Quand la cocaïne sud-américaine et la violence des cartels déferlent sur l'Europe

Sur cette photo d'archives prise le 7 janvier 2022, des douaniers belges recherchent de la drogue dans un conteneur au port d'Anvers. (Photo de François Walschaerts / AFP)
Sur cette photo d'archives prise le 7 janvier 2022, des douaniers belges recherchent de la drogue dans un conteneur au port d'Anvers. (Photo de François Walschaerts / AFP)
Un agent belge vérifie une caisse de bananes lors d'un contrôle douanier pour la drogue dans le hangar d'une entreprise fruitière du port d'Anvers. (Valeria Mongelli / AFP)
Un agent belge vérifie une caisse de bananes lors d'un contrôle douanier pour la drogue dans le hangar d'une entreprise fruitière du port d'Anvers. (Valeria Mongelli / AFP)
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Publié le Lundi 16 janvier 2023

Quand la cocaïne sud-américaine et la violence des cartels déferlent sur l'Europe

  • Dans la capitale française, comme dans la plupart des grandes villes européennes, la «coke» coule à flots
  • 2022 s'annonce encore meilleure: 162 tonnes ont été saisies l'an dernier dans les seuls ports d'Anvers (Belgique) et Rotterdam (Pays-Bas), selon les douanes des deux pays

PARIS : "Un c'est 70, deux c'est 120." Le livreur présente quelques boulettes à la jeune femme qui l'a rejoint au bas de son immeuble du très chic VIe arrondissement de Paris. Sous le plastique, de la cocaïne venue tout droit d'Amérique du Sud.

"C'est comme tous les livreurs à domicile, ceux qui 'speedent' avec des courses ou des sushis", s'amuse le jeune dealer, "je reçois des commandes et je tourne dans Paris".

Dans la capitale française, comme dans la plupart des grandes villes européennes, la "coke" coule à flots.

Quelques dizaines de minutes suffisent pour en prendre commande sur une messagerie cryptée type WhatsApp ou Signal et la faire porter chez soi comme une pizza. En matière de stupéfiants aussi, "l'ubérisation" a révolutionné le marché.

"Les consommateurs préfèrent passer par une plateforme (de messagerie) et se faire livrer en bas de chez eux par un mec qui ressemble à un Deliveroo", décrit la commissaire Virginie Lahaye, cheffe des "stups" parisiens. "C'est beaucoup plus facile que d'aller dans un coin un peu sordide en banlieue."

En 2021, quelque 3,5 millions d'Européens ont goûté au moins une fois à la cocaïne, selon l'Observatoire européen des drogues et toxicomanies (OEDT). Un niveau "historique", quatre fois supérieur à celui mesuré il y a vingt ans.

La demande de poudre blanche suit la même progression que l'offre. Vertigineuse.

Le volume des saisies sur le Vieux Continent, seul baromètre officiel en la matière, a battu un nouveau record en 2021 avec 240 tonnes, selon l'Office de police européen (Europol), contre 213 tonnes en 2020 et 49 dix ans plus tôt.

2022 s'annonce encore meilleure: 162 tonnes ont été saisies l'an dernier dans les seuls ports d'Anvers (Belgique) et Rotterdam (Pays-Bas), selon les douanes des deux pays.

"Un tsunami", résume le patron de la police judiciaire fédérale belge, Eric Snoeck.

Incontournable coca

Le périple de la cocaïne débute à des milliers de kilomètres de là.

Sur les pentes des hauts-plateaux de Colombie, du Pérou et de Bolivie, poussent les feuilles dont est extraite la drogue popularisée au XIXe siècle par Sigmund Freud et une poignée de chimistes européens pour ses vertus médicinales.

Dans la région du Catatumbo (nord-est de la Colombie), la coca a pris depuis belle lurette la place des cultures vivrières. C'est grâce à elle que José del Carmen Abril nourrit sa famille de huit enfants.

"La coca (...) a remplacé le gouvernement qui n'est jamais venu par ici", commente, chapeau de paille sur la tête, ce père de famille de 53 ans. "Avec elle, nous avons pu construire des écoles, des centres de santé, des routes et des habitations."

