Au procès de l'attaque du Thalys, les passagers racontent comment ils ont maîtrisé le tireur

Un passager secouru à Arras, dans le nord de la France, le 21 août 2015, après qu’un homme armé a ouvert le feu sur un TGV Thalys voyageant d'Amsterdam à Paris. (Rafael Benamran/AFP)
Un passager secouru à Arras, dans le nord de la France, le 21 août 2015, après qu’un homme armé a ouvert le feu sur un TGV Thalys voyageant d'Amsterdam à Paris. (Rafael Benamran/AFP)
Short Url
Publié le Vendredi 20 novembre 2020

Au procès de l'attaque du Thalys, les passagers racontent comment ils ont maîtrisé le tireur

  • Au procès de l'attentat déjoué du Thalys en août 2015, les passagers ont raconté jeudi une attaque qui aurait pu tourner au "carnage" sans leur intervention
  • Ayoub El Khazzani, 25 ans à l'époque, était torse nu, kalachnikov à la main, un sac à dos rempli de près de 300 munitions ouvert sur le ventre

PARIS : "Je pensais qu'il allait me mettre une balle dans la tête". Au procès de l'attentat déjoué du Thalys en août 2015, les passagers ont raconté jeudi une attaque qui aurait pu tourner au "carnage" sans leur intervention.

Ce 21 août 2015 en fin d'après-midi, Mark Moogalian, professeur d'anglais à la Sorbonne de 51 ans, revient d'un séjour à Amsterdam avec sa femme et leur petit chien. "J'ai aperçu quelqu'un entrer aux toilettes avec sa valise. J'ai trouvé ça un peu étrange parce que les toilettes sont tellement petites", raconte-t-il à la barre dans son accent américain.

Il va voir. Dans le sas, Damien A., 28 ans, qui rejoint sa compagne à Paris pour le week-end, patiente devant les toilettes.

La porte s'ouvre très lentement. En sort un homme "1,85 m, athlétique", un regard à la fois "déterminé et hagard", dira Damien A. Le président lit ses dépositions à l'audience ; encore très marqué, il n'a pas voulu venir.

Ayoub El Khazzani, 25 ans à l'époque, est torse nu, kalachnikov à la main, un sac à dos rempli de près de 300 munitions ouvert sur le ventre.

"On est en août 2015, vous pensez à un attentat ?", demande le président. "Non", répond M. Moogalian, costume noir et chemise blanche. "Peut-être à un déguisement". Damien A. imagine lui "une caméra cachée", avant de comprendre : "Je me suis jeté dessus, en lui serrant le cou avec mes deux mains autant que je pouvais". 

Contrôleur depuis 30 ans à la SNCF, Michel B., cheveux grisonnants, croit à une bagarre entre passagers. "Je me suis mis au milieu pour les séparer et j'ai vu que l'un d'eux tenait une arme", raconte-t-il. El Khazzani en profite pour se dégager. "Il s'est retourné et il m'a mis en joue. Je crois que son arme ne marchait plus parce qu'il n'a pas tiré", dit Damien A.

M. Moogalian crie à sa femme de s'enfuir. "Je suis partie mais pas loin, je me suis dit +Je veux mourir avec mon mari", raconte-t-elle en pleurs à la barre. Elle croise le regard plein de "terreur" d'une autre passagère, se demande pourquoi elle se cache puisqu'"on va tous mourir de toutes façons".

La suite pour Mark Moogalian, "est un peu flou", s'excuse-t-il. Mais "j'ai fini par m'emparer de l'arme. Je dis +I've got the gun+, j'ai l'arme. J'ai fait trois pas et on m'a tiré dans le dos".

"Et puis, rien"

El Khazzani a sorti son pistolet. Mark Moogalian rampe sous un siège. "Je me dis, j'ai raté mon coup, ça va être une catastrophe". Al Khazzani marche vers lui pour récupérer sa kalachnikov. "Je pensais qu'il allait me mettre une balle dans la tête. J'attendais. Et puis, rien". Dans le box, El Khazzani regarde dans le vague.

"Pourquoi il ne vous a pas achevé ?", demande Sarah Mauger-Poliak, l'avocate d'El Khazzani. "Parce que l'arme ne fonctionnait pas", répond Moogaliann, qui décrit les "déclics métalliques" entendus.

Il voit ensuite "un corps voler dans les airs": "C'était Spencer Stone".

Soldat de l'armée de l'air américaine de 23 ans, Spencer Stone se jette sur El Khazzani, réussit à le désarmer et à le maîtriser, avec l'aide d'amis qui voyageaient avec lui et d'autres passagers.

