Face aux élites de Davos, l'ONG Oxfam milite pour «abolir» les milliardaires

Les milliardaires ont doublé leur fortune, tout en étant de plus en plus nombreux, affirme Oxfam (Photo, AFP).
Les milliardaires ont doublé leur fortune, tout en étant de plus en plus nombreux, affirme Oxfam (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 16 janvier 2023

Face aux élites de Davos, l'ONG Oxfam milite pour «abolir» les milliardaires

  • «Les inégalités économiques ont atteint des niveaux extrêmes et dangereux»
  • Parmi les mesures proposées dans ce rapport, un impôt exceptionnel sur la fortune

DAVOS: "Chaque milliardaire représente un échec de politique publique", avance l'ONG Oxfam dans un rapport publié à l'ouverture du Forum de Davos lundi, militant pour une division par deux de leur nombre d'ici à 2030 grâce à la taxation, avant d'"abolir" les milliardaires à plus long terme.

"Les inégalités économiques ont atteint des niveaux extrêmes et dangereux", écrit l'organisation internationale dans son rapport annuel sur les inégalités, au coup d'envoi d'une semaine d'échanges entre élites économiques et politiques dans la station de ski suisse de Davos.

Portées par la flambée des cours de Bourse, les grandes fortunes se sont envolées au cours des dix dernières années: sur 100 dollars de richesse créée, 54,4 dollars sont allés dans les poches des 1% les plus aisés, tandis que 70 centimes ont profité aux 50% les moins fortunés, constate l'ONG.

Les milliardaires ont doublé leur fortune, tout en étant de plus en plus nombreux, affirme Oxfam dont la directrice générale, Gabriela Bucher, est invitée en Suisse.

Or, "la concentration extrême des richesses mine la croissance économique, corrompt les politiciens et les médias, corrode la démocratie et augmente la polarisation", écrit l'ONG, ajoutant que les inégalités sont devenues "une menace existentielle pour nos sociétés, paralysant notre capacité à endiguer la pauvreté", et mettent "l'avenir de la planète (...) en péril".

Selon l'organisation internationale, la taxation a un rôle "crucial" à jouer afin de diminuer le nombre de milliardaires sur la planète, et doit toucher les revenus et le capital des plus aisés.

Parmi les mesures proposées dans ce rapport, un impôt exceptionnel sur la fortune, une taxe sur les dividendes, et une hausse de l'imposition sur les revenus du travail et du capital des 1% les plus riches.

Le capital, une manne financière "beaucoup plus importante que les salaires" pour les grandes fortunes, doit être davantage taxé sur les gains réalisés, notamment grâce à la vente d'actions, mais aussi par la simple détention, souligne l'organisation.

Les "superprofits" des entreprises sont aussi dans le viseur d'Oxfam qui propose de taxer davantage les bénéfices exceptionnels, à l'image des milliards enregistrés par les groupes pétroliers ces derniers mois grâce à la flambée des cours de l'énergie, sur fond de guerre en Ukraine.

Selon l'ONG, ces mesures permettraient de ramener la fortune des milliardaires et leur nombre à ce qu'ils étaient en 2012, avant que les chiffres ne s'emballent.


Le patron d'OpenAI met en garde contre une «règlementation stricte» de l'IA

Gil Shwed, co-fondateur et PDG de Check Point Software Technologies, assiste à une conférence à l'Université de Tel Aviv à Tel Aviv (Photo, AFP).
Gil Shwed, co-fondateur et PDG de Check Point Software Technologies, assiste à une conférence à l'Université de Tel Aviv à Tel Aviv (Photo, AFP).
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  • Le risque d'une «superintelligence» mal utilisée est réel
  • La visite en Israël de M. Altman s'inscrit dans le cadre d'une tournée internationale visant à rassurer sur l'usage d'OpenAI

TEL AVIV: Le patron d'OpenAI, Sam Altman, s'est prononcé lundi contre une "réglementation stricte" de l'intelligence artificielle (IA), qui risque d'entraver son développement, soulignant toutefois la nécessité d'une surveillance institutionnelle à long terme.

Le mois dernier, M. Altman, dont l'entreprise a créé l'interface ChatGPT, a estimé devant une commission parlementaire américaine que l'intervention des gouvernements pour réguler l'IA sera "cruciale" pour "limiter les risques" liés à cette technologie.

Le patron d'OpenAI, qui s'exprimait lundi à l'université de Tel Aviv, a souligné toutefois que son appel à une surveillance de l'IA ne concernait pas "les systèmes d'aujourd'hui".

"Je pense que ce serait une erreur de réglementer strictement ce domaine ou d'essayer de ralentir cette incroyable innovation", a-t-il déclaré.

Mais le risque d'une "superintelligence" mal utilisée est réel, a-t-il reconnu. C'est "quelque chose que nous devrons peut-être affronter au cours de la prochaine décennie et cela ne laisse pas beaucoup de temps aux institutions du monde pour s'adapter."

