Retraites: Après une première mobilisation réussie, les syndicats préparent la suite

Un manifestant tient une pancarte représentant le président français Emmanuel Macron lors d'un rassemblement contre le plan gouvernemental de réforme des retraites à Marseille, dans le sud de la France, le 19 janvier 2023. (Photo de NICOLAS TUCAT / AFP)
Un manifestant tient une pancarte représentant le président français Emmanuel Macron lors d'un rassemblement contre le plan gouvernemental de réforme des retraites à Marseille, dans le sud de la France, le 19 janvier 2023. (Photo de NICOLAS TUCAT / AFP)
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Publié le Samedi 21 janvier 2023

Retraites: Après une première mobilisation réussie, les syndicats préparent la suite

  • Les huit grandes centrales syndicales ont arrêté la date du 31 janvier pour la prochaine mobilisation interprofessionnelle
  • Dans un communiqué, la CGT évoque des «meetings, débats publics, rassemblements, retraites aux flambeaux»

PARIS: Au lendemain d'une première journée d'action réussie, les syndicats se projettent vers une nouvelle mobilisation contre la réforme des retraites, le mardi 31 janvier, avec l'espoir que les manifestations et les grèves feront reculer l'exécutif.

"On veut aller jusqu'au retrait de la réforme", qui prévoit le report de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans, a déclaré vendredi Marie Buisson, candidate à la succession du secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.

Jeudi soir, à l'issue d'une journée qui a mobilisé au-delà de leurs espérances, les huit principaux syndicats français ont annoncé cette nouvelle date du 31, et appelé à "multiplier les actions", "notamment autour du 23 janvier", jour de la présentation de la loi en Conseil des ministres.

Dans un communiqué, la CGT évoque des "meetings, débats publics, rassemblements, retraites aux flambeaux". Pour Catherine Perret, secrétaire confédérale CGT, "l'important c'est qu'il y ait un feu roulant d'actions qui montre que tous les jours les salariés sont déterminés à ne pas laisser ce gouvernement tranquille".

La CGT et d'autres organisations syndicales auraient préféré une date de mobilisation plus rapprochée, mais la CFDT a pesé pour le 31, selon des sources syndicales. Son secrétaire général Laurent Berger a expliqué vouloir bien "cadencer" les dates de mobilisation afin de permettre aux "salariés qu'on n'avait pas l'habitude de voir dans les manifestations" d'y participer.

D'ici là, les équipes de la CFDT iront à la rencontre des citoyens pour les inviter à signer la pétition de l'intersyndicale contre la réforme, qui rassemblait vendredi plus de 650 000 signatures.  M. Berger souhaite aussi qu'elles puissent "rencontrer les parlementaires dans leurs circonscriptions".

Certains représentants syndicaux regrettent une date trop tardive. "C'est la machine à perdre. Les militants me disent 'ils ne veulent pas aller à la bagarre !'", s'indigne Fabrice Le Restif, secrétaire de l'Union départementale FO d'Ille-et-Vilaine.

"On veut que le 31 soit encore plus réussi, et pour cela il faut l'unité (syndicale) la plus large", concilie Simon Duteil, de Solidaires.

«Grève reconductible»

Pour Philippe Martinez, l'enjeu sera d'"être plus nombreux" que jeudi: au moins 1,12 million de personnes ont battu le pavé selon le ministère de l'Intérieur, "plus de deux millions" d'après les syndicats, davantage qu'au plus fort de la mobilisation en 1995.

"Il faut plus de jeunes dans les rues", a appelé M. Martinez vendredi soir sur BFMTV.

Cette mobilisation a été "importante", a reconnu vendredi le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, mais "cette réforme est indispensable et on doit la faire", a-t-il martelé.

"Nous sommes toujours ouverts aux améliorations" mais "le système doit être équilibré", a de son côté déclaré le ministre du Travail, Olivier Dussopt.

Les yeux sont désormais rivés sur des secteurs stratégiques comme l'énergie et les transports, et leur capacité à engager, par la grève reconductible, un bras de fer avec l'exécutif.

S'il n'y a pas selon M. Berger "de secteur professionnel où la CFDT appelle à des grèves reconductibles", la CGT espère elle des "grèves massives", selon Mme Buisson.

Les fédérations CGT de la Chimie, des Ports et docks et Mines-Énergie doivent coordonner leurs efforts et publier lundi un communiqué commun, selon Emmanuel Lépine, secrétaire général de la CGT-chimie (FNIC). Sa fédération a d'ores et déjà appelé à faire grève le 26 janvier pour 48 heures et le 6 février pour 72 heures. Celle des Ports et docks a appelé vendredi à une grève de 24 heures le 26.

La CGT énergie, qui a déjà appelé à la grève reconductible, appelle à des moments un peu plus forts sur les journées des 26 et 27 janvier et 6, 7 et 8 février.

