Iran: les manifestants toujours debout, malgré la répression

Une photo d'archive obtenue par l'AFP hors d'Iran montre la scène d'une manifestation pour Mahsa Amini, une femme qui serait morte après avoir été arrêtée par la "police des mœurs" de la république islamique, à Téhéran, le 20 septembre 2022. (AFP)
Une photo d'archive obtenue par l'AFP hors d'Iran montre la scène d'une manifestation pour Mahsa Amini, une femme qui serait morte après avoir été arrêtée par la "police des mœurs" de la république islamique, à Téhéran, le 20 septembre 2022. (AFP)
Short Url
Publié le Dimanche 22 janvier 2023

Iran: les manifestants toujours debout, malgré la répression

  • «Les processus révolutionnaires impliquent généralement des phases de calme relatif et d'autres de tumulte», commente Ali Fathollah-Nejad
  • Trente prisonnières politiques écrouées à Téhéran sont parvenues à faire sortir une pétition rendue publique dimanche demandant «la fin des exécutions de manifestants et la fin des peines injustes»

PARIS: Les manifestations sont moins fréquentes ces dernières semaines en Iran mais la contestation reste vive après quatre mois de protestations, malgré la répression féroce du régime qui s'est traduite par des centaines de morts et quatre pendaisons. 

Le 16 septembre, Mahsa Amini, 22 ans, mourait à la suite de son arrestation par la police des mœurs pour infraction au code vestimentaire strict pour les femmes dans la République islamique. Si le souffle de révolte qui s'est emparé de l'Iran depuis lors n'est toujours pas retombé, il prend désormais différentes formes. 

"Les processus révolutionnaires impliquent généralement des phases de calme relatif et d'autres de tumulte", commente Ali Fathollah-Nejad, un politologue de l'Institut Issam Fares pour les politiques publiques et les affaires internationales de l'Université américaine de Beyrouth. 

Avec la "baisse relative du nombre de manifestations", l'Iran semble se trouver "dans une impasse, ni le régime ni les manifestants n'étant en mesure de s'imposer", poursuit-il. Et d'anticiper de nouveaux débordements du fait de la crise économique que connaît le pays. 

"Avec la perte de valeur considérable de la monnaie iranienne depuis le début de l'année, on peut s'attendre à des manifestations axées sur l'économie, qui (...) pourraient rapidement devenir politiques", analyse M. Fathollah-Nejad. 

Le nombre de grèves et d'autres actes de dissidence tels que l'écriture de slogans ou la destruction de panneaux gouvernementaux a ainsi augmenté, rapporte le site enqelab.info, qui surveille l'étendue des activités de protestation. 

« Citoyens plus prudents » 

Trente prisonnières politiques écrouées à Téhéran sont parvenues à faire sortir une pétition rendue publique dimanche demandant "la fin des exécutions de manifestants et la fin des peines injustes". 

Parmi elles, Faezeh Hashemi, ex-députée et fille de l'ancien président iranien Hashemi Rafsanjani, qui a écopé en janvier de 5 ans d'emprisonnement pour avoir critiqué le régime, ou encore Niloufar Bayani, militante environnementaliste, condamnée en 2020 à dix ans de détention pour "espionnage". 

"Le soulèvement national est vivant, bien que la manière dont les gens expriment leur dissidence se soit transformée en raison de la répression meurtrière", estime enqelab dans un communiqué. 

Selon l'ONG norvégienne Iran Human Rights, au moins 481 personnes ont été tuées et au moins 109 personnes risquent d'être exécutées en lien avec les manifestations, en plus des quatre déjà pendues. Téhéran reconnaît des centaines de morts, parmi lesquels des membres des forces de sécurité. 

L'ONU a également dénombré 14.000 arrestations lors des manifestations dont les revendications se focalisaient dans un premier temps sur la fin de l'obligation de porter le foulard islamique pour les femmes. Pour ensuite exiger que s'achève la République islamique créée après l'éviction du chah en 1979. 

Les manifestations ont simplement "diminué" car "les citoyens sont plus prudents", remarque Roya Boroumand, cofondatrice du Centre Abdorrahman Boroumand, une ONG iranienne de défense des droits humains: "mais elles ne sont pas terminées." 