Dans un pays où le salaire quotidien minimum ne dépasse pas 7 dollars, un planteur de coca peut en gagner cinq fois plus.

Plus de 200 000 familles colombiennes récoltaient de la coca en 2018, selon l'ONU. Les milliards de dollars dépensés depuis des décennies par Bogota et son principal soutien Washington dans leur "guerre contre la drogue" n'y ont rien changé: la production n'en finit pas de croître.

Elle a même battu un record historique en 2021: 1 400 tonnes de poudre produites contre 1 228 tonnes l'année précédente, selon l'Office des Nations unies contre la drogue et la criminalité (ONUDC). Une hausse de 14%.

Les experts estiment à plus de 2 000 tonnes le volume total de cocaïne proposé sur le marché mondial en 2021.

Producteur de coca, José del Carmen Abril y a pris sa part. Mais il refuse d'être taxé de "narco". Les paysans comme lui sont "des paysans qui récoltent (...) et n'ont pas de salaire minimum", se défend-il. Les trafiquants, eux, "se font combien de millions avec un kilo de cocaïne ?"

Une fois récoltées, ses feuilles sont confiées à des chimistes qui les mélangent à de l'essence, de la chaux, du ciment et du sulfate d'ammonium pour obtenir une pâte blanche vendue dans le Catatumbo autour de 370 dollars le kilo.

Cette pâte est ensuite enrichie dans d'autres laboratoires d'un cocktail d'acides et de solvants pour devenir la "coke". Pure, son prix a passé la barre des 1 000 dollars le kilo.

Cartels mexicains

La Colombie fournit à elle seule les deux tiers de la cocaïne mondiale. Mais la chute des cartels de Medellin et Cali au milieu des années 1990 et l'accord de paix signé en 2016 avec la guérilla marxiste des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) ont bouleversé le marché.

Simples intermédiaires à la fin du siècle dernier, les Mexicains ont profité de l'atomisation de leurs rivaux colombiens pour arracher le contrôle quasi total du secteur, du financement de la production à la supervision des exportations.

Longtemps, les cartels de Sinaloa ou de Jalisco ont privilégié leur marché "naturel", les Etats-Unis. Ils visent désormais en priorité l'Europe, où la consommation flambe.

Europol y évalue aujourd'hui le marché annuel de la vente au détail de cocaïne entre 7,6 à 10,5 milliards d'euros.

"Le marché US est saturé et la coke se vend en Europe à un prix 50 à 100% supérieur", décrypte le patron du renseignement douanier français, Florian Colas. "Autres avantages pour les trafiquants, le risque pénal est sans doute moins dissuasif en Europe qu'aux Etats-Unis et les options logistiques sont multiples entre les deux continents."

Comme 90% du commerce mondial, l'essentiel de la "blanche" traverse l'Atlantique dans des conteneurs maritimes, dissimulée dans des cargaisons parfaitement légales de bananes, de sucre en poudre ou de conserves.

Le reste circule en avion dans les valises ou les intestins de "mules" qui embarquent à Cayenne, en Guyane française, pour Paris. Quand elle ne se faufile pas au fond des mers à bord de sous-marins ou de submersibles téléguidés, comme ceux saisis en juillet dernier par la police espagnole.

Au début des années 2000, les Mexicains avaient établi leur tête de pont européenne sur la Costa del Sol espagnole, un des nœuds du trafic de cannabis marocain.

L'arrestation quelques années plus tard de plusieurs "barons" et surtout l'explosion du transport maritime les a convaincus de réorienter leur trafic vers les principaux ports à conteneurs du continent, dans le nord de l'Europe.

Embarqués dans le port brésilien de Santos, tenu par la mafia de Sao Paulo, celui de Guayaquil en Equateur, en Colombie, au Panama ou au Pérou, les pains de "neige" cinglent vers Anvers, Rotterdam, Hambourg (en Allemagne) ou Le Havre (en France).

"C'est par là que passe l'essentiel de la drogue destinée à l'Europe", détaille la directrice adjointe des douanes françaises, Corinne Cléostrate. "Certaines cargaisons font étape aux Antilles. D'autres filent vers les Balkans ou transitent en Afrique de l'Ouest, avant de remonter vers l'Europe."

Mafias européennes

Ces routes sont gérées selon un "business plan" bien rodé.