Il a de nouveau proposé la création d'une "organisation internationale", qui utiliserait "la puissance de calcul et (des outils) techniques" pour créer "un cadre (...) délivrant des licences à des interfaces d'intelligence artificielle, pour en vérifier leur système de sécurité et (leur) proposer des tests à passer."

Israël, acteur majeur du secteur

"Ce serait une façon de traiter le risque" d'avoir des intelligences artificielles dévoyées de leur usage initial, a-t-il dit, jugeant ce risque "très sérieux".

"Nous faisons la même chose pour le nucléaire", a-t-il justifié, évoquant l'exemple de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Lors d'une rencontre avec le président israélien Isaac Herzog plus tôt dans la journée, M. Altman a souligné "l'importance et l'urgence de trouver les moyens de limiter ces risques considérables". "Tout le monde veut trouver une solution", a-t-il affirmé.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a indiqué de son côté que M. Altman lui a dit, lors d'un entretien téléphonique, qu'Israël "pourrait devenir un acteur mondial majeur dans le domaine" de l'IA.

Dans un communiqué, M. Netanyahou a estimé que son pays --où le secteur des hautes technologies est déjà un poids lourd de l'économie--, doit "élaborer une politique nationale" en matière d'IA.

La visite en Israël de M. Altman s'inscrit dans le cadre d'une tournée internationale visant à rassurer sur l'usage d'OpenAI par le grand public et les entreprises.

Les IA génératives d'OpenAI, ChatGPT pour le texte et Dall-E pour l'image, ouvertes au grand public fin 2022 avec un succès fulgurant et dans un vide juridique, ont déclenché une avalanche de craintes, notamment en ce qui concerne la désinformation et l'éventuelle destruction d'emplois.


Livraisons rapides: Flink envisage de se retirer de France ouvrant la voie à un monopole de Getir

Getir est désormais le seul acteur du secteur à avoir déclaré souhaiter poursuivre son activité dans l'Hexagone (Photo, AFP).
Getir est désormais le seul acteur du secteur à avoir déclaré souhaiter poursuivre son activité dans l'Hexagone (Photo, AFP).
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  • Si Flink ne trouvait pas de repreneur, la filiale française de son concurrent turc Getir serait en situation de monopole
  • Flink exploite 19 «dark stores» dans 9 villes en France

PARIS: D'une quinzaine d'acteurs à ses débuts en France, le "quick commerce", secteur des livraisons rapides de courses à domicile, continue de s'étioler avec l'annonce du redressement judiciaire de Flink, qui souhaite "quitter le marché français" et cherche un repreneur.

Si Flink ne trouvait pas de repreneur, la filiale française de son concurrent turc Getir - également en redressement judiciaire - serait en situation de monopole sur le marché du "quick commerce".

En effet, Getir est désormais le seul acteur du secteur à avoir déclaré souhaiter poursuivre son activité dans l'Hexagone.

Fin avril, le quotidien économique britannique Financial Times affirmait, sur la foi de sources proches du dossier, que des discussions étaient en cours concernant un rachat par Getir de son concurrent Flink.

Interrogé par l'AFP, Getir n'avait pas souhaité commenter et lundi, Flink France a déclaré "avoir été concentré sur la préparation du dossier de redressement judiciaire".

Les motifs de cette procédure sont "essentiellement réglementaires", a expliqué le directeur général de Flink France Guillaume Luscan à l'AFP, qui a tenu à souligner "tous les progrès réalisés en vue d'atteindre une profitabilité en France".

Le "quick commerce" a émergé à la faveur des confinements liés à l'épidémie de Covid-19 : il propose en quelques minutes la livraison de produits du quotidien, semblables à ceux vendus dans une supérette, par un livreur souvent à vélo.

Il est vivement critiqué par les élus qui dénoncent l'arrivée de "villes-entrepôts", des nuisances pour les riverains, voire le développement de "l'économie de la flemme".

En mars, le secteur a essuyé un revers important, le gouvernement décrétant que les "dark stores" - les locaux où sont stockés les produits à livrer - étaient des entrepôts, et non des commerces, ouvrant la voie à une régulation par les mairies de cette activité.

Ces locaux pourraient être contraints de fermer si le Plan local d'urbanisme (PLU) interdit ce type d'activité à leur adresse.

«Flibustiers»

Flink exploite 19 "dark stores" dans 9 villes en France et "environ deux tiers de cette activité est exploitée depuis des commerces", a précisé M. Luscan.

"Notre modèle fonctionne à partir du moment où on est proches de nos clients" et, avec la nouvelle réglementation, "ce n'est plus possible", a regretté le directeur général.

"On était en train de construire un modèle pérenne", avec notamment Carrefour comme "investisseur et partenaire-clé", s'est désolé M. Luscan.

Implanté en France depuis deux ans, Flink, créé en 2020 en Allemagne par des experts de la logistique et de la distribution, avait racheté son concurrent français Cajoo en mai 2022, qu'il a absorbé.