La balle qui a touché Mark Moogalian est ressortie par le cou. "La moquette du Thalys était devenue noire de sang et je ne savais pas quoi faire", dit sa femme entre deux sanglots. Spencer Stone lui prodigue les premiers soins avant l'arrivée des secours. "Il m'a sauvé la vie", dit le professeur d'anglais.

Spencer Stone devait être entendu par la cour dans l'après-midi mais a dû être hospitalisé après un malaise, à son arrivée à l'aéroport de Roissy mercredi. Ses deux amis américains témoigneront plus tard dans la journée et vendredi.

"Vous pensez qu'El Khazzani était là pourquoi?", interroge l'avocat de M. Moogalian, Thibault de Montbrial. "Je pense qu'il était là pour tuer tout le monde." 

"Si mon client peut s'adresser au témoin, il attend ce moment depuis longtemps" demande à la cour l'avocate d'El Khazzani. C'est Mark Moogalian qui répond: "Je n'accepte pas".

 


Macron et von der Leyen inciteront lundi les chercheurs étrangers à choisir l'Europe

Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron accueille la présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen à son arrivée au sommet de la « coalition des volontaires » au palais de l'Élysée, à Paris, le 27 mars 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques »
  • « Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

PARIS : À Paris, le président Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen participeront lundi à une conférence pour vanter les mérites de l'Europe auprès des chercheurs étrangers, notamment américains, confrontés à « un certain nombre de menaces », a annoncé l'Élysée mercredi.

Le président français clôturera cette conférence dans la prestigieuse université de la Sorbonne, « dédiée à la science, à l'attractivité de l'Union européenne, mais aussi plus largement à l'innovation, à la recherche et aux libertés académiques », ont affirmé ses services à la presse.

Le message de cette rencontre sera « très clair » : « Choose Science, Choose Europe ».

Selon son entourage, il s'agit de dire, « dans un moment où les libertés académiques connaissent un certain nombre de reculs ou de menaces, que l'Europe est un continent attractif et que l'innovation, l'attractivité, la science et la recherche sont des éléments essentiels pour la croissance européenne ».

Le chef de l'État aura à cette occasion un entretien avec la présidente de la Commission européenne, qui participera à la conférence. 

Le 18 avril, Emmanuel Macron avait donné rendez-vous le 5 mai aux chercheurs « du monde entier ». Sur le réseau X, il les avait invités à « choisir la France et l'Europe », dans une tentative d'attirer les chercheurs américains menacés par la politique de Donald Trump.

« Ici, en France, la recherche est une priorité, l’innovation est une culture et la science est un horizon sans limite », avait-il assuré.

Parallèlement, le gouvernement a lancé une plateforme baptisée « Choose France for Science », présentée comme « une première étape pour préparer l'accueil des chercheurs internationaux ».

Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche en janvier, chercheurs et universités sont dans le collimateur de son gouvernement et redoutent pour leur avenir, entre libertés académiques et de recherche menacées et financements réduits.

De plus en plus de chercheurs ou d'aspirants chercheurs réfléchissent donc à quitter le pays, considéré jusqu'ici comme le paradis de la recherche dans nombre de domaines.

En France, dès début mars, le ministre chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, a demandé aux universités de réfléchir à des moyens de les accueillir. 


« La France ne se définit ni par une race, ni par une religion », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le président français Emmanuel Macron regarde avant d'accueillir le Premier ministre belge pour un déjeuner de travail au palais présidentiel de l'Élysée à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Short Url
  • « La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République.
  • Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

AUBAGNE, FRANCE : lors d'une cérémonie militaire commémorant la bataille de Camerone, à Aubagne, où est basé le commandement de la Légion étrangère, Emmanuel Macron a affirmé  mercredi que « la France ne se définit ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée ».

« La France est une patrie de volonté et de bravoure qui ne se définit ni par le sang, ni par une race, ni par une religion, ni par une identité figée », a déclaré le président de la République devant plusieurs dizaines de légionnaires réunis pour commémorer la bataille de Camerone, qui s'est déroulée le 30 avril 1863 au Mexique.

« La France se définit par une volonté chaque jour recommencée d'accomplir de grandes choses avec une poignée de notre terre dans la main. Un rêve d'universel, un idéal, cette solidarité, cette fidélité à la patrie », a poursuivi M. Macron, qui s'est déplacé à Aubagne (Bouches-du-Rhône) pour commémorer cet événement fondateur de la Légion étrangère, célébré chaque année par tous les régiments. 

M. Macron a prononcé ce discours après avoir reçu mardi des représentants d'institutions musulmanes qui ont dénoncé le « climat islamophobe ambiant » et demandé au président de la République des « actes concrets » pour protéger les musulmans, après le meurtre d'un fidèle dans une mosquée du Gard.