En témoigne le rassemblement massif en janvier devant la prison de Rajaishar à Karaj, près de Téhéran, alors que des rumeurs faisaient état de la pendaison imminente de deux condamnés à mort liés aux manifestations. Les deux hommes sont toujours en vie. 

Mais rien n'indique que Téhéran soit prêt à des concessions significatives. La répression pourrait même s'intensifier, comme semble l'indiquer la nomination à la tête de la police nationale d'Ahmad Reza Radan, un radical connu pour avoir étouffé les manifestations de 2009 contre des élections contestées. 

« Méfiance » au sommet  

Une décision qui ne peut qu'accroître l'isolement de l'Iran vis-à-vis de l'Occident, les pourparlers sur la relance de l'accord de 2015 sur son programme nucléaire ayant été gelés. Les autorités iraniennes sont également furieuses que l'ONU ait lancé une mission d'enquête sur les répressions. 

Dans le même temps, Téhéran s'est fortement rapproché de la Russie de Vladimir Poutine, autre Etat paria de l'Occident, en livrant des centaines de drones à Moscou, dont l'armée russe se sert depuis des mois contre l'Ukraine. 

Mais de premières divisions semblent apparaître au sein des autorités, alors que Téhéran n'a pas mobilisé tout son attirail répressif, malgré les bains de sang, selon des observateurs. 

L'Iran a ainsi exécuté ce mois-ci l'ancien vice-ministre de la Défense Alireza Akbari, qui avait obtenu la nationalité britannique après avoir quitté son poste, pour espionnage pour le compte du Royaume-Uni. 

Un "verdict inattendu" qui pourrait indiquer une "lutte de pouvoir" au sein de l'élite sur la manière de gérer les manifestations, remarque Cornelius Adebahr, un membre non-résident du centre de recherche Carnegie Europe. 

Alireza Akbari était considéré comme proche du secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, Ali Shamkhani, et d'autres personnalités qui ont plaidé en faveur de certaines réformes pour répondre aux griefs des manifestants. 

"Il y a des signes de fissures" au sein du pouvoir, abonde Ali Fathollah-Nejad. Cette exécution montre que "la méfiance s'est installée parmi les initiés du régime", insiste-t-il. 

 


Gaza: la Défense civile annonce 20 personnes tuées par des tirs israéliens en allant chercher de l'aide

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Short Url
  • "Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile
  • Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile

GAZA: La Défense civile de Gaza a indiqué que 20 personnes avaient été tuées lundi par des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par les bombardements après plus de vingt mois de guerre.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait.

"Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ajoutant que ces personnes étaient rassemblées près d'un site de distribution d'aide.

"Elles attendaient de pouvoir accéder au centre d'aide américain à Rafah pour obtenir de la nourriture, lorsque l'occupation a ouvert le feu sur ces personnes affamées près du rond-point d'al-Alam", dans le sud de la bande de Gaza, a détaillé M. Bassal en indiquant que les tirs avaient eu lieu de 05H00 et 07H30 (02H00 et 04H30 GMT).

Il a ajouté que les victimes avaient été transférées vers des hôpitaux du sud du territoire palestinien, lesquels ne fonctionnent plus que partiellement depuis des jours en raison des combats et des pénuries de fournitures médicales.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile.

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël.

L'ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

Des photographes de l'AFP ont constaté ces derniers jours que des Gazaouis se réunissaient à l'aube près de sites de distribution d'aide, malgré la crainte de tirs lors des rassemblements.

La bande de Gaza est menacée de famine, selon l'ONU.

 


Ehud Barak : seule une guerre totale ou un nouvel accord peut arrêter le programme nucléaire iranien

Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Short Url
  • S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée
  • M. Barak a déclaré que les frappes militaires étaient "problématiques", mais qu'Israël les considérait comme justifiées

LONDRES : L'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak a prévenu que l'action militaire d'Israël ne suffirait pas à retarder de manière significative les ambitions nucléaires de l'Iran, décrivant la république islamique comme une "puissance nucléaire de seuil".