Les cartels mexicains vendent "leur" produit aux multinationales européennes du crime. Parfois via des courtiers qui répartissent les cargaisons, collectent leur financement et mutualisent les pertes en cas de saisie.

"Ces organisations criminelles peuvent être concurrentes", observe la policière Stéphanie Cherbonnier. "Mais elles créent aussi des alliances car elles doivent unir leurs compétences, leur savoir-faire, pour faire rentrer la drogue."

"Mocro-maffia" d'origine marocaine aux Pays-Bas et en Belgique, pègre albanaise, serbe ou kosovare et Ndrangheta calabraise se répartissent le marché selon leur localisation et leurs spécialités (logistique, protection, blanchiment...).

Ces groupes pilotent la réception de la drogue dans les ports, confiée à des "petites mains" du cru au nom d'un strict cloisonnement des tâches.

Leurs moyens sont considérables car le trafic de cocaïne offre une rentabilité sans pareil: le kilo acheté 1.000 dollars en Amérique du Sud est vendu 35.000 euros en Europe. Une fois sortie des ports et coupée - jusqu'à 40% - la marchandise est vendue au client autour de 70 euros le gramme.

Un bénéfice qui autorise toutes les corruptions.

Dockers, agents portuaires ou chauffeurs-routiers, douaniers et policiers parfois, sont achetés pour laisser les "petites mains" récupérer le butin dans les conteneurs.

Au Havre, décrit un policier français, les 2 200 dockers qui règnent en maîtres sur les piles de conteneurs rouges, bleus ou verts entassés sur ses quais, sont devenus les complices préférés et souvent obligés des trafiquants.

Ces dernières années, plusieurs ont été condamnés en France à des années de prison ferme pour avoir "collaboré".

L'un d'eux a décrit à son avocat l'engrenage qui l'a plongé dans le trafic: "Avant, je récupérais des cartouches de cigarettes ou du parfum pour les revendre. Ça me rapportait 200 à 300 euros par mois. Puis un jour, des mecs nous ont demandé de sortir des sacs. Ils nous ont offert 1 000 euros le sac. Ça a commencé comme ça..."

Certains dockers leur prêtent un badge pour entrer sur le port, d'autres déplacent un conteneur chargé de drogue hors du champ des caméras ou "autorisent" la sortie d'un autre.

A Rotterdam, le plus grand port d'Europe, policiers et douaniers ont surpris des petits soldats du trafic cachés dans des "conteneurs hôtels" avec vivres et couvertures pour attendre l'arrivée d'un chargement de cocaïne.

Le "ticket de sortie" d'une "boîte" - un conteneur - peut se monnayer jusqu'à 100 000 euros au Havre où, confesse un douanier, "on ne contrôle que 1% des conteneurs parce qu'on n'a pas les moyens de faire plus".

Exécution

En plus d'acheter complicités ou silences, ces sommes folles nourrissent une violence qui déborde largement dans les rues des villes portuaires.

Dans le quartier résidentiel anversois de Deurne, Steven de Winter en a connu au moins trois vagues.

En mai dernier, une maison de son quartier, occupée par une famille connue pour son implication dans le trafic, a été attaquée à l'explosif alors que des voisins célébraient un mariage dans un jardin tout proche.

"Ce n'est plus possible", enrage l'employé de banque de 47 ans, "ça suffit !"

En cinq ans, le parquet de la cité flamande dit avoir recensé "plus de 200 actes de violence liés à la drogue": menaces, agressions ou jets d'engins explosifs.

Le 9 janvier encore, une fillette de 11 ans a été tuée dans sa maison anversoise visée par des tirs. Le bourgmestre Bart De Wever a immédiatement fait le lien avec "une guerre de la drogue".

Aux Pays-Bas, les groupes criminels sont allés encore plus loin.

Le 6 juillet 2021, il est 19h30 quand le célèbre journaliste Peter R. de Vries quitte le studio d'Amsterdam où il a participé à un talk-show télévisé. A l'entrée d'un parking souterrain, le reporter est abattu de plusieurs coups de feu.

Spécialiste des affaires criminelles, il était le confident du principal témoin à charge dans le procès de Ridouan Taghi, un chef présumé de la "Mocro-maffia" arrêté à Dubaï en 2019.