À Aubagne, le président a passé en revue les troupes de la Légion étrangère, la force combattante de l'armée de terre qui compte plus de 9 500 hommes.

Près de 150 nationalités se côtoient au sein de la Légion étrangère, où les légionnaires sont commandés par des officiers français.

L'hymne national a été joué et deux avions Rafale ont survolé la cérémonie à laquelle ont assisté les élus locaux et plusieurs centaines de spectateurs.

La cérémonie de Camerone, qui est une fête de la Légion, commémore une bataille survenue à Camerone, dans l'État de Veracruz, dans l'est du Mexique, au cours de laquelle 62 légionnaires français ont résisté à 2 000 soldats mexicains lors de l'expédition française au Mexique. 

Le président Macron a décrit la bataille menée par une « poignée de légionnaires assiégés par 2 000 ennemis » qui ont « tenu une position pendant 11 heures », saluant une « histoire de courage insensé ».

Chargés de protéger le passage d'un convoi de ravitaillement pour les troupes françaises assiégeant la ville de Puebla, les légionnaires retranchés dans une hacienda du village de Camaron de Tejeda avaient fait le serment de se battre jusqu'à la mort.

Après une journée d'affrontement, les derniers encore en état de combattre refusèrent de se rendre et chargèrent les Mexicains à la baïonnette. 


Panneaux solaires, spatial, pharmacie : neuf projets d'usines reçoivent des subventions France 2030

Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Un employé de TotalEnergies devant des panneaux solaires et des éoliennes du parc éolien de La Perrière à Sainte-Suzanne sur l'île de la Réunion, le 22 janvier 2025. (Photo Richard BOUHET / AFP)
Short Url
  • Neuf nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.
  • Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines ».

PARIS : La giga-usine Holosolis de cellules photovoltaïques en Moselle, ainsi qu'un site de chimie verte en Martinique : 9 nouveaux projets d'usines au total vont recevoir des subventions à hauteur de 49 millions d'euros, a annoncé le gouvernement mercredi.

Ces aides publiques, issues du programme d'investissement France 2030, ont été accordées en réponse au septième appel d'offres lancé dans le cadre du dispositif « Premières usines », destiné à soutenir les projets d'ouverture d'usines des start-up et PME industrielles innovantes, indique un communiqué.

À l'exception d'un projet de ferme aquacole écoresponsable « Mangrove » en Bretagne et d'un projet de chimie verte SHB Biotech en Martinique pour la production d'ingrédients naturels à partir de co-produits agricoles, les projets retenus s'inscrivent géographiquement dans la moitié est de la France. 

L'usine de la société française Holosolis, annoncée en grande pompe lors du sommet Choose France de 2023 pour produire des cellules et modules photovoltaïques à Hambach en Moselle, figure sur la liste. Le montant de l'aide n'a pas été divulgué.

Holosolis, dont l'actionnaire principal est InnoEnergy (institut européen d'innovation et de technologie), est un consortium européen de partenaires engagés dans la transition énergétique et la réindustrialisation. Il réunit la société d'investissement immobilier Idec, l'industriel breton Armor Group, le spécialiste français de l'agrivoltaïsme TSE et le groupe allemand Heraeus. Son usine, un investissement de 851 millions d'euros susceptible de générer 1 700 emplois, a obtenu un permis de construire en janvier.

Autre projet soutenu : celui du groupe Bordet en Bourgogne Franche-Comté qui se lance dans la production de carbone végétal pour remplacer les matières fossiles dans l'industrie chimique ou la cimenterie, grâce à un procédé de pyrolyse. 

Un autre projet de chimie est soutenu : Separative (SEP30), une société auvergnate bardée de brevets qui propose des solutions innovantes pour réduire la consommation d'énergie et l'empreinte carbone de l'industrie pharmaceutique.

Dans le secteur de la santé, InBrain Pharma, également aidée, est basée dans les Hauts-de-France et développe une technologie de perfusion cérébrale (Percepar) permettant l'administration ciblée de médicaments pour corriger les troubles des maladies neurologiques. En Île-de-France, Vertikale propose une solution qui miniaturise les bioprocédés et simplifie la production de médicaments biologiques.

Dans le secteur spatial, France 2030 a accordé une subvention à la société Latitude, basée dans le Grand Est, qui développe un micro-lanceur (Zephyr).

Enfin, dans l'agroalimentaire, l'entreprise de biotechnologie Mycophyto, située à Grasse, qui développe des solutions biologiques (biostimulants, bio-intrants) pour tous types de cultures, reçoit également une subvention.