Afghanistan: une ancienne députée abattue à son domicile

Une femme regarde une photo de Mursal Nabizada sur son téléphone portable, qui a été abattue par des hommes armés la nuit dernière chez elle à Kaboul, le 15 janvier 2023 (Photo, AFP).
Une femme regarde une photo de Mursal Nabizada sur son téléphone portable, qui a été abattue par des hommes armés la nuit dernière chez elle à Kaboul, le 15 janvier 2023 (Photo, AFP).
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Publié le Dimanche 15 janvier 2023

Afghanistan: une ancienne députée abattue à son domicile

  • Mursal Nabizada, qui avait été membre du parlement sous le précédent gouvernement soutenu par l'Occident, avait refusé de fuir l'Afghanistan lorsque les talibans ont pris le pouvoir
  • Les forces de sécurité ont ouvert une enquête pour tenter de «trouver les criminels et les remettre à la justice»

KABOUL: Une ancienne députée afghane a été tuée, ainsi qu'un de ses gardes du corps, dans la nuit de samedi à dimanche, à son domicile à Kaboul par des hommes armés, a-t-on appris dimanche auprès de la police.

Mursal Nabizada, qui avait été membre du parlement sous le précédent gouvernement soutenu par l'Occident, avait refusé de fuir l'Afghanistan lorsque les talibans ont pris le pouvoir en août 2021.

Elle a été abattue dans la nuit par des inconnus, a déclaré à la presse le porte-parole de la police, Khalid Zadran. Un de ses frères a également été blessé dans l'attaque, a détaillé la même source dans un communiqué.

Les forces de sécurité ont ouvert une enquête pour tenter de "trouver les criminels et les remettre à la justice", a ajouté le porte-parole de la police.

Mursal Nabizada, 32 ans, originaire de la province de Nangarhar (est), avait été élue députée de Kaboul en 2018.

Diplômée en administration des affaires, elle a effectué sa scolarité à Peshawar, au Pakistan voisin, avant de retourner en Afghanistan.

Son ancienne collègue au parlement Mariam Solaimankhil a rendu hommage à une "véritable pionnière". "Une femme forte, au franc-parler, qui défendait ce en quoi elle croyait, même face au danger", a-t-elle tweeté.

"Bien qu'on lui ait offert la possibilité de quitter l'Afghanistan, elle a choisi de rester et de se battre pour son peuple", a souligné Mariam Solaimankhil.

Mursal Nabizada "a été tuée dans l'obscurité, mais les #Talibans construisent leur système d'apartheid de genre en plein jour", a réagi dans un tweet, l'eurodéputée allemande écologiste Hannah Neumann, se disant "triste" et "en colère".

Pendant les deux décennies d'intervention militaire dirigée par les États-Unis en Afghanistan, les femmes ont accédé à des postes importants dans toute la société afghane, beaucoup devenant juges, journalistes, policières ou s'engageant en politique.

La plupart d'entre elles ont néanmoins fui le pays depuis que les talibans ont repris le pouvoir en août 2021.

Depuis leur retour, ces derniers ont imposé de sévères restrictions aux femmes afghanes les écartant des emplois publics, leur interdisant de fréquenter les écoles secondaires et les universités, ou encore de se rendre dans les parcs. Ils ont également ordonné aux femmes de se couvrir en public, idéalement d'une burqa (voile intégral).


Sommet ibéro-américain de Saint-Domingue: faim, immigration et accès aux financement au centre des débats

Les dirigeants posant pour la photo de groupe officielle du XXVIIIe Sommet ibéro-américain des chefs d'État et de gouvernement, devant le Palais national à Saint-Domingue, le 25 mars 2023. (Photo du ministère dominicain des Affaires étrangères / AFP)
Les dirigeants posant pour la photo de groupe officielle du XXVIIIe Sommet ibéro-américain des chefs d'État et de gouvernement, devant le Palais national à Saint-Domingue, le 25 mars 2023. (Photo du ministère dominicain des Affaires étrangères / AFP)
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  • «Ce que nous avons à l'esprit, en tant qu'engagement de ce sommet, c'est de générer une situation de faim zéro», a affirmé Andres Allamand, ex-ministre chilien et secrétaire général ibéro-américain
  • Cet engagement est un défi alors que les projections de croissance sont inférieures à 2% sur un continent où le coût d'une alimentation saine est le plus élevé au monde: 3,89 dollars par jour et par personne, inaccessible à 22,5% de la population, selon l

SAINT-DOMINGUE, République dominicaine : Les 22 pays présents au sommet ibéro-américain de Saint-Domingue ont signé samedi une déclaration commune où il s'engagent à lutter contre la faim en Amérique latine, mieux contrôler les migrations et négocier ensemble des financements à des taux plus favorables.

«Ce que nous avons à l'esprit, en tant qu'engagement de ce sommet, c'est de générer une situation de faim zéro», a affirmé Andres Allamand, ex-ministre chilien et secrétaire général ibéro-américain.

