L’enseignement aux EAU est appelé à changer radicalement pour répondre aux besoins du marché

Le ministre des EAU, Ahmad ben Abdallah Belhoul, s'exprimait lors d'une discussion animée par Zanny Minton Beddoes, rédactrice en chef de The Economist, à Davos. (Capture d’écran)
Le ministre des EAU, Ahmad ben Abdallah Belhoul, s'exprimait lors d'une discussion animée par Zanny Minton Beddoes, rédactrice en chef de The Economist, à Davos. (Capture d’écran)
Short Url
Publié le Jeudi 19 janvier 2023

L’enseignement aux EAU est appelé à changer radicalement pour répondre aux besoins du marché

  • Le ministre a expliqué aux délégués que l'université Zayed d'Abu Dhabi, propriété du gouvernement, faisait partie des institutions émiraties qui donnent l’exemple en s'adaptant aux besoins futurs de la nation en matière de main-d'œuvre
  • «Nous pouvons former quelqu'un sur le plan technique, mais s'il n'a pas acquis les compétences générales pendant son parcours éducatif, il est difficile de le former par la suite»

DAVOS: Les méthodes d'enseignement de l'une des plus grandes universités des Émirats arabes unis (EAU) ont été remaniées afin de mieux préparer les étudiants aux besoins changeants du marché du travail, a déclaré mardi le ministre de l'Éducation du pays.

Ahmad ben Abdallah Belhoul s'exprimait lors d'une discussion intitulée «Préparer un milliard de personnes à l'économie de demain», au Forum économique mondial (FEM) de Davos, en Suisse.

Le ministre a expliqué aux délégués que l'université Zayed d'Abu Dhabi, propriété du gouvernement, faisait partie des institutions émiraties qui donnent l’exemple en s'adaptant aux besoins futurs de la nation en matière de main-d'œuvre.

Il a indiqué que, dans le cadre de ces évolutions, l'accent était mis sur les compétences générales et sur des domaines d'études interdisciplinaires.

M. Belhoul déclare: «Il y a un fossé entre les résultats de l'éducation et ce que le marché du travail exige aujourd'hui, et ce fossé a toujours existé.»

«Dorénavant, compte tenu de l'évolution des emplois, nous mettons l'accent sur les compétences générales, telles que la faculté d'adaptation, et nous recherchons des étudiants diplômés dans des domaines élargis qui sont également dotés de cette capacité.»

Ahmad ben Abdallah Belhoul a souligné comment l'université Zayed prévoyait de supprimer progressivement les diplômes universitaires traditionnels d'ici à 2026 et de programmer des diplômes interdisciplinaires, tels que l'entrepreneuriat social et l'innovation commerciale, pour répondre aux besoins du lieu de travail hybride, apparu après la pandémie de coronavirus.

«Nous essayons autant que possible de combiner plusieurs domaines d'études pour former des étudiants qui soient interdisciplinaires, mais aussi de mettre l'accent sur les compétences générales qui, selon nous, seront utiles à l'avenir», ajoute-t-il.

L’animatrice de la conférence, Zanny Minton Beddoes, rédactrice en chef de The Economist, a précisé que les compétences non techniques – notamment la communication, la gestion du temps, l'adaptabilité, la curiosité et l'esprit de croissance – étaient désormais aussi importantes sur le marché du travail que les compétences en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques l'étaient il y a cinq ans.

M. Belhoul déclare: «Nous pouvons former quelqu'un sur le plan technique, mais s'il n'a pas acquis les compétences générales pendant son parcours éducatif, il est difficile de le former par la suite.»

Selon les études du FEM, à mesure que la technologie évolue, les entreprises ont tendance à opter pour des solutions vertes, et à mesure que le marché mondial du travail s'adapte aux retombées de la pandémie, jusqu'à un milliard d'emplois seront radicalement transformés au cours de la prochaine décennie.

D'ici à 2030, un programme du FEM vise à mettre en place des interventions essentielles pour offrir de meilleures compétences, de meilleurs emplois et une meilleure éducation à un milliard de personnes qui risquent d'être licenciées en raison des changements en cours.

