Loi immigration: la gauche veut prôner d'une voix l'accueil «inconditionnel»

"Il nous a paru important (...) de mettre en avant une politique d'accueil fondée sur des principes de solidarité et de fraternité", a expliqué devant la presse Guillaume Gontard, le président du groupe écologiste qui a organisé vendredi au Sénat un colloque sur les enjeux de "l'accueil et de l'accompagnement des personnes exilées" (Photo, AFP)
"Il nous a paru important (...) de mettre en avant une politique d'accueil fondée sur des principes de solidarité et de fraternité", a expliqué devant la presse Guillaume Gontard, le président du groupe écologiste qui a organisé vendredi au Sénat un colloque sur les enjeux de "l'accueil et de l'accompagnement des personnes exilées" (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 13 janvier 2023

Loi immigration: la gauche veut prôner d'une voix l'accueil «inconditionnel»

  • La mesure-phare du gouvernement en faveur de l'intégration, la proposition de créer un titre de séjour «métiers en tension» dans les secteurs en pénurie de main d’œuvre, est rejetée par les élus de gauche
  • En attendant que le texte passe au Sénat, dominé par la droite, puis à l'Assemblée nationale, l'accueil des exilés est l'otage d'un «jeu politicien malsain», a pour sa part regretté l'eurodéputé EELV Damien Carême

PARIS: Ils prônent la "solidarité" face au "rejet": des parlementaires de gauche ont défendu l'accueil "inconditionnel" des exilés dans la future loi sur l'immigration, un texte qu'ils jugent stigmatisant et face auquel ils ont affiché leur volonté de ferrailler unis.

Le projet de loi, qui sera présenté en Conseil des ministres dans les prochaines semaines avant d'arriver en première lecture probablement en mars au Sénat, vise surtout à favoriser les expulsions d'étrangers qui présentent une menace pour l'ordre public, notamment par une réforme "structurelle" de l'asile et du contentieux des étrangers.

En amont, "il nous a paru important (...) de mettre en avant une politique d'accueil fondée sur des principes de solidarité et de fraternité", a expliqué devant la presse Guillaume Gontard, le président du groupe écologiste qui a organisé vendredi au Sénat un colloque sur les enjeux de "l'accueil et de l'accompagnement des personnes exilées".

Quel que soit le motif de leur arrivée, "on se doit de les accueillir dignement, de manière inconditionnelle", a-t-il insisté, rejetant toute forme d'angélisme.

"On ne peut pas demander aux gens de s'insérer, d'apprendre le français (...) et en même temps les accueillir comme on les accueille", a abondé le sénateur Guy Benarroche, qui sera le chef de file du groupe sur le projet de loi.

"Mauvais pressentiment"

La situation de l'accès aux droits des exilés est "ubuesque" à "tous les niveaux de la chaîne", a jugé le sénateur des Bouches-du-Rhône. "C'est notre devoir d'essayer de changer la loi car, a minima, elle ne doit pas être un frein à l'accueil", a-t-il ajouté.

Surtout qu'une "grande majorité" des exilés "vont rester" et que "80% des OQTF ne sont pas exécutées", a-t-il souligné, en référence aux "obligations de quitter le territoire français" dont le gouvernement veut améliorer l'efficacité.

La mouture du texte déjà transmise au Conseil d'Etat laisse un "mauvais pressentiment" à Guy Benarroche: "Quand on commence une loi sur l'asile en se demandant comment on va faire pour reconduire les gens plus rapidement dans leur pays, c'est un peu bizarre", avance-t-il. "Il va y avoir du pain sur la planche pour essayer de changer les choses."

Des inquiétudes partagées par Guillaume Gontard, qui s'inquiète des "arbitrages" décidés entre la majorité et les Républicains.

"Ici au Sénat, on n'a pas de groupe Rassemblement national, mais on constate clairement une vraie dérive de la droite vers les extrêmes", ce qui est "particulièrement inquiétant sur ce texte", juge-t-il.

Cela donne "des raisons de s'inquiéter, mais aussi de s'unir pour faire face", a estimé la députée (PCF) Elsa Faucillon.

 Inverser la logique 

"Poser les termes du débat sur des enjeux d'accueil et d'accompagnement, ça inverse la logique actuelle de rejet", a-t-elle expliqué devant un parterre d'élus et d'ONG.