Les syndicats de cheminots, réunis vendredi, se sont accordés sur la nécessité d'une montée en puissance, au-delà de la date du 31. Ils se retrouveront mardi pour déterminer une éventuelle position commune.

En attendant, une manifestation est déjà prévue samedi à Paris, à l'appel d'organisations de jeunes militants des partis de gauche, soutenus par La France Insoumise. La CGT "ne soutient pas" cette action, a indiqué M. Martinez pour qui "ce n'est pas le moment de se diviser".


Procès libyen: la cour d'appel de Paris libère l'intermédiaire Djouhri sous contrôle judiciaire

 La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.
La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.
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  • L'homme d'affaires franco-algérien de 66 ans, condamné le 25 septembre à six ans d'emprisonnement dans l'affaire du financement libyen de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, aura notamment pour interdiction de sortir d'Île-de-France
  • Il a également l'interdiction de mener une activité d'intermédiation économique et il devra remettre à la justice ses passeports français et algérien et pointer une fois par semaine à la gendarmerie

PARIS: La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.

L'homme d'affaires franco-algérien de 66 ans, condamné le 25 septembre à six ans d'emprisonnement dans l'affaire du financement libyen de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, aura notamment pour interdiction de sortir d'Île-de-France, de s'absenter de son domicile en région parisienne entre 8H00 et 20H00, d'entrer en contact avec ses coprévenus.

Il a également l'interdiction de mener une activité d'intermédiation économique et il devra remettre à la justice ses passeports français et algérien et pointer une fois par semaine à la gendarmerie.

Le parquet général s'était opposé à sa libération en pointant notamment sa double nationalité et le risque de départ en Algérie où la coopération judiciaire avec la France est compliquée.

Selon son avocat, Me Pierre-Henri Bovis, il devrait sortir de la prison parisienne de La Santé "dans les prochaines heures".

"La cour d'appel de Paris, par sa décision, a reconnu cette fois-ci qu'il y avait des garanties de représentation suffisantes, et a enfin admis qu'il n'y avait pas de risque de fuite ou de pression" sur les témoins, s'est-il félicité, soulignant que son client ne s'était "jamais dérobé à ses obligations".

Alexandre Djouhri avait déposé une première demande de mise en liberté qui avait été rejetée début novembre, la cour d'appel estimant qu'il présentait un risque de fuite et des garanties de représentation "particulièrement faibles".

Dans ce dossier, deux autres personnes ont été condamnées en première instance à des peines d'emprisonnement avec mandat de dépôt: l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, condamné à cinq ans de prison, et le banquier Wahib Nacer.

L'ex-chef de l'Etat a été incarcéré vingt jours à la prison de la Santé, avant d'obtenir sa libération auprès de la cour d'appel. M. Nacer, qui avait été condamné à une peine de quatre ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt à exécution provisoire, a également été libéré de prison.

Alexandre Djouhri devrait donc comparaître libre, comme tous ses coprévenus, au procès en appel  prévu du 16 mars au 3 juin. Au total, 10 personnes, dont Nicolas Sarkozy et deux de ses proches, Claude Guéant et Brice Hortefeux, seront rejugées dans ce dossier.


Macron de retour sur le thème de la désinformation, après la polémique sur la labellisation

Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron poursuit en Bretagne son tour de France consacré à la régulation des réseaux sociaux et à la lutte contre la désinformation, tout en répondant aux accusations de « dérive autoritaire » liées à son soutien à une labellisation des médias
  • Le président réaffirme qu’il ne s’agit pas d’un label d’État et dénonce les polémiques

PARIS: Emmanuel Macron reprend mercredi en Bretagne son tour de France sur la régulation des réseaux sociaux et la lutte contre la désinformation, l'occasion de répondre en personne aux accusations de dérive "autoritaire" provoquées par son soutien à une labellisation des médias.

Le chef de l'Etat est attendu dans l'après-midi à Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine, pour un échange avec des lecteurs d'Ouest-France sur le thème de "la démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux et des algorithmes".

Ses précédents débats organisés par la presse régionale l'ont mené depuis un mois à Toulouse, Arras (Pas-de-Calais) et Mirecourt (Vosges), et il devrait enchaîner avec Marseille la semaine prochaine.

Son idée directrice est de réfléchir à une adaptation de la législation pour réguler les réseaux sociaux, qui échappent largement à la loi de la presse de 1881 qui régit les médias traditionnels. Une réflexion censée déboucher sur des "décisions concrètes" début 2026, même si le président a déjà commencé à égrener des pistes.

Parmi elles, une mesure a déclenché une polémique à retardement.

Emmanuel Macron a en effet apporté un soutien très volontariste à des initiatives existantes de labellisation des médias "par des professionnels", pour distinguer les sites et réseaux qui font de l'information, selon les règles déontologiques, des autres.

"On va tout faire pour que soit mis en place un label", a-t-il lancé le 19 novembre à Arras, tout en assurant que ce n'était par à l'Etat de le faire.