S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée.
"À mon avis, ce n'est pas un secret qu'Israël ne peut à lui seul retarder le programme nucléaire de l'Iran de manière significative. Probablement plusieurs semaines, probablement un mois, mais même les États-Unis ne peuvent pas les retarder de plus de quelques mois", a-t-il déclaré.

"Cela ne signifie pas qu'ils auront immédiatement (une arme nucléaire), ils doivent probablement encore achever certains travaux d'armement, ou probablement créer un dispositif nucléaire rudimentaire pour le faire exploser quelque part dans le désert afin de montrer au monde entier où ils se trouvent.

M. Barak a déclaré que si les frappes militaires étaient "problématiques", Israël les considérait comme justifiées.

"Au lieu de rester les bras croisés, Israël estime qu'il doit faire quelque chose. Probablement qu'avec les Américains, nous pouvons faire plus".

L'ancien premier ministre a déclaré que pour stopper les progrès de l'Iran, il faudrait soit une avancée diplomatique majeure, soit un changement de régime.

"Je pense que l'Iran étant déjà ce que l'on appelle une puissance nucléaire de seuil, le seul moyen de l'en empêcher est soit de lui imposer un nouvel accord convaincant, soit de déclencher une guerre à grande échelle pour renverser le régime", a-t-il déclaré.

"C'est quelque chose que nous pouvons faire avec les États-Unis.

Mais il a ajouté qu'il ne pensait pas que Washington avait l'appétit pour une telle action.

"Je ne crois pas qu'un président américain, ni Trump ni aucun de ses prédécesseurs, aurait décidé de faire cela".

Israël a déclenché des frappes aériennes à travers l'Iran pour la troisième journée dimanche et a menacé de recourir à une force encore plus grande alors que certains missiles iraniens tirés en représailles ont échappé aux défenses aériennes israéliennes pour frapper des bâtiments au cœur du pays.

Les services d'urgence israéliens ont déclaré qu'au moins 10 personnes avaient été tuées dans les attaques iraniennes, tandis que les autorités iraniennes ont déclaré qu'au moins 128 personnes avaient été tuées par les salves israéliennes.


La fondation Morooj présente ses projets au salon néerlandais « GreenTech »

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
Short Url
  • Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.
  • À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

RIYAD : La Fondation pour le développement de la couverture végétale, connue sous le nom de Morooj, a présenté ses projets phares lors du salon Greentech Amsterdam, un salon international dédié à l'horticulture qui s'est tenu du 10 au 12 juin dans la capitale néerlandaise, dans le cadre de la délégation saoudienne.

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.

La fondation a également présenté des exemples de ses partenariats stratégiques avec divers secteurs publics et privés, ainsi qu'avec des organisations internationales. 

Les projets présentés comprenaient la plantation de millions de mangroves, le verdissement des zones autour des mosquées, la promotion de la participation communautaire aux campagnes d'assainissement environnemental et les efforts de réhabilitation des réserves naturelles dans diverses régions du Royaume, tous relevant de l'Initiative verte saoudienne.

Le PDG de la fondation, Wael Bushah, a déclaré que sa participation à GreenTech démontrait une fois de plus la détermination du Royaume à renforcer son leadership dans le secteur environnemental à l'échelle internationale.

L'exposition est l'un des principaux événements mondiaux consacrés aux innovations environnementales et aux technologies agricoles durables. Elle est également l'occasion de nouer de nouveaux partenariats et d'échanger des connaissances sur les dernières innovations en matière d'agriculture durable, de reboisement et de restauration des écosystèmes. 

À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

Le rôle de la fondation, qui consiste à renforcer sa présence internationale et à échanger des expériences fructueuses avec diverses entités et organisations environnementales mondiales, a été essentiel pour atteindre les objectifs de l'Initiative verte saoudienne, fondée dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

La SGI, qui a célébré son deuxième anniversaire au début de cette année, a renforcé l'ambition du Royaume de devenir un contributeur clé aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique et d'amélioration de la durabilité environnementale, notamment en promouvant les énergies renouvelables, en protégeant les zones terrestres et marines, et en atteignant la neutralité carbone au niveau national d'ici 2060, entre autres initiatives. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com