Même la mesure-phare du gouvernement en faveur de l'intégration, la proposition de créer un titre de séjour "métiers en tension" dans les secteurs en pénurie de main d’œuvre, est rejetée par les élus de gauche. Elle relève même d'une "vision profondément déshumanisante et utilitariste", a taclé Elsa Faucillon.

"La personne ne vient que pour remplir des tâches utiles à la nation mais surtout pas pour y participer, y contribuer et en bénéficier", a ajouté l'élue des Hauts-de-Seine.

En attendant que le texte passe au Sénat, dominé par la droite, puis à l'Assemblée nationale, l'accueil des exilés est l'otage d'un "jeu politicien malsain", a pour sa part regretté l'eurodéputé EELV Damien Carême, dirigeant de l'Anvita (Association nationale des villes et territoires accueillants) qui a co-organisé le colloque.

"On est en train de stigmatiser cette population, qu'on rend responsable de tous les maux. Or, on a vu qu'en Europe on a été capables d'accueillir sept millions d'Ukrainiens en trois mois en leur donnant un droit au logement, à la santé, au travail", a-t-il poursuivi. "Donc on a la capacité d'accueillir."


Un homme tué par balle à Marseille, le 3e en plein jour depuis début octobre

Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre. (AFP)
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  • La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie
  • Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu"

MARSEILLE: Un homme a été tué mardi par balle dans les quartiers Nord de Marseille, a-t-on appris de sources concordantes, troisième homicide en plein jour dans la deuxième ville de France depuis début octobre.

Interrogé par l'AFP, le parquet a fait état d'un mort, âgé entre 45 et 50 ans, et d'un blessé dans le quartier des Olives (13e arrondissement), sans pouvoir établir à ce stade de l'enquête un lien éventuel avec le trafic de drogue.

Marseille est régulièrement secouée par des "narchomicides" sur fond de trafic de stupéfiants et de guerre des gangs pour le contrôle des points de vente de drogue.

Les marins pompiers de Marseille sont intervenus vers 14H15 au quartier des Olives pour un homme "blessé par arme à feu". Une source policière indiquant ensuite à l'AFP qu'elle avait été "tuée par balle dans le 13e arrondissement".

La deuxième ville de France a enterré mardi Mehdi Kessaci, le frère d'un militant engagé contre le narcotrafic, abattu jeudi en début d'après-midi devant une pharmacie. Le 9 octobre, un homme avait été tué par balle en fin de matinée dans un quartier populaire du centre.

Selon un décompte de l'AFP, une quinzaine de personnes ont perdu la vie dans des narchomicides depuis le début de l'année dans les Bouches-du-Rhône.

Une criminalité qui ne cesse de franchir des paliers: si avant 2020/2021 les victimes étaient bien ancrées dans le narcobanditisme, depuis, les cibles sont devenues les petites mains du trafic, parfois mineures et touchées à l'aveugle sur des points de deal, faisant parfois des victimes collatérales.

Avec Mehdi Kessaci, un nouveau cap a été franchi selon les observateurs, ce jeune de 20 ans totalement étranger du trafic de drogue ayant été visé volontairement, peut-être pour intimider son frère Amine engagé dans la lutte contre le narcobanditisme, selon les premiers éléments de l'enquête.


Fleurs blanches et hommages de Marseillais à Mehdi Kessaci pour ses obsèques

Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
Cette capture d'écran réalisée le 14 novembre 2025 à partir d'une vidéo de l'AFP datée du 7 juillet 2024 montre Mehdi Kessaci, frère d'Amine Kessaci, fondateur de l'association Conscience et ancien candidat dans la 3e circonscription des Bouches-du-Rhône pour la coalition de gauche Nouveau Front Populaire (NFP).
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  • Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine
  • Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches

MARSEILLE: Les fleurs blanches commençaient à s'accumuler mardi au rond-point où a été abattu jeudi Mehdi Kessaci, en marge de ses obsèques attendues dans l'après-midi à Marseille, dans une ville traumatisée par ce nouveau cap franchi dans les violences liées au narcobanditisme.

Au milieu des gerbes trônent celle des Ecologistes, le parti d'Amine Kessaci, frère de Mehdi, qui selon les premières investigations, pourrait avoir été tué pour toucher et avertir Amine, militant engagé dans la lutte contre le narcobanditisme depuis l'assassinat d'un premier frère, Brahim.