Séquestration de dockers, torture de rivaux, élimination de gêneurs: les trafiquants sont prêts à tout pour défendre leur commerce. Le démantèlement l'an dernier du réseau de messagerie crypté Sky/ECC a ouvert une fenêtre inédite sur leurs méthodes.

"On a découvert une violence complètement inouïe", souffle le policier belge Eric Snoeck. "Il y a très, très peu de retenue par rapport au fait de torturer quelqu'un qui a une bonne information ou tout simplement d'exécuter quelqu'un qui n'a pas respecté un contrat (...) ça fait froid dans le dos."

En 2020, la police néerlandaise avait découvert des conteneurs aménagés en chambre de détention et de torture...

Les mafias de la cocaïne visent de plus en plus haut. Un projet d'enlèvement du ministre belge de la Justice a été déjoué en septembre. Aux Pays-Bas, c'est la princesse héritière Amalia et le Premier ministre Mark Rutte qui semblaient visés cet automne.

«Guerre totale»

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Sur cette photo d'archives prise le 7 novembre 2022, un douanier français teste un colis suspecté d'être de la cocaïne à l'aéroport d'Orly, au sud de Paris. (AFP) 

Pour enrayer la vague qui déferle sur l'Europe, policiers et magistrats ont engagé une "guerre totale".

En développant renseignement et "ciblage", en musclant la coopération internationale et en renforçant la sécurité des ports, les saisies ont battu des records chaque année. Près de 110 tonnes en 2022 à Anvers, le principal point d'entrée de la "blanche" en Europe, contre 89,5 tonnes en 2021.

"Ça signifie que nos méthodes sont plus efficaces mais aussi que les flux augmentent", concède la douanière française Corinne Cléostrate.

Jamais confirmé, un "chiffre noir" circule: seuls 10% du volume de la cocaïne en circulation seraient interceptés.

"Nous avons des terminaux de plus en plus automatisés, cela rend plus difficile la tâche (des trafiquants)", note le chef des douaniers chargés des interceptions à Rotterdam, Ger Scheringa. A Rotterdam, les saisies ont nettement reculé de 72,8 à 46,8 tonnes de 2021 à 2022.

Mais les trafiquants ont déjà ouvert des "itinéraires bis" vers des ports moins surveillés. C'est le cas de Montoir-de-Bretagne, près de Saint-Nazaire (ouest) en France, où près de 600 kilos de "coke" ont été saisis en 2022.

Les polices européennes ont également renforcé la chasse aux têtes du trafic.

Fin novembre, Europol a annoncé le démantèlement d'un "super cartel" qui contrôlait un tiers du trafic de cocaïne vers l'Europe: 49 suspects arrêtés en France, Espagne, Pays-Bas, Belgique et surtout à Dubaï, un de leurs repaires favoris.

En première ligne de cette guerre, les douaniers français de Martinique ne se font pourtant guère d'illusion.

Inlassablement, ils surveillent et inspectent les yoles de pêche, voiliers et cargos qui voguent dans les eaux turquoises du canal de Sainte-Lucie, face aux côtes sud-américaines.

"Les trafiquants connaissent nos méthodes (...) on fait au mieux mais il faut savoir reconnaître qu'on ne pourra pas tout attraper", concède le patron des douaniers de l'île, Jean-Charles Métivier. "On a souvent un coup de retard."

Pendant ce temps à Paris, le commerce bat son plein, avec ses guerres des prix et ses offres commerciales.

"Big promo, 50 euros: 1 caro", (un gramme de "coke"), promet un message posté sur la boucle d'une messagerie.


L'Inde cherche à porter la voix du « Sud global » entre le G7 et le Brics

Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
Cette photographie prise et publiée par le Bureau d'information de la presse indienne (PIB) le 6 juin 2025 montre le Premier ministre indien Narendra Modi tenant le drapeau national lors de l'inauguration du pont ferroviaire de Chenab, qui fait partie de la liaison ferroviaire du Cachemire, à Reasi, dans l'État de Jammu-et-Cachemire. (PIB) / AFP)
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  • L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.
  • « Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

PARIS : Invitée du G7 qui débute dimanche, mais aussi membre fondateur des Brics, l'Inde souhaite porter la voix du « Sud global », se posant en « passerelle » entre les différents acteurs de la scène internationale, affirme son ministre des Affaires étrangères dans un entretien à l'AFP.