Et depuis sa programmation en 2020, l'initiative révolutionnaire de requalification du forum travaille avec plus de trois cent cinquante organisations pour fournir à un milliard de personnes une meilleure éducation, de meilleures compétences et de meilleures opportunités économiques d'ici à 2030.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le président de la Banque mondiale juge l'institution insuffisamment efficace

Le président de la Banque mondiale Ajay Banga participe au Forum des investisseurs de Bloomberg Philanthropies à New York, le 21 septembre 2023. (AFP)
Le président de la Banque mondiale Ajay Banga participe au Forum des investisseurs de Bloomberg Philanthropies à New York, le 21 septembre 2023. (AFP)
Short Url
  • Mi-octobre, les réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la BM, se tiendront du 9 au 14 octobre à Marrakech (Maroc)
  • Ajay Banga espère par ailleurs augmenter la capacité de prêt de la banque de 100 ou 125 milliards de dollars sur les dix prochaines années

WASHINGTON: Le président de la Banque mondiale (BM), Ajay Banga, a défendu mardi la qualité de ses équipes, tout en reconnaissant que l'institution dans son ensemble n'était pas suffisamment efficace en l'état et devait être "transformée".

Interrogé lors d'un événement à New York sur ce qui l'avait le plus surpris depuis sa prise de fonction, M. Banga a estimé que la Banque disposait d'"équipes incroyables", avec des "personnes qui pourraient avoir d'autres carrières et gagner beaucoup plus".

Mais "ils ne sont pas en capacité de réaliser ce qu'il faut en tant qu'institution, ce qui m'a fait prendre conscience qu'il y avait quelque chose de dysfonctionnel et comment l'institution devait être transformée".

Son objectif principal est donc de "réparer la plomberie", a-t-il expliqué de manière imagée, "je souhaite que lorsque je partirai, je laisse une banque travaillant de manière bien plus efficace que je ne l'ai trouvée".

Parmi les changements que le président de la BM souhaite mener, Ajay Banga a cité la nécessité de faire évoluer son mandat, qui vise actuellement à réduire la pauvreté et permettre une "prospérité partagée" pour l'amener à "l'élimination de la pauvreté mais sur une planète vivable".

Une évolution qui pourrait intervenir mi-octobre, à l'occasion des réunions annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et de la BM, qui se tiendront du 9 au 14 octobre à Marrakech (Maroc).

L'approche environnementale pourrait d'ailleurs être dans un premier temps centrée sur une dizaine de pays "pour lesquels la croissance des émissions pourrait être tellement importante que, si l'on ne les aide pas à basculer vers le renouvelable, tout l'effort réalisé dans les pays développé aura été inutile".

Ajay Banga espère par ailleurs augmenter la capacité de prêt de la banque de 100 ou 125 milliards de dollars sur les dix prochaines années, grâce à de nouvelles contributions des économies avancées, qui pourraient intervenir sans toucher à la structure capitalistique de la Banque.

Le président de la BM a assuré que plusieurs Etats, dont les Etats-Unis, l'Allemagne, le Japon ou encore les pays scandinaves étaient prêts à y participer.

Issu du secteur privé, Ajay Banga a été élu à la tête de la Banque mondiale début juin, alors qu'il était le seul candidat proposé par un Etat membre.

Parmi les chantiers qu'il souhaite mener, il a à plusieurs reprises souligné l'importance d'embarquer le secteur privé dans le financement des projets, en particulier liés à la transition climatique, alors que 1 000 milliards de dollars sont nécessaires "uniquement pour la transition énergétique", a-t-il rappelé.

La réforme de la BM, afin de mieux intégrer le climat mais aussi pour assurer une meilleure représentation des pays émergents sont parmi les principaux chantiers annoncés de son mandat.


Inflation: Le projet de loi pour avancer les négociations commerciales présenté au cpnseil des ministres

Un homme achète des produits laitiers dans un supermarché de Toulouse, dans le sud-ouest de la France (Photo, AFP).
Un homme achète des produits laitiers dans un supermarché de Toulouse, dans le sud-ouest de la France (Photo, AFP).
Short Url
  • Les supermarchés négocient chaque année entre décembre et le 1er mars avec leurs fournisseurs les conditions de vente de leur production
  • Mais le gouvernement aimerait cette année que les contrats se concluent plus tôt début 2024

PARIS: Le projet de loi destiné à lutter contre l'inflation en avançant les négociations commerciales entre les industriels et les distributeurs "pour répercuter au plus vite les baisses" de prix va être présenté mercredi en conseil des ministres, a confirmé le ministère de l’Économie mardi.