Il y a également celle de Guy Benarroche, sénateur écologiste des Bouches-du-Rhône mais aussi de simples citoyens comme cette retraitée, présente avec un bouquet de roses blanches.

"Je suis venue pour Amine que j'ai bien connu car j'étais maîtresse dans la cité où il habitait avec sa famille. Je l'ai côtoyé ensuite lors de campagnes électorales et je trouve son engagement citoyen formidable", confie à l'AFP Christine Didon.

"Aujourd'hui, on ne peut plus s'en sortir grâce à l'école comme avant. Il y a une dégradation très rapide des conditions de vie, une pauvreté telle qu'il ne reste à certains que le trafic de drogue", ajoute-t-elle.

Mohamed Habib Errabia, 77 ans, est tout de suite descendu de chez lui jeudi quand il a entendu les coups de feu et ce matin il tenait à rendre hommage à ce jeune de 20 ans, victime innocente et totalement étrangère au trafic de drogue, selon les autorités. "On a des enfants, forcément on pense à eux. Qu'est-ce qui peut leur arriver ? On est pas à l'abri d'une balle perdue".

Les obsèques de Mehdi Kessaci se dérouleront mardi après-midi à Marseille sous forte surveillance policière. La famille, qui ne souhaite pas la présence de la presse, a annoncé qu'une marche blanche serait organisée ce week-end.

La police avait identifié des menaces sur Amine Kessaci et ce dernier était placé sous surveillance policière depuis plusieurs semaines. A la rentrée, il a publié un livre "Marseille, essuie tes larmes" (Le bruit du monde), sorte de longue lettre adressée à Brahim, tué avec deux autres jeunes hommes en 2020, dont les assassins présumés seront jugés prochainement.

Mardi matin, une réunion d'urgence à l'Elysée est par ailleurs organisée sur la lutte contre le narcobandistime qui a fait l'objet d'une loi en juin.

"Le narcotrafic est une peste, une lèpre, une venin qui court dans les veines du monde et l'empoisonne", écrit Amine Kessaci dans son livre. "On dit cartel, on dit baron, on dit empire. Moi je dis fosse commune, je dis cimetière, je dis clameur étouffée des mères qui pleurent leurs fils fauchés, des pères brisés par la poudre qui court, des enfants assassinés avant d'avoir su vivre".

 


France: une galerie du Louvre fermée au public en raison d'une «fragilité» de l'édifice

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables. (AFP)
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  • Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde
  • A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi

PARIS: Une des galeries du musée du Louvre à Paris sera fermée au public "par mesure de précaution" après qu'un audit a révélé la "particulière fragilité" de certaines poutres d'une des ailes du bâtiment, a annoncé lundi le musée dans un communiqué.

Abritant neuf salles dédiées à la céramique grecque antique, la galerie Campana sera fermée le temps que des "investigations" soient menées "sur la particulière fragilité de certaines poutres portant les planchers du deuxième étage de l'aile sud" du quadrilatère Sully, qui enserre la cour carrée du Louvre.

Il s'agit "d'évolutions récentes et imprévisibles", assure le musée le plus visité au monde. Contacté par l'AFP, un porte-parole de l'établissement n'a pas pu préciser quand cette décision prendrait effet ni pour combien de temps.

A l'appui de sa décision, le musée invoque les conclusions d'un rapport d'un bureau d'études techniques qui lui a été remis vendredi. Et assure avoir "immédiatement lancé une campagne complémentaire d'investigations" afin de déterminer les causes de la fragilité identifiée.

La galerie Campana est située sur la même aile sud du Louvre où un commando de malfaiteurs a réussi à s'introduire le 19 octobre, dérobant huit joyaux de la Couronne d'une valeur estimée à 88 millions d'euros. Les bijoux restent aujourd'hui introuvables.

En janvier 2025, la présidente du Louvre Laurence des Cars, sous pression depuis ce casse spectaculaire, avait alerté le ministère de la Culture de l'état de grande vétusté du musée parisien, évoquant notamment "la multiplication d'avaries dans des espaces parfois très dégradés".

Peu après cette alerte, le président Emmanuel Macron avait annoncé le lancement d'un vaste chantier de rénovation et de modernisation du Louvre, centré notamment sur le quadrilatère Sully. Des travaux initialement estimés à quelque 800 millions d'euros, et revus à la hausse dans un récent rapport de la Cour des comptes qui a évoqué au moins 1,15 milliard d'euros.