L'Inde n'est pas membre du Groupe des Sept (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Canada), mais elle est devenue une habituée de ses sommets, auxquels elle est régulièrement conviée depuis 2019.

« Nous avons été un pays invité depuis plusieurs années et je pense que ça a été bénéfique pour le G7 », déclare à l'AFP Subrahmanyam Jaishankar depuis Paris, où il a clos samedi une visite en France, se félicitant d'avoir « la capacité de travailler avec différents pays sans qu'aucune relation ne soit exclusive ». 

Avec une population en passe de devenir la quatrième économie mondiale, l'Inde est l'un des pays les plus peuplés du globe. Elle siège à la table de nombreuses organisations, avec les Occidentaux au G7 ou au sein du « Quad » (Dialogue quadrilatéral pour la sécurité, avec les États-Unis, le Japon, l'Australie), mais aussi avec la Chine, la Russie et l'Iran au sein des Brics et du Groupe de Coopération de Shangaï.

« Nous contribuons activement à la diplomatie internationale et si cela peut servir de passerelle, c'est un atout pour la diplomatie internationale dans une période de relations difficiles et de tensions accrues », fait valoir M. Jaishankar.

Ancienne colonie britannique, indépendante depuis 1947, l'Inde se pose, avec le Brésil, en héraut du « Sud global », qui réunit « des pays qui ont été victimes de l'ordre mondial ces dernières années, ces derniers siècles ». 

« Dans les pays du Sud, il existe un fort ressentiment face aux inégalités de l'ordre international, une volonté de le changer, et nous en faisons pleinement partie », explique le ministre en poste depuis 2019.

« Aujourd'hui, pour des pays comme les nôtres, il est important de nous exprimer, de mener, de faire sentir notre présence. »

Cette voix passe aussi par les BRICS, devenue « l'une des principales plateformes de rassemblement pour les pays non occidentaux », dont les chefs d'État se réuniront en juillet.

Partisan de « négociations directes » pour résoudre la guerre entre l'Ukraine et la Russie, qui a frappé durement les pays du Sud, M. Jaishankar affiche son scepticisme face aux politiques de sanctions occidentales : « Ça n'a pas vraiment marché jusqu'à présent, non ? » 

Partenaire commercial et allié politique de la Russie, l'Inde pourrait se retrouver exposée en cas de sanctions contre Moscou.

« L'économie mondiale est sous tension. Plus on ajoute des facteurs de tensions, plus les difficultés seront grandes. »

Dans l'ordre mondial actuel, l'Inde doit composer avec la « discontinuité » posée par Donald Trump.

Des négociations en cours sur le sujet ont « bien avancé ».L'Inde doit également chercher « un équilibre » avec la Chine. 

Pékin soutient Islamabad, que New Delhi accuse de soutenir les activités de « terroristes » islamistes sur son sol.

Le 22 avril, une attaque au Cachemire indien a déclenché une confrontation militaire de quatre jours entre les deux pays, la plus grave depuis 1999. Narendra Modi a promis une « riposte ferme » à toute nouvelle attaque « terroriste », renforçant le spectre d'une escalade entre les deux puissances nucléaires.

« En 2008, la ville de Mumbai a été attaquée (plusieurs attentats jihadistes ont fait 166 morts) et nous avons commis l'erreur de ne pas réagir avec fermeté. Nous sommes déterminés à ne pas répéter ces erreurs. Si des terroristes pénètrent en Inde depuis et grâce au soutien d'un pays voisin, nous les poursuivrons et nous les châtierons ».

Mais l'Inde n'a jamais envisagé de recourir à l'arme nucléaire, assure-t-il : « Ces inquiétudes émanaient de personnes mal informées ».

 


Israël appelle les Iraniens à évacuer les zones proches de sites militaires

Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
Des soldats et des membres d'une équipe de recherche et de sauvetage se rassemblent près de voitures endommagées dans la ville de Tamra, dans le nord d'Israël, à la suite d'une attaque à la roquette lancée par l'Iran dans la nuit du 15 juin 2025. (Photo par AHMAD GHARABLI / AFP)
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  • L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».
  • Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones.