"Concrètement, la principale mesure consiste à avancer du 1er mars au 15 janvier 2024 la date de clôture des négociations" entre les plus gros industriels et les distributeurs, a fait savoir Bercy lors d'un brief téléphonique à la presse.

Les supermarchés négocient chaque année entre décembre et le 1er mars avec leurs fournisseurs agro-industriels les conditions de vente de leur production qui sera ensuite écoulée dans leurs rayons. Mais le gouvernement aimerait cette année que les contrats se concluent plus tôt début 2024, afin que les nouveaux tarifs - si possibles plus bas - s'appliquent au plus vite.

Ce nouveau calendrier est "une mesure d'urgence" qui porte "uniquement sur les prochaines négociations", a précisé Bercy, indiquant toutefois qu'"une réforme d'ensemble est à l'étude et pourrait faire l'objet d'une mission parlementaire".

"Depuis plusieurs mois, un certain nombre d'acteurs, notamment du côté des distributeurs, nous signalent que cette rigidité (de la loi actuelle, NDLR) entrave la répercussion des baisses du prix des intrants au consommateur final", a témoigné le ministère.

Bercy cible dans le texte les 75 plus gros industriels qui "représentent plus de 50% des parts de marché", par exemple les fabricants de jambon Herta ou Fleury Michon et les transformateurs laitiers Danone et Lactalis.

Marché français 

Le ministère a tenu à souligner que "ces dispositions s'appliqueront aux produits destinés au marché français, indépendamment du lieu où seront basées les centrales d'achat".

Le président Emmanuel Macron avait annoncé en fin de semaine dernière qu'il n'y aurait plus de projet de loi autorisant la revente à perte des carburants tel qu'annoncé par la Première ministre Elisabeth Borne, une idée que l'ensemble des distributeurs ont refusée.

Par ailleurs, le nouveau président de la fédération professionnelle des supermarchés (FCD) et PDG de Carrefour Alexandre Bompard avait demandé un moratoire d'un an sur une loi dite Descrozaille entrant en vigueur en mars 2024 et qui limite notamment les promotions sur les produits d'hygiène et de soin à 34% du prix de vente origine.

Un tel moratoire "ne fait pas partie du texte" de projet de loi, a précisé Bercy mardi, en ajoutant que la loi Descrozaille "a été votée à l'unanimité par tous les groupes de l'Assemblée nationale" et que, si elle doit être détricotée, elle "doit être défaite par les parlementaires".


Les Etats-Unis poursuivent Amazon pour monopole «illégal»

Amazon représente 37,6% des ventes en ligne aux Etats-Unis selon Insider intelligence (Photo, AFP).
Amazon représente 37,6% des ventes en ligne aux Etats-Unis selon Insider intelligence (Photo, AFP).
Short Url
  • Selon l'autorité américaine de la concurrence (FTC), Amazon dissuade par exemple les vendeurs de proposer des prix inférieurs aux siens
  • «En cause», précise la FTC, les «méthodes illégales qui visent à exclure les concurrents» d'Amazon

SAN FRANCISCO: Après des années d'enquêtes, et de tensions entre les pouvoirs politiques et Amazon, l'autorité américaine de la concurrence (FTC) et 17 Etats ont porté plainte mardi contre le géant des technologies, l'accusant de "maintenir illégalement son monopole" grâce à des "stratégies anticoncurrentielles et déloyales".

"Ce n'est pas la taille d'Amazon qui est en cause", précise la FTC dans un communiqué, mais ses "méthodes illégales qui visent à exclure les concurrents, à les empêcher de se développer et à des alternatives d'émerger".

Selon l'agence fédérale, Amazon dissuade par exemple les vendeurs de proposer des prix inférieurs aux siens sur les produits où le groupe de Seattle est en concurrence avec les détaillants.

