel de Matignon, à Paris, le 2 décembre 2022. (Photo, AFP)
Chrysoula Zacharopoulou, secrétaire d'État auprès de la ministre française des Affaires étrangères, à l'hôtel de Matignon, à Paris, le 2 décembre 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 10 janvier 2023

Paris tente l'apaisement avec le Burkina Faso, «n'impose rien»

  • Chrysoula Zacharopoulou «a rappelé que la France est un partenaire constant, engagé aux côtés du Burkina Faso dans le plein respect de sa souveraineté», a souligné le ministère des Affaires étrangères
  • Ces derniers mois, Paris n'a cessé de répéter que la France était disposée à poursuivre le partenariat avec Ouagadougou, en particulier dans le domaine militaire, à condition que ce partenariat soit souhaité par les Burkinabè

OUAGADOUGOU: Chrysoula Zacharopoulou, membre du gouvernement français, a rencontré mardi à Ouagadougou le président de transition du Burkina Faso Ibrahim Traoré pour décrisper les relations avec ce pays en proie aux violences jihadistes, affirmant que "la France n'impose rien". 

La secrétaire d'Etat auprès de la ministre française des Affaires étrangères, chargée notamment du développement, a rencontré pendant près de deux heures le capitaine Traoré, arrivé au pouvoir à la faveur d'un coup d'Etat fin septembre. 

"La France n'impose rien, elle est disponible pour inventer un avenir ensemble", a-t-elle déclaré à l'issue de cet entretien. "Je ne suis venue ici influencer aucun choix ni aucune décision, personne ne peut dicter ses choix au Burkina" et "nous sommes convenus avec le président Traoré d'avancer ensemble dans cet état d'esprit". 

"En cohérence avec ce message, la France reste engagée sur tous les plans (humanitaire, sécuritaire, développement), au degré et dans les formes que souhaiteront les autorités burkinabè", a affirmé Mme Zacharopoulou. 

Selon elle, "la France est en mesure de faire moins ou de faire plus, elle est aussi et surtout capable de faire différemment, dans l'écoute, le respect, l'humilité, car (...) c'est une attente qui est exprimée, avec force ici". 

Cette visite intervient au moment où la France, ex-puissance coloniale est contestée au Burkina Faso et alors que la question d'un rapprochement avec la Russie se pose dans ce pays déstabilisé par les violences jihadistes depuis 2015. 

La semaine dernière, le ministère français des Affaires Etrangères a confirmé avoir reçu une lettre de la junte burkinabè demandant le remplacement de l'ambassadeur de France au Burkina Faso, Luc Hallade. 

Le diplomate, en poste depuis septembre 2019, est dans le collimateur des autorités après avoir fait état de la dégradation de la situation sécuritaire au Burkina. 

"Les autorités ont demandé de nouvelles voix, de nouveaux visages. Nous sommes convenus de traiter de sujet en bonne entente et dans la forme diplomatique", a commenté mardi Mme Zacharopoulou. 

En octobre, plusieurs centaines de personnes avaient manifesté pour exiger le retrait de la France de ce pays sahélien, qui héberge un contingent de près de 400 forces spéciales françaises. 

Puis, le 18 novembre, une autre manifestation contre la présence française s'était déroulée devant l'ambassade de France à Ouagadougou avant de se déplacer vers la base militaire de Kamboisin, en périphérie de la capitale, où sont stationnées les forces spéciales de l'opération Sabre, chargées de traquer les chefs jihadistes au Sahel. 

« Être souverains » 

Le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, n'avait pas écarté un départ du pays de ces forces, tout en rappelant que "Sabre a eu un rôle clé ces dernières années dans la lutte contre le terrorisme au Sahel". 

Cette priorité stratégique depuis près d'une décennie pour Paris, qui a déployé des milliers de militaires dans la région dans plusieurs opérations, est désormais confrontée à une hostilité croissante dans certains pays. 

Ces derniers mois, Paris n'a cessé de répéter que la France était disposée à poursuivre le partenariat avec Ouagadougou, en particulier dans le domaine militaire, à condition que ce partenariat soit souhaité par les Burkinabè. 

Une condition clé pour le maintien ou non des forces spéciales, installées depuis 2011. "Rien n'est acté" à ce jour, a-t-on indiqué mardi au cabinet du ministère des Armées. 

Le précédent malien est d'ailleurs dans toutes les têtes. Après neuf ans de lutte antijihadiste, les militaires de l'ancienne puissance coloniale ont quitté le pays l'été dernier, poussés dehors par une junte hostile qui a fait appel aux Russes, via la sulfureuse société paramilitaire Wagner. 

Interrogée sur un éventuel appel des autorités de Ouagadougou à Wagner, Mme Zacharopoulou n'a pas souhaité "commenter des hypothèses ni parler à la place des autorités burkinabè". "Je dis simplement que chaque choix a ses conséquences", a-t-elle déclaré. 

La France, qui compte encore quelque 3.000 militaires au Sahel, après avoir mobilisé jusqu'à 5.500 hommes, a officiellement mis fin en novembre à son opération antijihadiste Barkhane, et s'est donné jusqu'au printemps pour finaliser sa nouvelle stratégie en Afrique. 

"Sur le plan international, nous n'avons forcément pas le même point de vue que tout le monde, mais nous avons décidé aussi d'être souverains", a déclaré le 5 janvier le capitaine Traoré. 

Le Burkina semble de plus en plus réticent à faire appel à l'aide militaire française. 

"La dernière sollicitation (des autorités burkinabè) remonte à juillet 2022", rappelle l'état-major français. Soit avant le coup d'Etat qui a renversé le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, lui-même arrivé par la force au pouvoir en janvier 2022 en renversant le président élu Roch Marc Christian Kaboré. 


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
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  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.