JERUSALEM : Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a déclaré dimanche dans un communiqué de son bureau avoir ordonné à l'armée israélienne d'émettre des avis d'évacuation à l'intention des habitants de Téhéran vivant à proximité de sites militaires.

Après cet ordre, l'armée israélienne a appelé les Iraniens à évacuer les zones « à proximité d'installations militaires » dans un communiqué publié sur le réseau social X en persan et en arabe.

L'armée a « demandé à toutes les personnes se trouvant actuellement dans des installations militaires en Iran, ou à proximité, d'évacuer immédiatement les lieux, précisant que leur vie était en danger ».

Le communiqué ne précise pas de coordonnées géographiques et n'est accompagné d'aucune carte permettant de localiser ces zones, contrairement aux communiqués de l'armée israélienne adressés aux Palestiniens de la bande de Gaza, où elle est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.

Cette décision fait partie d'un plan « visant à faire pression sur le régime » en créant des déplacements de population, a déclaré à l'AFP une source sécuritaire israélienne.


La Russie s'apprête à construire la première centrale nucléaire du Kazakhstan

Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
Une vue aérienne montre le village d'Ulken (au premier plan) et le site proposé pour la centrale nucléaire près du village d'Ulken, situé sur les rives du lac Balkhash, à environ 400 kilomètres au nord d'Almaty, le 22 septembre 2024. (Photo de Ruslan PRYANIKOV / AFP)
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  • « Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.
  • Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne.

ALMATY, KAZAKHSTAN : Le géant russe du nucléaire Rosatom sera le principal constructeur de la première centrale nucléaire du Kazakhstan, ont annoncé samedi les autorités de ce pays d'Asie centrale, premier producteur mondial d'uranium, un chantier que convoitaient la France, la Chine et la Corée du Sud.

« Rosatom a été désigné chef de file du consortium international pour la construction de la première centrale nucléaire au Kazakhstan », a indiqué l'agence kazakhe pour l'énergie atomique.

Le Kazakhstan, immense ex-république soviétique et allié de Moscou, est le premier producteur mondial d'uranium (43 %) et le troisième fournisseur d'uranium naturel de l'Union européenne, mais souffre d'un manque cruel d'électricité pour sa consommation intérieure.

L'agence kazakhe dit désormais « étudier la question de l'obtention de financements publics à l'exportation aux dépens de la Fédération de Russie, conformément aux propositions de Rosatom ». 

Rosatom a salué la décision kazakhe dans un communiqué et promis « la construction d'une centrale nucléaire selon le projet le plus avancé et le plus efficace au monde, basé sur des technologies russes ».

« Les réacteurs VVER-1200 de troisième génération combinent des solutions techniques éprouvées avec les systèmes de protection active et passive les plus récents. Ces derniers ont été développés en stricte conformité avec les normes internationales de sécurité », a ajouté la société.

Rosatom (Russie), China National Nuclear Corporation (Chine), EDF (France) et Korea Hydro & Nuclear Power (Corée du Sud) faisaient partie des quatre entreprises pressenties.

L'agence ajoute qu'elle « continuera à travailler avec des partenaires étrangers pour former un consortium international efficace », sans donner plus de précisions. 

Ce projet de consortium international, qui n'a jamais été spécifié, s'inscrit dans la volonté du dirigeant kazakh Kassym-Jomart Tokaïev de maintenir de bonnes relations avec les grandes puissances.

Moscou, puissance historique en Asie centrale, a ainsi remporté cet appel d'offres aux dépens de la Chine, désormais incontournable dans la région. Cette annonce intervient quelques jours avant la venue du président chinois Xi Jinping au Kazakhstan pour un sommet « Asie centrale-Chine ».

La centrale, dont la construction a été validée lors d'un référendum sans surprise à l'automne, doit être bâtie près du village abandonné d'Ulken, dans le sud du pays, sur les bords du lac Balkhach, le deuxième plus grand d'Asie centrale.

En Ouzbékistan voisin, le géant russe Rosatom va construire une petite centrale nucléaire et a proposé au Kirghizistan un projet similaire.