«Nous avons plus ou moins 60 millions de personnes qui ont des problèmes de sécurité alimentaire. Un tiers des aliments produits dans la région est gaspillé» en raison de problèmes dans les chaînes de distribution, de stockage ou de commercialisation, a-t-il expliqué.

Cet engagement est un défi alors que les projections de croissance sont inférieures à 2% sur un continent où le coût d'une alimentation saine est le plus élevé au monde: 3,89 dollars par jour et par personne, inaccessible à 22,5% de la population, selon les Nations unies.

«L'accès à une alimentation saine devrait être un droit et non un privilège pour quelques-uns», a déclaré le président bolivien Luis Arce, qui a souligné l'impact du changement climatique sur la production alimentaire.

La déclaration commune évoque «les défis mondiaux du changement climatique». Cette crise «produit la faim, la mort», a commenté le président colombien Gustavo Petro.

Obtenir des financements plus favorables aiderait les pays à réduire la faim et lutter contre le réchauffement, ont dit plusieurs dirigeants.

Le président du pays hôte, Luis Abinader, a assuré que «les pays ibéro-américains vont travailler comme un seul bloc» pour négocier de «meilleures conditions».

«Nous assistons à un scénario international caractérisé par des niveaux d'endettement élevés et insoutenables qui conditionnent la croissance de nos pays», a souligné le président argentin Alberto Fernandez, dont le pays lutte pour sortir d'une crise profonde.

Des échanges parfois acerbes ont émaillé les débats.

Ainsi le président chilien Gabriel Boric a critiqué la «dictature familiale de (Daniel) Ortega et (Rosario) Murillo au Nicaragua».

«En dehors de la démocratie, il n'y a pas de liberté ni de dignité possibles. Nous voyons dans le monde entier de nouveaux risques (...) nous devons répondre par plus de démocratie, pas moins», a-t-il ajouté.

M. Boric a également appelé à une plus grande «coordination» face à la crise migratoire.

La région est confrontée à des flux importants de migrants en provenance du Venezuela, de Cuba, d'Haïti et d'autres pays d'Amérique centrale, qui cherchent à échapper à la pauvreté.

M. Petro a proposé d'organiser un sommet sur cette question.

Autre dossier abordé pendant le sommet: Haïti, le pays le plus pauvre des Amériques avec des gangs violents qui ont tué quelque 530 personnes et en ont kidnappé près de 300 depuis janvier, selon l'ONU.

«La seule façon de traiter avec Haïti est de pacifier ce pays. La communauté internationale ne peut pas permettre que cette situation perdure», a lancé M. Abinader, le président de la République dominicaine voisin de Haïti sur l'île d'Hispaniola.


La Russie «a pris le Bélarus en otage nucléaire», accuse Kiev

Une photo prise le 13 juillet 2022 montre un missile balistique tactique soviétique Tochka U dans le jardin d'une maison dans l'est de l'Ukraine, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo Miguel Medina / AFP)
Une photo prise le 13 juillet 2022 montre un missile balistique tactique soviétique Tochka U dans le jardin d'une maison dans l'est de l'Ukraine, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (Photo Miguel Medina / AFP)
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  • Vladimir Poutine avait dit samedi avoir eu l'accord de Minsk pour déployer des armes nucléaires «tactiques» au Bélarus
  • «Le Kremlin a pris le Bélarus comme otage nucléaire», a écrit sur Twitter le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien Oleksiï Danilov, ajoutant que cette décision est un «pas vers la déstabilisation interne du pays»

KIEV : La Russie a pris en le Bélarus en «otage nucléaire», a estimé dimanche l'Ukraine à la suite de l'annonce par le président Vladimir Poutine d'un déploiement d'armes nucléaires «tactiques» sur le territoire de son allié.

«Le Kremlin a pris le Bélarus comme otage nucléaire», a écrit sur Twitter le secrétaire du Conseil de sécurité ukrainien Oleksiï Danilov, ajoutant que cette décision est un «pas vers la déstabilisation interne du pays».

L'annonce du président russe «maximise le niveau de perception négative et de rejet public de la Russie et de M. Poutine dans la société bélarusse», avance aussi M. Danilov.

Vladimir Poutine avait dit samedi avoir eu l'accord de Minsk pour déployer des armes nucléaires «tactiques» au Bélarus, un pays situé aux portes de l'Union européenne et dirigé depuis 1994 par Alexandre Loukachenko, son allié le plus proche.

Si le Bélarus ne prend pas part directement au conflit en Ukraine, Moscou s'est servi de son territoire pour conduire son offensive sur Kiev l'année dernière ou pour mener des frappes, selon les autorités ukrainiennes.

Des responsables russes ont émis à plusieurs reprises des menaces à peine voilées de se servir de l'arme nucléaire en Ukraine en cas d'escalade significative du conflit.

Vladimir Poutine a motivé sa décision samedi par la volonté du Royaume-Uni d'envoyer des munitions à uranium appauvri à l'Ukraine, comme évoqué récemment par une responsable britannique.