- "Dérive totalitaire" -

Le 30 novembre, le Journal du dimanche s'est saisi de cette proposition pour lui reprocher une "dérive totalitaire", ironisant sur sa volonté présumée de mettre en place un "ministère de la Vérité", comme dans le roman dystopique "1984" de George Orwell.

L'accusation a été aussitôt relayée par les autres médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré puis par plusieurs dirigeants de la droite et de l'extrême droite, qui disent soupçonner le chef de l'Etat de vouloir "contrôler l'information" et museler la liberté d'expression à son profit.

En Conseil des ministres, il y a une semaine, Emmanuel Macron a répondu qu'il n'avait "jamais" envisagé de créer un "label d'Etat" pour les médias, et "encore moins" un "ministère de la Vérité", selon les propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Le compte de l'Elysée s'est même fendu d'un message sur le réseau X pour déplorer que "parler de lutte contre la désinformation suscite la désinformation", visant ceux qui avaient attaqué le président, du patron des Républicains Bruno Retailleau au présentateur vedette de CNews Pascal Praud.

Une réaction officielle qui a déclenché une nouvelle cascade de commentaires enflammés y voyant la démonstration de velléités de contrôle macronistes.

A Saint-Malo, le président de la République doit aussi aborder "les conséquences de la désinformation en matière climatique", à l'occasion des dix ans de l'accord de Paris sur le climat, a fait savoir l'Elysée.


France: vote crucial pour le Premier ministre Sébastien Lecornu

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu assiste à une séance de questions au gouvernement au Sénat, la chambre haute du Parlement français, à Paris, le 26 novembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu assiste à une séance de questions au gouvernement au Sénat, la chambre haute du Parlement français, à Paris, le 26 novembre 2025. (AFP)
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  • Sébastien Lecornu joue son avenir politique sur le vote du budget de la Sécurité sociale, menacé d’être rejeté faute de soutien des Républicains et d’Horizons, malgré l’appui inattendu des socialistes
  • Un rejet pourrait provoquer sa chute, alors que le gouvernement avertit qu’un échec ferait bondir le déficit de la Sécurité sociale et que le scrutin reste extrêmement incertain

PARIS: L'avenir du Premier ministre français Sébastien Lecornu pourrait dépendre mardi de son pari de faire adopter sans majorité le projet de budget de la Sécurité sociale par l'Assemblée nationale, où il s'est assuré du soutien des socialistes mais risque d'être lâché par les siens.

Le texte proposé par son gouvernement de centre-droit pourrait être rejeté. Pas à cause du parti Socialiste (PS), dont le patron Olivier Faure a appelé à voter "pour" et avec lequel le Premier ministre a mené les négociations, mais parce que dans son propre camp, les partis de droite Les Républicains (LR) et du centre-droit Horizons refusent de soutenir un budget qui, à leurs yeux, fait trop de concessions à la gauche.

Le scrutin s'annonce donc extrêmement serré sur ce projet de loi, dans lequel le chef du gouvernement a concédé la suspension de l'emblématique réforme des retraites.

Son rejet pourrait précipiter la chute de Sébastien Lecornu, même si la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a jugé dimanche qu'une démission "n'aurait pas de sens".

Nommé il y a trois mois, le chef du gouvernement, qui défend la méthode des "petits pas", a en effet renoncé à recourir à un dispositif, celui de l'article 49.3 de la constitution, qui permet de faire passer un texte sans vote mais expose à la censure.

Sébastien Lecornu a déjà senti le vent du boulet souffler sur le volet "recettes" du texte, adopté à peu de voix grâce à plusieurs compromis et a de nombreux absents dans la chambre basse.

Il est reparti à la pêche aux voix pour le volet "dépenses" et surtout pour le vote final sur l'ensemble du projet de loi, prévus tous deux mardi.

Lundi soir, le président du parti Horizons, Edouard Philippe, candidat déclaré pour la présidentielle de 2027, a recommandé à ses députés de s'abstenir, en affirmant n'avoir "jamais voulu" une chute du gouvernement.

Les députés écologistes, dont le vote est crucial, pourraient s'abstenir quant à eux si le gouvernement cède à leur demande d'une augmentation des dépenses de l'assurance maladie.

Le gouvernement ne cesse d'avertir que si aucun texte n'est adopté, le déficit de la Sécurité sociale flamberait à 30 milliards d'euros en 2026, contre 23 en 2025.

L'issue du scrutin est d'autant plus incertaine que les votes ne seront pas unanimes au sein des groupes. LFI (gauche radicale) et RN (extrême-droite) avec l'UDR devraient voter contre, et les communistes majoritairement contre.

Le chef des LR, Bruno Retailleau a appelé à ne pas voter un "budget socialiste", mais certains de ses élus pourraient voter pour.

Si le texte est adopté, son chemin n'est pas terminé pour autant: il repartira au Sénat (chambre haute), avant de revenir à l'Assemblée, à qui le gouvernement pourra alors donner le dernier mot.