L'autorité reproche aussi au géant américain de conditionner l'éligibilité des commerçants à "Prime" (abonnement qui permet aux consommateurs de se faire livrer rapidement) à l'utilisation des services de logistique "coûteux" d'Amazon.

"Amazon exploite le pouvoir qu'elle tire de son monopole pour s'enrichir, tout en faisant monter les prix et en dégradant le service pour les dizaines de millions de familles américaines qui font leurs achats sur sa plateforme et les centaines de milliers d'entreprises qui dépendent d'Amazon" pour commercialiser leurs produits, assène la présidente de la FTC, Lina Khan, citée dans le communiqué.

"La plainte déposée aujourd'hui montre clairement que la FTC s'est radicalement écartée de sa mission de protection des consommateurs et de la concurrence", a réagi David Zapolsky, un vice-président d'Amazon, dans un communiqué en ligne.

«Mépris stupéfiant»

Il assure que les pratiques mises en cause par l'autorité ont au contraire "contribué à stimuler la concurrence et l'innovation dans l'ensemble du secteur de la vente au détail, et ont permis d'offrir un plus grand choix, des prix plus bas et des délais de livraison plus courts aux clients d'Amazon".

Le groupe américain, qui a réalisé 134,4 milliards de dollars de chiffre d'affaires et dégagé un bénéfice net de 6,7 milliards au deuxième trimestre cette année, met régulièrement en avant la progression des ventes réalisée par les commerçants sur sa plateforme.

En 2022, "plus de 60% des ventes sur Amazon sont venues de vendeurs indépendants, qui sont en majorité des petites et moyennes entreprises", a affirmé la société le mois dernier.

Si la FTC gagne, elle "forcera Amazon à appliquer des mesures qui nuisent aux consommateurs et aux PME", assure David Zapolsky.

Mais pour de nombreuses ONG, les PME souffrent au contraire d'un rapport de force défavorable.

"Les PME attendent ce moment depuis très longtemps", a commenté mardi Stacy Mitchell, co-directrice de l'Institute for Local Self-Reliance, qui milite pour une consommation locale et respectueuse de l'environnement.

"En contrôlant l'accès au marché, Amazon peut privilégier ses propres produits s'il le souhaite, espionner les entreprises en s'emparant de leurs meilleures idées et de leurs données. Elle peut dicter sa loi et gouverner avec un mépris stupéfiant. Un jour, elle attribue à un vendeur l'option +livraison dans les 24 heures+. Le lendemain, elle suspend son compte, anéantissant complètement ses ventes".

La plateforme représente 37,6% des ventes en ligne aux Etats-Unis selon Insider intelligence, loin devant les supermarchés Walmart (6,8%), Apple (3,5%) et eBay (3,1%).

Impartialité

De nombreux élus américains et le gouvernement démocrate de Joe Biden tentent depuis des années de lutter contre les "monopoles" des géants technologiques, avec peu de succès.

Cet été, la FTC a ainsi dû suspendre sa procédure pour bloquer l'acquisition d'Activision Blizzard (jeux vidéo) par Microsoft, après une série de revers judiciaires.

Lina Khan, présidente de la FTC depuis 2021, s'est fait connaître quand elle était encore étudiante, avec un article intitulé "Le paradoxe antitrust d'Amazon", publié en 2017 dans la revue de droit de l'université de Yale.

Elle y estimait que l'arsenal législatif américain était insuffisant pour lutter contre les pratiques monopolistiques de groupes comme Amazon.

En juin 2021, l'entreprise avait soumis une réclamation à la FTC, accusant sa dirigeante de manque d'impartialité.

Mais cela n'a pas empêché l'agence fédérale d'avancer sur plusieurs fronts.

En juin dernier, la FTC a porté plainte contre Amazon pour avoir "piégé des consommateurs" avec son abonnement Prime, qui se renouvelle automatiquement et est "compliqué" à résilier.

L'institution a aussi attaqué le groupe sur le respect de la confidentialité des données. En mai dernier, Amazon a accepté de payer plus de 30 millions de dollars pour mettre fin à des poursuites contre Ring et Alexa (sonnettes et enceintes connectées, caméras de sécurité), deux gammes de produits qui collectent de nombreuses informations sur leurs utilisateurs.