Ukraine: près du front, Galyna, son jardin et sa pelle trop grande

Vêtue d'un élégant manteau chiné gris boutonné jusqu'au cou, de leggings bariolé et de bottines fourrées, la petite dame est contrariée. (AFP)
Vêtue d'un élégant manteau chiné gris boutonné jusqu'au cou, de leggings bariolé et de bottines fourrées, la petite dame est contrariée. (AFP)
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  • Déjà bombardée régulièrement, Tchassiv Iar - 13 000 habitants avant la guerre - pourrait être la prochaine cible de l'armée de Moscou si jamais Bakhmout venait à tomber
  • Tout proche, le fracas des tirs de canons ou de mortiers crachant leurs obus vers les positions russes ne cessent de résonner dans la ville

TCHASSIV LAR: Penchée dans son jardinet, la frêle silhouette hésitante de Galyna contraste avec les puissants blindés qui passent avec vacarme devant chez elle, à Tchassiv Iar, dans l'est de l'Ukraine.

"J'adore jardiner, vous savez..." : à 69 ans, la vieille dame est intarissable et ses petits yeux azur brillent sur son visage ridé quand on aborde sa passion.

"L'année dernière, j'avais des tomates incroyables ici, même des pastèques, des petites, mais c'est un régal, croyez-moi !", poursuit-elle.

Sa ville, où elle réside depuis 38 ans, est la première à l'ouest de Bakhmout, une localité défendue depuis des mois par les Ukrainiens et que les forces russes et le groupe paramilitaire Wagner tentent de conquérir.

Déjà bombardée régulièrement, Tchassiv Iar - 13.000 habitants avant la guerre - pourrait être la prochaine cible de l'armée de Moscou si jamais Bakhmout venait à tomber.

Le jardin de Galyna est une parcelle de terre pas vraiment délimitée à l'arrière de son immeuble de trois étages, où elle vit dans un appartement au 1er avec son fils handicapé, âgé d'une quarantaine d'années.

Juste devant passe une route empruntée à pleine vitesse par les véhicules blindés et chars ukrainiens qui filent vers les lignes de front et Bakhmout, ou qui en reviennent.

«Une pelle plus petite»

Tout proche, le fracas des tirs de canons ou de mortiers crachant leurs obus vers les positions russes ne cessent de résonner dans la ville.

Pas de quoi perturber Galyna dont le jardin est devenu un exutoire.

"Quand j'ai réalisé que la guerre avait commencé, j'ai apporté ici des violettes, et de nombreuses sortes de fleurs. Elles poussent dans la forêt, alors je les cultive ici pour ne pas qu'elles me manquent. Je me sens heureuse chaque fois que je les regarde", assure la presque septuagénaire.

Vêtue d'un élégant manteau chiné gris boutonné jusqu'au cou, de leggings bariolé et de bottines fourrées, la petite dame est contrariée.

"J'ai juste besoin d'une pelle plus petite pour creuser le sol pour mes graines de fleurs", dit-elle, en montrant son outil encombrant presque aussi grand qu'elle.

Elle regrette aussi de ne pas avoir "beaucoup de temps pour jardiner. Je dois m'occuper de ma voisine, elle a 93 ans, comme aurait eu ma mère. Je lui apporte de l'eau, du pain aussi".

Rares sont les habitants à être restés dans son quartier, dessiné d'immeubles vieillots datant de l'époque soviétique.

Les toitures de certains bâtiments proches sont éventrées, stigmates de frappes russes.

«Je ne tremble pas»

"Là, vous voyez, une bombe l'a touché", dit Galyna en désignant un immeuble. Deux de ses voisins y habitaient, les autorités les ont installés "dans une autre maison, car ce n'était plus possible de vivre là, il n'y avait plus de toit", explique-t-elle.

Veuve depuis 1994, elle dit rester à Tchassiv Iar pour s'occuper de son fils.

"Un jour, mon fils est allé au centre d'aide humanitaire. Et là son ami a été blessé (par un éclat d'obus), une ambulance est arrivée et ils l'ont soigné. Cela a fait très peur à mon fils. Il avait l'habitude de recharger son téléphone là-bas, mais maintenant il ne le fait plus", raconte Galyna.

Elle a aussi une fille, qui vit en Allemagne, est mariée et a trois enfants.

"Lorsqu'il y avait du réseau téléphonique, nous pouvions communiquer. Il y a environ un mois je crois, elle disait +J'aimerais que tu puisses venir ici, chez nous+... Je pense que je vais rester ici", dit-elle, pensive.

Soudain un obus siffle puis explose à quelques centaines de mètres dans l'est de la ville. "Il n'y a rien à craindre. Vous voyez, je ne tremble pas, je suis habituée", lâche-t-elle dans un petit sourire.

Deux autres obus suivront vers le même endroit, détruisant et causant l'incendie de trois maisons.

"J'espère rester sauve. Dieu sauve. Ici (dans le jardin), je sens un ange qui dit +N'y va pas+, mais j'y vais quand même", dit Galyna.