Entre 2021 et 2022, Flink et Getir ont levé plus d'un million d'euros chacun à l'échelle mondiale, Gorillas plus d'un milliard, selon un article de L'Usine Nouvelle cité dans un rapport parlementaire sur le "quick commerce" publié début mai et présentées par les députées Anaïs Sabatini (RN) et Maud Gatel (Dem).

Flink, Gorillas, Getir, Frichti, Cajoo, Gopuff… D'une quinzaine d'acteurs lors de l'émergence du secteur en France, il n'en reste que deux début juin : Getir et Flink après que ces entreprises se soient livrées à une bataille féroce pour s'accaparer le marché.

Et ce, à coups de "promotions extrêmement agressives" qui les ont économiquement "asphyxiées", a expliqué Maud Gatel à l'AFP. Plusieurs ont jeté l'éponge, d'autres ont racheté leurs concurrents.

Ils ont aussi joué "les flibustiers" en "s'installant à des endroits où ils savaient qu'ils ne pouvaient pas s'installer", a déclaré l'élue.

Ces entreprises ont salarié leurs livreurs, un modèle moins souple que les plateformes type UberEats qui ont recours aux autoentrepreneurs et qui les ont fragilisées, a-t-elle encore précisé.


L’Opep se montre «proactive et préventive», affirme le ministre saoudien de l’Énergie à CNBC

Le ministre saoudien de l’Énergie, le prince Abdelaziz ben Salmane, lors d’une interview avec CNBC. (Photo, capture d'écran).
Le ministre saoudien de l’Énergie, le prince Abdelaziz ben Salmane, lors d’une interview avec CNBC. (Photo, capture d'écran).
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  • Lundi, les prix du pétrole ont augmenté de plus d’un dollar le baril après que l’Arabie saoudite s’est engagée à réduire sa production d’un million de barils supplémentaires par jour
  • L’Opep+ pompe environ 40% du brut mondial et a réduit son objectif de production de 3,66 millions de barils par jour au total

VIENNE: Défendant les décisions prises par l’alliance des producteurs de pétrole, le ministre saoudien de l’Énergie, le prince Abdelaziz ben Salmane, a insisté sur la nécessité de «faire confiance à l’Opep+», qu’il a décrite comme étant l’«organisation internationale la plus efficace» pour rétablir la stabilité du marché.

Dimanche, lors d’une interview avec Dan Murphy de CNBC International, le ministre de l’Énergie a expliqué que les réductions volontaires de la production de pétrole annoncées par l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+), dont la Russie, étaient des mesures de précaution.

«Nous étions simplement persuadés, si vous voulez, que l’environnement n’était pas suffisamment propice à la confiance. C’est pourquoi la prise de mesures de précaution permet d’éviter les risques. Le fait d’être proactif et préventif fait partie du rythme typique que nous avons instauré au sein de l’Opep», a souligné le prince Abdelaziz.

Lundi, les prix du pétrole ont augmenté de plus d’un dollar le baril (1 dollar = 0,93 euro) après que l’Arabie saoudite s’est engagée à réduire sa production d’un million de barils supplémentaires par jour à partir de juillet afin de faire face aux obstacles macroéconomiques qui ont contribué à la dépression des marchés.

Cette réduction volontaire vient s’ajouter à un accord plus vaste de l’Opep+ visant à limiter l’offre jusqu’en 2024, le groupe cherchant à faire remonter les prix du pétrole en baisse.

L’Opep+ pompe environ 40% du brut mondial et a réduit son objectif de production de 3,66 millions de barils par jour au total, soit 3,6% de la demande mondiale.

«C’est la cerise sur le gâteau», a commenté le prince Abdelaziz en ce qui concerne la décision de l’Arabie saoudite.

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Dan Murphy de CNBC International lors d’une interview avec le ministre saoudien de l’Énergie, le prince Abdelaziz ben Salmane.

Le Royaume a maintenu l’option d’une extension des réductions volontaires en fonction de «la manière dont la situation évolue réellement».

Le ministre saoudien de l’Énergie a confié à CNBC que le groupe des producteurs de pétrole envisageait de nouvelles valeurs de référence afin de garantir des quotas de production équitables et justes pour tous les pays membres, et ce de manière transparente, en fonction de leurs capacités.

Aujourd’hui, l’OPEP+ a l’intention de demander à trois analystes indépendants – IHS, Wood Mackenzie et Rystad Energy – d’étudier la capacité individuelle de chaque pays membre du groupe.

«D’ici le milieu de l’année prochaine, nous espérons disposer de nouvelles valeurs de référence et d’une solution qui rendra les choses plus équitables et plus justes pour tout le monde, et qui permettra d’assigner à chaque pays membre des niveaux de production correspondant à ses capacités, de la manière la plus transparente possible», a indiqué le ministre. 

Lorsqu’on lui a demandé s’il faisait confiance à la Russie, alliée de l’Opep, le prince Abdelaziz a répondu par l’affirmative.

«Absolument. Cependant, je suis toujours d’accord avec la phrase du président (Ronald) Reagan: “Faites confiance mais vérifiez”», a-t-il affirmé, soulignant le rôle déterminant des sources indépendantes dans l’évaluation de la production.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com